Page images
PDF
EPUB

noissance de ses droits; il met d'avance l'Angleterre au nombre de ses alliés. C'est avec un tel système, fondé uniquement sur la fraude, qu'il espère d'exciter au moins des troubles de paralyser tous les partis, et de faire tourner enfin à son avantage le désordre qu'il se flatte de faire naître. Une armée plus que suffisante, formée de l'élite des troupes autrichiennes, mettra bientôt fin à ces odieuses tentatives.

Lorsque cette armée reçut ordre de se réunir, on lui assigna une position qui rendoit impossible toute attaque de l'ennemi sur aucun corps séparément. Depuis le combat glorieux engagé par le F. M. L. Bianchi au passage du Panaro, pour connoître plus exactement les forces de l'ennemi, il n'y a point eu d'autre action, parce que tous les corps, conformément aux ordres qu'ils ont reçus, se sont repliés sur la principale armée. L'armée napolitaine, de son côté, ne s'avance qu'avec beaucoup de précaution; elle répand partout des proclamations conçues dans le style le plus véhément et le plus révolutionnaire. Les généraux napolitains promettent aussi la prospérité et le bonheur. Ils ont été reçus comme ils le méritoient, ainsi que leurs proclamations, partout où on

les a laissé pénétrer jusqu'à présent. Il n'y a pas eu une seule commune qui ait élevé la voix en faveur du Roi de Naples, et les provinces occupées ou menacées par l'ennemi font parvenir tous les jours aux siéges des régences des adresses pour exprimer le désir et la demande d'en être promptement et sûrement délivrées.

Le 8, lord Bentink, général en chef des troupes anglaises dans le pays de Gênes et en Sicile, a passé par Milan pour se rendre au quartier-général du général de cavalerie baron de Frimont, et concerter avec lui les opérations militaires ultérieures. L'Angleterre conclut, comme on le sait, en janvier 1814, tant en son nom qu'en celui du roi Ferdinand, avec Murat, un armistice qui devoit être dénoncé trois mois avant sa rupture. D'après l'attaque livrée, par le dernier, aux alliés de l'Angleterre, l'armistice est nul, et Murat se trouve aussi en guerre avec l'Angleterre.

L'armée napolitaine consiste à peu près en trente-cinq mille hommes de troupes de ligne, parmi lesquelles il y a plusieurs corps mal armés. Toutes les forteresses de la Haute-Italie. ont des garnisons, et nous attendons, avec

la plus parfaite tranquillité, les opérations offensives de l'armée autrichienne. Suivant les dernières nouvelles de Naples, on y évitoit, avec le plus grand soin, de laisser entrevoir au public la possibilité d'une rupture avec l'Autriche et avec l'Angleterre. Les dispositions du peuple sont d'autant moins favorables à la guerre, qu'il perdroit par le blocus inévitable des ports, tout moyen de dédommagement pour les frais de la guerre.

En Sicile et dans les Sept-Isles, on fait, avec la plus grande activité, des préparatifs pour agir contre Naples.

No XIV.

Proclamation du gouvernement de la Lombardie, du 5 avril 1815.

L'EUROPE Commençoit à peine à cicatriser ses plaies, et ses potentats réunis en congrès à Vienne s'occupoient, avec un concert rare, a établir les bases d'une longue paix, lorsqu'un événement imprévu appelle de nouveau aux armes toutes les nations', qui connoissoient déja, par expérience, l'ambition d'un seul homme. Dans ce moment de crise passagère, l'Italie pouvoit espérer d'être tranquille, et déjà il étoit

TOME V.

4

arrivé d'Allemagne des troupes nombreuses uniquement pour la défendre. Mais le Roi de Naples a jeté à la fin le masque qui l'a sauvé dans les momens les plus dangereux; sans déclaration de guerre, dont il ne pourroit point alléguer de juste motif, contre la foi des traités avec l'Autriche, auxquels seuls il doit son existence politique, il menace de nouveau, avec son armée, la tranquillité de la belle Italie; et non content de porter avec lui le fléau de la guerre, il cherche encore à rallumer partout, par un simulacre d'indépendance italienne, ce feu dévastateur de la révolution, qui déjà autrefois l'a fait sortir de l'obscurité d'une condition privée pour l'élever à la splendeur du trône.

[ocr errors]

Quoique étranger à l'Italie, quoiqu'il n'y ait que peu de temps qu'il soit dans la catégorie des souverains, il affecte avec les Italiens un langage dont pourroient à peine se servir vis-àvis d'eux un Alexandre Farnèze, un André Doria, un Trivulze ; et de lui-même il se proclame chef de la nation italienne, qui a dans son propre sein des dynasties régnantes depuis. des siècles, et qui a vu naître dans ses contrées les plus riantes cette famille auguste, qui réunit sous son sceptre et son gouvernement paternel tant de nations. Lui, Roi de l'extrémité de

A

l'Italie, voudroit, par la spécieuse idée de limites naturelles, tromper tous les Italiens par un fantôme de royaume dont on ne pourroit guères déterminer la capitale, parce que la nature, par les limites qu'elle a posées, a prescrit à différentes parties de l'Italie leurs gouvernemens particuliers, et montré par-là que ce ne sont ni l'étendue du terrein, ni le nombre de la population et la force des armes; mais les bonnes lois; le maintien des anciens usages, et une administration économique qui font le bonheur des peuples; et c'est pour cette raison que l'on se rappelle encore, avec des sentimens d'admiration et de reconnoissance en Lombar die et en Toscane, les noms immortels de Marie-Thérèse, de Joseph et de Léopold.

Non content de tromper la multitude par l'espoir d'une prétendue indépendance, le Roi de Naples veut encore induire en erreur les Italiens prudens, en leur faisant croire que ces mêmes puissances, qui renouvellent avec une promptitude étonnante les armemens les plus formidables par terre et par mer, et qui dans peu de jours donneront à l'univers, par un second acte public, une nouvelle preuve de leur union indissoluble dans les mêmes principes, sont secrètement disposées à seconder

« PreviousContinue »