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Livourne, de ce qui se passait à Naples. Il les prévenait que toutes les troupes débar→, quées allaient se mettre en marche. Le danger était pressant; les moyens de défense étaient faibles et disséminés, toutes les ressources ayant été réservées à l'armée du maréchal Masséna qui se trouvait alors en Carinthie, poursuivant l'armée de l'archiduc Charles, et hors de mesure de concourir à, la défense intérieure du royaume d'Italie.

Le prince vice-roi prit sur-le-champ, avec autant d'activité que de prudence, les plus justes mesures et réunit des forces suffisantes pour arrêter cette invasion inaltendue des Anglo-Russes et des Napolitains; le résultat de ces dispositions est très-clairement développé dans la dépêche que ce prince adressa au maréchal Masséna à ce sujet, et que nous n'avons pas manqué de comprendre dans les pièces justificatives; il ordonna d'abord au lieutenant - général Saint-Cyr, qui venait de reprendre sa position devant Venise,, après avoir battu et détruit le corps du prince de Rohan, de n'y

laisser qu'un petit corps d'observation, et de se rendre à Bologne le plus tôt possible, avec le plus grand nombre de troupes dont il pourrait disposer: il dirigea aussi sur Bologne les troupes françaises et italiennes qu'il retira des places dont elles formaient les garnisons, et les fit remplacer par des bataillons de gardes nationales. Indépendaniment de cette réserve de dix-huit mille hommes de troupes de ligne, en y comprenant celles du général Saint-Cyr, le prince Eugène rassemblait sur le même point vingtcinq mille hommes de gardes nationales, dont dix mille des milices des états de Parme. Enfin, les troupes que le général Saint-Cyr avait laissées à Ancóne, sous les ordres du général Grenier, et celles que le général Verdier rassemblait à Livourne, devaient manoeuvrer selon les mouvemens de l'ennemi.

Nous croyons avoir successivement exposé toutes les parties du vaste plan de guerre continentale, dirigé par le cabinet de Londres. On doit reconnaître que ce plan fut

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tracé par une habile main, et combiné de manière que si les armées des deux empereurs étaient réunies avant de rien entreprendre, et que leur supériorité numérique cât servi seulement à gagner du temps, en balançant les succès, toutes les puissances du second ordre eussent été forcées de prendre une part active aux opérations. C'est cette profonde combinaison que Napoléon pressentit, et qu'il déjoua par sa marche sur Ulm; marche si savante et si rapide, qu'elle était au-delà de tous les calculs. Après la destruction d'une armée de cent mille hommes (plus du tiers de leurs forces), après la perte de la capitale et des plus belles provinces de la monarchie autrichienne, les alliés se flattaient encore de réparer en un jour, et par une seule victoire, leurs fautes et leurs disgrâces, et de reprendre ensuite l'exécution du plan avorté.

CHAPITRE XII.

Suite des opérations en Moravie. - Position respective des armées entre Brünn et Olmütz.- Négociations simulées. Les alliés prennent l'offensive. - Le prince Bagration fait replier l'avant-garde fran çaise. Napoléon concentré ses forces.

Dispositions des deux armées en prẻsence. Bataille d'Austerlitz. — Défaite des alliés. Retraite des Russes.

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Entrevue des empereurs Napoléon et

François 11.

Armistice; négociations

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ouvertes à Presbourg. Nouvelles dispositions de Napoléon. Traité de paix

entre la France et l'Autriche.

Le mouvement très-hardi qu'avait fait l'empereur Napoléon en se portant sur Brünn avec sa réserve, et jetant vers Austerlitz le corps entier du maréchal Soult sur le flanc de l'ennemi, avait forcé les alliés à lui

abandonner la place de Brünn. Elle eût été, sans doute, un appui très-utile pour le ralliement de l'armée combinée', si'elle eût été mise en état de défense. Ce fut une grande faute que celle d'avoir négligé un point si important entre Vienne et Ölmütz, puisqu'en s'éloignant du Danube, on transportait le théâtre de la guerre au cœur de la Moravie. Napoléon, qui saisit au premier aspect de cette position centrale tout ce qu'elle lui offrait d'avantages, se hâta de l'étendre, et ordonna au prince Murat de pousser aussi loin qu'il le pourrait l'arrièregarde du général Kutusow. Cette arrièregarde, renforcée par une partie de la cavalerie de la seconde armée russe du général Buxowden, qui s'était avancée en-deçà de Wischau, présenta une ligne de cinq à six mille chevaux, et tint ferme sur une position élevée près de la maison de poste de Posorzitz. Les premières charges des troupes légères françaises furent repoussées; le colonel Durosnel (le même qui fut depuis l'un des aides-de-camp de Napoléon) attaqua

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