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et de tout son dévouement; enfin, lui manifester le désir que lu publicité d'une procédure solennelle éclaire bientôt la France et l'Europe, sur l'origine d'un attentat qui, violant à la fois le droit de la nature et le droit des gens, menace d'une entiere subversion les principes sur lesquels se fondent la sûreté des gouvernemens, et l'existence politique des peuples civilisés.

On procede au tirage au sort des vingt membres qui doivent former la députation avec le président, les vice-présidens, et deux questeurs, les membres désignés par le sort sont les citoyens Dumoulin, Chestrel, Juhel, Langlois, Fremin Beaumont, Mauclere, Demissy, Jacquier Rossée, Lespinasse (de la Nievre), Savary, Duret, Lespinasse (de la Haute Garonne), Lobjoy, Bourdon Fieffe, Thomas, Jouvent Lejeas, Case Laboue, Bord.

La séance est rendue publique à cinq heures.

Collationné à l'original par nous, président et secrétaires du corps législatif à Paris, ce 28 Plaviôse, an 12 de la république Française.

(Signés) FONTANES, CHARLES SAPEY, CHESTREL, DUHAMEL, BEZAR, MAZI BRES.

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Discours du Président du Corps Législatif.

Citoyen Premier Consul,

Les premiers corps de l'état vous portent aujourd'hui les témoi gnages d'un dévouement que vous exprimerait toute la nation si elle pouvait se rassembler autour de vous. Les allarmes n'ont point été renfermées dans les enceintes du gouvernement et des autori tés qui l'environment. L'œil qui aurait pu pénétrer dans le secret de chaque famille aurait vu la même consternation. En est-il une seule ou vous n'ayez tari quelques larmes? Toutes. vous doivent au moins le repos et savent que ce premier des biens ne peut leur être garanti que par vous seul, ainsi donc ceux qui s'arment contre vous, s'arment contre un peuple entier. Trente million de Fran çais frémissant pour une vie où leurs espérances sont attachées se levent pour la défendre.

"Quel Français en effet, quel homme sage veut retourner en arriere? Qui se rengagera dans ces routes déjà traversées avec tant d'efforts et tant de larmes, où tous les partis, quels qu'ils soient, ne trouveraient que des écueils scmés encore de leurs débris?

Oui, citoyen premier consul, j'en atteste toute la France, elle ue voit son salut que dans vous, elle ne veut reprendre, dans l'or dre des choses passées,' que ce qui sera jugé par vous-même utile et nécessaire à l'ordre présent, elle ne peut se fier à l'avenir qu'en y voyant croître le germe des institutions que vous avez préparées.

Un grand exemple doit être donné: une poignée de brigands va rendre compte de tous les maux qu'elle préparait en voulant nous enlever l'auteur de toutes nos prospérités.

Il faut éclairer de toute part les ténebres d'un complot inoui dans les annales des peuples civilisés, et qui intéresse l'existence de tous les gouvernemens.

On est frappé de terreur en songeant qu'un poignard dans la main d'un scélérat obscur pouvait abattre un grand homme, en mettre en deuil tout l'empire dont il est l'appui; mais on se rassure en comptant tous les périls où la fortune vous a secouru, et qui ne feront pas la moindre partie des merveilles de votre histoire.

Les mers les plus infideles ont respecté votre retour; seul dans une barque, avec le génie qui vous protege, vous avez passé sans crainte au milieu des flottes ennemies.

Des mains exécrables préparent contre vous des machines qui lancent la déstruction et la mort, et les flammes du volcan allumé pour vous perdre, expirent à vos pieds.

Enfin l'oeil de ce même génie qui veille sans cesse autour de vous, découvre dans les conseils de Londres une conspiration nouvelle, dont les auteurs, à peine descendus en France sont saisis et enchaînés.

Tous les crimes seront inutiles contre une vie si miraculeusement protégée. Rien n'interrompera vos desseins, citoyen premier consul, vous suivrez tranquillement le cours de vos destinées qui semblent entraîner celles de l'univers. La nouvelle époque du monde, que vous devez fixer, aura le tems de recevoir de vous son éclat, son influence et sa grandeur.

