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Leur intelligence, leur zele et leur dévouement méritent les plus grands éloges.

Chaque année a vu s'améliorer le régime et l'administration de la banque par l'effet d'une expérience attentive à corriger et à rectifier tout ce qui a paru susceptible de mieux.

Nous ne dirons pas cependant que cet établissement ne laisse rien à désirer; mais le tems seul peut indiquer les moyens d'atteindre à la perfection, qui se dérobe trop souvent aux conceptions et aux facultés humaines.

La banque de France fut instituée pour faciliter les transactions commerciales en multipliant le signe représentatif du numéraire et dans la vue d'amener la baisse du taux de l'intérêt. Elle a rempli le premier objet. Si dans le second, elle n'a pas encore atteint son but, on ne peut pas nier qu'elle n'ait produit une grande amélioration, et même toute l'amélioration qui était compatible avec des circonstances difficiles.

Pour bien juger des pas qu'elle a faits, il faut se rappeller le moment et le point du départ.

Elle se forma au milieu des vicissitudes d'une guerre générale, quand le discrédit était tel qu'on perdait trois et quatre pour cent par mois sur des effets recherchés aujourd'hui à un pour cent et au dessus.

Elle s'organisa quand d'autres établissemens qui pressentaient les effets de sa concurrence, suscitaient contre elle tous les genres de prévention; quand on affectait de dire que la banque ne serait qu'un instrument dans les mains du gouvernement pour se procurer des fonds; quand enfin la méfiance générale rendait le placement des actions si difficile, que la banque ne put commencer qu'avec un fonds très-modique, et fourni par la caisse d'amortissement.

Cependant jamais pronostics alarmans ne furent mieux démentis par les faits.

Forte de sa constitution, forte de l'appui libéral et profondément politique du gouvernement, la banque s'est élevée au-dessus de toutes les préventions.

Les dividendes ont été plus forts qu'on ne devait l'attendre d'une régie qui n'exposera jamais les intérêts des actionnaires aux moindres risques, ni les porteurs des billets au moindre retard. Son capital vient d'être completté par la rentrée des derniers paiemens des dernieres actions. Le gouvernement, qui avait jugé né cessaire d'en avoir cinq mille, n'en a plus que cinq cents, et il n'est ni son créancier ni son débiteur.

Le gouvernement convaincu que, sans une parfaite indépendance, la banque, au lieu de prendre un grand essor, ne pourrait que décheoir, s'est prononcé à cet égard, dans toutes les occasions, de la maniere la plus satisfaisante.

Quand le traité pour le service du paiement des rentes a dû être renouvelée, les articles en ont été discutés avec e ministre

du trésor public, et avec la mêine liberté qu'entre des particuliers.

Quand les fonds pour ce service n'ont plus été faits en obligations sur les départemens, mais fournis à Paris, le taux de la commission a été diminué à raison de mode de versement plus céléré et plus économique.

La banque s'est estimée heureuse de pouvoir seconder par son zele la disposition bienfaisante du gouvernement, qui fait payer, dans les premiers jours de l'an 11, le dernier semestre des rentes et pensions de l'an 10.

On s'est plaint de ce que la banque n'escomptait pas assez, de ce qu'elle ne prenait qu'une faible partie du papier qu'on lui présentait : c'était la blâmer de s'être astreinte à garder des mesures sages dans l'émission de ses billets.

Peut-on se dissimuler que le volume des billets au porteur mis en circulation, doit être toujours dans de telles proportions avec la présence des éèus en caisse, que ceux-ci puissent, sans gêne, sans embarras, faire face à l'acquittement de tous ceux-là? Cette régle de rigueur est observée dans la quotité des somnies versées sur la place, chaque jour d'escompte.

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Si l'on se négligeait à cet égard, les censures, attentifs à maintenir les proportions relatives aux circonstances, sont là pour op poser leur vélo à telle disposition qui pourrait s'en écarter.

Sans doute il eût été possible de donner plus de latitude aux escomptes, et facile d'augmenter ainsi le bénéfice des intérêts par une plus grande circulation de billets au porteur; on doit même s'attendre aux bons effets d'une extension progressive, à mesure que le crédit général s'améliorera.

Mais que serait-ce, dans le moment présent, qu'une légere augmentation du dividende pour chaque action, s'il eût fallu l'obtenir par des opérations pénibles, incertaines, ou par des risques quelconques?

