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pu dire, comme Terray, qui lui ressemblait peu, dans son compte rendu de la fin de 1770: « Je ne prétends point... faire valoir le plan de ma conduite; mon objet est de prouver que la nécessité m'a mené par la main. » Et l'on sait, par ses expédients de chaque jour et ses banqueroutes successives, qu'elle a mené loin Terray.

Ne disposant même que des documents qu'il a consultés, M. Houques-Fourcade aurait pu, il me semble, donner plus de renseignements, intéressants sur les taxes qu'il étudie, touchant Bordeaux. C'était avant 1789, non seulement notre plus grand port, mais, avec Amsterdam, le plus grand port de l'Europe. Arthur Young, en 1788, ne plaçait qu'après cette ville Liverpool, le principal centre commercial de l'Angleterre à ce moment. Comment les archives de Bordeaux garderaient-elles donc un si complet silence sur les exigences, les refus, les discussions, les perceptions, les conséquences des dixièmes, du cinquantième et des vingtièmes? Il est au moins difficile de le croire, et qu'il importerait de s'en

assurer!

GUSTAVE DU PUYNODE.

REVUE DES PRINCIPALES PUBLICATIONS ÉCONOMIQUES DE L'ÉTRANGER

SOMMAIRE Journal of the R. statistical Society de Londres. De la dépopulation des campagnes. Réflexions diverses à ce sujet. - La loi de l'émigration.

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The Economist. L'achat ou la création d'une petite ferme? Les caisses d'épargne privées, causes de leur diminution en Angleterre. Le transfert des immeubles et les obstacles absurdes. Divers. = The Banker's Magazine. Les intérêts légitimes et les intérêts qui ne le sont Causes du malaise : des capitaux mal employés.

pas.
bénéfices, une curieuse expérience.
voyé tant d'or en Europe en 1889.

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Le partage des Pourquoi l'Amérique a-t-elle enComment les compagnies d'assu

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rances se défendent contre les incendiaires. The quarterly Journal of Economics. La part de la lutte et la part des secours dans les Trade's Unions anglaises. — Causes de leur influence. La science financière en Amérique, un desideratum. - Une nouvelle vue sur la théorie des salaires. - La protection internationale des ouvriers. Les publications de MM. Rogers, Hardley, Gardner, Patten. Vierteljahrschrift, de M. K. Braun. Divers. - Les finances d'Augsbourg au moyen âge. - Le « homestead » aux ÉtatsUnis et les dettes des cultivateurs. Jahrbücher, Annales de l'économie politique de M. Conrad. Une définition développée de la science êconomique. Comment il faut l'exposer? - L'enquête anglaise sur les métaux précieux. Moyens raisonnables pour réduire le nombre des grèves. — Divers. = Zeitschrift (Revue des sciences politiques de Tubingue). Un peu de métaphysique. — La démographie de la dynastie Capet. Le communisme préhistorique. Annales de l'Empire allemand,de MM. Hirth et Seydel. - L'assurance contre l'invalidité.-Le budget allemand.- La politique commerciale de l'avenir. Statistische Monatschrift (Revue mensuelle de statistique autrichienne). Divers. = Mittheilungen du ministère du commerce hongrois. Nouvel impôt sur l'alcool. La production du vin. La Nation. Le centenaire de l'économiste-agitateur List. Les Manchestériens sans cœur et les Manchestériens pourvus de cœur. Volkswohl (le Bien du peuple). Divers. = Publications de MM. Fr. J. Neumann, W. Scharling, Conrad. = Giornale degli Economisti. Les taxes administratives et les taxes fiscales. — La colonisation intérieure. La valeur et le moindre effort. Divers. L'Econo mista. La situation de l'agriculture italienne. L'agriculture et l'impôt. — Divers. Publications de MM. Bodio, Wollemborg. =Russische Revue. La distribution du poisson. La ligne russe du Pacifique. L'exportation des œufs. Les chemins de fer. El commercio del Plata. Encore un centenaire.

