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Les traites dont la valeur intégrale a été reçue, ont été acquittées avec les intérêts, du jour de l'échéance au jour du paiement; celles qui ont été livrées sans valeur effective, sont arguées de faux, puisque les lettres de change portent pour argent versé, quoique le procès-verbal de paiement constate qu'il n'a rien été verse; et elles seront soumises à un sévere examen. Ainsi, le gouvernement satisfera à la justice qu'il doit aux créanciers légitimes, et à celle qu'il doit à la nation, dont il est chargé de défendre les droits.

La paix était dans les vœux comme dans l'intérêt du gouvernement. Il l'avait voulu au milieu des chances encore incertaines de la guerre ; il l'avait voulu au milieu des victoires. C'est à la prospérité de la République qu'il avait désormais attaché toute sa gloire. Au dedans il réveillait l'industrie, il encourageait les arts; il entreprenait ou des travaux utiles, ou des monumens de grandeur nationale. Nos vaisseaux étaient dispersés sur toutes les mers, et tranquilles sur la foi des traités.

Ils n'étaient employés qu'à rendre nos colonies à la France, et au bonheur; aucun armement dans nos ports, rien de menaçant sur nos frontieres.

Et c'est là le moment que choisit le Gouvernement Britannique pour alarmer sa nation, pour couvrir la Manche de vaisseaux, pour insulter notre commerce par des visites injurieuses, nos côtes et nos ports, les côtes et les ports de nos allies, par la présence de forces menaçantes.

Si, au 17 Ventôse de l'an 11, il existait aucun armement imposant dans les ports de France et de Hollande, s'il s'y exécutait un seul mouvement auquel la défiance la plus ombrageuse pût don, ner une interprétation sinistre, nous sommes les agresseurs; le message du Roi d'Angleterre et son attitude hostile ont été commandés par une légitime prévoyance, et le peuple Anglais a dù croire que nous menacions son indépendance, sa religion, sa constitution. Mais si les assertions du message étaient fausses, si elles étaient démenties par la conscience de l'Europe, comme par la conscience du Gouvernement Britannique, ce gouvernement a trompé sa nation, il l'a trompée pour la précipiter sans délibération dans une guerre dont les terribles effets commencent à se faire sentir en Angleterre, et dont les résultats peuvent être si décisifs pour les destinées futures du peuple Anglais.

Toutefois l'aggresseur doit seul répondre des calamités qui pesent sur l'humanité.

Malte, le motif de cette guerre, était au pouvoir des Anglais; c'eût été à la France d'armer pour en assurer l'indépendance, et c'est la France qui attend en silence la justice de l'Angleterre, et c'est l'Angleterre qui commence la guerre et qui la commence sans la déclarer.

Dans la dispersion de nos vaisseaux, dans la sécurité de notre commerce, nos pertes devaient être immenses. Nous les avions prévues, et nous les eussions supportées sans découragement et sans faiblesse heureusement elles ont été au-dessous de notre

attente. Nos vaisseaux de guerre sont rentrés dans les ports de l'Europe; un seul, qui depuis long-tems était condamné à n'éfre plus qu'un vaisseau de transport, est tombé au pouvoir de l'ennemi.

De deux cents millions que les croiseurs Anglais pouvaient ravir à notre commerce, plus des deux tiers ont été sauvés: nos corsaires ont vengé nos pertes par des prises importantes, et les vengeront par de plus importantes encore.

Tabago, Sainte-Lucie, étaient sans défense, et n'ont pu que se rendre aux premieres forces qui s'y sont présentées; mais nos grandes colonies nous restent, et les attaques que les ennemis out hasardées contr'elles ont été vaines.

L'Hanovre est en notre pouvoir. Vingt-cinq mille hommes des meilleures troupes ennemies ont posé les armes, et sont restées prisonniers de guerre. Notre cavalerie s'est remontée aux dépens de la cavalerie ennemie; et une possession chere au Roi d'Angleterre, est, entre nos mains, le gage de la justice qu'il sera forcé de nous rendre.

Chaque jour le despotisme Britannique ajoute à ses usurpa tions sur les mers. Dans la derniere guerre il avait épouvanté les neutres en s'arrogeant, par une prétention inique et révoltante, le droit de déclarer des côtes entieres en état de blocus. Dans cette guerre il vient d'augmenter son code monstrueux, du prétendu droit de bloquer des rivieres, des fleuves.

Si le Roi d'Angleterre a juré de continuer la guerre jusqu'à ce qu'il att réduit la France à ces traités déshonorans que souscrivirent autrefois le malheur et la faiblesse, la guerre sera longue. La France a consenti dans Amiens à des conditions modérées ; cile n'eu recom.oîtra jamais de moins favorables; elle reconnaîtra surtout jamais, dans le Gouvernement Britannique, le droit de ne remplir de ses engagemens que ce qui convient aux calculs progressifs de son ambition, le droit d'exiger encore d'autres garanties, après la garantie de la foi donuce.. Eh! si le traité d'Amiens n'est point exécuté, ou seront, pour un traité nouveau, une fois plus sainte et des sermens plus sacrés !

