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ment, et que j'avais lieu de croire, qu'il lui avait fait un rapport infidele, j'écrivis aussitôt au chargé d'affaires de la République à Corfou, pour l'informer de ce qui s'était passé ; et immédiatement après je me mis en route pour Messine.

Je ne m'écarterai point de la vérité, en assurant que les iles de la Mer Ionienne se déclarerent Françaises, dès qu'on le voudra.

Armée Anglaise en Egypte.

Cette armée commandée par le General Stuart, est forte de 4430 hommes comme il paraît par la situation ci-dessous; elle occupe en entier et exclusivement Alexandrie et les forts environnans. Les Turcs qui formaient la garnison de quelques-uns de ces forts, en ont été chassés. Dernierement le général Anglais a fait occuper Demanhour par cent hommes d'infanterie et cent cavaliers, sous prétexte de contenir les Arabes. Les Anglais ne font aucun des travaux nécessaires à l'entretien des forts, les palissades en sont presqu'entierement détruites, et les éboulemens occasionés par les pluies ont infiniment dégradé toutes ces nouvelles fortifications. Ils n'occupent aucun des ouvrages qui sont hors de l'enceinte des Arabes, et toutes les redoutes exterieures qui existaient lors du départ de l'armée Française, sont détruites.

Le Pacha du Caire fournit à l'armée Anglaise du bled, du riz, du boiset de la viande, sans en tirer aucun paiement. Les consommations sont triples de ce qu'elles devraient étre; il s'y commet de très grandes dilapidations.

La plus grande mésintelligence regne entre le Général Stuart et le Pacha.

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Muhammed, Pacha du Caire, qui a pris, on ne sait pas pourquoi, le titre de vice-roi d'Egypte, ne commande pas ses troupes en personne. Muhammed Aly Sur Chersme, qui en avait le commandement lors de mon arrivée, a eté tué devant Gizė; elles sont aujourd'hui sous les ordres de Tussuf Kiaha. Tair est

Pacha des Arnaoutes, qui composent la très-grande majorité de cette armée; qui se monte à environ 16,000 hommes distribués comme il est expliqué ci-après. Elle reçoit de tems en tems des renforts qui viennent débarquer à Aboudir, mais elle suffre beaucoup par la désertion.

Tilourchid-Ahmed, Pacha à deux queues, est à Alexandrie avec 600 homines, qui n'y occupent aucune fortification. Ce Pacha est, pour ainsi dire, prisonnier des Anglais.

Aboukir. Ce fort est en mauvais état, on n'y a pas fait la moindre réparation depuis sa prise; les bréches n'ont été ni déblayées, ni réparées. La grosse tour en est en partie détruite; tout ce qui regarde la tour est ouverte. Le fort et la tour sont

armés de deux pieces de 24, de cinq pieces de petit calibre, et de 2 mortiers de 12 pouces; le tout en très-mauvais état. Il est occupé par 100 Albanais, commandés par Mustapha Aga, et tirés des troupes du Pachalie d'Alexandrie.

Le Fort Julien. Ce fort est très-dégradé et occupé par 15 hommes seulement.

Barloz. La tour est armée de deux pieces et occupées par les habitans du village, qui en ont la garde, et qui sont soldés par le Pacha.

Rahmanié. Ce fort a été presque détruit par les inondations: il est occupé par 25 hommes.

Menouf. Les deux tours de la ville sont ruinées et abandonnées. La province de Menouf est occupé par 500 hommes.

