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dépouillait l'Autriche de ses frontières naturelles à l'ouest et au sud ; en faisant du roi de Bavière, par la cession du Tyrol, un redoutable voisin, crut avoir mis cette puissance hors d'état de lui faire la guerre, et d'oser entrer dans une nouvelle coalition contre la France. Ayant, avec la rapidité de la foudre, dispersé ses armées, détruit ses arsenaux, ruiné ses finances, il pensait n'avoir fait qu'atteindre son but; mais il l'avait dépassé; il avait abusé de la victoire jusqu'au point où ses fruits sont plus nuisibles que salutaires. La monarchie autrichienne ne pouvait rester ainsi mutilée; et puisque le conquérant ne voulait pas la détruire, et qu'il n'avait pas d'ailleurs assez de forces pour achever une telle révolution, il ne fallait pas qu'il lui arrachât ses plus anciennes possessions, et la laissât en prise de toutes parts, ouverte et sans défense comme une place démantelée. Faire à l'ennemi plus de mal en accordant la paix qu'on n'en eût fait en poursuivant la guerre, n'est pas d'une saine politique. Les ressentimens, l'indignation de la honte, sont de terribles ennemis; il est moins dangereux de laisser derrière soi d'anciennes limites, des armes et des forteresses. Nous ne saurions nous empêcher d'observer ici que les alliés, à leur seconde invasion de la France, ont commis la même faute; non contens de l'avoir réduite à son ancien territoire, dont l'étendue est hors de proportion avec

leurs agrandissemens respectifs, ils ont ruiné la frontière de l'est; ils se sont établis, non pas seulement en observation, mais dans une attitude hostile en retenant des places, des positions et des débouchés qui sont les véritables clefs de ce royaume. Ces spófiations humiliantes sont des semences de guerre ; l'Autriche, malgré ses profondes blessures, ne s'est pas montrée moins formidable lorsqu'elle á pu reprendre les armes, et, sans doute, il n'en serait pas autrement ailleurs.

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On n'a peut-être pas encore assez remarqué la conduite de cette puissance dans ses longs et fréquens revers; elle les a supportés avec une admirable constance; elle a cédé de grandes provinces; elle a fait tous les sacrifices exigés par le vainqueur, pour acheter à tout prix la prompte évacuation de celles qu'elle pouvait conserver; mais elle a toujours maintenu son armée sur le même pied; elle n'a rien changé à sa forte organisation : c'est ce qui l'a mise en mesure de profiter des circonstances pour reprendre sa place et recouvrer ses anciennes possessions.

Après une longue guerre, alors même qu'on peut le plus compter sur la durée de l'état de paix, il importe aux puissances continentales de conserver l'organisation de l'armée telle qu'elle a été en campagne. On doit redouter les changemens qui n'ont pas été éprouvés à la guerre; aucun perfectionnement, quel

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PRÉCIS DES ÉVENEMENS MILITAIRES.

que utile et raisonnable qu'il paraisse, ne vaut, pour l'ensemble et l'unité, qui sont la force d'une armée, l'idée de stabilité qui s'attache aux traditions des officiers et des soldats qui les ont reçues eux-mêmes de leurs devanciers sur le champ de bataille, dans les mêmes divisions, dans les mêmes corps de diffé

rentes armes.

On a vu l'armée prussienne, malgré les mutations plus fréquentes que dans aucune autre armée, à cause du mode de recrutement, garder pendant trente années la formation, les institutions, les ordonnances du grand Frédéric. L'esprit de corps, ce ressort si puissant, seule garantie de la fidélité et de l'obéissance, est brisé par les organisations successives et les déplacemens auxquels elles servent de prétexte. C'est par la fixité de ses cadres, par la permanence des garnisons ou quartiers, par l'immutabilité de la hiérarchie des grades et des règles d'avancement, que l'armée autrichienne a acquis cette solidité qui l'a fait résister aux vicissitudes de la fortune.

Français. Résolution du maréchal Mortier. - Arri

vée de la division du général Dupont.

-Beaux faits d'armes. Action sanglante. Retraite des Russes.

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Pages 17 à 32.

Combinaisons de Napoléon sur la réunion des armées ennemies d'Allemagne et d'Italie. - Proposition d'armistice. Ultimatum de Napoléon. Refus de la cour d'Autriche.

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Députation de la

ville de Vienne. - Capitulation. - Entrée des Français à Vienne. Surprise du pont de Spitz..Retraite de l'arrière-garde autrichienne. Napoléon établit son quartier-général au château impérial de Schoenbrünn.

CHAPITRE X.

Mouvemens des Français au-delà du Danube. — Manœuvre du général Kutusow. Combat d'Hollabrunn. - Capitulation rejetée par Napoléon. Affaire de Schoen-Graben. Brünn évacué. Réunion des empereurs d'Autriche et

de Russie.

Jonction des armées russes.

Pages 33 à 55.

Espoir des alliés dans les manoeuvres du général Kutusow. Possibilité de reprendre l'offensive.

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Nouvelle direction des corps d'armée. Prise d'un parc d'artillerie. Activité des mouvemens.

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