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En conclusion, il résulte de tous leurs discours qu'ils voudraient la guerre, mais qu'ils sont sans alliés, sans crédit sur le Continent. Nous aurons donc la paix, grâce à leur discrédit.

Tendres meres, bons citoyens, philanthropes éclairés, bénissez le Ciel du discrédit de cette faction: car son crédit sur le Continent serait le signal de la mort de vos enfans, de la dévastation de vos provinces, du deuil de la nature entiere !!!

(Moniteur, No. 102.-12 Nivôse, An 11.)

Il est des maisons de Francfort, Nuremberg, Hambourg, qui ont long-tems été les canaux par où l'on soldait tous les crimes qui étaient excités sur le Continent.

S'il était vrai que la faction ennemie du repos de l'Europe voulut continuer à sacrifier les trésors de ce peuple brave et illustre à tant de titres, et seconder les vues de Dutheil, de Dandré, de l'Evêque d'Arras, de Grenville, &c. nous leur conseillons d'y mettre de la circonspection, et aux magistrats de ces villes d'y veiller; car tous les pays, principalement les villes de commerce qui donnent réfuge aux agens de cette faction, parce que ses ma gazins sont au-delà des mers; et qui mettent dans cette lutte de l'argent et non du sang, doivent sentir par expérience que la guerre porte avec soi, des désastres dont leur faiblesse peut les rendre encore plus victimes que les autres.

Les villes dont l'existence tient au commerce, sont done intéressées plus que personne à ce que la paix, si heureusement rétablie, soit de longue durée.

Plusieurs journaux, d'après le Moniteur, ont imprimé, que M. Fingerlin avait été banquier de ce misérable Dandré et de l'atroce Wickham. Cette famille, une des principales de Lyon, a été profondément affligée d'une imputation aussi contraire à ses sentimens d'honneur, et s'est empressée de réclamer contre cette erreur. Les motifs de sa réclamation nous paraissent trop louables pour que nous n'insérions pas sa lettre.

Au Rédacteur.

Paris, le 9 Nivôse, An 11. Citoyen, Dans un de vos précédens numéros, vous inculpates M. de Fingerlin d'une maniere trop vague, pour que je crusse nécessaire d'y répoudre; mais cette accusation est renouvelée dans votre No. 89, d'une maniere si grave, qu'il ne m'est plus permis de garder le silence, puisque l'inculpé est non pere.

Ayant vécu presque constamment avec lui, et ne l'ayant quitté que depuis quelque mois pour voyager en France, je puis affirmer qu'il n'a jamais eu de relations directes ni indirectes avec MM. Wickham et Dandré, et qu'encore moins il a pu être le banquier de ce dernier, puisque depuis plus de douze ans, il est retiré des affaires. Constance est le séjour qu'il a choisi pour être à portée des propriétés qu'il a dans le canton de Turgovie en Hel

vétie; sa maison est la seule dans cette petite ville, qui soit ouverte aux étrangers; l'on s'y rassemble le soir, et la calomnie seule a pu faire envisager ces réunions sous un point de vue politique, et supposer à mon pere des intrigues indignes de lui, dont son caractere connu, aurait dû le mettre à l'abri.

J'attends de votre impartialité, citoyen Rédacteur, que vous voudrez bien insérer ma lettre dans votre Journal; je le désire d'autant plus vivement, que j'attache, quoique étranger, une trèsgrande importance à l'opinion que l'on peut concevoir en France de ma famille et de moi.

J'ai l'honneur de vous saluer,

G. HENRI DE FINGERLIN.

(Moniteur, No. 109.)

Paris.

La lettre qu'on va lire, a été adressée au chef de la police se crette. Nous avons cru que venant d'un homme plus à même que tout autre de connaître le dédale et l'atrocité des trames de l'ancien ministere Anglais, puisqu'il a participé à toutes les intrigues, cette lettre serait pour les Français de quelqu'intérêt. Ces hommes atroces qui jetterent à Quiberon l'élite de nos anciens officiers de marine pour les faire égorger, n'ont cessé d'avoir à leurs gages des assassins secrets, toujours prêts à frapper dans l'ombre, comme les assassins du vieux de la montagne du tems de S. Louis; ce sont eux qui ont commandé et payé le 3 Nivôse, et Georges, Dutheil, l'ancien Evêque Arras, qui furent les priucipaux instrumens de cet abominable complot, jouissent d'une protection publique et d'une grosse pension en Angleterre. Ils ont armé les Français contre les Français, sous des prétextes divers, mais ayant pour but de nous anéantir, ils ont voulu réaliser ce qu'ils avaient gravé sur leurs cartes, effacer cette belle France du tableau des Puissances Européennes.

