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mantere de préparer quelques peaux soit venue originairement du Sénégal. Ce fut Henri IV qui en établit la première manufacture; pour cet effet, il envoya en Hongrie un habile tanneur, nommé Rose, qui, ayant découvert le secret, revint en France, où il fabriqua cette espèce de cuir avec beaucoup de succès. En 1765, on a fait en Angleterre la découverte de la propriété de la sciure du chêne pour tanner les cuirs. La même année, un nommé Raukin, en Irlande, a employé le premier la bruyère pour préparer les cuirs. Plusieurs prétendent que les premières tapisseries de cuir doré qui ont paru en France venaient d'Espagne, et que ce sont les Espagnols qui en ont inventé la fabrique. Ces tapisseries, tout-à-fait pas sées de mode, se fabriquaient surtout à Paris, à Lyon et à Avignon. Il nous en venait aussi beaucoup de Flandres, et celles de Malines étaient les plus esti

mées.

CUIR FACTICE, Un Anglais a inventé une sorte d'étoffe qui a beaucoup d'analogie avec le papier. Le procédé consiste à faire broyer des rognures de cuir avec un pilon ou une machine semblable à celle dont on se sert pour broyer les chiffons dans les papeteries. Cette étoffe, nommée papier de cuir, se fabrique au moyen des mêmes procédés que les feuilles de papier. Quand elle a été collée avec soin, et soumise pendant quelques instans à l'action d'une presse, elle présente dans son ensemble beaucoup de douceur et de ténacité : elle remplace avec beaucoup d'avantage le maroquin et la basane pour la reliure des livres et pour la couverture des bureaux, secrétaires et autres meubles : elle est susceptible de recevoir la dorure et toute espèce de couleurs et de vernis. (Journal des connaissances usuelles et pratiques, par M. le comte de Lasteyrie, t. ш, p. 202, aun. 1826.)

CUIRASSE. Hérodote rapporte que les Assyriens avaient des cuirasses de lin. Pline remarque que le lin résiste au tranchant du fer. Pour donner cette

force au lin, on le faisait macérer dans du vin avec une certaine quantité de sel. On foulait, on collait jusqu'à dixhuit couches de ce lin les unes sur les autres. Une telle cuirasse était impénétrable à tous les traits. Selon le dixième livre de l'Iliade, la cuirasse d'Ajax, fils d'Oilée, était de lin. Par la suite il paraît que l'on mettait des cuirasses de fer pardessus celles de lin et de toile. Le fer et le bronze étaient en général la matière la plus ordinaire des cuirasses; on y employait aussi quelquefois le cuir, et c'est de là que vient le nom français cuirasse. Chez les anciens, la partie inférieure de la cuirasse était appuyée sur une ceinture de lames de fer battu. Les Romains portèrent d'abord des cuirasses de fer ou d'airain, comme les Grecs; mais, dans la suite, ayant remarqué qu'elles gênaient le soldat dans ses mouvemens, ils en prirent de plus souples. Les Francs ne portaient point de cuirasse; ce fut Charlemagne qui en introduisit l'usage dans les armées françaises. Alors on porta des cottes de mailles, appelées hauberts. Ces cottes de mailles furent long-temps en usage. Vers la fin du XIII. siècle on y substitua une armure d'un fer plein, composée de pièces qui s'adaptaient aux différentes parties du corps. On reprit ensuite la cuirasse. Sous Philippe de Valois, on orna les lames de la cuirasse par le mélange de différens métaux alliés, soudés, incrustés, et par les bas-reliefs dont on la chargea plus tard. La lourdeur de cette armure, ainsi que l'invention des armes à feu, la firent quitter. Louis XIII voulut en vain en rétablir l'usage. Quelques corps particuliers de soldats, appelés cuirassiers et carabiniers, sont les seuls militaires qui aient conservé les deux pièces de la cuirasse qui couvraient le dos et la poitrine.

CUISINE. Voyez GASTRONOMIE.

CUIVRE. L'ancienne tradition des Égyptiens portait que, du temps d'Osiris, l'art de fabriquer le cuivre avait été trouvé dans la Thébaïde. On commença à en faire des armes pour exterminer les bêtes féroces et des outils

