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générale ou par une révolution, changerait les bases de l'ordre établi.

C'est alors que Troelstra, Polak et Van der Goes se séparèrent du Bond et créèrent, en août 1894, le Sociaal Demokratische Arbeiders Partij.

Entre l'organe socialiste: De Sociaal Demokraat et l'organe anarchiste Recht voor Allen, éclata alors une très âpre polémique qui ne prit fin que vers 1896.

Deux années plus tard, en 1898, le Bond anarchiste disparut, mais les idées qu'il avait répandues pendant de longues années, continuaient de couver sous la cendre.

Le parti socialiste néerlandais, Sociaal Demokratische Arbeiders Partij, est donc essentiellement un parti politique. Il se compose d'ouvriers, de fonctionnaires d'employés, d'instituteurs, etc. Il se recrute surtout dans la catégorie qu'on appelle les « kleine leute ».

En 1895 il comptait 26 sections avec 700 membres.

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Le parti socialiste néerlandais n'a créé directement ni associations ouvrières, ni syndicats. Jusqu'ici, il a concentré toute son activité dans la lutte politique. Il n'exerce aucune action directe sur les syndicats existants, mais tout au plus une action indirecte, résultant de la circonstance que des membres et surtout certains

chefs de syndicats sont socialistes. C'est une tactique de perméation ou d'infusion. Toutefois, on a pu remarquer par l'évolution de ces dernières années que le Sociaal Demokratische Arbeiders Partij cherche à étendre son influence sur les syndicats neutres et à se mettre à la tête du mouvement syndical. Très intéressante à cet égard est la conclusion d'une brochure socialiste publiée au lendemain de la grève de janvier et qui a pour auteur un littérateur hollandais très connu, Mme Henriette Roland Holst : « Si les ouvriers néerlandais pouvaient comprendre la leçon qui se dégage si clairement des faits, pour toute notre organisation, syndicale aussi bien que politique, commencerait une période de grande efflorescence. Car alors on verrait -ce qui est encore plus important — l'action syndicale et l'action politique ont besoin l'une de l'autre et doivent se compléter. Alors c'en serait fait des vieilles querelles qui nous affaiblissent et l'action deviendrait une. Alors existerait ce qui nous a manqué jusqu'ici pour agir fort et vite, là où c'est nécessaire. En un mot, il faut qu'on établisse des liens solides entre le parti socialiste et le mouvement syndical (1).

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(1) Henriette Roland Holst : De groote Spoorwegstaking — De Vakbeweging - en de S. D. A. P. 's Gravenhage, page 23.

CHAPITRE II.

La grève de janvier.

SECTION I. OCCASION ET CAUSES DE LA GRÈVE.

1. Occasion de la grève des ouvriers du chemin de fer.

Le refus d'un groupe de dockers d'Amsterdam de travailler avec des ouvriers non syndiqués, telle fut l'occasion de la grève des ouvriers du chemin de fer. Les machinistes du railway refusèrent de conduire les wagons contenant des marchandises qui avaient été manipulées par des dockers non syndiqués ou par des « jaunes », et bientôt la grève s'étendit au reste du personnel du chemin de fer.

Voyons un peu plus en détail comment les choses se sont passées.

Depuis quelque temps déjà, les divers syndicats neutres d'ouvriers du port d'Amsterdam, se livraient à une forte propagande pour augmenter leurs cadres et cherchaient à se faire reconnaître comme intermédiaires

dans le réglement des conflits qui pouvaient surgir entre leurs membres et les patrons. Au mois de novembre 1902, une résolution fut prise et publiée, en vertu de laquelle, à partir du 1 janvier 1903, les ouvriers syndiqués ne pourraient plus travailler avec des non-syndiqués. On voulait par ce moyen contraindre tous les ouvriers à adhérer au syndicat, c'est-à-dire imposer par la pression ce qu'on n'avait pu obtenir jusqu'ici légalement, le syndicat obligatoire. L'effet de cette décision ne se fit pas attendre.

Le 10 janvier, le Blaauwhoedenveem avait envoyé deux de ses ouvriers permanents au quai de l'Y pour y prendre livraison de certaines marchandises déposées dans les hangars (loodsen) de la firme William Müller et Co. Les ouvriers du Purperhoedenveem leur demandèrent s'ils étaient syndiqués et, sur leur réponse négative, refusèrent de délivrer les marchandises. Ils donnèrent comme motif, que leur association Handel en Nijverheid avait défendu à tous ses membres de travailler avec des ouvriers non-organisés. La firme Müller renvoya les récalcitrants et pourvut à leur remplacement. A cette nouvelle, les bootwerkers qui étaient occupés à décharger le vapeur Stassfürt pour le compte de la maison Müller, se déclarèrent solidaires des ouvriers congédiés et cessèrent également le travail. La firme Müller en appela à l'Union des patrons de l'industrie de la navigation (Vereeniging van werkgevers op scheepvaartgebied). Celle-ci après avoir vainement engagé les bootwerkers à reprendre le travail, les démit de leur

emploi et envoya une équipe de 70 ouvriers non syndiqués pour décharger le Stassfürt et ranger sa cargaison dans les hangars.

Afin de prévenir le retour de nouvelles difficultés, le Blaauwhoendenveem essaya d'entrer en pourparlers avec ses ouvriers permanents. Ils répondirent, que la société n'avait qu'à s'entendre avec la Fédération nationale des ouvriers du transport, dont leur syndicat faisait partie. Le Blaauwhoendenveem qui jusqu'ici avait repoussé toute intervention étrangère dans la détermination de ses rapports avec son personnel, se rebella tout d'abord, puis à l'instigation de l'Union des patrons de l'Industrie de la navigation, consentit à traiter avec la Fédération. Le conflit fut promptement réglé. Il y eut quelques modifications dans les salaires et les heures de travail. D'autre part, les patrons conservaient la liberté d'employer des ouvriers syndiqués en même temps que des ouvriers non syndiqués. Enfin, il fut décidé que la direction de la Fédération aurait le droit de se faire entendre dans les différends qui pouvaient s'élever en matière de renvoi ou de punition des ouvriers. Cela se passait le 15 janvier.

La paix ne fut pas de longue durée. Si du côté du Blaauwhoedenveem, les choses avaient pu se raccomoder, il n'en était pas de même du côté des bootwerkers et de l'Union des patrons. Le 16 janvier, les patrons invitèrent les ouvriers à délibérer avec eux, à la condition toutefois, que le président du syndicat Recht en Plicht, M. Wessels, qui avait publié des articles

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