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l'excellente position de Feldkirch; mais c'eût été sans utilité, puisqu'il ne pouvait espérer aucun secours. Il conclut, avec le général Maurice Matthieu, le 15 novembre, une ca pitulation qui fut approuvée par le maréchal Augereau. Tout ce petit corps d'armée, fort de six mille hommes, sous les ordres du général-major Volfskehl, fut fait prisonnier sur parole d'honneur de ne pas servir pendant une année, ni contre la France, ni contre l'Italie. Il défila avec les honneurs de la guerre, posa les armes, et fut conduit sous escorte française, jusqu'aux frontières de la Bohême. Les chevaux de guerre, une belle artillerie, des magasins de toute espèce, furent acquis à l'armée française.

Le corps du prince de Rohan, qui était du côté de Nauders et de Finztermung, ne pouvait être atteint. Nous dirons plus tard comment ce prince tenta de faire sa retraite sur Venise par le Tyrol italien, et quelle fut l'issue de son entreprise.

Le maréchal Ney achevait la conquête du Tyrol allemand; Augereau, qui n'avait plus

devant lui d'ennemis à combattre, quitta la Souabe, et marcha vers la Franconie, pour y rester provisoirement en observation.

Feldkirch, Scharnitz et Kuffstein furent toujours considérés comme les clefs du Tyrol septentrional. Tout le système de défense, habilement combiné par le fameux général du génie autrichien, de Chasteler, était basé sur celle de ces trois points fortifiés. Rien n'y avait été négligé pour le perfectionnement des ouvrages pendant la dernière guerre. C'étaient les principaux anneaux de la chaîne, les appuis des postes intermédiaires; mais telle était leur corrélation, que si l'une de ces forteresses tombait au pouvoir de l'ennemi, et facilitait son entrée dans la grande vallée de l'Inn, les deux autres, isolées et facilement investies, ne pouvaient plus être d'aucune utilité la défense générale.

pour

C'est ainsi que le château de Kuffstein fut réduit peu de jours après l'entrée du maréchal Ney à Inspruck.

Après avoir forcé les défilés de Lover et de Saint-Jean, et quelques autres postes

avantageux dans les environs de Kuffstein, où les Tyroliens, déjà abandonnés à leurs propres forces, se défendirent bravement, la division bavaroise du général Deroy arriva devant cette ville le 7 novembre. Dès qu'elle eut été investie, les autorités du bailliage, de concert avec le commandant de la forteresse, proposèrent une capitulation en vertu de laquelle ces autorités s'engagèrent à faire cesser sur-le-champ toute espèce d'hostilité de la part des habitans dans les districts dépendans du bailliage sur les deux rives de l'Inn; il fut convenu que la ville serait occupée par les troupes bavaroises, et que la garnison autrichienne se retirerait dans la forteresse; qu'il ne serait établi aucune batterie dans la ville pour tirer sur la forteresse, dont le commandant n'entreprendrait rien de son côté contre la ville. Cette espèce de trève ne fut pas de longue durée le général autrichien, jugeant qu'il était plus utile à son souverain de lui conserver des soldats que de défendre un château qui ne défendait plus rien, proposa et

obtint d'évacuer librement la forteresse de Kuffstein, avec tous les honneurs de la guerre, la garnison conservant ses armes, et emmenant deux pièces de campagne. Cette seconde capitulation fut conclue, et l'évacuation s'effectua le 10 novembre.

Voilà quels furent dans le Tyrol les premiers résultats des dispositions faites par Napoléon, pour couvrir par son flanc droit sa ligne d'opérations le long du Danube. La confiance qu'il avait mise dans l'activité du maréchal Ney, et l'élan que celui-ci donnait à ses troupes, ne pouvaient être déçus. Tranquille de ce côté, il l'était moins du côté de la Bohême. Les dispositions de la Prusse, dont le maréchal Duroc venait de lui rendre un fidèle compte, rendaient encore plus nécessaire une vigilante, une forte observation dans cette partie. Le soin d'y pourvoir fut sa plus grande affaire pendant son séjour à Lintz. Il avait déjà donné ordre au général Dupont de partir de Passau avec sa division et la division batave du général Dumonceau, pour se rendre

vis-à-vis de Lintz, par le chemin de la rive gauche du Danube, et d'envoyer des partis sur sa gauche, pour être instruit des mouvemens de l'ennemi en Bohême; il ordonna en même temps au maréchal Lannes de détacher de son corps d'armée toute la division du général Gazan, de lui faire passer le fleuve dans des bateaux, et de lui prescrire de prendre position; de pousser aussi loin que possible ses reconnaissances, et de manoeuvrer sur la rive gauche, jusqu'à ce que les divisions Dupont et Dumonceau vinssent le remplacer. Le général Klein passa aussi à la rive gauche avec sa division de dragons; l'adjudant-commandant Lecamus, avec un régiment de dragons, fut envoyé en observation sur Hasslach et Freystadt, pour donner des nouvelles, fourrager et enlever les magasins qui pouvaient se trouver dans l'Ober et l'Untermühl-Viertel.

Ces quatre divisions, successivement détachées des corps dont elles faisaient partie dans la première organisation, formèrent un nouveau corps d'armée, dont le commande

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