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Journal of the R. Statistical Society de Londres, juin 1889 (London, Ediv. Stanford). Le 1er article est du D' W. Ogle, et porte le titre de: On the alleged depopulation of the rural district of England. Ce titre n'est pas neutre, car alleged, alléguée, est presque

synonyme de prétendue; or, la dépopulation est réelle, nous traduisons donc ainsi ce titre : Sur ce qu'on a appelé la dépopulation des districts ruraux de l'Angleterre. On sent que M. Ogle n'admet qu'à contre-cœur la diminution de la population rurale, mais il l'admet, c'est tout ce qu'on peut exiger d'un statisticien. Il a du reste raison d'appeler l'attention sur les acceptions differentes que le mot « dépopulation» prend sous la plume de différents auteurs; pour les uns, la dépopulation veut seulement dire que la population rurale s'est accrue moins rapidement que la population urbaine, pour les autres, il s'agit d'une véritable diminution. Dans la pratique, la plainte se formule par le regret de voir les villes s'accroître aux dépens des campagnes. Que les villes s'étendent, c'est incontestable, seulement, ce mal avouons que c'est un mal date d'avant la fondation de Rome, probablement d'avant Ninive, Babylone, Memphis et autres villes, et on le rencontre dans tous les pays civilisés; mais est-il vrai que les cités attirent de préférence (on semble même dire uniquement) les populations rurales les plus saines et les plus vigoureuses de corps, les plus énergiques et les mieux trempées quant au caractère, laissant à la campagne les faibles et les moins bien doués. Le Dr Ogle penche pour cette manière de voir; or, comme dans les villes la mortalité est plus grande qu'à la campagne, cette sélection devrait aboutir à une décadence générale de la population; jusqu'à présent rien ne dénote cette décadence. Mais le statisticien ne peut pas se borner à raisonner en l'air, il lui faut des arguments chiffrés; le Dr Ogle présente donc un tableau de 15 comtés qui méritent plus particulièrement la qualification de agricoles, en défalquant les villes de 10.000 àmes et au-dessus qui s'y trouvent. Ces 15 comtés avaient en 1851, 2.381.104 hab. et en 1881, 2.358.301; diminution, moins de 1 0/0 en trente ans.

Le Dr Ogle pense que c'est peu, pour ma part, je trouve que toute diminution de population est beaucoup. Prévoyant que quelques publicistes pourraient être d'avis que ce n'est pas assez de retrancher les villes de 10.000 àmes, qu'il faut descendre jusqu'aux villes de 5.000 àmes et ne garder que les localités plus petites, les vraies communes rurales, le Dr Ogle dresse un second tableau où la population de 1851 atteint 2.226.941 hab. et celle de 1881 2,181.065 hab., c'est une décroissance de 0,21 0/0. La population des villes de plus de 5.000 àmes a donc augmenté dans la période trentenaire. Nous ne pouvons pas reproduire les réflexions de l'auteur, mais voici un tableau. éloquent qui donne la population d'un comté tout à fait agricole, celui d'Huntingdon, qui ne renferme même pas de ville de 5.000 hab. Nous donnons les dénombrements.

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On voit qu'il y eut de l'accroissement jusqu'en 1851 et que la diminution s'étend sur les 3 recensements suivants. Le D' Ogle examine ensuite la population de Huntingdon, par sexe, par âge, par profession, mais nous ne relevons qu'un seul détail de 1871 à 1881 le nombre des fermiers est descendu de 1.090 à 967, mais le nombre des farm bailiffs (régisseurs), s'est élevé de 67 à 129, ce qui prouve que les propriétaires n'ont pas trouvé assez de fermiers. (Le nombre des boulangers et celui des épiciers ont également diminué.)

