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très-élevé, elle leur adressa ces mots : «< Mes<< sieurs, vous n'ignorez pas les évènemens qui « se passent. Un étranger vient de s'emparer << du trône de votre Roi légitime. Bordeaux est << menacé par une poignée de révoltés; la garde <<< nationale est déterminée à défendre la ville. « Voilà le moment de montrer qu'on est fidèle «‹ à ses sermens. Je viens ici vous les rappeler, <«<et juger par moi-même des sentimens de << chacun pour son souverain légitime. Je veux «< qu'on parle avec franchise. Je l'exige. Êtes<< vous disposés à seconder la garde nationale << dans les efforts qu'elle veut faire pour défen<< dre Bordeaux contre ceux qui viennent l'at<< taquer? Répondez franchement ». Pour toute réponse.... Silence absolu. « Vous ne vous sou<< venez donc plus des sermens que vous avez « renouvelés, il y a si peu de jours, entre mes <«<mains? S'il existe encore parmi vous quel<«<ques hommes qui s'en souviennent et qui «<< restent fidèles à la cause du Roi, qu'ils sor<< tent des rangs et qu'ils l'expriment haute<«< ment». Alors on vit quelques épées en l'air. << Vous êtes en bien petit nombre, reprit Ma<< dame; mais n'importe, on connoît au moins «< ceux sur qui on peut compter ». Des protestations d'attachement à sa personne lui furent

adressées par quelques soldats. «Nous ne souffrirons pas qu'on vous fasse du mal, nous vous défendrons,» s'écrièrent plusieurs voix. « Il ne << s'agit pas de moi, mais du service du Roi, « répondit Madame avec véhémence; voulez<< vous le servir? »>«< Dans tout ce que nos chefs nous commanderont pour la patrie, nous obéirons; mais nous ne voulons pas la guerre civile, et jamais nous ne nous battrons contre nos frères.» En vain Madame leur rappela tout ce que le devoir et l'honneur leur commandoient; ils furent sourds à sa voix. Avant de les quitter, elle leur fit promettre qu'au moins ils contribueroient à maintenir l'ordre dans la ville si on y entroit, et qu'ils veilleroient à ce qu'on ne fit aucun mal à la garde nationale si on avoit de mauvaises intentions contre elle. Ils le proMadame s'en alla le cœur navré de

mirent.

ce dont elle venoit d'être témoin.

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Mais, ce n'étoit rien encore : la visite de la seconde caserne fut bien plus pénible. L'esprit de révolte s'y montroit mille fois davantage, et cefutbien plus inutilement encore que Madame essaya de les ramener dans le chemin de l'honneur. Malgré le peu de succès que S. A. R. pouvoit espérer d'une troisième tentative auprès de semblables troupes, elle ne voulut rien

TOME V.

28

2 juin, et constituée le par populaire !.....

moyen

d'une farce

On dit que la nation est de 28,000,000 d'individus, et que le dépouillement général a produit 1,288,357 votes approbatifs (on passe sur les votes supposés), et 4,007 négatifs ; et puis on ajoute que le peuple a accepté l'acte qui lui a été présenté; mais vos partisans, les gens offrayés de vos mesures de terreur, forment donc, un nombre de 1,200,000 environ, toute la nation? L'imposture est dévoilée par votre propre recensement, et les plus incrédules verront que la nation a repoussé ce prétendu acte constitutionnel, comme elle vous repousse yousmême.

Dites aux citoyens que les circonstances sont grandes...... Nous voici revenus au temps des paroles mystérieuses, au temps des phrases en manières d'oracles; de l'union, il y en aura, ainsi que de l'énergie et de la persévérance, Personne ne veut opprimer la France; vous seull'opprimez et la menacez d'affreux malheurs. La France, avant votre retour, recouvroit sa tranquillité, renouoit ses relations avec les autres peuples; son gouvernement rendoit aux François, avec la paix, le bon goût, l'aménité et cette

élégance de mœurs qui distingue la nation. Vous seul avez tout détruit et tout corrompu, et sur votre tête coupable retombera la vengeance de la nation que vous voulez perdre, et des nations que vous menacez, Ce n'est qu'à vous, qu'à vous seul que les nations et les souverains font la guerre. Vous tomberez avec vos satellites; la France restera la France: elle retombera dans les bras de son Roi, qui recommencera à s'occuper de son bonheur, à fermer les nouvelles et cruelles plaies que vous lui faites, et à la replacer à son rang dans la considération des peuples.

Les François vous donnent des preuves de leur amour! Il est vrai: partout où ils ont pu se procurer des armes, ils se battent contre ceux qui vous ont ramené, et partout une noble résistance vous contraint à créér des comités de recherches, des comités révolutionnaires, de multiplier des lieutenans et agens de police : toutes preuves irrécusables de l'amour que les François vous portent.

En résumé, Buonaparte s'est montré, dans le cours d'une vie fertile en grands événemens historiques, en bévues célèbres, en fautes irréparables, en crimes sans exemple, toujours faux, toujours perfide et toujours criminel. Sa grandeur empruntée du théâtre s'est évanonie

comme le prestige de son nom. Les hommes l'ont jugé en attendant le jugement du ciel, et le moment n'est pas éloigné où une seconde et dernière chute viendra consoler le monde et lui rendre le repos que cet homme trop célèbre lui a ravi si long-temps.

a

9 NLXXXIV.

Observations sur la déclaration du Roi, en date du 2 mai 1815 (1), et sur la conférence du congrès de Vienne qui a eu lieu le 12 du méme mois, tirées du journal universel de Gand.

Il a été publié, dans l'espace de quelques jours, deux pièces qui constatent d'une manière positive la situation présente de la nation françoise, soit à l'égard de son égard de son gouvernement intérieur, soit dans ses rapports avec les puissances étrangères. Chacune consacre des vérités d'un ordre différent, mais qui tendent à produire la même conviction. Il est essentiel d'en faire la concordance, pour leur donner toute la force qu'elles doivent se prêter mutuellement.

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39 857òd as Une déclaration du roi de France, adressée

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