Habitans de la Vendée, du Morbihan, des Côtes du Nord, de la Manche, de l'Orne, c'est surtout à vous que ceci s'adresse. La levée des conscrits s'est faite chez vous avec empressement. Quand vos préfets en ont rendu compte au Premier Consul, c'est la meillure preuve, a-t-il dit, qu'ils puissent me donner qu'ils sont reconnaissans de tout ce que j'ai fait pour eux, et que leur désir sincere est de réparer encore plusieurs maux que ceux des autres, parcequ'ils sont la partie de la famille qui a le plus souffert. Plus que tout autre aussi vous avez des injures à punir, et si jamais ces misérables excitent la guerré sur le Continent, vous vengerez vos malheurs, et vos désastres.

Ils sont voués aux mépris de l'Europe, ces hommes qui ont soldé tous les crimes. Jetez un coup-d'œil sur l'Isle de Jersey. Elle est encore remplie de brigandis qui n'en sortent que pour troubler votre tranquillité. Cet infâme Georges vous vendait à eux, et lorsque les chefs qui dans des tems différens ont été à la

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lète de la guerre civile, mais qui ont toujours conservé un caraetere Français, tels que Chatillon, Daubchamp, &c. auront écrit toutes les atrocités qui sont à leur connaissance, la postérité mettra les Grenville, les Windham, au rang des personnages qui out déshonoré l'Europe moderne. Mais heureusement ces tems sont passés. C'est en vain que ces hommes affreux verseraient de l'or, ils ne pourront plus nous diviser. Les Français de tous les partis, de toutes les opinions, ralliés et unis, soutiendront la gloire et la grandeur de leur patrie, car tous restent aujourd'hui persuadés que c'est la destruction et le malheur de la France que l'on a voulu. Mais si, divisés, nous avons toujours rendu leurs trames inutiles, si nous avons étendu nos limites jusqu'aux bornes de l'ancienne Gaule; si nous avons eu le pouvoir de les étendre plus loin, si nous nous sommes arrêtés, c'est parce que nous l'avons voulu. Qui oserait nous attaquer !!!

Tant que nous resterons unis, tant que nous ne prêterons pas une oreille coupable aux insinuations des hommes achetés, ils frémiront de jalousie en nous regardant.

Ils pourrout tramer quelques crimes, ils pourront essayer le poignard et le poison, armes des laches. Ils tiennent toujours en réserve et comblent de bienfaits les agens qui les ont servis dans leurs criminels essais; c'est qu'ils comptent s'en servir encore, Quand les Etats n'ont de ressource que dans des crimes; que les chefs et les principaux d'une nation qui, comme, disait Jean Ier doivent toujours être le réfuge de l'honneur et de la morale publique, ne vivent, ne se confient que dans de pareilles espérances, ́alors une nation est bien mal gouvernée; le premier effet du crime est toujours de retomber sur celui qui le médite.

Au Chef de la Police du Grand Juge.

Paris, le 12 Nivôse, An 11. Monsieur,-Un article inséré dans le numéro 89 du Moniteur, et transcrit par d'autres Journalistes, semble mettre sur la même ligne Dandré et Dutheil.

Une correspondance suivie pendant cinq ans avec Dandré, m'a mis à même de connaître parfaitement son opinion et ses sentimens; jamais il n'eut ceux de cet être vil et féroce auquel son nom se trouve accolé, et il m'a confirmé de vive voix le profond mépris qu'il n'avoit cessé de manifester dans ses lettres pour cet infame intrigant, qui ne connaît de chefs que ceux qui peuvent payer ses forfaits.

Dandré partit de France en 1792, pour se rendre en Angleterre pour affaires de cómmerce; il étoit muni d'un passeport du département de Paris; mais bientôt la guerre ayant été déclarée, Dandré quitta l'Angleterre et se retira en Suisse, où il ne séjourna pas long-tems sans être employé par le Comte de Lille.

Quelque tems avant le 18 Fructidor, il rentra en France, où il dirigea les opérations de l'agence royale; à cet époque, je deviņs secrétaire de cet agence, et dès lors j'ai été lié avec Dandré, de

maniere à pouvoir répondre à toutes les inculpations dirigées contre lui, et je peux assurer qu'avant et depuis cette fameuse journée, il ne manifesta jamais d'opinion tendante à faire assassiner qui qui ce fut, même les directeurs. Dans toutes les lettres, il m'a recommandé d'éviter soigneusement toute liaison avec les agens Anglais, à moins que ce ne fut pour déjouer leurs complots qui tendaient tous à entretenir la guerre civile en France.

