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un court espace de temps peut-être, le rôle d'usurpateur, et c'est à l'Europe armée à acquérir, par sa destruction, des droits à la reconnoissance de la génération présente et des races futures, puisque la France a dédaigné de la mériter.

Les hautes Puissances alliées ont fait à ce sujet leur déclaration solennelle à Vienne le 13 de ce mois. Les vainqueurs de Moscou de Leipsic, de Vittoria et de Paris, se précipitent dans toutes les directions, pour soutenir cette déclaration, les armes à la main. L'anathème est prononcé sur le parjure qui, foulant aux pieds toute justice et toute confiance humaine, a de nouveau lancé au milieude nous les torches de la guerre la population entière de l'Europe s'armeroit, s'il le falloit, pour se précipiter sur la France et étouffer ce monstre dans le sang et les larmes des siens; mais il ne sera pas nécessaire d'avoir recours à ces mesures extrêmes, et le ciel a peut-être réservé aux braves Prussiens, Anglois, Hanóvriens et Belges, qui, réunis entre le Rhin et la France, forment le boulevard des peuples, la gloire d'être les instrumens de cette juste vengeance!

Vous pouvez contribuer à cette belle œuvre

et vous vous empresserez de le faire, braves habitans du Bas et Moyen-Rhin ! Le moment est venu où les âmes nobles et bien nées doivent serrer les rangs pour opposer un mur d'airain à la scélératesse et à la perfidie. Que la jeunesse vigoureuse vienne en foule consacrer son bras et son courage à la plus sainte des causes et à la défense de la patrie. Car l'Allemagne est votre patrie, et la sera toujours et à tou prix.

Que les hommes parvenus à l'âge mûr, que les pères de famille de tous les états s'arment sous les drapeaux de la milice bourgeoise, non pour aller combattre au dehors, mais pour dé fendre leurs propres foyers contre les ennemis et les traîtres. La patrie vous confie les armes, braves habitans de tout âge des bords du Rhin de la Moselle, de la Roër et de la Meuse. Moi-même j'ai donné ma foi que vous sauriez les porter avec une fidélité et une bravoure vraiment allemande.

C'est ainsi que vous pourrez avoir une part signalée au triomphe de la bonne cause et vous préserver de la malédiction de vos enfans et de vos petits-enfans, qui pèseroit sur vos têtes, si par votre indolence ou votre indifférence vous étiez cause que toutes les forces

guerrières de l'Europe coalisée, pour s'opposer à l'ennemi commun, viendroient, comme un torrent destructeur inonder et ravager vos

campagnes.

Fait à Aix-la-Chapelle, le 24 mars 1815. Le gouverneur général du Bas-Rhin et du Rhin-Moyen,

SACK.

No IX.

Proclamation de la diète suisse assemblée à Zurich, du 24 mars 1815.

Nous les députés des cantons à la diète, à tous les confédérés, salut :

Des événemens inattendus nous ont déterminés à vous adresser un appel pour le maintien de l'indépendance et la défense des frontières de notre patrie. Nous espérions bien que dans un moment d'une si haute importance pour la Suisse, le caractère national se prononceroit avec autant de noblesse que d'énergie. Notre attente n'est pas trompée. Vous avez répondu avec des sentimens vraiment helvétiques à l'appel par lequel on vous demandoit de nouveaux sacrifices et de nouveaux efforts; c'est ainsi que se sont toujours mon

trés nos ancêtres. Toute plainte cessoit, toute querelle intestine s'apaisoit, dès qu'il étoit question du salut de la commune patrie ; c'est ainsi que, jusqu'à nos jours, la Suisse a été heureuse, libre et estimée des grandes puis

sances.

Nous allons maintenant nous expliquer davantage et avec une entière confiance envers vous sur la nécessité et le but de l'armement ordonné par nous et par vos gouvernemens.

La France, qui sous le sceptre bienfaisant de son Roi, jouissoit des suites heureuses de sa réconciliation avec le reste de l'Europe, est menacée de nouveau d'être le théâtre des secousses les plus violentes et d'une guerre civile. On altaque ce Roi que la Suisse a reconnu comme tous les états de l'Europe, avec lequel elle étoit prête à renouer des relations de bienveillance qui ont subsisté pendant des siècles entre la couronne royale de France et la confédération helvétique. Autant la rupture de ces anciennes relations avoit été douloureuse pour nous et funeste à notre liberté et à notre tranquillité intérieure, autant la nouvelle des derniers événemens nous a causé de vives alarmes.

Ce n'est cependant point le haut prix que

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nous attachons à ces relations amicales qui détermine maintenant notre résolution. Une triste expérience apprend combien le destin de la France influe sur celui du reste de l'Europe; comment, d'après la tranquillité intérieure dont jouissoit ce grand état, ou les dissentions orageuses auxquelles il étoit en proie; les états voisins avoient de la sûreté pour le présent et de la confiance pour l'avenir, ou se voyoient également privés de ces deux avantages. Aucun peuple ne peut voir d'un œil indifférent éclater en France une nouvelle révolution, nous surtout qui, d'après la situation. particulière de la Suisse, avons tout à espérer ou à redouter de ce voisinage.

De là résultent, confédérés, le devoir sacré la nécessité urgente de contribuer avec autant de zèle que d'énergie à maintenir l'ordre et la tranquillité publique dans l'intérieur, à assurer notre territoire, l'indépendance et l'honneur de la confédération. A mesure que l'esprit d'insurrection se propage en France, le danger s'accroît pour nous dans la même proportion, et nos préparatifs doivent avoir de même plus d'activité et d'étendue.

pa

Quel Suisse n'aimeroit point à payer à la trie cette dette sacrée! Qui voudroit rester en

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