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(Moniteur, No. 87.)

INTÉRIEUR.

Paris, le 6 Brumaire.

Une partie des journalistes Anglais reste en proie à la discorde; toutes les lignes qu'ils impriment, sont des lignes de sang. Ils appellent à grands cris la guerre civile au sein de la nation occidentale heureusement pacifice; tous leurs raisonnemens, toutes leurs hypotheses roulent sur ces deux points:

1. Imaginer des griefs contre la France, 2. Se créer aussi libéralement des alliés, et donner ainsi à leurs passious des auxilaires parmi les grandes puissances du continent.

Leurs griefs principaux sont aujourd'hui les affaires de Suisse, dont l'heureuse issue excite leur jalouse fureur. Il paraît qu'il aurait convenue beaucoup mieux à leure passions que la guerre civile déchirat cette malheureuse nation, et que les puissances voisines se faisant entraîner par l'empire de circonstances, l'harmonie du Contineut fût de nouveau troublée, la proclamation du 10 Vendémiaire a coupé le noeud de toutes ces intrigues.

Ils invoquent le traité de Lunéville, qui assure l'existence de la République Helvétique; mais c'est precisément pour l'assurer que l'intervention de la France est indispensable. D'ailleurs, de toutes les puissances de l'Europe la seule qui n'ait pas le droit d'invoquer à cet égard le traité de Lunéville, c'est l'Angleterre puisqu'elle seule a refusé de reconnaître la République Helvélique. Elle a également méconnue la République Italienne, la Republique Ligurienne et le Roi de Toscane: nous savons que depuis un an, malgré les vives instances du Gouvernement Français elle a persisté dans le même refus, relativement à ces Etats et aux arrangemens continentaux stipulés par le traité de Lunéville. L'Angleterre n'a point d'agens diplomatiques ni à Berne, ni à Milan, ni à Genes, ni à Florence.

Le Gouvernement Anglais ne se plaint point, et ne peut se plaindre en effet de ce qui arrive dans des pays dont il ne reconnait pas l'existence politique, et avec lesquels il n'entretient pas de relations publiques.

Les affaires d'Allemagne excitent bien plus vivement encore la Jalousie de cette faction d'écrivains périodiques; et la conduite forte et généreuse qui a mérité à la Russie et à la France, les remercimens de tous les peuples, de toutes les villes, de tous les princes d'Allemagne, est un sujet de griefs pour ces instigateurs des troubles.

Le roi d'Angleterre a reconnu tous les arrangemens de l'Allemagne; il y a adhéré, il suffit à ce sujet, de lire le vote de son ministre à la diete de Ratisbonne. Aussi le Cabinet Britannique satisfait d'avoir vu prendre en consideration el ménager tous ses intérêts, n'éleve à cet égard aucune espece de plainte.

Les libellistes Anglais écrivent que la volonté exprimée par le Roi d'Angleterre comme électeur d'Hanovre, n'est pas celle da la nation Anglaise. Mais quel antre titre aurait donc une puissance insulaire pour se mêler des affaires de l'Allemagne !

Et à quelle abjection faudrait-il que la Russie, l'Autriche, la Prusse, la Suede, le Dannemarck, la Baviere, et les maisons de Wurtemberg de Baden, de Hesse-Cassel, etc. et la République Française se trouvassent réduites, si elles ne pouvaient négocier, conclure, arranger leurs intérêts limitrophes sans l'agrément d'une puissance qui est aussi étrangere à ces intérêts qu'à notre droit diplomatique! Elle qui seule méconnaît les droits des nations indépendantes sur les mers. Les relations de la France et de l'Angleterre, sont le traité d'Amiens, tout le traité d'Amiens, rien que le traité d'Amiens.

Les alliés que les écrivains de partis qui impriment à Londres se créent sur le Continent, n'existent heureusement, ainsi que leurs griefs, que dans leur imagination déréglée et dans les passions haineuses et jalouses qui les tourmeutent. Ils appellent de tous leurs vœux les troupes autrichiennes; ils rassemblent et forment des armées dans le Tyrol: mais Thugut n'est plus et S. M. l'Empereur sait bien que si deux fois la puissance autrichienne a été conduite sur le bord du précipice, c'est pour s'être livré deux fois à ces perfides instigations.

