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Il est maintenant reconnu qu'il ne doit exister qu'un seul fonds de réserve, et qu'il doit être en entier dans la caisse centrale du trésor public, placées sous les yeux du ministre. Toute stagnation de fonds dans d'autres caisses est non-seulement iuutile, elle est encore dangereuse. Cependant toutes les dépenses ordonnées ne sont pas toujours faites, quoique les fonds en soient envoyés ; le paiement d'une ordonnance pourra même n'être jamais réclamé. Des sommes assez considérables restaient de la sorte à la garde des payeurs, en attendant que les parties se présentassent. Vous avez réglé qu'à l'avenir les fonds qui pendant six mois, n'auraient pas été réclamés par les parties, seraient considérés comme fonds libres, et que le trésor pourrait en disposer en se concernant néanmoins avec les ministres dont les crédits auraient supporté la dépense. Votre arrêté a rendu au trésor le libre emploi d'un somme de près de 3 millions. Les mêmes dispositions seront suivies à l'avenir. Les comptables n'auront pas l'embarras de garder un dépot inutile, et l'épargne ne sera pas privé d'une jouissance de fonds, qui ne doivent cesser d'être oisifs qu'autant que c'est à son profit.

Vous avez donné une forme et des régles à la comptabilité du caissier général, la plus importante de toutes celles des agens du trésor; vous avez voulu que les opérations de la caisse centrale, où ont versés tous les revenus de l'état, d'où sortent tous les fonds des dépenses publiques, fussent soumises à un double vérification. Il ne suffisait pas que ce comptable justifiait, devant la comptabilité nationales, du montant nominal des sommes qu'il avait reçues: Il fallait qu'il fut assujetti à compter distinctement de chaque valeur, et qu'il fut constaté que les échanges et conversions d'effets dans sa caisse avaient été faits régulierement. Mais ces opérations, ordonnées par le ministre, commencées, suivies et terminées sous ses yeux, étaient encore soumises par lui à votre approbation; en sorte que dans tous les degrés qu'elles parcourent pour arriver jusqu'à vous, Citoyen Premier Consul, tout reposait sur cet ordonnateur. L'intérêt public demandait une garantie moins concentrée ainsi avant de vous présenter le compte du caissier général, je l'ai fait examiner par une commission spéciale, composée d'hommes recommandables par leur capacité, familiarisés avec les régles de la comptabilité, et j'ai observé d'en choisir le plus grand nombre hors de l'enceinte du trésor. Cette commission a été autorisée à se faire communiquer tous les régistres, pieces et états de situation; elle a vérifié toutes les recettes et toutes les dépenses: le résultat de ses travaux a été mis sous vos yeux, et vous l'avez approuvé. Cette opération sera fait tous les ans tous les documens sont déposés aux archives du sécretaire d'état ; ils pourront être consultés à quelque époque que ce soit; et le gouvernement aura toujours les moyens de renouveler les vérifications, lorsqu'elles seront jugées nécessaires.

Cette suveillance au-dedans, ces témoins appelés du dehors, le concours de tous les comptables qui fournissant les matériaux de ces états, la communication de ces comptes aux premieres auto

rités de la République, semblent écarter tous les moyens de surprise, toutes les causes d'erreurs. Et cependant, ces vérifications, ces surveillans, ces témoins, cette publicite, ne sont pas encore la plus sûre garantie que je puisse vous offrir. Une seule est superieure à toutes, Citoyen Premier Consul, et vous répondra mille fois mieux des agens de l'épargne, c'est leur probité. Paris, le 25 Nivôse, an 12.

Le ministre du trésor public,

BARBÉ MARBOIS.

[Pour les Etats mentionnées dans le Rapport précédent, voyez

l'APPENDIX.]

Paris, le 16 Ventóse (7 Mars 1804.)

L'année derniere, à pareil jour, l'Europe était en paix. Demain une année sera revolue depuis que le Roi d'Angleterre, déshonorant un regne de 40 ans par les plus grossiers mensonges, appela sa nation aux armes, parce que, disait-il, en face de l'Europe, les ports de France et de Hollande étaient remplis d'araiemens formidables, qui menaçaient la constitution, l'indépendance et la religion du peuple Anglais. Ce message fallacieux a renouvelé la guerre

Les ministres du Roi d'Angleterre préparaient un nouveau message pour célébrer cet anniversaire. Ils comptaient annoncer au Parlement qu'il avaient lâchement fait assassiner le Premier Consul. Mais celui qui dispose de la vie des hommes et des destinées des empires, en avait ordonné autrement. Le gouvernement Français est plus affermi; une nouvelle énergie vient d'animer, de réunir les citoyens, et d'apprendre aux méchans, aux conspirateurs, que le peuple, le peuple tout entier, se rassemble, se presse autour du chef de chef de l'Etat. Le Premier Consul, supérieur à tous les événemens, tranquille au milieu de ces vaines conjurations, tout entier aux travaux de la guerre et de l'admi nistration, est plus en état que jamais d'accomplir l'ordre des destinées, et de venger le droit des nations, le droit des gens, si souvent violes, tandis que le Roi d'Angleterre, frappé le jour même qu'il avait marqué pour l'assassinat du Premier Consul, environué d'un crêpe funebre, déjà privé de sa raison, se débat entre la démence et la mort, que sa nation est en proie aux divisions et aux alarmes, que, dans sa famille, le frere s'arme contre le frere, la mere contre son fils aîné!