La Louisiane est désormais associée à l'independance des Etats Unis d'Amérique. Nous conservons là des amis, que le souvenir d'une commune orige attachera toujours à nos intérêts, et que des re ations favorables de commerce uniront long-tems à notre prosperité.

Les Etats Unis doivent à la France leur indépendance; ils nous devront desormais leur affermissement et leur grandeur.

L'Espagne reste neutre.

L'Helvete est rassise sur ses fondemens, et sa constitution n'a subi que les changemens que la marche du tems et des opinions lui a commandes. La retraite de nos troupes atteste la sécurité intérieure et la fin de toutes ses divisions. I es anciennes capitulations ont ete renouvelées et la France a retrouvée ses premiers et ses plus fideles alliés.

Le calme regue dauş l'Italie; une division de l'armée de la

République Italienne traverse en ce moment la France pour aller camper avec les nôtres sur les côtes de l'Océan. Ces bataillons y trouveront partout des vestiges de la patience, de la bravoure et des grandes actions de leurs ancêtres.

L'empire Ottoman, travaillé pas des intrigues souterraines, aura, dans l'intérêt de la France, l'appui que d'antiques liaisons, un traité récent, et sa position géographique, lui donnent droit de réclamer.

La tranquillité rendue au continent par le traité de Luneville, est assurée par les derniers actes de la Diete de Ratisbonne. L'intérêt éclairé des grandes puissances, la fidélité du gouvernement à cultiver avec elles les relations de bienveillance et d'amitié, la justice, l'énergie de la nation, et les forces de la République en répondent.

Le Premier Consul

BONAPARTE.

Le Secrétaire d'Etat

(Signé)
(Signé)

H.B. MARET.

Paris, le 14 Pluviose.

Les gazettes Anglaises ont annoncé que les débats dans la Chambre des Pairs, sur la situation de la banque, ne seraient plus publiés dans les journaux, et qu'il était interdit aux écri vains qui tiennent notes des discours de copier ce qui aura trait à cette matiere. Les journaux et gazettes Anglais n'arrivant pas régulierement à Paris, on ignorait le véritable objet de cette interdiction; on le connaît maintenant, et l'on voit par les débats qui suivent, que la Chambre des Pairs a mis, sans hésiter, les billets de banque sur la même ligne que les assignats dans leur dés cadence.

INTÉRIEUR.

Paris, le 5 Pluviose.

On a des nouvelles de Londres, de Vendredi dernier.

Après une grande chasse, le Roi d'Angleterre eut une attaque, violente de goutte qui l'empêcha de paraître au Théâtre de Covent Garden où il était attendu.

L'alarme fut grande à Londres, parce qu'on attribua son absence à la nouvelle d'une descente opérée.

La discorde entre la Famille Royale s'accroît tous les jours. L'état d'alarme est constant; les bruits les plus absurdes apportent quelqu'adoucissement à cet état d'angsoises: tantôt l'armée de Boulogne est révoltée, tantôt le Premier Consul est assassiné, tantôt les croisieres Anglaises ont pris un grand nombre de chaloupes cannonieres et ont tout brûlé. Les habitans de Loudres reçoivent de ces rêveries un moment de consolation.

Le petit différend survenu pendant quelques instans entre l'Empereur et l'Electeur de Baviere a causé une grande joie! On a cru la guerre continentale éclatée, et on publiait que l'Ambassadeur était parti de Vienne. On allait jusqu'à supposer une ligue entre la Prusse et l'Autriche; mais tous ces bruits qui se croisent ne sont point de longue durée. On ne tande pas à ap

prendre que le Continent est dans la meilleure intelligence, et qu loin de penser à quitter Paris, le Ministre de l'Empereur y dourt de très-beaux bals; que l'armée Française brûle du désir d'ajouter à ses drapeaux une gloire nouvelle, en les faisant triompher au milieu de nouveaux dangers. Quoique peu de personnes aillent de France en Angleterre, il en arrive cependant quelquesunes par Emden et la Hollande; et presque toutes répandant que la France jouit, au milieu des circonstances actuelles, d'une tran quillitié et d'une prospérité qui mettent le sceau à la gloire et à la réputation du Premier Consul.