Les membres du tribunat ayant été introduits le citoyen Jaubert président, a donné lecture de l'adresse suivante :

Extrait des Registres du Tribunat, du 28 Pluvióse, An 12.

Le tribunat, en exécution de son arrêté du jour d'hier portant qu'il se transportera en corps auprès du premier consul, et après avoir entendu le rapport d'une commission composée du bureau et des présidens des sections, arrête que son président présentera au premier consul l'adresse dont la teneur suit:

Citoyen Premier Consul,

Lorsque nous pensions n'avoir plus à redouter pour vous que les glorieux dangers d'une guerre juste, la perfidie du gouvernement Anglais vous enveloppait de nouvelles embûches. Quel humiliant aveu de son impuissance à combattre à armes ouvertes le génie restaurateur de la France!

Quel témoignage éclatant des rapports intimes qui lient à vos jours le salut de la république et la tranquillité de l'Europe.

Le tribunat, que tant de motifs et de sentimens attachaient à votre personne, citoyen premier consul, vient vous exprimer la part que tous les citoyens prennent à vos périls, qui deviennent pour chacun d'eux des périls personnels.

A votre existance est attaché celle de plusieurs millions d'hommes: elle seule peut préserver la France des désastres d'une

guerre civile et des calamités d'une nouvelle révolution. C'est notre indépendance, notre gloire, notre repos, que l'on voulait détruire en frappant une seule tête.

C'est de tous les Français qu'il s'agit, bien plus que de vous même. Déjà, vous avez pour plusieurs siècles de gloire, et nous avons à peine goûté quatre ans de sécurité.

Ah! que ces dangers qui portent l'allarme dans tous les cœurs, soient à jamais écartes par tous les moyens que fournissent les lois à un gouvernement aussi fort que juste, par tous ceux qu'il trouvera encore dans l'amour d'un grand peuple, qui forme les vœux les plus ardens pour conserver jusqu'aux termes les plus éloignés de la vie, le chef qui lui a rendu la considération au dehors, la paix au dedans, et dont l'existence, la mémoire et les desseins, lui serout à jamais chers, respectables et sacrés.

JAUBERT, Président

GOUPIL PREFEIN, GALLOIS, SAVOY ROLLIN et

CHASSIRON, Secrétaires.

Le premier consul a répondu à la députation du corps législa tif et au tribunal à peu près dans les mêmes termes qu'au sénat,

ACTES DU GOUVERNEMENT.

Paris, le 24 Nivôse, an 12.

Bonaparte, Premier Consul de la République arrête:

Art. I. Le général en chef Murat, est nommé au commatidement des troupes de la premiere division, et à celui de la garnison et de la garde nationale de Paris, avec le titre de gouverneur de Paris.

II. Il remettra des rapports directs au premier consul sur tous les mouvemens du service de Paris.

III. I jouira d'un traitement de 60,000 francs; pour tout le reste il sera traité comme un général en chef.

IV. Le ministre de la guerre est chargé de l'exécution du présent arrêté.

(Signé)

BONAPARTE.

Par le Premier Consul,
Le Secrétaire d'Etat, (Signé)

H. B. MARET.

ETAT MAJOR GENERAL.

Au quartier-général à Paris, le 27 Pluviôse, an 12 de la republique Française.

Ordre général.

Soldats, cinquante brigands, reste impur de la guerre civile que le gouvernement Anglais tenait en réserve pendant la paix, parce

qu'il méditait de nouveau le crime qui avait échoué au 3 Nivôse, ont débarqué par petits pelotons et de nuit sur la falaise de Beville; ils ont pénétré jusque dans la capitale: Georges et le général Pichegru étaient à leur tête. Leur arrivée avait été provoquée par un homme qui compte encore daus nos rangs, par le général Moreau, qui fut remis hier aux mains de la justice nationale.

Leur projet, après avoir assassinée le premier consul, était de livrer la France aux horreurs de la guerre civile et aux terribles convulsions de la contre révolution.

Les camps de Boulogne, de Montreuil, de Bruges, de Saintes, de Toulon et de Brest, les armées d'Italie, de Hanovre et de Hollande, auraient cessé de commander la paix, notre gloire périssait avec la liberté !

