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Le prince Murat, qui dirigeait sa cavalerie d'Ampfing sur New-Oëtting, profita du pont de Mühldorf pour y faire passer une brigade et protéger le rétablissement des ponts de New-Oëtting et de Markl; il exécuta ainsi sans obstacle le passage de l'Inn, et celui de la Salza à Burghausen, et se trouvait à portée d'investir la place de Braunau.

Le maréchal Lannes, qui de Landshut avait marché par Eggenfeldet Taun sur Braunau, s'était porté en avant avec sa cavalerie légère pour reconnaître les défenses de la place; il s'en trouvait séparé par l'Inn, qui, ayant reçu les eaux de la Salza, est très-large en cet endroit. Le pont de Braunau, principale communication de la Bavière avec la Haute Autriche, avait été coupé; on n'apercevait aucun mouvement sur le mur d'enceinte qui ferme la ville du côté de la rivière. Le maréchal, pour s'assurer de l'état de la place, fit embarquer sur deux bateaux soixante hommes du 13° régiment, et les fit jeter sur le rivage; on leur ouvrit les portes de la ville. Braunau était évacué; le passage

de l'Inn, sur les points supérieurs, et l'approche de l'avant-garde du prince Murat, avaient décidé la retraite de l'ennemi. Les intrépides chasseurs du 13e régiment, malgré leur petit nombre, le poursuivirent sur la grande route jusque près d'Altheim. Le maréchal Lannes entra dans la ville; il y trouva des approvisionnemens considérables, 45 pièces de canon, un magasin d'artillerie rempli de munitions de toute espèce, des effets d'habillemens que les habitans avaient à la hâte recélés dans leurs maisons; enfin quarante mille rations de pain fabriqué, et plus de mille sacs de farine; la place était dans le meilleur état de défense; baignée du côté de la Bavière par l'Inn, elle était entourée du côté de l'Autriche d'une enceinte bastionnée avec des demi-lunes, un bon chemin couvert, et des fossés inondés; tous les ouvrages extérieurs étaient gazonnés, fraisés et palissadés avec le plus grand soin. Cette place devenait pour l'armée française une excellente tête de pont, et son abandon subit prouvait que la rapidité des marches de

Napoléon et l'activité des travaux pour le rétablissement des ponts n'avaient pas moins surpris l'ennemi sur l'Inn que sur le Danube.

Le corps du maréchal Soult, qui continua de former le centre de la grande armée pendant tout le cours de la campagne, suivit le mouvement du prince Murat, et marcha de Haag sur Braunau.

Le corps du général Marmont, intermédiaire entre le centre de l'armée et le corps du maréchal Bernadotte, après avoir passé PInn, eut ordre de se diriger par Volklabruck et Gmünden sur Steyer: l'objet de ce mouvement était de passer le plus haut possible les deux branches de la Traun, afin de tourner la gauche de l'ennemi, dans le cas où il voudrait prendre position sur l'Ens, et défendre cette ligne.

L'empereur Napoléon, en partant de Munich, porta son quartier-général à Haag, et le lendemain à Mühldorf. Il y arriva pendant que le corps du maréchal Davoust achevait de défiler; il en passa la revue; et ayant

reçu le rapport de l'évacuation de Braunau, il s'y rendit avec sa garde. Le prince Murat, qui y était arrivé par la rive droite presque en même temps que le maréchal Lannes, reçut l'ordre de se mettre, sans retard, à la poursuite de l'ennemi sur la route de Lambach; le maréchal Davoust le suivit immédiatement.

L'armée française se trouva ainsi du 29 au 30 novembre tout entière sur le territoire autrichien; elle cessa de tirer ses subsistances et ses moyens de transport de l'électorat de Bavière ; et quoique les armées autrichienne et russe eussent depuis trois mois fait d'énormes consommations dans cette partie du pays, on y trouva encore d'abondantes ressources.

Napoléon ne s'arrêta à Braunau que le temps nécessaire pour faire quelques nouvelles dispositions, et laisser à son aile droite celui d'achever son mouvement de demi-conversion. Frappé des avantages que lui donnait la possession de la place de Braunau, il en fit le grand dépôt de son armée, et ordonna qu'on y transportât les établissemens

qu'il avait fait faire à Augsbourg pour l'artillerie, les hôpitaux et les diverses administrations: il fit rassembler tous les bateaux qui se trouvèrent sur le cours du Danube et de l'Inn pour en former une flottille, dont le commandement fut donné au chevalier de Lostanges, l'un des officiers les plus distingués de la marine française, et dont le zèle et l'activité avaient été très-utiles aux armemens de Boulogne. Le général Lauriston, qui arrivait de Cadix, et avait quitté la flotte combinée après le débarquement des troupes, et avant la funeste sortie de l'amiral Villeneuve, fut nommé gouverneur de Braunau, et commandant de toute cette belle partie de la Haute-Autriche, appelée l'Inn-Viertel.

Le général Kutusow continuait sa retraite; il avait avec lui les débris du corps autrichien du général Kienmayer et celui de Meerfeldt. Ce dernier, qui avait moins souffert et était fort d'environ douze mille hommes, formait sa gauche; il l'avait dirigé sur Steyer, et cette disposition était très sage, parce qu'il importait au général russe d'être flanqué et

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