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réunis. Aussi lorsqu'on parle de la beauté, de la richesse, de la propreté des routes d'Angleterre, n'allez pas vous imaginer qu'il est question des trois royaumes. Ceux qui ne vont qu'à Londres et dans les environs (sauf l'ennui) trouvent tout superbe; qu'ils s'éloignent, qu'ils se jettent dans les routes de traverse, et ils pourront apprécier ce pays. Si jamais un homme éloquent écrit l'histoire d'Irlande; si un nouveau Las Casas vient un jour plaider la cause des Indiens devant le tribunal de l'humanité, on apprendra enfin à connaître la philantropie des Anglais. Quelle domination! Grand Dieu! et quelle différence il y a entre un peuple qui fait des conquêtes par amour de la gloire, commes les Romains, et un peuple de marchands qui devient conquérant !

Les élections inégales dans les comtés si variées par les qualités exigées des électeurs ne rencontrent sans doute pas d'obstacles nouveux dans la conscience des hommes; car comment croire que les Anglais, si vantés pour leur tolérance par les philosophes Français aillent faire un tort politique à quelques uns de leurs concitoyens de ce qui n'existe qu'entre la pensée de l'homme et la divinité !

Eh bien, les catholiques et les protestans dissidens sont exclus du droit de voter. Etre catholique dans ce pays, c'est être beaucoup moins qu'un homme; et voilà sans doute pourquoi nos philosopes du dix-huitieme siécle, ont tant admiré la tolérance d'un peuple qui permet toutes les religions, excepté celle dans laquelle ces mêmes philosophes avaient été élevés. Quelle grandeur il faut avoir dans la pensée, pour n'aimer ni son pays, ni la religion, et pour mettre le siége de la tolérance, là, positivement où l'intolérance exclut ceux qui n'ont pas voulu renoncer à la religion de leurs peres! Et remarquez, que depuis l'époque où ces philosophes ont tant vanté la tolérence religieuse Anglaise, on a vu le peuple de Londres, ameuté par un lord, se porter à tous les excès, et au moment de brûler la ville, parce qu'il était question au parlement d'adoucir le sort des catholiques.

On pourrait citer une autre preuve d'intolérance encore plus récente: mais il faudrait nommer des hommes, et quoiqu'il soit libéral en Angleterre de n'épargner personne dans les journaux, vous trouverez bon qu'un Français n'imite pas cet exemple. Ceux qui voudront connaître la liberté de conscience en Angleterre, n'ont qu'à lire le serment que prononce chaque membre du parlement avant de prendre séance; et s'ils veulent comparer, non ce qui est maintenant en France, mais ce qui existait avant la révolution, qu'ils se rappellent que M. Necker, protestant, fut ministre chez nous, à quelques formalités près. Qu'on cite en Angleterre, un catholique, qui ait pris une part directe aux affaires de gouvernement ou d'administration, depuis que la religion Anglicane est devenue dominante et exclusive. Cependant, à entendre les philosophes du dix-huitieme siècle, nous étions les fanatiques de l'Europe, et les Anglais étaient seuls tolérans, par excellence. Aujourd'hui, nous avons un code religieux parfait;

je dis plus: nous aurons une surveillance, qui ne laissera pas arbitrairement introduire de nouvelles religious dans l'état, tandis qu'en Angleterre, toutes les extravagances religieuses sont permises, sans que, pour cela, il y ait égalité politique eu matiere de religion; danger que le tems signalera.

Ceux qui croient que la multiplicité des religions est indifférente dans un état, et qui citent la Hollande, sont des enfans qui ne savent pas à quelles causes tient l'esprit public, et par conséquent la conquête plus ou moins facile d'un peuple. Comme le droit de voter dépend beaucoup des localités, il a fallu beaucoup de lois pour décider de la validité d'une élection contestée; et, dans tout ce fatras, il est si difficile, que l'arbitraire ne se glisse pas, qu'on a vu la chambre des communes, s'égarer jusqu'à déclarer inéligible, un homme qui, depuis, a été ministre, Par une conséquence contraire, on a vu siégés au parlement des hommes contre les lois les plus positives; et ce qui est plus extraordinaire, on en cite qui ont délibéré pendant trois ans comme membres élus, sans l'avoir jamais été : leurs droits venaient simplement de la hardiesse qu'ils avaient eu de se glisser au milieu de la confusion. C'est donc toujours avec beaucoup d'arbitraire qu'on décide sur les élections contestées; et, au fait, il n'y a ni fortune ni patience qui pourraient tenir aux formalités et aux dépenses nécessaires pour juger rigoureusement une élection, contre laquelle les chicanes et l'ambition appellent les secours de tant de lois bizarres et contradictoires.

