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« et qu'à l'avenir il ne soit permis à personne d'imprimer ou de "faire imprimer des livres, quels qu'ils soient, traitant des choses

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sacrées, sans le nom de l'auteur, ni même de les vendre ou de les

garder chez soi, s'ils n'ont été auparavant examinés et approuvés

par l'Ordinaire, sous peine d'anathème..... Cette approbation « doit être donnée par écrit, et rapportée, sous une forme authentique, en tête du livre soit manuscrit, soit imprimé; et le tout, « c'est-à-dire tant l'examen que l'approbation, se fera gratuitement; de sorte qu'ou approuve ce qui mérite d'être approuvé, et « qu'on rejette ce qui doit être rejeté (1).

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IX. Des Polyglottes.

271. On entend par Polyglotte une Bible qui réunit plusieurs textes ou plusieurs versions en différentes langues : c'est la signification de ce terme, dérivé de deux mots grecs, dont l'un signifie plusieurs, et l'autre langue.

La première polyglotte qui ait paru est celle du cardinal Ximénès, imprimée en 1515 à Alcala de Hinarès, en Espagne; on la nomme communément la Bible de Complute ou d'Alcala; elle est en six volumes in-folio, et en quatre langues. Elle contient le texte hébreu, la paraphrase chaldaïque d'Onkélos sur le Pentateuque seulement, la version grecque des Septante, et l'ancienne version latine ou Italique. On n'y a point mis d'autre traduction latine du texte hébreu, mais on y en a joint une pour le grec des Septante. On a placé à la fin de cette Bible un apparat des grammaires, des dictionnaires et des tables. François Ximénès de Cisneros, cardinal

(1) Impressoribus modum in hac parte, ut par est, imponere volens, qui jam sine modo, hoc est, putantes sibi licere quidquid libet, sine licentia superiorum ecclesiasticorum, ipsos sacræ Scripturæ libros, et super illis annotationes et expositiones quorumlibet indifferenter, sæpe tacito, sæpe etiam ementito prælo, et quod gravius est, sine nomine auctoris imprimunt; alibi etiam impressos libros hujusmodi temere venales habent, (sancta synodus) decernit et statuit ut posthæc sacra Scriptura, potissimum vero hæc ipsa vetus et vulgata editio quam emendatissime imprimatur; nullique liceat imprimere, vel imprimi facere quos. vis libros de rebus sacris, sine nomine auctoris, neque illos in futurum vendere, aut etiam apud se retinere, nisi primum examinati probatique fuerint ab Ordinario, sub pœna anathematis... Ipsa vero hujusmodi librorum probatio in scriptis detur, atque ideo in fronte libri vel scripti vel impressi authentice appareat: idque totum, hoc est, et probatio, et examen gratis fiat, ut probanda probentur, et reprobentur improbanda. Sess. iv, Decret. de editione et usu sacrorum librorum

et archevêque de Tolède, qui est regardé comme le principal auteur de ce grand ouvrage, s'adjoignit ce qu'il y avait alors de savants dans les langues orientales, Démétrius Ducas, Antoine de Lebrixa, Didace Lopez de Stunica, Ferdinand Nonnius, Alphonse d'Alcala, Paul Coronell, Jean et Zamora.

272. La seconde Polyglotte est celle d'Anvers, ainsi appelée parce qu'elle a été imprimée dans cette ville en 1569-1572. On la nomme aussi Polyglotte de Philippe II, parce qu'elle s'est faite aux frais de ce prince. Ceux qui y ont le plus travaillé sont: Arias Montanus, Fabricius Boderianus, Jean Harlem, François Raphelingius, Luc de Bruges, André Masius, Jean Livineius, Guillaume Canter, Augustin Hunnée et Corneille Goudan. Outre ce qui était déjà dans la Bible de Complute, on y a mis les paraphrases chaldaïques sur le reste de l'Écriture sainte, avec l'interprétation latine de ces paraphrases. On y trouve aussi une version latine littérale du texte hébreu, pour l'utilité de ceux qui veulent apprendre la langue hébraïque. A l'égard du Nouveau Testament, outre le grec et le latin de la Bible d'Alcala, on a joint à cette édition l'ancienne version syriaque en caractères syriaques et en caractères hébreux avec des points-voyelles, pour en faciliter la lecture à ceux qui sont accoutumés à lire l'hébreu. On a aussi ajouté à cette version syriaque une interprétation latine composée par Guy le Fèvre, qui était chargé de l'édition syriaque du Nouveau Testament. Enfin, on trouve dans la Polyglotte d'Anvers un plus grand nombre de grammaires et de dictionnaires que dans celle de Complute, et plusieurs petits traités nécessaires pour éclaircir les endroits les plus difficiles du texte.

elle 273. Une troisième Polyglotte est celle qui parut en 1586; est en deux volumes in-folio, et contient l'hébreu, le grec, la version latine de saint Jérôme et celle de Santès Paguin, avec les notes de Vatable, ce qui lui a fait donner le nom de Bible de Vatable.