Mais tous ces complots out échoué, dix de ces brigands sont arrêtés; l'ex-général Lajolais l'entremetieur de cette infernale trame, est aux fers; la police est sur les traces de Georges et de Pichegru.

Un nouveau débarquement de vingt de ces brigands doit avoir lieu; des ambuscades sont dressées, ils seront arrêtés.

Dans cette circonstance, si affligeante pour le cœur du premier consul, nous, soldats de la patrie, nous serons les premiers à lui faire un bouclier de nos corps, et nous vaincrons autour de lui les ennemis de la France et les siens.

Le Général en chef, Gouverneur de Paris, (Signé) MURAT. Pour copie conforme.

Le Général de Brigade Chef de l'Etat Major Général,

CESAR BERTHIER.

Soult, Général Commandant en Chef le Camp de St. Omer, au Premier Consul, au Quartier-Général à Boulogne, le 29 Pluriose, An 12 de la République.

Citoyen Consul,

Hier, les camps de Saint Omer et de Montreuil présentaient l'aspect d'une sombre inquiétude, des bruits vagues allarmaient les soldats, ils apprennent aujourd'hui à quels dangers vous venez d'échapper, et les camps retentissent de cris de joie, interrompus seulement par l'indignation qu'exite la connaissance de l'affreux complot que vos ennemis et ceux de la république avaient tramé contre vos jours.

Toute l'armée se mêle, se rejouit, se félicite de vous avoir conservé; mais que ce spectacle, fait pour vous toucher, ne vous entraîne point à une clémence dangereuse. Hâtez-vous, citoyen consul; de remplir notre vou, en effrayant, par une justice prompte et sévere, les monstres qui oseraient encore menacer la

France du plus grand des malheurs, en portant une main sacrilege sur votre auguste personne.

Toutes les divisions de l'armée, et les chefs qui les comman dent, m'ont déjà exprimé leur væu, et demandent que je vous le fasse connaître; ils ne respirent qu'amour et dévouement. Heureux d'être leur organe, je le suis encore, citoyen cousul, de pouvoir y joindre l'expression des sentimens particuliers qui m'animent.

J'ai l'honneur de vous présenter l'ordre du jour qui a été donné à l'armée.

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CAMP DE SAINT OMER.-ETAT MAJOR GENERAL. Au quartier-général à Boulogne, le 29 Pluviôse, an 12.

Soldats,

Ordre du Jour.

Votre attitude, vos travaux et vos veilles, faisaient trembler l'Angleterre. Désespéré de ne pouvoir résister à l'impulsion de votre courage, à l'ascendant du génie du premier consul, le gouvernement Britannique, habitué au crime, ourdissait les trames les plus perfides, et méditait de se servir d'odieux instrumens. Les jours du premier consul, étaient menacés; pour mieux réussir dans ces projets sinistres, aux restes dégoutans de la Vendée, s'étaient joint des hommes qui ont figuré dans vos rangs; ainsi, on a vu réunis sous la même banniere, Georges et Lajollais, Moreau et Pichegru.

Mais le complot est déjoué; la France remplira ses hautes destinées, et Bonaparte vivra pour les assurer. Les conspirateurs sont arrêtés ou en fuite; Moreau est détenu; Lajollais est dans les fers; la police est sur les pas de Georges et de Pichegru. Grand nombre de brigands pervers ou soudoyés sont au pouvoir de la justice, et dans peu elle aura aussi saisi les restes impurs de cette bande dispersée.

Soldats, bannissez toute crainte, la vie du premier consul n'est plus en danger; ces obscures machinations qui la menacent, ne paraissent un moment que pour la honte et le désespoir de leurs criminels auteurs. Et nous, placés au premier rang, en face de cette terre ennemie, nous serons le bouclier du héros. Une même pensée, un seul sentiment nous animent; c'est de défendre des jours sur lesquels reposent la gloire, la prospérité, le bonheur de la France et l'honneur du nom Français.

Le rapport du grand juge, ministre de la justice, vous dévoilera toutes les trames de cette horrible conspiration.

Le Général commandant en chef,

SOULT.

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