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reconnue d'organiser sur des bases plus sérieuses le personnel des communes.

Enfin dans le but de pouvoir résister plus efficacement à de nouvelles tentatives révolutionnaires, les divers groupes confessionnels protestants et catholiques se liguèrent et il fut décidé de créer un BestuurdersBond qui serait composé des Président et Secrétaire de toutes les organisations chrétiennes et de quelques députés.

Par ces quelques considérations, on a pu voir, que l'action des syndicats neutres a été suivi d'une levée générale de boucliers de tous les partis de l'ordre. D'abord personne n'avait songé à s'armer contre une attaque imprévue, même insoupçonnée. Mais après la bataille, les vaincus rassemblent leurs forces éparses, se hâtent de fortifier les positions dont l'assaut avait révélé la faiblesse, se coalisent pour la résistance. Voici de nouveau les deux adversaires en présence. Cette fois les conditions de la lutte ont changé. Différente aussi en fut l'issue, ainsi que nous le verrons en détail dans le chapitre suivant.

Quant aux conséquences politiques de la grève, nous ne devons les citer ici que pour mémoire. Des trois projets de loi déposés par le Gouvernement, le premier avait pour objet de modifier et de compléter certaines dispositions du code pénal; le second proposait de

créer une brigade militaire au service des chemins de fer; le troisième tendait à instituer une enquête sur la situation du personnel des chemins de fer.

Tout ce qui concerne ce triple projet de loi appartient déjà à l'histoire de la grève d'Avril et sera traité par conséquent dans le chapitre suivant.

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Les trois projets de loi et
Mouvements de

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l'exposé des motifs. L'agitation. mobilisation : les syndicats neutres en présence des organisations chrétiennes. L'opinion publique : les pétitions. - Les interpellations Mees et Toelstra. Amendements apportés aux projets de loi. Aux États-Généraux. — Le feu qui couve.

Au lendemain des évènements de janvier, on s'était posé ces questions: Est-ce que le Gouvernement ne fera rien pour empêcher ou prévenir, autant que possible, le retour d'évènements aussi graves et aussi dangereux que ceux qui viennent de se passer? N'y a-t-il pas lieu de protéger plus efficacement la liberté de ceux qui refusent de faire cause commune avec les grévistes? Désormais les agitateurs pourront-ils décréter au gré de leur caprice la suspension des services publics les plus importants et paralyser ainsi les relations et les transactions sociales? L'incertitude ne fut pas de longue durée.

Nous avons vu qu'immédiatement après la grève, les journaux conservateurs et quelques journaux libéraux, se faisant l'écho d'une grande partie de l'opinion publique, avaient vivement pressé le Gouvernement de déposer une loi dans le plus bref délai, et comment le Comité central des syndicats d'ouvriers du chemin de fer, grisé par ses succès récents, répondit à ces provocations par un manifeste, où il faisait entrevoir la perspective d'une nouvelle grêve, dans le cas où les Chambres voudraient forger une loi restrictive du droit de grève.

Cependant, à mesure que la date fixée pour la réunion des Chambres approchait, il paraissait de plus en plus certain que le Gouvernement était décidé à intervenir énergiquement.

Contre ce danger, les syndicats neutres s'armèrent. Dans une réunion, tenue à Amsterdam le vendredi 20 février et convoquée sur l'initiative des directions combinées des syndicats d'ouvriers du chemin de fer, on se mit d'accord pour créer un Comiteit van Verweer (comité de défense) auquel fut dévolu la tâche de mener l'agitation et d'organiser la résistance contre l'adoption de lois répressives.

A cette assemblée étaient présents les délégués : du personnel des chemins de fer et tramways, de la ligue des pâtissiers, de la ligue des employés des postes et télégraphes, de la ligue des matelots, de la ligue des miliciens et anciens miliciens, du groupe communiste, de la ligue des sculpteurs, de la Fédération des ouvriers

du transport, de la ligue des fabricants de meubles, de la ligue des machinistes et chauffeurs, des typographes, des ouvriers en métaux, des charpentiers, des ouvriers brasseurs, des contremaîtres, des tapissiers, des maîtres d'école, des sculpteurs, des maçons, des photographes, du Parti ouvrier socialiste, des tailleurs militaires, du secrétariat national du travail, de la communauté du sol, de la ligue des peintres, des matelots de la marine, des chargeurs et déchargeurs de bâteaux, du parti anarchiste, du syndicat des ouvriers boulangers, tailleurs, chocolatiers, diamantaires, relieurs, ouvriers municipaux, cigariers, tonneliers, laveurs de fenêtres, stukadoors, osiéristes, de la ligue de la navigation intérieure, de l'Association des capitaines, timouniers et valets de pont.

Les mandataires de ces différentes associations, comprenant ensemble, d'après les estimations des journaux socialistes, un total de 90.000 ouvriers (1) votèrent la motion suivante :

L'Assemblée...

entendu les associations d'ouvriers du chemin de fer, déclarant qu'elles cesseront le travail pour empêcher le vote d'une loi restrictive du droit de grève,

entendu la Fédération des ouvriers du transport et autres Syndicats, déclarant que dans ce cas, ils refuseront également de travailler,

décide :

(1) A la Chambre, M. Pastoors contesta l'exactitude de ce chiffre et prétendit qu'il était exagéré au moins de moitié.

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