Voilà des faits qu'aucun Anglais ne contestera; car ils sont tous pris dans des discours adressés au parlement, par des membres du parlement aussi, la nécessité d'une réforme parlementaire est elle le grand cheval de bataille des jeunes gens qui veulent se faire uu nom; c'est par là que M. Pitt a commencé le champ est vaste. Si on demande, pourquoi ce peuple qui est si raisonnable, et auquel on prête une constitution si parfaite, ne s'accorde pas pour une réforme parlementaire, nous répondrons que la canaille s'y opposerait, parce que, de sa constitution qu'on lui a tant vantée, elle ne connaît que le profit qu'elle tire des élections. lei j'arrive naturellement à parler de cette incroyable corruption qui fait la base du gouvernement, et contre laquelle tant de lois se sont vainement élevés, parce qu'elle est dans le caractere mercantile de la nation; mais avant de parler de cette corruption, je dois rendre justice à quelques hommes indépendans, qui ont, à la longue, en Angleterre, comme partout, une grande influence, et qui sont loin de désirer vivement une reforme parlementaire, par la raison que toute réforme opérée sous un gouvernement vigoureux, ne se fait qu'au profit du gouvernement, et que toute réforme entreprise sous un gouvernement faible, ouvre nécessairement la carriere des révolutions, or en Angleterre, un gouvernement vigoureux sera toujours contre la nation, parce que la nation est toujours en défiance contre l'ascendant du gouvernement, plus soigneux d'y cacher son pouvoir que de le signaler; cela prouve

que tout n'est pas pour le mieux, même dans les balances politiques, et que rien n'est plus rare que ce concours de circonstances qui engagent une nation toute entiere à ne voir de sauveur que dans son chef, parce qu'effectivement tout est danger hors de lui, Les élections en Angleterre, peuvent se diviser en trois classes; celles qu'on achete, celles qu'on donne, et celle qu'on dispute avec de la réputation et de l'argent.

Les élections qu'on achete sont en grand nombre; on calcule que 150 membres de la chambre des communes y sont portés par l'ascendant de la propriété. Ceci a besoin d'être expliqué.

Des bourgs qui ont été considérables, et qui ne le sont plus, ont conservé le droit d'élire; ces bourgs sont devenus la propriété des riches particuliers qui soignent assez les fermiers qui dépendent d'eux, pour disposer de leurs votes au moment des élections. Cela est si bien arrangé qu'on n'a encore vu qu'un procès d'un seigneur contre des fermiers qui l'avaient trahi, le seigneur qui les attaquait pour d'anciennes redevances, a perdu: cela devait être; car les juges devinerent facilement son motif.

Les propriétaires des bourgs ayant droit de nommer, vendent les élections, soit à des particuliers soit à la commune. Il y a des courtiers qui s'entremêlent de ces sortes d'affaires; et quand le commerce des Indes va bien, ces élections sont fort cheres. Lorsqu'on vend aux particuliers, on ne tire d'eux que de l'argent; lorsqu'on vend à la commune, on obtient la pairie et tous les avantages qui dépendent de la faveur; aussi rend on de préférence à la commune. C'est ce qui a augmenté le nombre des pairs au point de faire craindre que tous ces grands seigneurs nouveaux, encore imbut de leur ancienne indépendance, ne portent la démocratie dans la chambre baute, le jour qu'ils seront dégagés de la reconnaissance qu'ils doivent au roi régnant.

Les élections que l'on donne, dépendent aussi de ces bourgs, entierement à la disposition des seigneurs. Il se trouve parmi eux, surtout parmi les pairs d'ancienne date des hommes indépendans, et du parti de l'opposition, qui ne voulant pas vendre à des particuliers, ni donner de nouveaux soutiens au ministere, font élire des jeunes gens qui ont du talent, ou qui en promettent; bien entendu que ces jeunes gens jurent une reconnaissance éternelle: bien entendu qu'ils débutent en effet en amans de la liberté, jusqu'au jour où ils s'ouvrent la porte du ministere, ou, faute de mieux, le cabinet des ministres.

Les élections qui se disputent à prix d'argent et de réputation sont celles qui s'operent par une quantité trop grande d'électeurs, pour qu'il n'y ait pas diversité d'opinion; aussi ne peut-on gueres acheter les voix d'avance, on les prend au moment et par tous les moyens possibles. Comme il y a deux cent lois qui défendent d'acheter et de vendre des voix, et que les Anglais respectent beaucoup la lettre de la loi, ils n'achetent, ni ne vendent les votes directement, Un postulant vient chez moi, par exemple; il trouve

mon écritoire d'un gout parfait: il me la demande avec tant d'instance, que je ne puis la lui refuser.