Attaché à sa patrie et au prince dont il était l'agent, Dandré avait le plus souverain mépris pour Dutheil, qui sous prétexte d'agir pour le Comte d'Artois, vendait la France et le prince dont il se disoit le serviteur, à ce gouvernement perfide, auteur de tous ·les maux qui nous ont accablés.

Il y a deux ans et demi à-peu-près, que le ministre Anglais donna ordre à son agent Wickham d'inviter Dandré à se rendre à Londres pour gérer en chef toutes les affaires de France, même celle de l'Ouest; on lui présenta même une autorisation du roi de se rendre à cette invitation,

Malgré les offres brillantes qui lui furent faites, Dandré refusa et ne cacha point à l'agent Anglais que la cause de son refus était la connaissance qu'il avait du Machiavélisme de son gouvernement, et la crainte d'être confondu avec Dutheil et consorts qui avaient joui jusqu'à cette époque de la confiance du ministre Apglais. Wickham lui promit qu'à son arrivée, on impulserait Dutheil; mais Dandré n'en persista pas moins dans sou refus.

J'atteste, sur tout ce qu'il y a de plus sacré, la vérité de ce que j'ai l'honneur de vous dire; et la franchise de mes réponses aux questions qui m'étaient personnelles, doit vous être un garant de la véracité de cette déclaration.

Puis-je espérer, Monsieur, que vous aurez la bonté de la communiquer, à son Excellence le Grand Juge?

J'ose croire qu'après l'avoir lue, vous ne confondrez pas le chef d'une opposition ordinaire avec celui d'une bande de vil assassins,

J'ai l'honneur d'être avec respect,

Monsieur,

Votre très-humble et très-obéissant Serviteur,

BERTONNIER,

Désigné sous le nom de Theobald de Villers dans la correspondance de Bayreuth.

(Moniteur, No. 109.)

PRÉFECTURE DE POLICE.

Ordonnance concernant le Commerce de la Boucherie dans Paris. Paris le 15 Nivóse, An 11 de la République Françoise. Le Conseiller d'Etat, Préfet de Police, vu les Articles 2, 21 et 23 de l'arrêté des Consuls du 12 Messidor, an 8, ensemble l'arrêté du 8 Vendémiaire dernier, portant réglement pour l'exercice de la profession de Boucher à Paris ordonne ce qui suit:

Art. Premier. Il ne peut exister à Paris aucun étal de boucherie, aucun échaudoir ou tuerie, et aucun foùdoir, sans une permission speciale du préfet de police.

Lorsqu'il y a lieu de faire de nouvelles dispositions dans ces sortes d'établissemens, les bouchers doivent également en obte nir l'autorisation du Préfet de Police (voir l'instruction ci-après.) 2. Il est défendu d'abettre des bestiaux ailleurs que dans des échaudoirs autorisés.

3. Il est défendu de vendre de la viande ailleurs que dans des étaux, et sur le carreau désigné à cet effet, à la halle.

4. Un boucher ne peut exploiter à la fois plus de trois étaux. Il doit les tenir pour son compte personnel, et les garnir des trois especes de viande.

5. Aucun boucher ne peut quitter son commerce que six mois après en avoir fait la déclaration au Préfet de Police.

6. Tout boucher qui abandonnera son commerce sans avoir rempli la condition prescrite par l'article précédent, perdra sou cautionnement.

7. Il ne pourra être vendu de la viande de boucherie à la halle, que deux jours de la semaine, à compter du premier Pluviose prochain.

8. La vente de la viande à la halle aura lieu les Mercredis et les Samedis, depuis le lever jusqu'au coucher du soleil.

9. Les bouchers de Paris munis de permission du Préfet de de Police, et les bouchers forains, auront seuls la faculté de faire le commerce et la vente de la viande sur le carreau de la dite halle. La viande devra y êtra apportée directement, et elle devra y être vendue dans le jour.

10. Il est défendu d'exposer en vente des viandes insalubres, ou corrompues, sous peine de confiscation.

11. Il sera pris envers les contrevenans aux dispositions cidessus, telles mesures de police administrative qu'il appartiendra, sans préjudice des poursuites à exercer contre eux par devant les tribunaux, conformément aux lois et aux réglemens qui leur sont applicables.

12. La présente ordonnance sera imprimée, publiée et affichée. Les commissaires de police, les officiers de paix, le commis saire des halles et marchés et les autres préposés de la préfec ture de police, sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de tenir la main à son exécution.

Le général commandant d'armes de la place de Paris et les chefs de légion de la gendarmerie nationale du departement de la Seine, sont réquis de leur faire prêter main forte au besoin. Le conseiller d'état préfet (Signe)

DUBOIS.

Par le conseiller d'état

Le secrétaire général

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