pour cultiver la terre. Cadmus porta aux Grecs la connaissance de ce métal, et fut le premier qui leur apprit la manière de le travailler. La calamine ou cadmie, qui est d'un si grand usage pour affiner le cuivre et en augmenter le poids, avait reçu de Cadmus le nom qu'elle portait autrefois, et qu'elle conserve encore aujourd'hui. On voit dans les écrits d'Homère que, du temps de la guerre de Troie, le fer était encore peu en usage; le cuivre en tenait lieu, et ce métal était employé tant à la fabrique des armes qu'à celle des outils. Il en a été de même pendant bien des siècles chez les Romains. Ce n'était pas, au reste, un usage particulier aux Grecs et aux Romains; il a été commun à toutes les nations de l'antiquité. Chez les Égyptiens, les armes étaient ordinairement d'airain. Job parle d'arc d'airain. L'Ecriture dit que les Philistins s'étant rendus maîtres de Samson, le chargèrent de chaînes d'airain. Hérodote assure que, chez les Messagètes, les coignées, les piques, les carquois, les haches, et jusqu'aux harnais des chevaux, étaient de ce métal. C'est aux Gaulois que Pline attribue l'invention de l'art d'étamer le cuivre. William Wood, dans l'Etat des manufactures de cuivre de l'Angleterre, offert en considération au parlement, en 1721, dit que ce n'est qu'en 1689 qu'on fit revivre en Angleterre l'art d'extraire le cuivre et de le raffiner, principalement dans le comté de Cornouailles. Cet art précieux avait été oublié et entièrement négligé depuis long-temps, et même depuis l'époque de l'entrée des Saxons en Angleterre. On trouve cependant dès 1399, sous le règne de Richard II, une mine de cuivre exploitée dans le Shropshire. En 1561, Rapin et d'autres auteurs placent la découverte d'une autre mine de cuivre pur dans le duché de Cumberland, près de Keswck, qui, selon Cambden, avait été oubliée ou négligée pendant plusieurs

siècles.

CUIVRE DE CORINTHE. Voyez AIRAIN. CUIVRE (Doublage en). Une découverte

TOME I.

récente de sir Humphrey Davy doit intéresser toutes les marines de l'Europe. L'eau de la mer exerce une action corrosive sur les enveloppes de cuivre qui doublent les vaisseaux. L'illustre président de la Société royale de Londres a déduit de la théorie un moyen très simple de prévenir cet effet. Il suffit de mettre en contact, avec une feuille de cuivre d'une grande superficie, une masse de zinc ou de fer égale au vingtième du poids du cuivre qui sert à doubler le vaisseau. Ce contact change l'état électrique du cuivre, et par cela même fait cesser l'action mutuelle de cette substance et de l'eau de la mer. Des expériences réitérées, et les observations faites dans un voyage de long cours, ont confirmé jusqu'ici cette heureuse application. Dans ces expériences, la surface du cuivre n'a point été altérée; elle a conservé le poli métallique. Voilà un nouvel exemple de l'utilité immédiate des théories. Ce succès était digne du grand physicien qui, par des recherches multipliées sur la nature de la flamme, a

découvert un moyen de prévenir les explosions funestes dans l'intérieur des mines. (Rapport de M. Fourier à l'Institut royal de France, le 24 avril 1825.)

t

CUL-DE-SAC. Voyez RUELLES. CULOTTES. Les anciens Gaulois et les Germains entouraient leurs jambes de bandelettes ou d'étoffes appelées chausses, origine du terme haut-de-chausses. Du temps d'Oléarius, les Persans portaient des hauts-de-chausses faits, ditil, comme des caleçons. Les culottes représentées dans les manuscrits, sur les vi- ́ traux et les tapisseries du moyen-âge, sont, en général, de la même étoffe que les bas des personnages. Elles n'avaient point encore de poches du temps de Louis XII,

CURÉS. Les monumens ecclésiastiques des trois premiers siècles de l'Eglise signalent seulement des églises de certaines villes considérables où résidaient des évêques et des prêtres exerçant le saint ministère sous leur direction, mais ne pouvant rien entreprendre

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CYANOMETRE. Cet instrument de physique, inventé par Saussure, sert à mesurer les divers degrés d'intensité de la couleur bleue que présente la masse des diverses couches d'air qui composent l'atmosphère de la terre.

CYCLE. Ce mot qui, en grec, signifie cercle, est employé pour désigner une période de temps au bout de laquelle certains phénomènes astronomiques, se reproduisent dans le même ordre. C'est ainsi que le cycle ou la période de quatre ans, introduite dans le calendrier par Jules-César, accorde assez bien la durée du jour avec celle de l'année (Voyez CALENDRIER); qu'au bout de 28 ans, qui est le cycle solaire, les mêmes jours de la semaine, généralement représentés par les sept premières lettres de l'alphabet, se reproduisent périodiquement avec la même lettre. (Voyez DOMINICALE.) Mais cette correspondance, qui a perpétuellement lieu dans le calendrier Jur lien, s'est trouvée interrompue depuis la réformation grégorienne. (Voyez ANNÉE.) Une autre période de 19 qu'on nomme cycle lunaire, fut connue