Qu'importe que cette circonspection puisse être qualifiée de timidité puérile, si c'est à ces mesures sages que l'établissement doit sa parfaite sécurité, la certitude de suffire à ses besoins par ses moyens toujours présens, et enfin sa bonne renommée dans l'étranger.

L'étranger sait très-bien que les billets de la banque de France ne sont pas des papiers reposant sur d'autres papiers dont la valeur, quoique hypothéquée, ne saurait-être réalisée instantanement dans des jours d'inquiétude ou d'alarme.

Ce ne sont pas non plus, comme chez d'autres nations, des billets fondés sur des capitaux prêtés à l'état, et compromis dans la dette publique.

On s'est permis de dire que les fonds de la banque n'étaient utiles qu'aux banquiers à grandes affaires, que le commerce proprement dit en était écarté, on n'y participait que d'une ma niere insensible; on a dit que le porte-feuille était en grande partie

composé de papier de circulation n'ayant d'autre base que les crédits mutuels que se fout les signataires. Mais les censeurs en ont fait l'inspection en divers tems; ils ont scruté matériellement chaque effet; ils ont fait plus, ils les ont classés par séries relativement à leur origine présumée, et toutes les fois ils ont reconnu que les traites de l'étranger, celles des villes manufacturieres, celles des ports reposant sur des achats de marchandises, conséquement émanées du commerce le plus réel, formaient au moins les sept-huitiemes de la totalité, et dont partie payable par les di vers marchands de Paris. Quand aux autres papiers, ceux qui ne laissent pas aussi bien reconnaître les causes de leur formation, sont néanmoins toujours des lettres de change revêtues de plusieurs signatures, les plus accréditées, présentées à l'escompte parmi beaucoup d'autres sur lesquelles elles n'ont été préférées qu'à raison de la plus grande solidité.

On doit sentir combien il est difficile, sinon impossible, d'empêcher absolument l'admission de tout papier de cette nature, quand sa valeur ne présente aucune incertitude.

On a vu, depuis quelques mois, présenter à la banque, chaque jour d'escompte, de deux à trois cents bordereaux, contenant environ 40 millions de papier; alors la nécessité de ne prendre à chacun qu'une faible partie de sommes si considérables a donné lieu à des murmures.

On a paru croire à quelques faveurs dans la distribution des fonds disponibles: elle n'a cependant jamais cessé d'être proportionelle; les censeurs ne concourent point au travail de l'escompte, il est dévolu aux régens; mais souvent présens au choix du papier et aux répartitions, nous avons la satisfaction de pouvoir rendre ici un témoignage éclatant de l'impartialité de la régence, portée jusqu'au scrupule.

C'est dont ici un de ces points délicats où la difficulté de détruire des préventious spécieuses semble rendre illusoire la recherche de la perfection.

Tant que le choix des papiers de commerce, dans une banque quelconque, sera confié aux individus qui en créent le plus, ou qui ont un intérêt constant à bénéficier sur l'escompte, comment prouver au public qu'il ne s'introduit entre eux aucun abus de préférence réciproque? Comment persuader que leur intérêt personnel n'est jamais qu'en seconde ligne après l'intérêt de la masse?

C'est ce qui a fait dire à certains critiques qu'on eût dû prendre un parti différent, celui de confier le choix, pour l'admission du papier, à des préposés absolument désintéressés relativement à l'escompte, et à qui toute présentation pour eux-mêmes fut inter

dite.

Mais où trouverait-on des hommes qui connaissaient assez la place, pour leur confier de telles fonctions? Il en faudrait un certain nombre; les traitemens à leur attribuer greveraient l'éta

blissement; et, fussent-ils purs comme des êtres célestes, la malignité ne s'exercerait pas moins contre eux; on leur suppose rait des préférences intéressées pour ceux qui paraîtraient avoir su se ménager leurs faveurs.

Ainsi, quoiqu'on puisse dire, le systême actuel d'une régence gratuite dévouée par honneur à la prospérité de la banque, réunissant une telle masse d'actions, que c'est comme sa chose même qu'elle administre, a certainement les plus grands avantages sur tout autre moyen connu jusqu'à présent.