Boulak. Les deux tours armées et occupées par 30 hommes. L'Okel d'Aly Bey a été rendu à son ancien usage. Le fort de la Puy d'Eau, l'aqueduc, la citadelle du Caire, la porte Babe-elNassr, et l'enceinte jusqu'à la porte Babe-el-Adid, le fort Soulko-ki, le fort Quantin et la ferme d'Ibrahim Bey sont occupés et armés. La partie qui regarde la Haute Egypte, et qui garantit des tentatives ennemies de ce côté-là, est bien entretenue. L'armement de ces différens forts est le même que les Français y lisserent, mais il n'est pas entretenu, et est par conséquent fort degradé. La maison d'Elfi Bey, occupée aujourd'hui par le Patha, est le seul point que les Turcs ayent fortifié : j'en ai fait lever le plan par le Capt. Berge et je le joins ici. La ferme d'Ibraim Bey n'a plus d'une fortification que le nom. Le fort Dupily est tombé en ruine et est abandonné; la rampe et la boiserie en ont été enlevées. Les tours environnantes sont armées, mais pas occupées. Les travaux du fort de l'Institut n'ont point été continués. Ce fort est presque détruit, et n'est point occupé. Les ponts de Gisé et de la ferme d'Ibraim Bey n'existent plus.

La poudriere de Boudag est détruite. Le nilometre, quoiqu'ar mé n'est pas occupé,

Gizé est également en très-mauvais état, l'arsenal n'existe plus, la partie de l'enceinte qui fait face à la Haute Egypte, est la seule

entretenue.

Birket et Hadji est abandonné.

Belbeis et Salahié sont également abandonnés et en partie détruits.

Mansoura. La tour de la ville est détruite. La province de Mansoura est occupée par 500 hommes.

Lesbeh est en aussi mauvais état que tout le reste. Les Turcs loin d'achever les ouvrages commencés, ne fout pas même ceux qui sont nécessaires à l'entretien de la place.

L'armement en est très-mauvais; les affuts ne supporteraient pas deux coups de cannon. Les deux tours du Bogaz sont armées et en assez bon état. Le fort et les tours sont occupés par une garnison de 20) hommes tirés du Pachalie de Damielte. Les tours de Didé et d'Oumfarége sont détruites.

La province de Damiette est occupée par 600 hommes.

Cathie. Ce fort n'existe plus : les Arabes y sont revenus et y construisent leur village.

El Arich. Le Pacha a fait réparer ce fort et en a commis la garde aux habitans du village; j'en ai vu le Cheik à Damiette, qui y était venu chercher dix pieces de canon pour l'armer. Suez est occupé par cent Osmanlis; il n'y a point d'Anglais. Récapitulation et Répartition des Troupes Turques en Egypte.

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Dans la Province de Mansoura.

600 hommes

100

15

200

25

500

5000

100

500

Dans la Province de Damiette et Province de Lisbeh 600

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Il est inutile d'ajouter que ce n'est pas là une Armée: ce sont des hommes mal armés, sans discipline, sans confiance dans leur Chef, et énervés par des excès de débauche. Les Chefs ressemblent en tout à leurs soldats: ignorant jusqu'aux premiers éléniens de l'art militaire, et conduits uniquement par l'appat des richesses, ils ne songent qu'à s'enrichir, et à trouver les moyens de se retirer avec sûreté. Six mille Français suffiraient aujourd'hui pour con quérir l'Egypte.

Armée des Mamelouks.

L'armée des Beys est composée de 3000 Mamelooks, de 3500 Arabes, de la tribu Ababdé de Chark, et de 3500 de la tribu Binialy. Muhammed Rey Elfy a épousé la fille du Cheik de la premiere, et Maargouk Bey, fils d'Ibraim Rey, la fille du Cheik de la tribu Binialy. Le pouvoir, dans cette armée, se partage entre Ibraim Bey (qui est le Chef), Elfy Bey, et Osman Bey, qui a succédé à Murad Bey. Leur quartier-général est a Djergé. Ils ont 80 déserteurs Français, qui forment un petit corps d'artil lerie. Jusqu'à present ils ont battu les Turcs dans toutes les rencontres, et les Egyptiens les préferent aux Osmanlis, Toute la Haute Egypte leur est soumise.

Syrie.

Acre. L'enceinte de cette place a été réparée; la porte en a été couverte par un petit ouvrage à cornes et la tour de l'angle de l'enceinte par une demi-lune. On a fait également une petite heche en avant du palais du Pacha.

