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Paris, le 12 Pluvióse, An 11.

Le consistoire pour la proclamation des cardinaux Français, a été tenu à Rome, le 17 Janvier, Des qu'ils ont été proclamés le secrétaire d'état a fait partir le prince Justiniani, garde noble de sa sainteté pour leur donner avis de leur nomination. Selon l'usage, le prince de Justiniani est arrivé en courier, il a passé par Lion, où il a remis sa premiere dépêche à M. l'archevêque de Lyon.

Il s'est en suite rendu à Paris. Il est descendu chez le cardinal légat, de là il s'est rendu chez le conseiller d'état, chargé de toutes les affaires concernant les cultes. Il a porté ensuite les dépêches dont il était chargé pour M. l'archevêque de Rouen et pour M. l'archevêque de Paris, qui s'est trouvé casuellement à Paris. Il est parti dans la soirée pour Tours, où il va remplir la même mission auprès de M. l'archevêque de cette ville.

Son mandat est de remettre à chacun des nouveaux cardinaux une lettre du pape, qui leur annonce leur nomination, et des lettres de différens membres du sacré collége. Lorsque M. l'archevêque de Paris et M. l'archevêque de Rouen ont été officiellement instruits de leur nomination, chacun d'eux s'est présenté à l'au dience du premier consul pour lui en faire homage. Le premier consul leur a permis de porter le signe de leur nouvelle dignité, qui leur a été remis par le porteur des dépêches de la secrétairerie d'état. Les barrettes seront apportées par le prélat Doria que sa Sainteté a choisi pour envoyé apostolique, et qui doit être parti de Rome dix à douze jours après le premier courier.

Allocution de notre Saint Pere le Pape, Pie, VII, prononcée dans le Consistoire Secret, du 17 Janvier, 1803.

Vénérables Freres,

Après avoir aggrégé à votre collége, dans les précédens consis toires, ceux de l'Italie les plus distingués que nous avons jugés dignes de cet honneur à cause de leurs mérites envers l'Eglise et le Saint Siége apostolique, nous jugeons convenable de nous occuper aujourd'hui de l'élévation des nationaux étrangers qui, également recommandables par leurs mérites, sont dignes des même récompenses dues à leurs vertus.

Si dans les tems passés, suivant l'avis de Saint Bernard, conformément à ce que le concile de Trente conseille au Souverain Pontife, nos prédécesseurs, en conférant, avec un grand avantage pour la religiou Chrétienne, cette dignité aux étrangers qui avaient bien mérité de l'Eglise, ont toujours eu en vue, par la communication de ces dignités, d'augmenter le zéle commun envers l'Eglise et le Saint Siége, et d'accroître de plus en plus l'union des esprits; à plus forte raison doit on le faire aujourd'hui, eu égard à l'agitation des tems, pour établir plus solidement l'unité qui sera d'autant

plus assurée, que nous prouverons plus ouvertement que l'Eglise romaine, dans la communication de ses honneurs, ne considere point la distance, là où se trouve l'union de la loi, et qu'elle em brasse égalément tous les fidéles comme les membres d'une même famille.

Et plût à Dieu que nous puissions élever aujourd'hui à ces hon. neurs tous ceux de ces nationaux, que le Saint Siége apostolique est en usage de considérer à cet effet, et qui par leur mérite et les bons offices de leur prince, sont mis en état d'être revêtus de cette dignité! Mais comme tout n'est point encore disposé pour que nous puissons l'exécuter totalement aujourd'hui, et qu'il n'est pas possible de différer plus long-tems à ceux qui sont prêts ou que leurs mérites et l'âge sur-tout de quelques un le demandent, cette récompense due à leur vertus, nous avons statué d'associer ceux-ci parmi vous, et nous réservons aux autres la place dans votre collége; pour leur conférer ensuite le même honneur, ce que nous presumons pouvoir faire bientôt. Nous allons donc aggréger parmi les cardinaux de la Sainte Eglise Romaine les vénérables Fréres.

Antoine Théodore de Colloredo, Archevêque d'Olmutz.
Jean Baptiste de Belloy, Archevêque de Paris.

Didace Gregoire Cadello, Archevêque de Cagliari.

Sujets respectables par leurs mérites et qui sont dignes de cet honneur.

L'allégresse de ce jour sera portée à son comble non-seulement par la promotion de ceux des étrangers qui sont admis dans votre college conformément à l'usage, mais encore par la promotion de ceux que nous avons été priés de créér en faveur du concordat par une promotion extraordinaire entre les évêques de France nouvellement institués, pour preuve de notre joie et de l'union qui regne entre nous.