Cependant, à l'époque où le capital pourra prendre un grand accroissement, il conviendra d'augmenter le nombre des régens; il est et il sera toujours de la plus haute importance d'appeler dans les nouveaux choix (ainsi qu'on le fit l'année derniere) quelques négocians opérant moins en banque qu'en marchandises, de rechercher, non ceux qui font le plus d'affaires, mais ceux qui les font le mieux, au gré de l'opinion publique, ceux sur-tout qui, connaissant bien les différentes branches du commerce de Paris, et les hommes qui l'exercent, peuvent signaler à la régence des maisons peu répandues, dont la conduite et les affaires solides doivent faire recevoir le papier par préférence à celui de lant d'autres qui n'ont qu'un éclat momentané.

C'est dans ce méine esprit que l'administration vient d'adopter pour l'admission à l'escompte le nouveau mode, qui y appelle les petites comme les grandes fortunes, et qui a fait dire à la bourse que la banque a bien mérité du commerce.

En effet la régence a su profiter de la leçon donnée par l'ex périence. Elle a reconnu que le plus grand nombre de ceux à qui la facilité de l'escompte est nécessaire, ayant souvent beaucoup de marchandises et peu de papier, ne pouvait en présenter assez pour aller en concurrence avec ceux dont la fortune est, en majeure partie, dans leur porte-feuille. Dès lors elle n'a plus attribué qu'aux actions mêmes le contingent des fonds disponibles pour l'escompte, sans égard aux sommes présentées par les borde

raux.

De cette maniere, le marchand, le fabricant, le financier peuvent tous y prétendre dans la proportion du nombre de leurs actions; et encore, par une disposition particuliere, ceux qui ne sont point actionnaires ne sont point écartés sauf toutefois le mérite intrinseque du papier, qui, toujours scruté avec la même attention, sera agréé ou refusé avec la même impartialité,

Il est donc bien évident qu'il n'existe aucun établissement de ce genre plus propre à remplir les voeux et les besoins du commerce dans toute leur latitude, comme aussi il n'en est aucun plus solide, plus indépendant, et, nous pouvons dire, qui soit régi avec plus de prudence. A l'appui de cette assertion, nous devons citer que, sur près de 450 millions de papier pris à l'escompte à Paris dans le cours de l'an 10, et sur-tout celui qui est

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venu des départemens par les relations avec plus de 200 correspondans en comptes courans, la banque de France n'a essuyé aucun faillite, u'a souffert aucun déficit.

Il nous est d'autant plus agréable d'avoir aujourd'hui un rapport satisfaisant à faire à cette assemblée, que nous croyons pouvoir assurer que ceux des semestres suivans offriront des résultats de plus en plus avantageux.

(Moniteur, No. 3.)

REPUBLIQUE HELVETIQUE.

De Berne.

Le colonel Rapp à traversé la Suisse ; il a trouvé les cités, les villages en proie aux angoisses, tristes compagues des guerres civiles.

Sa présence a calmé toutes les alarmes.

Les rassemblemens se sont dissipés.

La ler et la 2me demi-brigades helvétiques sont en marche pour former la garnison de notre ville. L'arrivée du sénat est annoncée pour après demain, des députés de toutes les parties de la Suisse vont se rendre à Paris.

Nous commençons à espérer que notre révolution qui depuis 8 ans, se prolonge et se renouvelle chaque année, touche à son terme; que nous jouirons enfin de tout ce qu'elle a promis de bon et d'utile, et que le régime sous lequel nous sommes destinés à vivre ne singnalera le triomphe d'aucun parti, et sera consacré par la réunion de tous les citoyens.

Faibles comme nous le sommes, comparés aux puissances qui nous environment, pouvous-nous prétendre à une indépendance honorable, à une neutralité paisible si nous restons divisés ?

Les sentimens du peuple helvétique tout entier se réunissent dans ces trois vœux:

1o. Une constitution dans laquelle l'oligarchie ne puisse jamais reparaître, et qui assure en même tems l'égalité des citoyens, l'égalité de nos dix-huit cantons, l'égalité des cinq religions que les différentes parties de l'Helvétie professent.

2o. Une constitution qui se prête à la diversité, aux inégalités de notre territoire, dans laquelle Underwald, Berne, Lausanne, Bále, soient gouvernés suivant les circonstances locales, les langues, les mœurs qui leur sont propres.

Enfin, notre troisieme vœu, et celui-ci n'est pas moins national que les deux autres, est de voir maintenue dans toute leur intégrité nos anciennes relations avec le peuple Français, et priver de toute influence les hommes qui sont à la solde des puissances étrangeres. Au sein même d'une conflagration générale notre véritable intérêt est de demeurer neutres: ce ne sera jamais celui des Bach

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