Bien loin de sacrifier le sang de ses sujets qui lui est si cher, la cour de Vienne, obérée par les remboursemeus qu'elle a l'ex treme bonne foi de faire à l'Angleterre pour les subsides qu'elle en a reçus pendant les premieres campagnes, ne s'occupe qu'à diminuer ses dépenses. Elle pourait en bonne justice au lieu de rendre l'argent qu'elle a dépensé pour la cause du gouvernement, Anglais, demander à cette puissance 500 ou 600 millions comme une juste indemnité des frais de la guerre, Kaunitz disait au milieu du siécle passé à un ministre du Roi de Prusse qui prenait son audience de congé: Le Roi votre maître apprendra 'un jour combien vaut l'alliance de l'Angleterre, et si la Prusse vit ses frontieres envahies, sa capitale saccagée et ne succomba point, elle en fût redevable à ce prince de glorieuse mémoire, et à cette armée, qui sera long-tems citée comme un modele.

N'entendez-vous pas aussi ces journalistes effrénés appeler à grands cris les armées Russes? Mais ces armées Russes ont-elles oublié que compromises et abandonnées dans les marais de la Hollande, elles ont été désavouées en Angleterre, et qu'au mépris du droit des nations, on n'a pas même voulu les comprehendre dans l'échange des prisonniers, mais les Russes, les Suédois et les Danois, ne conserveront-ils pas un long souvenir de ces prétentions inouies qui ont amenés les massacres de Copenhague ?

Certes, et le Continent eu est profondément convaincu, le premier des biens, l'intérêt le plus cher est la paix. Il sait trop qu'une guerre continentale n'aurait d'autre effet que de concentrer toutes les richesses du commerce, toutes les colonies du monde dans la main d'une seule nation.

La Russie et la France, réunies par une estime réciproque par des intérêts communs, par la fermie volonté de maintenir la paix du Continent, contiendraient malgré eux ces esprits inquiets, dont la politique turbulente inspire les gazettes Anglaises si jamais

l'influence de leurs libelles parvenait à faire remplacer le ministere sage qui gouverne la grande Bretagne.

Qu'on cite depuis cent ans une puissance continentale qui s'étant écartée des principes d'une saine politique, n'ait pas justifié ce mot profond de M. de Kaunitz.

Si le Roi des Deux-Siciles a vu deux fois ses frontieres franchies et sa capitale au pouvoir des Français; si l'Electeur de Baviere a vu deux fois la même scene se renouveler dans ses Etats; si le Roi de Sardaigne a cessé de régner en Savoie et en Piémont; si la maison d'Orange a perdu le Statdhoudérat; si l'oligarchie de Berne et de Gênes a vu s'évanouir son influence, et le Portugal les limites de ses provinces convertes de troupes prêtes à les conquérir, tous ne l'ont-ils pas dû à l'alliance de l'Àngleterre ?

La paix de l'Europe est solidement établie, et aucun cabinet sans doute, ne veut la troubler; mais s'il pouvait arriver que des individus ennemis des hommes et de la tranquillité du monde, parvinssent à obtenir quelque crédit dans le Cabinet Britannique ils ne réussiraient point à empêcher tout le bien que les deux natious ont droit d'attendre de leur état de paix, et de leurs

nouvelles relations.

Au reste, le peuple Français n'ignore point qu'il excite une grande masse de jalousie, et que long-temps on fomentera contre lui dissentions, soit intestines, soit étrangeres; aussi demeure-t-il constamment dans cette attitude que les Athéniens ont donnés à Minerve; le casque en tête et balance en arrêt, on n'obtiendra jamais rien de lui par des procédes menaçans la crainte est sans pouvoir sur le cœur des braves.

(Moniteur, No. 38.)

PRÉFECTURE DE POLICE.

Ordonnance. Paris, le 3 Brumaire, An 11.

Le conseiller d'état, préfet de police,

Vu l'arrêté des consuls, en date du 13 Messidor, au 10, portant défence aux noirs, mulâtres et autres gens de couleur, d'entrer sans autorisation sur le territoire continental de la Republique,

Vu pareillement l'article II de l'arrêté du 12 Messidor, an 8, ordonne ce qui suit:

Art. I. L'arrêté des consuls, en date du 13 Messidor, an 10, portant défence aux noirs, mulâtres et autres gens de couleur, d'entrer sans autorisation sur le territoire continental de la République sera imprimé, publié et affiché dans le département de la Seine et dans les communes de Sevres, Meudon et SaintCloud, du département de Seine-et-Oise.

II. Les Français et les étrangers domiciliés ou séjournant daus

le département de la Seine ou dans les communes de SaintCloud.

Sevres et Meudon, seront tenus de faire, dans le délai de dix jours, la déclaration des noirs, mulâtres et autres gens de couleur de l'un et de l'autre sexe qui étaient à leur service au 17 Vendémiaire dernier, époque de la publication du dit arrêté.

Paris, cette déclaration sera faite devant les commissaires de police, et dans les communes rurales, devant les maires et adjoints qui en délivreront certificat. La déclaration sera appuyée de l'attestation de deux témoins domiciliés.