Le lendemain il m'envoye un présent: rien n'est plus poli. La différence qui se trouve en l'écritoire que j'ai cédé et le présent que j'ai reçu, fait positivement que j'ai donné ma voix sans la vendre. Si je suis paysan je n'approche des élections qu'avec quelques volailles à la main; car les volailles sont d'un prix fou près des élections. En général à cette époque, la moindre denrée peut acquérir une valeur cousidérable. Pour les tavernes, elles prennent les couleurs des postulans qui les retiennent, y va boire et manger qui veut, suivant son opinion. On sait bien que faire boire les Anglais, ce n'est pas les corrompre, cela est si vrai que j'ai vu des électeurs souls auxquelles on ôtait la cocarde de ceux qui les avaient enivrés et que l'on conduisait par dessous les bras, voter en faveur de gens dont on leur disait le nom tout bas. Pour des voitures, n'est-il pas naturel de clarier ceux qui veulent bien se déranger en notre faveur? Aussi avons nous été cinq jours de suite à Londres, sans fiacres, puisqu'ils étaient tous retenus par Sir Francis Burdett, dont ils portaient la cocarde, et le nom imprimé en très-gros caracteres.

Il faut voir en ce moment, l'agitation de le canaille. Comme elle est fiere, comme elle se croit souveraine, parce qu'elle boit gratis, et dit des injures pour de l'argent! Il y a eu quelques petites batailles cette année; il y en aura de plus grandes aux élections prochaines; car on peut prédire que l'esprit de faction ne s'éloigne de la France, que pour retourner mieux nourri aux lieux, qui l'ont vu naître. En rentrant en Angleterre, il ne fera que revenir au pays.

Ces élections contestées sont toujours onéreuses, et souvent ruineuses; elles ont enseveli beaucoup de familles. On cite une élection qui a coûté près de 1,200,000 fr. de notre monnaie, et qui a été manquée. Cette année M. Mainwaring et ses amis auront depensé une somme considérable, et Sir Francis Burdett, une plus forte encore, puisqu'il a triomphé.

Cependant les places au parlement ne rapportent rien, mais ́ pour cela qu'on en tire tant de profit; chose si reconnue, qu'un ministre prétendait connaître beaucoup de membres de la chambres des communes, qu'il fallait payer, même pour les faire voter suivant leur conscience. Au reste ces élections contestées sont celles qu'on envie le plus, parce qu'elles donnent de l'éclat, et c'est un bruit public à Londres que Sir Francis Burdett qui a tant disputé l'élection du comté de Middlesex, a deux bourgs à sa disposition. Vous avez vu M. Windham, qui a manqué la grande élection de Norwich, se rabattre sur un petit bourg dont il était sûr.

(Moniteur, No. 350.-20 Fructidor, an 10.)

PREFECTURE DE POLICE.

Ordonnance concernant la Vente des Huîtres. Paris le 16 Fruc tidor, an 10 de la République Francaise, une et indivisible. Le conseiller d'etat préfet de police.

Vu les articles 2, 23, 32, et 33 de l'arrêté des consuls du: 12 Messidor, an 8. Considérant que pour prévenir les abus dans la vente des buîtres, il importe de rappeler les réglemens de police rendus sur cette matiere, ordonne ce qui suit:

Art. Ier. Les buîtres amenées à Paris, continueront d'être exposées en vente dans les endroits affectés à cet usage, savoir:: Celles venant par eau, à l'endroit du port Saint Nicolas, appelé le port aux huîtres;

Et celles venant par terre, dans la rue Montorgueil près la cour Maudar.

2. La vente des huîtres en bateau aura len tous les jours, aux heures déterminées pour la vente des marchandises sur des ports. Quant à la vente des buîtres à la rue Montorgueil, elle ue-se fera que dans la matinée, depuis sept heures jusqu'à dix.

Pendant les heures de la vente, il ne pourra être vendu au regrat ui au détail, des huîtres dans les endroits ci-dessus designés. 3. Les huîtres exposées en vente, devront être de bonne qua: lité. Elles-seront livrées directement aux acheteurs, et de la même maniere qu'elles auront été expédiées. Celles arrivéés par terre ne pourront être changées de paniers.

4. Le commissaire des halles et marchés s'assurera si les huîtres. sont sames, et à cet effet, il en fera ouvrir quelques-une prises au hasard.

5. Les huitres gâtées venues par bateau, seront jetées à la riviere, aux endroits désignés par l'inspecteur général de la navigation et des ports. Celles amenées par terre, qui seraient gâtées seront transportées à la voierie, procès-verbal préalablement dressé, et l'expertise, si elle a lieu, constatée.

Dans l'un et l'autre cas, les frais seront à la charge du propriétaire.

6. Il ne pourra être transporté ni exposé ea vente, à la rue Montorgueil, des buîtres venues par eau, ni conduit et vendu sur le port, des buitres venues par terre.

7. Les bateaux d'huîtres ne pourront rester à port, ni garder planches pour la venie, plus de cinq jours, après lequel tens toutes les huîtres qui resteraient dans lesdits bateaux, serunt jelées à la riviere, dans la forme indiquée par l'art. 5.

8. Il est défendu d'aller au devant des acheteurs, et de s'cutres mettre pour leur procurer des buîtres.

9. Les marchands fourniront,, à leurs frais, les planches néces saires pour que les acheteurs entrent dans les bateaux avec sûreté et facilité; sinon il y sera pourvu à leurs frais. Il est en consé

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