274. La quatrième Polyglotte est celle d'Élie Hutter, imprimée à Nuremberg en 1599. Cette Bible est en six langues, savoir : l'hébreu, le chaldéen, le grec et le latin, l'allemand et le slave dans quelques exemplaires, ou le français dans d'autres, ou l'italien. Le même auteur a aussi publié le Nouveau Testament en douze langues, savoir: l'hébreu, le syriaque, le grec, le latin, l'allemand, le saxon ou le bohémien, l'italien, l'espagnol, le français, l'anglais, le danois et le polonais.

275. La cinquième Polyglotte est celle de le Jay, imprimée à Paris en 1645. Elle a cet avantage sur celle d'Anvers, que les ver

sions syriaque et arabe de l'Ancien Testament y sont avec des interprétations latines. Elle contient de plus, sur le Pentateuque, le texte hébreu-samaritain, et la version samaritaine en caractères samaritains. Le Nouveau Testament y est conforme à celui de la Polyglotte d'Anvers ; mais on y a joint une traduction arabe avec une traduction latine. Les auteurs qui ont travaillé à ce grand ou vrage sont: Philippe d'Aquino, le père Morin, Gabriel Sionite, Abraham Echellensis et Jérôme Parent. Cette Bible est en dix voJumes in-folio.

276. La sixième Polyglotte est celle d'Angleterre, imprimée à Londres en 1657. On la nomme indifféremment Polyglotte d'Angleterre, de Londres, de Walton; cette dernière dénomination lui vient de ce que Byran Walton, depuis évêque de Vinchester, prit soin de la faire imprimer. C'est de toutes les Polyglottes la plus complète et la plus utile. On y trouve la Vulgate selon l'édition revue et corrigée par Clément VIII; au lieu que dans celle de Paris la Vulgate est telle qu'elle était dans la Bible d'Anvers avant la correction. Il y a, de plus, une version latine interlinéaire du texte hébreu; au lieu que dans l'édition de Paris il n'y a pas d'autre version latine sur l'hébreu que notre Vulgate. Dans la Polyglotte de Londres, le grec des Septante n'est pas celui de la Polyglotte d'Alcala, qu'on a gardé dans celle d'Anvers et de Paris, mais le texte grec de l'édition de Rome, auquel on a joint les diverses leçons d'un autre exemplaire grec fort ancien, appelé Alexandrin, parce qu'il est venu d'Alexandrie. La version latine du grec des Septante est celle que Flaminius Nobilius fit imprimer à Rome par l'autorité du pape Sixte V. Il y a de plus, dans la Polyglotte de Walton, quelques parties de la Bible en éthiopien et en persan, qui ne se trouvent point dans celle de le Jay, des discours préliminaires ou prolégomènes sur le texte original, les versions, la chronologie et autres articles, avec un volume de variantes de ces différentes éditions. Enfin, on y a joint un dictionnaire en sept langues, composé par Edmond Castel, en deux volumes, ce qui fait en tout huit volumes in-folio. Outre Walton et Castel, on cite encore, comme ayant travaillé à cet ouvrage, Alexandre Huisse, Samuel Leclerc, Thomas Hyde et Laftensius.

277. Il existe encore quelques Polyglottes qui ne comprennent qu'une partie des livres saints. En 1516, Augustin Justiniani, religieux dominicain, fit imprimer à Genève le Psautier en quatre langues, savoir: en hébreu, en grec, en arabe et en chaldéen, avec les traductions latines et les gloses.

