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tion des Etrangers, & qui, felon toutes les aparences, doit durer autant que la Monarchie.* Voyez les Auteurs qui ont traité des Ordres de Chevalerie, & l'Hiftoire de Louis XIV.

CHAPITRE XLIV.

Hiftoire de l'Ordre du S. ESPRIT.

Henry III. fut plus heureux

dans l'établissement qu'il fit en France de l'Ordre du faint Efprit, qui y eft en fi grand honneur, & eft une marque de la plus haute distinction. Ce Prince, qui dans l'inftitution de cet Ordre, fit paroître beaucoup de prudence & de politique, çût en cela plufieurs vûës. Une des premieres fut, que

voyant que celui de faint Michel, fondé par Louis XI. & qui, fous le Régne de quatre Rois, avoit été en fi grande eftime, étoit tombé dans le mépris depuis les Guerres civiles, les femmes l'ayant entierement décredité fous le gouvernement & la Régence de Catherine de Medicis, par le grand nombre de ceux à qui elles l'avoient fait donner, fans égard, ni au rang, ni aux fervices, ni à la naiffance, deforte qu'on l'apelloit le Collier à toutes bêtes. Le Roy Henry, fans l'aneantir, voulut inftituer celui du faint Esprit, & y unir l'Ordre de faint Michel,pour lui redonner quelque éclat. Une autre vûë, c'eft que ce Prince voyant les differentes factions qui commençoient à fe former dans fon Etat, & que les Grands Seigneurs s'efforçoient de le mettre mal dans l'efprit de fes peuples, & de les porter à la révolte, ce qui ne fut que trop.juftifié par les malheurs & les Guerres civiles qui

ravagerent filong-tems le Royaume, jugea qu'il étoit abfolument neceffaire, pour mieux s'attacher lesGrands & les perfonnes de qualité, d'inftituer un Ordre compofé de cent Chevaliers, qui ne pouvoient être que Catholiques; & qui, fe dévoüant par un Serment particulier à fa perfonne, fortifieroient puiffamment fon parti contre les mal-intentionnez & les féditieux, c'est-à-dire, contre les ligueurs; c'eft ce qu'on peut juftifer par un des Statuts de cet Ordre, dans lequel il eft porté que le Chevalier doit faire You & Serment de ne prendre gages, penfions, ni état d'autres Princes quelconques, ni de s'obliger à autre perfonne du monde que ce foit, fans Pexpreffe permilion du Roy. Or c'étoit en cela que confiftoit principalement ce qu'il y avoit dans la ligue de plus dangereux pour l'autorité Royale. Enfin, une raifon particuliere pour laquelle il fit porter à fon Ordre le nom de faint Efprit,

c'eft que le jour de la Pentecôte, jour confacré par l'Eglife au Myftere de la defcente de ce divin Ef prit fur les faints Apôtres, lui avoit été très - heureux par les deux Couronnes qu'il y avoit reçûës, celle de Pologne en 1573, & celle de France l'année d'après; & que même, felon le fentiment de quelques-uns, mais fauffement, il étoit venu au monde le jour de la Pentecôte. Ces Auteurs avoient ce femble quelque raifon de foûtenir ce fait, puifqu'ils fe fondoient à l'égard du jour de la naif fance de Henri III. fur les fix Vers qui font écrits fur la premiere voute du Choeur du Convent des Cor deliers de la ville de Paris, derriere le Grand Autel, au-deffous de la defcente du faint Efprit fur la fainte Vierge, & fur les Apôtres. & Difciples de J. C. en ces termes, Hocce die quo almus cælo defcendit ab alto Spiritus inflammans pectora apoftolica Erricus Franco ter Magnus natus in Orbe eft, Electus populi Rex quoque Sarmatici Et Rex Francorum Carlo fucceffit amori Ipfe amor, & Franci delicia populi.

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