En effect, le premier consul de la république Française, Napoléon Bonaparte, toujours désireux de concilier l'union, après notre concordat, par lequel, dans des tems si difficiles et si agités, lorsqu'il en était presque fait de la religion catholique en France, venant lui même au devant de nos désirs, les affaires, de l'extrémité où elles étaient réduites dans un si court espace de tems, ont été portées au point que, non-seulement l'unité, qui ne subsistait absolument plus, a été rétablie; mais encore de grandes espérances naissent pour l'accroissement que la religion y aura de jour en jour, ce personnage illustre, nous ayant promis tous ses soins pour la prefection d'un si grand ouvrage nous a écrit que, pour arriver plus facilement à ce terme, il croyait qu'il serait fort à propos de créer, par une promotion extraordinaire en faveur du concordat, quatre cardinaux parmi les évêques Français nouvellement institués; promotion qui, en augmentant les motifs de la joie commune, disposera plus facilement les voies pour des plus grandes avantages en faveur de la religion, qui peuvent résulter de sette communication de dignités et de l'union des esprits.

Les désirs et les demandes de ce personnage, aux travaux et au soins duquel, après Dieu, nous reconnaissons que l'on doit, nonseulement d'avoir détourné les orages furieux qui s'étaient élevés contre l'Eglise, mais encore le rétablissement de la religion Catbolique chez une nation dont la domination est si étendue; et de plus, l'espérance des liens encore plus grands qu'il promet à l'Eglise par son appui, ont touché notre âme, vénérables Freres, et ont fait qu'en témoignage de notre joie, et de notre amour paternel, nous accordons de plus au clergé de France cet honneur extraor dinaire.

Comme donc anciennement après le concordat entre Léon X, notre prédécesseur d'heureuse mémoire, et François premier, roi de France, ce sage pontife plaça extraordinairement quelques sujets distingués de cette nation au nombre des cardinaux, nous avons également décidé de faire la même chose après notre concordat, et encore d'avantage, attendu que ce qui a été fait dans ce concordat, dans des tems si difficiles, pour rétablir l'unité, est infiniment plus important.

En conséquence, nous avons statué de créér cardinaux de la Sainte Eglise romaine, quatre sujets du nombre des évèques qui dans le rétablissement des choses, ont été placés dans les diocéses de France, savoir: les vénérables freres.

Joseph Fesch, archevêque de Lyon, oncle du premier consul, Jean de Dieu Raymond Boisgelin, archevêque de Tours, Etienne Hubert Cambacéres, archevêque de Rouen; sujets distingués par leurs vertus, et que nous savons être tels, que la religion catholique recevra de leurs travaux de grands accroissemens dans ce pays.

Nous nous reservons in petto, pour de justes raisons, le qua trieme qui est un sujet également digne de cette honneur. Pour ce qui concerne les Vénitiens, afin de pourvoir aussi à leurs honneurs, dans le tems que nous augmentons le nombre des cardinaux par des étrangers, en associant parmi vous un patrice Vénitien qu'on appele fils de Saint-Marc, à l'honneur duquel les pontifes nos prédécesseurs ont toujours voulu pourvoir dans ces promotions, à cause des mérites anciens et importans des Vénitiens envers le Saint-Siége apostolique, vous comprenez, vénérables freres, que nous devons à plus forte raison le faire dans cette promotion, attendu que, outre tout ce qui a été considéré par nous a l'effet de conserver cet usage, nous avons de plus cela de particulier, que dans la tempête commune et dans les tems difficiles de l'église, nous avons été accueilli, dans la célébre ville de Venise par un bienfait de l'auguste César, comme dans le port le plus assuré, pour y donner un chef au peuple chrétien, qui était privé de son pasteur. Ayant été élevé dans cette ville par vos suffrages, à cet honneur sublime, quoique sans mérites, nous avons reçu de la part des Vénitiens, de si grandes démonstrations de religion, d'amour et de vénération, que le souvenir de ce tems doit nous être, ainsi qu'à vous, infiniment cher. C'est donc d'autant plus volontiers qu'en témoignage encore de notre amour reconnoissant,

nous nous somines dé terminés à admettre dans votre college ce prélat distingué :

Pierre Antoine Zozati, de l'ordre des clercs réguliers de la congrégation des Somasq ues, archevêque d'Udine, qui nous a paru digne d'être promu à cette dignité.