Sur la représentation du certificat des commissaires de police ou des maires et adjoints, il sera délivré, à la préfecture de police, une carte particuliere aux noirs, mulâtres et autres gens de couleur qui se trouveront compris dans la déclaration.

III. Les noirs, mulâtres et autres gens de couleur de l'un et de l'autre sexe, qui, à compter du dit jour 17 Vendémiaire dernier, entreront dans le département de la Seine, ou dans les communes de Sevres, Meudon et Saint-Cloud, seront tenus, dans les trois jours de leur arrivée, de faire viser à la préfecture de police les autorisations spéciales qu'ils auront obtenues, soit des magistrats des colonies d'où ils seraient partis, soit du ministre de la marine et des colonies.

VI. Les Noirs, mulâtres, et autre gens de couleur de l'un et de l'autre sexe, qui s'introduiront dans le département de la Seine ou dans les communes de Sevres, Meudon et Saint-Cloud, sans être munis de l'autorisation désignée en l'article II de l'arrêté du 13 Messidor dernier, seront arrêtés et conduits à la préfecture de police.

V. Les sous-préfets des arrondissemens de Sceaux et de SaintDenis les commissaires de police, à Paris, les maires et adjoints dans les communes rurales du département de la Seine, et ceux des communes de Sévres, Meudon et Saint-Cloud, les officiers de paix et les préposés de la préfecture de police sont chargés, chacun en ce qui le concerne, d'assurer l'exécution des dispositions ci-dessus.

VI. Le général commandant la premiere division militaire, le général commandant d'armes de la place de Paris, et les chefs de légion de la gendarmerie d'élite et de la gendarmerie nationale du département de la Seine et de celui de Seine et Oise sont requis de leur faire prêter main-forte au besoin.

Le conseiller d'état, préfet

Par le conseiller d'état préfet,
Le secrétaire général

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(Moniteur, No. 45.)

Paris, le 14 Brumaire.

Quel est l'intérêt que la faction ennemie de l'Europe, prend aux insurgés Suisses? Il est facile de voir qu'elle voudrait faire de la Suisse un nouveau Jersey pour y tramer des complots, solder des traîtres répandre des libelles, accueillir tous les criminels, tous les ennemis de la France, et faire sur l'Est tout ce qu'elle fait constamment, au moyen de la position de Jersey, sur l'Ouest. Elle aurait par là cet avantage tout particulier d'inquiéter cette belle manufacture de Lyon, qui renait de ses ruines, et porte une main d'acier sur la balance du commerce, afin de la faire pencher en faveur de l'industrie Française.

Quel est l'intérêt de la France? C'est de n'avoir que de bons voisins et des amis sûrs.

Au midi, le Roi d'Espagne, allié de la France par inclination comme par intérêt, et les Républiques Italienne et Ligurienne, qui entrent dans son systême federatif.

La Suisse, le duc de Baviere, le bon Prince de Bade, le Roi de Prusse, la Hollande au Nord et à l'Est.

La faction ennemie de l'Europe et qui veut agiter le continent ne trouvera dans ces Etats ni complices, ni tolérance. Cependant agitateurs ne dorment jamais: ils se sont essayés à la fois à Gênes, en Suisse, en Hollande, leurs trames prenaient de la consistance en Suisse, lorsque la proclamation du 8 Vendémiaire a tout calmé, tout est rentré dans son état naturel dans cet état qui, de tous côtés, présentera le beau territoire de la France environné de peuples amis.

Cet état est le résultat de dix ans de triomphes, de hasards, de travaux et d'immenses sacrifices. La paix de Lunéville, les préliminaires de Londres et la paix d'Amiens, bien loin d'y rien changer, l'ont consolidé.

Aujourd'hui pourquoi tenter ce que l'on n'a pu faire réussin jusqu'à ce jour ? Nous croit-on devenus lâches; nous croit-on moins forts que nous ne l'avons jamais été ! Il est plus facile aur vagues de l'océan de déraciner le rocher qui en brave la fureur depuis quarante siecles, qu'à la faction ennemie de l'Europe et des hommes, de rallumer la guerre et toutes ses fureurs au sein de Foccident, et sur-tout de faire pâlir un instant l'astre du Peuple Français.

(Moniteur, No. 49.)

PRÉFECTURE DE LA SEINE.

Arrété portant Réglement sur le Mode de Perception des Contributions directes de la Ville de Paris, du 25 Fructidor, An 10 de la République Française.

Le préfet du département de la Seine.

Considérant qu'il importe de régulariser et de rendre uniformes,

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