A la vue de ces preuves eclatantes de l'existence d'une provi dence divine et juste, on se rappelle les tableaux les plus sublimes des prophéties d'Isaïe; ou dit avec Daniel Mane, Thecel, Pharés.

Paris, le 18 Ventóse.

Aujourd'hui à sept heures du soir, le nommé George Cadoudal, chef de la bande de brigands, et Léridan le jeune, ont été arrêtés, place de l'Odéon.

Georges était dans un cabriolet. Il a tué d'un coup de pistolet l'officier de paix qui a arrêté son cheval, et a blessé celui qui a voulu le saisir. Il était armé d'un poignard de la même fabrique Anglaise que celui qui a été trouvé sur Pichegru. Il avait avec lui des sommes très-considérables en billets de la banque de France, et en lettres de change tirées de Londres. Tout fait présumer qu'il était au moment de chercher à s'en fuir, et à profiter de l'obscurité de la nuit, pour franchir les murailles. Il a déclaré sans hésiter qu'il se trouvait à Paris depuis plusieurs mois, qu'il était venu d'Angleterre, et que sa mission était d'assassiner le Premier Consul.

Léridan, le jeune, qui n'est pas porté sur la liste des brigands, est l'un des quatre indiv dus dont la police connaissait l'existence. à Paris sans savoir leurs noms. Il est counu par les brigandages qu'il a commis pendant plusieurs mois dans le Morbihan.

Paris, le 20 Ventóse.

Voici les derniers renseignemens recueillis par le préfet de police sur les circonstances de l'arrestation de Georges.

Le citoyen Petit, officier de paix, avait découvert qu'un cabriolet devait, le Vendredi vers sept heures du soir, aller chercher Georges, et quelques autres individus de sa bande.

Il disposa ses inspecteurs de police, et suivit ce cabriolet depuis le pont des Tuileries jusques vis-à-vis le Panthéon. Comme le cabriolet allait extrêmement vite, il ne put arriver qu'avec le citoyen Destavigny, son collegue et trois de ses agens. Au moment même, Georges se précipita dans le cabriolet avec Léridan, et sans attendre Durban, autre brigand qui devait monter avec lui, il partit aussitôt en traversant la rue Saint-Jaques, et descendant la rue Saint-Hyacinthe, la place Saint-Michel et la rue de la Liberté. Le citoyen Petit et trois de ses agens, suivirent à toute course le cabriolet qui de-cen lait rapidement. Georges ayant aperçu, par le vagistas des hommes qui en sueur couraient auprès de la voiture, dit à son conducteur de fouetter fort, et d'aller encore plus vite. Au moment où le cabriolet entrait dans la rue des Fossés, M. le Prince, l'inspecteur de police, Jean François Calliole, arrivé le premier, saisit le cheval par la bride. Buffet, autre inspecteur, s'avança bientôt pour regarder dans la voiture. Georges de deux coups de pistolets, tirés en même tems, renversa Buffet roide mort, et blessa très-griévement Calliole. Aussitôt Georges et Leridan sauterent du cabriolet, l'un à gauche l'autre à droite; le troisieme inspecteur courut après Léridan. Le citoyen Petit saisit Georges au collet, et fut aussitót assisté par le citoyen Destavigny, mais ils auraient eu peine à contenir le brigand, qui avait encore son poignard, si le citoyen Thomas, chapelier, ne se fut précipité sur lui, tandis que les freres Lamotte le désarmaient. Plusieurs citoyens et notamment les citoyens Coqueluit et Langlumé de la rue de Thionville, prêterent main forte.

Le peuple s'était présenté en foulle et chacun offrait des secours également dévoués et plus ou moins efficaces.

Quand on eut appris que c'était Georges qui venait d'ètre saisit on voulut d'abord le mettre en pieces. Mais comme il avait été principalement arrêté par les citoyens du quartier, ils s'assurerent la gloire de le remettre aux magistrats. Ils le lierent et le transporterent à la préfecture de police.