278. En 1546, on vit paraître deux Pentateuques que les Juifs de Constantinople firent imprimer en quatre langues, mais en caractères hébreux. L'un contient en gros caractères le texte hébreu, qui a d'un côté la paraphrase chaldaïque d'Orkélos en caractéres médiocres ; de l'autre, une paraphrase en persan composée par un juif nommé Jacob, avec le surnom de sa ville. Outre ces trois colonnes, la version arabe de Saadias est imprimée au haut des pages en petits caractères, et au bas est placé le commentaire de Raschi. L'autre Pentateuque, imprimé en 1547, a trois colonnes comme le premier: le texte hébreu est au milieu; à l'un des côtés se trouve une traduction en grec vulgaire ; à l'autre, une version en langue espagnole. Ces deux versions sont en caractères hébreux, avec les points-voyelles qui fixent la prononciation. Au haut des pages est la paraphrase chaldaïque d'Onkélos, et au bas le commentaire de Raschi.

279. En 1566, Jean Dracontès de Carlostad donna à Wittemberg les Psaumes, les Proverbes, Michée et Joël, en hébreu, en chaldéen, en grec, en latin et en allemand (1). Il est encore d'autres Polyglottes dont il est fait mention dans la Bibliothèque sacrée du père Lelong.

CHAPITRE VIII.

De l'interprétation des livres saints.

280. Interpréter l'Écriture sainte, c'est en faire connaître le vrai sens. Forcés de nous restreindre, nous nous contenterons, 1o de rapporter les règles, générales nécessaires pour l'interprétation des livres saints; 2° d'indiquer les différents sens du texte sacré ; 3° d'expliquer quelques hébraïsmes qui sont passés du texte primitif dans la Vulgate.

ARTICLE I.

Des règles à suivre pour l'interprétation de l'Écriture sainte.

281. Ire RÈGLE. L'Écriture doit être interprétée, non par la rai

(1) Bergier, Dict. de Théologie, au mot Polyglotte.

Voyez le Discours his torique du P. Lelong sur les Bibles polyglottes, un vol. in-12; l'abbé Glaire, etc.

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son seule, comme le prétendent les sociniens et les rationalistes modernes; ni par des révélations immédiates, comme l'ont rêvé quelques sectaires enthousiastes; ni par un secours spécial et individuel du Saint-Esprit, donné à chaque particulier, comme le veulent les luthériens et les calvinistes, mais suivant l'enseignement de l'Église catholique. « Pour arrêter et contenir les esprits inquiets « et entreprenants, le concile de Trente ordonne que, dans les cho<< ses de la foi et des mœurs, en ce qui appartient à l'édification de la doctrine chrétienne, personne, se confiant en son propre « jugement, n'ait la témérité de tirer la sainte Écriture à son sens « particulier, ni de s'écarter, dans son interprétation, du sens que lui a donné et que lui donne notre Mère la sainte Église, à * qui il appartient de juger du vrai sens et de la véritable interprétation des saintes Écritures (1). » C'est ainsi qu'on l'a toujours cru dans l'Église de Jésus-Christ, comme nous le montrerons en parlant de la Tradition et de l'autorité de l'Église.

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282. II RÈGLE. Dans les choses qui tiennent à la foi et à la morale, on doit s'attacher à l'accord unanime des Pères, dont il n'est pas permis de s'écarter pour suivre son propre jugement (2). En effet, lorsque les Pères sont unanimes à nous donner la même interprétation sur un point dogmatique ou moral, cette unanimité est une preuve irrécusable de la foi de l'Église catholique, qui ne peut enseigner ni pratiquer l'erreur. Mais il faut bien remarquer que cette règle n'a lieu, ou que l'argument tiré de l'enseignement des anciens docteurs ne conserve toute sa force, que lorsque cet enseignement est moralement unanime, et qu'il s'agit de la foi et des mœurs : In rebus fidei et morum ad ædificationem doctrinæ christianæ pertinentium, comme le dit le concile de Trente (3). Ainsi, pour ce qui regarde l'astronomie et la géologie, quelque sentiment qu'on embrasse sur le mouvement du soleil, sur la création plus ou moins ancienne des éléments primitifs du monde, ou autres questions de ce genre, on ne peut se prévaloir, ni pour ni contre, du silence ou de l'opinion des Pères de l'Église ; soit parce

(1) Ad coercenda petulantia ingenia, (sancta synodus) decernit ut nemo, suæ prudentiæ innixus, in rebus fidei et morum ad ædificationem doctrinæ christianæ pertinentium, sacram Scripturam ad suos sensus contorquens, contra eum sensum quem tenuit et tenet sancta mater Ecclesia, cujus est judicare de vero sensu et interpretatione Scripturarum sanctarum, aut etiam contra unanimem consensum Patrum, ipsam Scripturam sacram interpretari audeat. Sess. iv, Decret. de editione et usu sacrorum librorum. (2) Concile de Trente, ibidem. (3) Ibidem.

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