Page images
PDF
EPUB

et nous savons quel grand mécontentement cette mesure a donné au prince Charles.

En dressant le plan de campagne, on doit avoir calculé que les Russes seraient joints avant l'ouverture ce calcul, quoique faux et extraordinaire, a été fait en effet.

Considérant les préparatifs immenses faits ici, le retour de M. de Novosilzoff annoncé au milieu de juillet, la connaissance que Bonaparte devait avoir acquise à ce temps entre sa majesté et les deux cours impériales, on ne pouvait pas s'attendre que les Français resteraient plus long-temps dans l'erreur que vers le mois d'août; ce qui fut en effet l'époque où la déception avait cessé de l'autre côté, on pouvait savoir, et on le savait, que les troupes françaises partiraient de la côte de la mer au commencement de septembre on pouvait également calculer, d'après la rapidité de leurs mouvemens et l'activité immense de leurs chefs, qu'elles arriveraient à leur destination vers la fin du même mois : on ne pouvait pas ignorer non plus que la première armée russe n'arriverait sur l'lon que vers le milieu du mois d'octobre; il était donc évident qu'en ouvrant la campagne dans le voisinage du Rhin, les Autrichiens devaient commencer seuls les hostilités contre les Français. Ce calcul, qu'on ne peut guère réfuter, met le général Mack dans un double embarras : ou

la force autrichienne était insuffisante pour se battre seule avec les Français, ou elle ne l'était pas. Dans le premier cas, on se demande pourquoi on a choisi sa position sur l'Iser, que l'on ne veut abandonner jamais; dans le second, pourquoi risque-t-on un mouvement si avancé. Cependant si le général Mack, en prenant sa position sur l'Iser, était sûr de pouvoir la maintenir jusqu'à l'arrivée des Russes, il ne pouvait pas faire autrement que de choisir cette position de préférence à toute autre plus reculée, afin d'opposer une barrière aux progrès de l'ennemi dans l'empire: on ne peut pas croire qu'il ait été dirigé par un autre motif; mais nous avons la mortification d'en découvrir l'illusion.

Il y avait sans doute quelque chose d'attrayant dans l'idée d'ouvrir la campagne en Souabe ou en Wurtemberg plutôt qu'en Bavière; mais il est trèsprobable que si l'on avait choisi ce dernier pays pour la première scène de l'action, on en aurait tiré des résultats plus avantageux.

Si les Autrichiens n'avaient pas été plus avancés que sur l'Inn ou l'Iser, ou même sur le Lech, les Français auraient dû employer huit ou dix jours de plus pour les atteindre, et les Russes auraient gagné autant de jours de moins pour les joindre; ainsi l'armée de l'archiduc Ferdinand de quatre-vingt mille hommes, et la cavalerie russe et autrichienne de soixante mille

hommes, auraient été prêtes à attendre le signal pour agir ensemble.

Par ce plan de la première position sur l'Inn, on aurait évité la défection scandaleuse de l'électeur de Bavière; placé entre deux armées puissantes, il aurait maintenu la neutralité jusqu'à l'explosion. Si la victoire s'était déclarée en faveur des Autrichiens, il aurait été une proie facile à leurs armées, et, dans tous les le mal que lui et son armée ont fait aurait

cas,

été détourné.

Il est vrai que le Bade, le Wurtemberg et une partie de la Bavière auraient été exposés aux ravages des Français. On ne pouvait prévenir le mal qu'en occupant tout le sud de l'Allemagne, et la conduite de ces princes ne fait point regretter l'oppression qu'ils ont soufferte; cependant on était déterminé de prendre position sur l'Iser, et la campagne commença vers la fin du mois de septembre. Les généraux Bernadotte et Marmont commencèrent les opérations en dirigeant leur marche vers Würtzbourg, de là vers le margraviat d'Anspach; et après s'être joints aux Bavarois, ils passèrent le Danube à Ingolstadt et à Neubourg, chassant devant eux la petite force du général Kienmayer, et entrèrent en Bavière avec soixante mille hommes. C'est ici que les malheurs de la campagne commencèrent.....

A cette même époque, l'armée de Bonaparte passa

le Rhin, traversa l'électorat de Wurtemberg, les plaines de Nordlingen, etc. avec une rapidité sans exemple. La plus grande partie des Français avait passé le Danube près de Donawert, les 6 et 7 octobre; ils avaient pris position entre cette rivière et Augsbourg, et en se réunissant, par ce mouvement, avec l'armée sous les ordres de Bernadotte, ils s'étaient portés derrière les impériaux.

C'est depuis ce mouvement que la manière de faire la guerre commença, par laquelle les Français se sont rendus si remarquables et si formidables dans les campagnes précédentes: on avait nourri quelque espérance que le résultat de la bataille du 11 serait suivi de quelque succès, mais illusoirement. Le général Ney avait fait tranquillement sa retraite vers le corps de l'armée française, toujours portée entre le Danube et Augsbourg, et la communication entre les Autrichiens et les Russes était entièrement coupée.

Par suite de ce mouvement, le général Mack divisa son armée, et le général Jellachich fut détaché avec quinze ou seize bataillons vers le Tyrol. En même temps les ordres furent envoyés à la garnison de Memmingen, composée de onze bataillons, d'évacuer cette place, et de joindre le corps sous les ordres du général Jellachich: la garnison capitula aux Français, sous le général Davoust, après que la ville avait été entièrement brûlée.

Je suis faché d'ajouter qu'une consternation et une peur générales commencent à régner ici, au moins dans le public. Peut-être que la présence de l'empereur de Russie, qu'on attend ici le 5 du mois prochain, contribuera à dissiper la tristesse, etc.

Instructions pour M. le général Clarke.

Schaunbrünn, le 24 brumaire an xiv.

Je vous envoie, monsieur le général, une ampliation du décret de sa majesté, qui vous nomme gouverneur de Vienne, L'empereur a voulu que je vous fisse connaître plus particulièrement vos attributions.

Vous êtes chargé de la police du pays, et, sous ce point de vue, vous avez toutes les attributions du ministre de la police.

L'administration, la direction de la gendarmerie, celle des gardes bourgeoises de Vienne, celle de toutes les villes, et enfin de toute autre troupe qui existe dans l'arrondissement du gouvernement de Vienne, sont aussi dans vos attributions. Enfin vous avéz la présentation de toutes les affaires de l'administration; et en considérant les autorités comme des états, vous avez le droit de représenter et de parler au nom de l'empereur. Tous vos actes devront porter en titre Napoléon, empereur des Français, roi d'Italie.

« PreviousContinue »