Empruntons quelques lignes à la discussion qui a suivi la lecture de ce mémoire. M. Ravenstein aborde la question de l'assainissement des villes et même de la gymnastique. Le major P.-G. Craigie se plaint de ce que le recensement ne revienne que tous les 10 ans en Angleterre, il en résulte que le Dr Ogle est obligé de donner aujourd'hui des chiffres qui datent de 9 ans. Il fait ensuite remarquer qu'il eût été désirable d'avoir des renseignements sur les modifications que peuvent avoir subies, dans la période examinée, la grandeur des holdings (exploitations, fermes). Il aurait voulu savoir aussi dans quelle mesure la terre arable a été transformée en pâturage, un fait qui n'est certes pas resté sans influence sur la population. -M. H.-D. Pochin fait remarquer que si l'agriculture a besoin maintenant d'un moindre nombre de bras, elle suit en cela l'exemple de l'industrie. M. Noël-A. Humphreys est d'avis que les villes peuvent être rendues aussi salubres que les campagnes, que rien ne prouve la décadence, et cite comme preuve de l'accroissement, la durée moyenne de la vie depuis 50 ans, que cette moyenne qui était d'abord de 41 à 43 est maintenant de 45 ans. (Si cela continue, ajouterai-je volontiers, nos arrière-neveux arriveront à l'âge de Mathusalem.) — Sir Rawson W. Rawson veut bien admettre que beaucoup de gens énergiques ou bien doués émigrent de la campagne pour les villes, mais il est d'avis qu'ils sont accompagnés ou suivis de beaucoup de faibles; la ville ne reçoit pas seulement la crême, elle reçoit aussi l'écume des populations rurales. Après quelques observations de MM. Storr, Kennedy et Glenny, le Dr Ogle reçoit la parole pour répondre aux observations qu'on lui a faites. Nous ne retenons qu'un détail, il pense que la durée moyenne de la vie peut s'accroître, sans qu'il en résulte que

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les hommes deviennent physiquement plus forts, cet accroissement ne dit qu'une chose : les maladies de l'enfance sont devenues moins meurtrières. A la bonne heure.

Le 2o article est de M. Ravenstein et porte le titre de la Loi de l'émigration. L'auteur résume les recensements d'un certain nombre de pays, dans lesquels on a classé ainsi les populations: nées dans la province, nées dans l'État, nées à l'étranger, et il en déduit certaines règles, qu'il appelle un peu prétentieusement: lois. La principale règle est connue depuis longtemps,c'est que la majeure partie de ceux qui quittent leur commune natale ne vont pas loin, et que plus d'un ne s'éloigne que par étapes. Il me semble qu'on devrait distinguer plus profondément qu'on ne le fait habituellement, entre ceux qui vont travailler ou s'établir dans une commune voisine et ceux qui vont en Amérique ou en Australie, ce sont des émigrations bien différentes. On a parlé aussi des femmes, qui émigreraient plus que les hommes; or, j'ai souvent vu comment cette « émigration » avait lieu : une dame de la ville fait venir une jeune villageoise qu'on lui a recommandée, lui paie même souvent son voyage et la reçoit chez elle comme domestique. Comparez à ce fait celui d'un chef de famille qui va au-delà des mers, si des choses physiquement et moralement aussi différentes sont comparables. Quant aux causes des émigrations, il y a bien les causes économiques, on cherche une meilleure position, mais il y a aussi l'esprit d'aventure, il y a aussi des causes politiques, quelquefois des causes morales personnelles; le désir de fuir le service militaire joue un bien petit rôle dans cette affaire, comme M. Ravenstein l'a montré d'une manière indiscutable, en comparant, p. 305, l'émigration en France, en Allemagne et en Angleterre.

The Economist de Londres est depuis quelque temps tout particulièrement riche en articles d'un intérêt actuel. Le n° du 17 août renferme un renseignement imprévu. On a toujours cru, et j'avais plus particulièrement le droit de le croire, ayant lu pendant 2 ou 3 ans un journal publié par des ouvriers agricoles anglais où cette proposition était soutenue tous les jours que si la petite propriété n'est pas plus répandue en Angleterre, c'est que les nombreux amateurs de petites fermes n'ont aucune occasion d'en acheter. Or, il y a en Angleterre une Smal farm and Labourers Land Company, et dans une réunion de cette société lord Wantage constate que s'il y a des amateurs pour la culture d'une petite ferme, tous préfèrent la louer à l'acheter, as a rule,they preferred to hire the land rather then to buy it. Lord Wantage déclare que si l'Etat songe jamais à répandre la petite eul

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