Le Premier Consul a ordonné que les enfans d'Etienne Buffet et J. F. Calliole soient élevés au frais de l'état. Tout ce qui a été pris sur Georges, montaut à une valeur de 60 à 80,000 francs, a été donné aux enfans et à la veuve de E. Buffet.

Aujourd'hui à midi, l'état de J. F. Calliole donnait quelque espérance pour sa vie.

Le Premier Consul a chargé le grand juge de faire une enquette authentique pour découvrir le nom des citoyens qui dans celte circonstance ont manifesté leur courage et leur dévouement. Ils seront récompensés par des distinctions d'honneur.

ALLEMAGNE.

Ratisbonne, le 27 Janvier.-6 Pluviose.

Les pieces suivantes viennent d'être communiquées à la Diéte. Le chargé d'affaires de la République Française a reçu l'ordre de son gouvernement de communiquer à la diéte générale de l'Empire Germanique une copie du bréf que Sa Sainteté vient d'adresser au Premier Consul, et de lui déclarer que le Premier Consul n'a pu que déférer au vœu du Saint Pere, à l'égard de l'intervention que sa sainteté lui demande.

Le vif intérêt que le Premier Consul prend à tout ce qui peat contribuer au bien de la religion, lui fait désirer que les nouveaux arrangemens qui peuvent avoir besoin du concours du Saint Siége, soient faites dans des principes de modération et d'équité; et qu'ils ne puissent dans aucun cas, occasionner aucun sujet d'inquiétude et de douleur pour Sa Sainteté.

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Recevez, notre très-cher fils en Jésus Christ, nos salutations et notre bénédiction apostolique.

Vous nous avez donné tant de preuves de zele et d'affection que, dans toutes les circonstances où nous avons eu besoin de secours, nous ne devons pas hésiter de nous adresser à vous avec confiance.

Les églises d'Allemagne ont fait dans ces derniers tems des pertes sans nombre; elles ont été dépouillées, à notre grand regret, de presque tous leurs biens temporels, et vous concevez sans peine de quelle profonde douleur nous avons été accablés, lorsque nous les avons vues priveés en un instant d'un si grend

nombre de solides appuis qui garrantissaient leur stabilité et maintenaient leur splendeur.

Ce qui augmente chaque jour notre affliction, c'est la crainte peut-être trop fondée, que la perte bien plus déplorable des biens spirituels ne suive de près celle des biens temporels. En effet, si nous ne prenons promptement les mesures nécessaires pour maintenir dans ces contrées la réligion catholique, conserver les églises, et assurer le salut des âmes, il est très à craindre que dans un si grand bouleversement qui a englouti les intérêts teinporels de l'église, ses intérêts spirituels n'éprouvent eux-mêmes de très-grands dommages.

Obligés donc par le devoir de notre ministere, de réunir tous nos moyens pour régler d'une maniere stable les affaires ecclésiastiques de l'Allemagne, pour empêcher que dans ces contrées la réligion catholique ue souffre aucun dommage en elle-même, ou dans les choses qui lui sont nécessaires, pour maintenir dans son intégrité ce qui subsiste encore, et conserver au moins les biens spirituels, après avoir perdu d'une maniere si déplorable les biens temporels, nous avons résolus d'implorer votre secours, notre très-cher fils, en Jésus Christ, et de vous prier de nous aider dans une affaire aussi importante. Vous nous avez secondé avec tant de zele, lorsqu'il s'est agi de rétablir la religion en France et de lui rendre la paix et la sécurité, qu'après Dieu, c'est à vous que nous sommes redevables de tout ce qui s'est fait dans ce pays d'avantageux à la religion, tourmentée si long-tems par d'aussi horribles tempètes.

C'est un motif pour nous de vous offrir cette nouvelle occasion de prouver votre attachement à la réligion catholique, et d'acquérir de nouveaux titres de gloire.

Bien persuadés, d'après les preuves d'affection que vous nous avez données, que vous ne refuserez point votre appui à la religion catholique et que vous nous seconderez de tous vos efforts dans une entreprise aussi importante, nous vous donnons très-affectueusement notre très-cher fils à Jésus Christ, notre bénediction apostolique.

Donné à Rome, à Sainte-Marie Majeure, sous l'anneau du pécheur, à l'an 4 de notre pontificat.

Suscription.-A notre très-cher fils Napoléon Bonaparte, Premier Consul de la République Française.

Du 11 Mars (20 Ventóse).

Hier, le Citoyen Bacher, chargé d'affaires de la République Française près la Diéte, a renuis au ministre directorial la note suivante, qui a été de suite portée à la dictature.

"Plusieurs dispositions du recès de l'Empire, 24 Février, 1803, ayant éprouvé de grandes difficultes quant à leur parfaite exécution, et d'affligeantes mésintelligences s'étant manisfestées entre plusieurs Etats de l'Allemague, d'où pourrait résulter un

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