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A la différence de la Théologie morale que nous avons publiée pour le clergé, la Théologie dogmatique est autant pour les laïques que pour les ecclésiastiques. Comme la principale cause des préjugés et des erreurs contre la religion provient de l'ignorance de ses titres et de ses enseignements, nous avons pensé que l'exposition des preuves et des dogmes de la religion catholique, présentés avec un certain ordre, pourrait être utile à ceux qui désirent connaître la vérité ou s'affermir dans la foi. Quoique cet ouvrage soit, comme l'indique son titre, une exposition plutôt qu'une controverse, on y trouvera cependant la solution des principales objections, avec des développements suffisants pour dissiper tout doute, et prémunir le lecteur contre les sophismes de l'incrédulité et de l'hérésie.

Le premier volume comprend trois traités : celui de TÉcriture sainte et de la Tradition, où l'on établit l'autorité divine des livres sacrés et de la tradition contre les rationalistes et les hérétiques; celui de la Religion, où l'on parle de la religion et de la révélation en général, de la révélation primitive, de la révélation mosaïque et de la révélation évangélique, qui correspondent aux différents états de la religion chrétienne; et celui de l'Église, où l'on fait connaître les caractères, les prérogatives et les droits de l'Église de Jésus-Christ, c'està-dire, de l'Église catholique romaine.

Le second volume contient le traité de Dieu, où l'on explique ce qui a rapport à ses attributs, à la création

du monde, aux anges, à l'homme et à la divine Providence; celui de la sainte Trinité, où l'on insiste principalement sur la divinité du Verbe; celui de l'Incarnation, où l'on montre que le Fils de Dieu s'est fait homme; celui de la Gráce; et les traités sur les sacrements en général et en particulier, pour toutes les questions dogmatiques qui s'y rapportent, spécialement pour les dogmes de la présence réelle du corps de Jésus-Christ dans l'Eucharistie, et de la confession sacramentelle.

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1. La théologie, comme le mot l'indique, est la science de Dieu et des choses qui se rapportent à Dieu. On peut la définir la connaissance raisonnée de la religion considérée dans ses dogmes, sa morale et son culte. En effet, la théologie comprend l'examen des dogmes que Dieu nous a révélés, des lois qu'il nous a données, et du culte qu'il nous a prescrit. De là la distinction de la théologie dogmatique, qui établit les vérités que nous devons croire; de la théologie morale, qui explique les obligations que nous avons à remplir; et de la théologie canonique, qui traite du culte divin et de la discipline qui s'observe dans l'Église.

Nous disons que la théologie est une connaissance raisonnée; c'est une connaissance exacte et approfondie, qui nous donne la raison de nos devoirs envers Dieu, envers nous-mêmes et envers le prochain. Cette connaissance distingue le théologien du simple fidèle, qui peut connaître suffisamment ce qu'il croit et ce qu'il doit faire, sans pouvoir raisonner sur la religion.

2. Quelques auteurs modernes divisent la théologie en théologie naturelle et en théologie surnaturelle, suivant la manière dont on procède en établissant certains dogmes de la religion. La théologie naturelle, disent-ils, est celle qui traite des choses divines par les seules lumières de la raison; et la théologie surnaturelle est celle qui s'appuie principalement sur la révélation. Mais cette distinction a bien peu de fondement; car c'est un fait, qu'il n'est pas une seule vérité de la religion qui ne soit révélée, et qui puisse être absolument isolée de la révélation. Quoique le Créateur se soit manifesté par ses œuvres, au point, dit saint Paul, que les Gentils sont inexcusables, parce que, ayant connu Dieu,

ils ne l'ont point glorifié comme Dieu (1), la connaissance que l'on peut acquérir de sa divinité et de ses desseins, en dehors de toute révélation proprement dite, est si faible, si hornée, si imparfaite, qu'on ne peut guère lui donner le nom de science. Aussi les philosophes anciens et modernes, qui n'ont voulu prendre pour guide que la raison de l'homme, sont-ils tombés dans les erreurs les plus graves sur la religion, comme le prouve l'histoire de leurs égarements et de leurs contradictions. Quoi qu'il en soit, comme il s'agit, dans cet ouvrage, de la science sacrée que le Sage appelle la science des saints, scientiam sanctorum (2), des connaissances que Dieu nous a données lui-même par les Patriarches, par les Prophètes et par Jésus-Christ, ainsi que par les Apôtres et ceux que Jésus-Christ a établis dépositaires de sa doctrine, nous suivrons, pour l'exposition des dogmes catholiques, les enseignements de la révélation, dont le flambeau, semblable à la colonne de feu qui éclairait, pendant la nuit, la marche des Israélites voyageant dans le désert, dissipe les ténèbres de notre entendement, et nous dirige dans la voie de la vérité.

3. Enfin, on distingue la théologie positive et la théologie scolastique, ou plutôt la méthode positive et la méthode scolastique; car la théologie positive ne diffère de la scolastique que par la manière de traiter les questions théologiques. La première méthode, plus libre dans sa marche, est moins serrée que la scolastique; elle se borne ordinairement à établir une vérité par l'Écriture sainte, la tradition, l'autorité de l'Église et les raisonnements qui dérivent d'un autre dogme révélé, sans entrer dans toutes les discussions qui peuvent avoir quelque rapport avec cette même vérité. La méthode scolastique, ainsi appelée parce qu'elle a été généralement suivie dans les écoles depuis le XII° siècle, consiste: 1o à réduire toute la théologie ou les différents traités de théologie en un seul corps, distribuant les questions par ordre, de manière que l'une puisse contribuer à éclaircir l'autre qui en dépend, et à faire ainsi du tout un système lié, suivi et complet; 2o à observer scrupuleusement dans la discussion les formes de la dialectique, ayant une allure plus contentieuse, plus subtile, plus raisonneuse que la méthode positive.

4. On a certainement abusé de la scolastique; et de quoi n'abuse-t-on pas ? Les hérétiques et les incrédules n'ont-ils pas

(1) Epitre aux Romains. c. 1. v. 20 et 21. (2) Livre de la Sagesse. . .

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