Les lettres de Donvres et de Deal laissent transpirer à Londres que les flotilles Françaises font les mouvemens qu'elles veulent, et et que les frégates, corvettes, bricks, cutters, lougres, &c. fuient devant elles; que depuis deux mois qu'elles circulent sur les côtes, dans différens ports, pour donner le change à l'ennemi sur le véritable point d'attaque, il ne leur est pas arrivé un accident notable, que de 1500 bâtimens composant la flotille, et qui ont circulé avec liberté, deux seuls, par suite de séparation pendant les mauvais tems, ont été pris; encore étoit-ce de vieux bâtimens construits il y a sept ou huit ans. Les Anglais n'en ont pris aucun du nouveau modele, tandis qu'il y a eu un vaisseau de guerre Anglais, six frégates, et un grand nombre de petits bâtimens détruits ou désemparés, et obligés de rentrer dans les ports et les bassins, par le résultat des combats qu'ils avaient eu a soutenir contre la flotille.

Cependant, le Duc d'York est souverainement méprisé par les officiers et les soldats; l'armée est dirigée en sens contraires par les Pitt, les Temples, et autres membres des factions qui déchirent le pays; elle est sans contenance, et fatiguée par des marches, des contremarches et des alertes perpétuelles.

Dans un tel moment de crise, les affaires du commerce sont anéanties. Les manufactures chancellent, l'argent disparait; chacun fait son trésor pour pourvoir, dans tous les cas et dans toutes les circonstances, au salut de sa famille. C'est en vain que le gouvernement crie et fait crier contre les accapareurs d'argent, contre ceux qui thésaurisent pour l'avenir. Ces cris ne font que dévoiler davantage la détresse générale, et le nombre des trésors cachés augmentent. Enfin, le gouvernement vient encore de proclamer sa pénurie en accordant une prime de dix pour cent pour toutes les especes sonnantes qu'on introduirait en Angleterre. Le papier s'avilit, les billets de banque se discréditent et per dent huit pour cent. Les manufactures ne travaillent pas et chacun cherche à se défaire de ses marchandises en les jetant sur le continent au plus vil prix. Le discrédit et la baisse da papier ont influé sur les marchandises.

L'Angleterre, en un mot, offre l'image d'on vaisseau navigant dans des mers nouvelles et en proie à un genre de tempêtes inconnu aux pilotes qui tiennent le gouvernail. Ces pilotes malhabiles, incertains dans leur marche, divisés sur la route qu'ils doivent tenir, sont de l'espece de ceux qui perdent les navires.

L'olygarchie, furieuse d'avoir vu le timon des affaires lui échapper, ne montre ni plus de discernement ni plus d'esprit, que n'en firent voir l'olygarchie de Venise et celle de Gênes, lorsqu'arriva le moment que le grand Moteur du Monde avait marqué pour leur destruction.

Voilà l'Angleterre; nous laissons à nos lecteurs à comparer ce tableau avec celui que présente la situation de Paris et celle de la France !!!

On a beaucoup parlé de l'emprunt qui a été fait à Hambourg par les Etats d'Hanovre, on l'a défiguré de toutes les manieres. La convention suivante fixera les idées.

La députation des états, séant à Hanovre, considérant les dépenses fortes et extraordinaires que cause aux provinces de l'électorat le séjour de l'armée Française qui les occupe actuellement, s'est déterminée à proposer pour le bien et le soulagement des dites provinces un emprunt à la ville libre et impériale d'Hambourg; et ayant nommé à cet effet et muni de ses pouvoirs, M. le Baron de Grote, conseiller des états, et M. le Syndic Zévicker, pour traiter de la quotité et de la condition du dit emprunt, et pour le conclure; et la ville d'Hambourg, de son côté, ayant revêtu M. le Syndic Gries et M. le Sénateur Heise, de pouvoir suffisans, afin d'entrer en négociation sur cet objet avec MM. les députés d'Hanovre, ci-dessus nommés, et conclure avec eux, on est convenu entre les députés des deux parties contractantes, des articles suivans;

Art. I. La ville libre et impériale d'Hambourg s'oblige de prêter à la députation des Etats d'Hanovre et à l'assemblée des états réprésentés par elle, la somme d'un million cinq cent mille marcs

banco.

II. Les deux tiers de cette somme seront payés en argent comptant, et un tiers en assignations et lettres de change délivrées par la députation ou acceptées par elle.

III. L'emprunt sera payé dans les termes suivans:

Immédiatement après l'échange des ratifications, cinq cent mille marcs, dont la moitié comptant, l'autre moitié en papier, suivant le mode indiqué ci-dessus.

Quatre semaines après le premier paiement, trois cents mille marcs, la moitié comptant, la moitié en papier.

Quatre semaines après le second payement, deux cent mille marcs, la moitié en argent et la moitié en papier.

Les assignations étant déterminées en Louis d'or qui seront comptés chaque fois au cours du jour de l'échéance, au cas que ees Louis d'or ne remplissent pas complettement le tiers payable en papier, de cinq cents mille marcs banco, ce qui pourrait manquer sera payé comptant; comme dans le cas contraire, ce qui surpasserait cette somme sera restitué quatre semaines après le troisieme paiement, cent mille marcs argent comptant.

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