ans,

dans l'Inde dès la plus haute antiquité, et adoptée en Grèce, environ 430 ans avant l'ère chrétienne, parce qu'à la fin de cette période, les nouvelles lunes arrivent aux mêmes dates des mois. (Voyez ASTRONOMIE,) Ce cycle, proposé par Méton, fut reçu par les Grecs avee tant d'enthousiasme, à cause de sa propriété, qu'on en grava le calcul en let, tres d'or. L'an, qui précéda la première de notre ère fut la première du cycle lunaire, et la période recommença l'an 19. Toutefois les nouvelles lunes ne reviennent pas précisément à la même, heure, tous les dix-neuf ans, comme l'avait cru Méton; car la différence est à-peu-près d'un jour au bout de 304 ans. Trouver le nombre d'or d'une année, c'est parvenir au reste qu'on obtient en divisant par dix-neuf le millésime augmenté de l'unité, Cycle des indictions. (Voyez INDICTION.) Nous ferons remarquer que tous ces cycles, quoique rap-. pelés chaque année dans les calendriers, ne sont d'aucun usage dans l'astronomie actuelle, parce qu'il existe des méthodes plus rigoureuses pour prédire les phénomènes célestes. Cycle caniculaire ou sothiaque. (Voyez ASTRONOMIE)

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CYCLOIDE (ou Roulette). C'est une ligne courbe que décrit un point de la circonférence d'un cercle qui avance en roulant sur un plan. Quelques-uns en attribuent l'invention au père Mersenne, d'autres à Galilée. Le docteur Wallis la croit plus ancienne, et dit que le cardinal Cusa en avait fait mention en 1451. Cette courbe, dont Pascal s'est beaucoup occupé, jouit de plusieurs proprié tés géométriques et mécaniques très remarquables. D'abord, sa longueur est quadruple du diamètre du cercle géné rateur; en second lieu, Roberval a démontré, le premier, que l'espace renfer mé entre la cycloïde et son axe est triple, de celui du même cercle générateur, eth Leibnitz a carré des portions de cet espace; troisièmement, Huyghens, vers le milieu du XVII. siècle, a trouvé que de quelque hauteur que descende un corps qui oscille à la manière d'un pen

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dule, les temps de ses chutes ou oscillations, dans la cycloïde, sont toujours égaux entre eux; c'est-à-dire, que cette courbe est tautochrone; telle est la propriété qui a donné à ce célèbre géomètre l'idée des horloges à pendule. Enfin, en 1697, Bernoulli découvrit que la chute libre d'un corps, le long de la cycloïde, se fait toujours dans le moins de temps possible; et c'est pour cela qu'on a appelé cette courbe brachistochrône, ou courbe de plus vite descente. Le calcul des variations, inventé par Lagrange, est très propre à résoudre facilement ces dernières questions.

CYLINDRE. On croit qu'Archimède fut l'inventeur du cylindre, parce qu'au-dessus de son tombeau on a trouvé une petite colonne sur laquelle était tracée la figure d'une sphère et d'un cylindre. On doit plutôt penser que cette figure est destinée à rappeler que ce grand géomètre de Syracuse démontra, entre autres propriétés, que la surface de la sphère est équivalente à la surface courbe du cylindre circonscrit.

CYLINDRE. L'impression des toiles peintes se fait aujourd'hui avec des cylindres gravés au lieu de planches en bois ou en métal. Depuis l'invention de M. Perkins, connue sous le nom de sydérographie, les cylindres, qui étaient généralement en cuivre rouge, sont actuellement en acier le dessin, sur ce dernier, s'altère moins facilement, et l'on peut, sans inconvénient, obtenir un plus grand tirage. On emploie aussi dans la fabrication des étoffes des cylindres cannelés en acier à l'usage des filatures. Ces machines sont façonnées par M. Caillon, de Paris, au moyen d'un instrument analogue aux platesformes propres à fendre les dents des roues. Les cylindres propres à lustrer les étoffes, ordinairement en bois ou en métal poli, ont l'inconvénient, les premiers, de donner un lustre inégal, et les seconds, d'être d'un entretien dispendieux. M. Bardel a importé d'Angleterre une machine propre à faire des cylindres en papier pour remplacer ceux

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en usage; très récemment, M. Hisette! a perfectionné cette machine d'une manière tout-à-fait remarquable.