Et pour que, tandis que notre ville aura sujet de se réjouir des dignités conférées aux étrangers, elle ne soit pas privée d'avoir la même satisfaction à l'égard de ses nationaux; pour comble d'allégresse, nous publions la nomination de trois cardinaux de nos sujets distingués, qui avaient: été créés dans le consistoire du 23 Février 1801, et que nous nous étions réservés in petto; savoir: Vénérable frere, François Marie Locatelle, évêque de Spoletto; et nos chers fils:

Jean Castilioni, précepte ar général de l'ordre de hôpital du Saint-Esprit ;

Charles Erskine, notre au diteur;

desquels les mérites envers le Saint-Siége vous étant connus, nous pensons qu'il n'est pas néces saire de vous les rappeller. Il nous reste à vous app nombre de ceux qui, dans 1801, avaient été créés, et Nous vous demandans que nous avons statué de Que vous semble t'il?

endre qu'un des cardinaux prêtres, du le précédent consistoire du 23 Février, que nous conservions in petto, est mort. maintenant votre avis au sujet de ceux nommer cardinaux

Par l'autorité de Dieu Tout-Puissant, des apôtres Saint-Pierre et Saint-Paul, et de la nôtre, nous déclarons auparavant, suivant l'usage, cardinaux de la sainte-église Romaine, Diacres: François Marie Locatelli, évêque de Spolletto;

Jean Castilioni;

Charles Erskine;

De plus nous créons pi êtres cardinaux :

Jean-de-Dieu-Raymond Boisgelin, archevêque de Tours;
Antoine-Théodore de C 'ollorédo, archevêque d'Olmutz;

Pierre-Antoine Zozzi, a rchevêque d'Udine;

Didace-Gregoire Cadell o, archevêque de Cagliari;
Jean-Baptiste Belloy, a chevêque de Paris;

Etienne-Hubert Cambac éres, archevêque de Rouen;

Joseph Fesch, archevêque de Lyon;

Nous avons également un autre cardinal, comme nous l'avons dit ci-dessus; et nous le re servons, in petto, pour le proclamer lorsque nous le jugerons a ropos avec les dispenses de rogations et clauses propres et nécessaires.

Au nom du Petre, et du Fils et du Saint+Esprit. Ainsi soit-il.

PREFECTURE DE POLICE.

Ordonnance concernant la Préparation et la Vente des Drogues et Médicamens.

Paris, le 11 Pluviose.

Le conseiller d'état, préfet de police, informé que des indivi dus se permettent, sans titre légal, de tenir officine de pharmacie dans Paris, et d'autres de débiter, sous le prétexte de découvertes utiles à l'humanité des mixtions et préparations médicinales, au mépris des réglemens de police, et notamment de l'article premier de l'ordonnance du 18 Pluviôse an 9), concernant la vente et la préparation des drogues et médicamens;

Vu l'article 23 de l'arrêté des consuls du 12 Messidor an 8, ordonre ce qui suit.

Art. I. L'état nominatif des pharmaciens admis au collège de pharmacie de Paris, et qui aux termes de l'article premier de l'or donnance précitée du 18 Pluviôse, au 9, peuvent seuls avoir laboratoires et officines ouvertes dans cette ville, sera imprimé et envoyé aux commissaires de police.

II. A la reception de cet état, les commissaires de police feront des visites chez les individus qui se per mettent de préparer, manipuler ou vendre des compositions et mixtions médicinales, et qui ne sont pas compris dans ledit état.

III. Les commissaires de police son meront les individus désignés dans l'article précédent de leur exhiber les titres en vertus desquels ils exercent la pharmacie, et débitent des remedes ou de justifier dans cinq jours, à compter de celui de la notification, qu'ils se sont pourvus près du collége de pharmacie pour être admis à exercer cette profession.

IV. Les commissaires de police dress eront procès-verbal de la sommation. Ils y feront mention des titres qui leur aurait été représentés, ainsi que des dires et déclarations des parties. Le procès-verbal sera transmis au conseil ler d'état préfet, pour être statué ce qu'il appartiendra.

V. La présente ordonnance sera im primée et affichée, &c.
Le Conseiller d'Etat Préfet

Par le Conseiller d'Etat Préfet:

(Signé) DUBOIS. (Signé)

PIIS.

ACTES DU GOUVERNEMENT.

Paris, le 15 Pluvi‹¡se, An 11.

Le gouvernement de la république, vu le senatus-consulte du 16 Thermidor, an 10, et les réglem ens organiques des 10 Fructidor et 3 Brumaire suivans; sur le rapport du ministre de l'intérieur, le conseil d'état entendu, arrêt e:

ART. I. Les formules dont la tene ur suit sont adoptées.

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