Tous les ouvrages sont bien entretenus. La partie la plus faible est celle qui regarde la mer, et particulierement le point qui défend l'entrée du port.

Les forces de Djezzar se montent dans ce moment à environ 13 ou 14,000 hommes, dont 9000 employés au siége de Jaffa. Jerusalem et Nazareth sont occupés par les troupes du Pacha d'Acre. Les Naplousains servent contre Aboumarak.

Jaffa. Le Visir, après la prise d'Egypte, en a fait reconstruire l'enceinte, qui, dans ce moment est dans le plus mauvais état. Aboumarak, Pacha de la Palestine, qui défend cette place, y a 4000 hommes de garaison.

Gaza est occupé par 400 hommes des troupes d'Aboumarak.

L'Emir des Druzes a refusé à Djezzar sa contribution annuelle et a fait des Armemens imposans. Le Pacha attend la prise de Jaffa pour l'attaquer. Les Anglais ont voulu intervenir com.me médiateur entre l'Emir et Djezzar, mais ce dernier a re fuse leur meciation.

La Porte a dans ce moment peu de rapports avec la Syrie.

Paris, 11 Pluvióse.

Depuis 3 mois on s'est plu a répandre sous toute sortes de couleurs, à insinuer de toutes les manieres, des nouvelles aussi éloignées de la marche et de la politique du gouvernement que dénuées de toute espece de fondement. On a fait assembler des conseils; on a mis dans la bouche de différens orateurs des discours absur des. Nous n'avons vu dans tout cela que de la badauderie, et un besoin de mouvement auquel de grands événemens nous ont accoutumé depuis onze ans.

Aujourd'hui de faux bruits se répandent dans les départemens ; l'on veut jeter des inquiétudes parmi les acquereurs de biens na tionaux, on suppose que ces propriétés doivent être surchargées d'une taxe particuliere, et c'est dans le moment même où le gouvernement fait publier dans les départemens réunis les lois sur la vente des biens nationaux, pour alimenter par leur produit la caisse d'amortissement.

Nous croyons devoir prévenir les bons citoyens, surtout ceux des départemens éloignés, qui peuvent le plus facilement être trompés, de n'ajouter aucune foi à ces suggestions. Le premier devoir du peuple Français, la premier politique de la république sera toujours de maintenir intacts, et sans aucune espece de distinction, les acquereurs de biens nationaux. En effet, avoir eu confiance dans la république, lorsqu'elle était attaquée par l'Eu rope entiere, avoir uni son sort et son intérêt privé au sort et à l'intérêt général, sera toujours un acte méritoire aux yeux de l'état et du peuple.

Dans le département de la côte d'or, on fait courir les nouvelles les plus désastreuses sur les troupes dernierement embarqués à Toulon. Nous pouvons également rassurer sur cet objet les peres de familles ; ils doivent voir que le but de ces insinuations est de retarder la marche de la conscription qui se fait en ce moment dans leur département.

Il n'est pas extraordinaire que nos ennemis cherchent à fomenter dans l'état toutes sortes d'intrigues, à susciter toute espece d'inquiétude et de désunion. C'est aux bous citoyens à se tenir en garde contre toute espece de suggestion.

Les ennemis de notre repos doivent effectivement ne voir qu'a vec dépit cette brave jeunesse qui, à son tour, court en foule sous les drapeaux pour prendre la place de ses aînés. Un jour elle marchera sur leurs traces et imitera leur conduite et leur bravoure.

Dans quelques départemens de l'ouest on répand le bruit que l'impôt sur le sel va être rétabli cette année, et que des discussions à ce sujet ont eu lieu au conseil d'état, ce bruit est faux: tout ce qui peut intéresser les départemens de l'ouest qui ont le plus souffert, sera long tems l'objet spécial de la solicitude du gouverne ment. Nous sommes dans une situation a n'avoir besoin d'aucun accroissement d'impôts. On s'occupe des moyens de diminuer les charges, et non de les accroître.

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