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CHAPITRE X.

Mouvemens des Français au-delà du Da

Manœuvre du général Kutusow.

nube.

Combat d'Hollabrünn.

Capitulation

rejetée par Napoléon.- Affaire de Schoengraben. Brünn évacué. - Réunion des

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empereurs

d'Autriche et de Russie.

Jonction des armées russes.

LA surprise du pont de Vienne compromettait le sort de l'armée du général Kutusow, puisqu'elle offrait de nouveau à l'empereur Napoléon l'occasion qui lui était échappée à Saint-Poelten de lui livrer bataille avec des forces très - supérieures, et d'empêcher la jonction des deux armées russes. Celle de l'archiduc Charles, dont nous parlerons plus tard, poussée par le maréchal Masséna jusqu'aux défilés de la Carinthie, était hors de mesure; elle n'avait pu accourir à temps au secours de la capitale, ni se réunir aux Russes déjà contraints de sortir de la vallée du Da

nube. Les alliés ne pouvaient rétablir leurs affaires que par la réunion de toutes les forces russes avec les débris de l'armée autrichienne d'Allemagne. S'ils y parvenaient et se concentraient ensuite dans de bonnes positions; s'ils donnaient ainsi le temps à l'archiduc Charles d'arriver sur le Danube, et à l'armée prussienne de déboucher en Bohême, ils pouvaient reprendre l'offensive, et forcer, à leur tour, Napoléon d'évacuer Vienne, et de concentrer ses forces déjà trop disséminées.

On voit par là de quelle importance étaient pour la cause des alliés les mancuvres du général Kutusow. Il avait été retenu à Krems par la difficulté des chemins et par la nécessité de repousser vivement l'attaque du maréchal Mortier, et de le refouler de manière à ce qu'il fût hors d'état de harceler et d'arrêter, son arrière-garde. Ainsi, l'armée russe, partie de Krems du 12 au 13 novembre, avait à peine une marche d'avance sur le corps d'avant-garde du prince Murat, qui avait passé le pont

de Vienne le même jour 13 novembre. Le point indiqué pour la jonction avec les troupes autrichiennes était Brünn. Cellesci, après avoir évacué Vienne, marchaient sur la grande route de Moravie, par Volkersdorf et Nikolsbourg. Kutusow, pour se rendre à Brünn, devait nécessairement passer par Znaim, et couper la grande route de Bohême.

Le mouvement de retraite des ennemis étant ainsi clairement indiqué, Napoléon ne perdit pas un instant pour les suivre, et les atteindre sur ces deux directions, et principalement les Russes sur celle de Znaim. Le prince Murat et le maréchal Lannes eurent ordre de s'y porter par Kornneubourg et Stokerau, pendant que le général Milhaud, avec sa brigade de chasseurs, poursuivait sur la chaussée de Moravie les Autrichiens détrompés trop tard sur le prétendu armistice. Il joignit leur arrière-garde à Volkersdorf, leur fit quatre à cinq cents prisonniers, et s'empara d'un parc d'artillerie très-considérable évacué depuis peu

de jours du grand arsenal de Vienne. Cent quatre-vingt-onze pièces, avec leurs caissons, tombèrent presque sans défense entre les mains des Français. Les magasins de toute espèce d'effets d'habillement et d'équi penient pris le même jour à Stokerau, furent encore une riche et facile proie, dont la valeur n'était pas de moins de trois millions.

Le corps du maréchal Soult passa le Danube immédiatement après ceux du prince Murat et du maréchal Lannes, et les suivit à une demi-marche de distance, pour les soutenir aussitôt qu'ils auraient rencontré l'ennemi; de sorte que le prince Murat, ayant sous ses ordres sa réserve de cavalerie, cinq divisions d'infanterie et toute l'artillerie attachée à ces corps, environ cinquante mille hommes, devait, à marches forcées, sur une direction convergente par rapport à celle de l'armée russe, ou la couper de Znaim, ou l'attendre et la forcer de combattre, pendant que les maréchaux Mortier et Bernadotte, qui avaient passé le

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Danube à Krems, marcheraient sur ses derrières. Si cette combinaison réussissait, l'entière destruction de l'armée de Kutusow était inévitable.

Le maréchal Davoust, chargé de la défense extérieure de toutes les avenues de Vienne, eut ordre de porter une de ses divisions (celle du général Caffarelli, qui en avait pris le commandement après la blessure du général Bisson à Lambach) sur la route de Brünn; une autre (celle du général Friant) sur la route de Presbourg, à la rive droite du Danube, et la troisième (celle du général Gudin) à Neustadt, pour communiquer avec le corps du général Marmont, et le soutenir s'il était forcé de se replier. La division de cavalerie du général Beaumont, et les grenadiers de la division. Friant, formèrent provisoirement la garnison de Vienne.

Napoléon, pendant que ces mouvemens s'exécutaient, resta fixe à Schoenbrünn avec sa réserve, la garde impériale, jusqu'à ce qu'il eût reçu les premiers rapports de la

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