CYNIQUES. Cette secte de philoso phes grecs, fondée par Antisthène, affectait de mépriser toutes les bienséances de la société, et justifia le nom de cynique (en grec chien), nom qui la désignait et semblait si propre à caractériser l'impudence dont elle faisait parade. La singularité des cyniques consistait principalement à transporter, au milieu de la dépravation de la Grèce, les mœurs de l'état de nature et les discours de la grossièreté des premiers temps. Ils atta quaient les préjugés et les vices, secouaient la dépendance que l'on contracte par les liens de l'hymen, et se montraient hardiment dans les lieux sacrés et sur les places publiques; enfin,' regardant la vertu comme l'unique but des actions humaines, ils méprisaient la noblesse, les richesses et la gloire, com me des biens inutiles au bonheur. Les principaux cyniques sont : Antisthène, Crates, Diogène, Ménippe, Démonax, Pérégrinus, etc....

CYRÉNAIQUES. Secte de philosőphes grecs fondée par Aristippe de Cyrène. Ils enseignaient que l'homme ne doit vivre que pour son plaisir et n'avoir d'autre règle que son intérêt. Mais leurs moyens, pour y parvenir, étaient directement opposés à ceux d'Antisthène. Les principaux cyrénaïques sont: Hégésias, Annicéris, et Théodore qui, ayant osé nier l'existence de Dieu, fut banni d'Athènes. Cette secte se fondit par la suite avec celle d'Epicure.

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CYSSOIDE. Courbe imaginée pour la solution du problème des deux moyennes proportionnelles, par Diocles, géomètre qui florissait avant le V. siècle.

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CZAR. C'est le titre que prend l'empereur de Russie. Le premier qui reçut le titre de Czar, qui est un nom corrompu

de César ou empereur, a été Basile, fils de Jean Basilide, qui secoua le joug des Tartares, vers l'an 1470, et jeta les premiers fondemens de la puissance à

a

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D. Cette lettre vient du delta des Grecs; elle n'est devenue numérale chez les Romains, que vers l'an 1500. Ce peuple formait le nombre mille par ces trois caractères CIO. Les imprimeurs imaginèrent de former 500 par un caractère qui fût la moitié de celui qui désignait ce nombre; ils le firent ainsi : IƆ, et bientôt après, pour aller plus vite, par un D.

DACTYLE. Sorte de pied dans la poésie grecque et latine, composé d'une syllabe longue suivie de deux brèves, comme dans le mot carmine. Ce mot vient du grec dakulos, doigt, parce que le doigt est divisé en trois phalanges dont la première est plus longue que les deux

autres.

- DACTYLOGRAPHE, clavier des tiné à transmettre, au moyen du toucher, les signes de la parole. Cet ins trument est composé de vingt-cinq touches représentant les vingt-cinq lettres de l'alphabet; chaque lettre, au moyen d'un léger mouvement imprimé à la touche correspondante, est exprimée par un petit cylindre de bois qui s'élève au-dessus du niveau de la table, et se fait sentir sous la main de la personne avec qui l'on parle. Pour bien distinguer les vingt-cinq lettres, on en a placé cinq sous chaque doigt; une à la racine du doigt, l'autre à l'extrémité, et les trois autres dans les interstices des phalanges. Les lettres placées sous le pouce n'ont pas une division aussi bien marquée; elles sont cependant placées de manière à ne laisser aucune incertitude; ce sont d'ailleurs les lettres les moins usitées. La composition du dactylographe est très simple; on peut en

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connaître l'usage à la première vue. Les deux tiges isolées à droite du clavier sont en réserve pour répondre aux mouvemens, vifs du discours, tels que oui, non, ou pour d'autres significations arbitraires, selon les conventions qu'on aura jugé à propos d'établir. Le dactylographe sera bientôt familier aux sourds-muets, chez qui le sens du toucher est si actif et si délicat. Il offre un moyen de correspondance entre un sourd-muet et un aveugle, moyen qui n'avait pas encore été trouvé. Enfin, il peut mettre en rapport les sourds-muets avec les personnes qui ne connaissent pas les signes dont ils font usage. Dans la correspondance que l'on veut établir, les interlocuteurs se trouvent placés l'un vis-à-vis de l'autre; chạcun d'eux pose exactement la main gauche sur la main dessinée de son côté, tandis que la main droite agit sur le clavier. M. Brimmer, célèbre mécanicien, s'est chargé de l'exécution de cette ingénieuse machine, qui se compose de plus de dix mille pièces. (Moniteur, année 1818, pag. 1359.-Dictionnaire des découvertes en France, de 1789 à la fin de 1820, tome IV, p. 377.)

DAIS. L'origine et le premier usage du dais vient de ce qu'on exposait les corps des princes, après leur mort, sur des lits de parade ou des dais magnifiques, comme on le pratique encore à présent. Les dais étaient en usage du temps des Romains; les païens exposaient sur des lits ou sous un dais les images de leurs dieux, et on leur faisait de magnifiques festins. L'histoire nous apprend que le grand Constantin fut exposé durant plusieurs jours et servi

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