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dans le temps que Néhémias travaillait à rétablir chez les Juifs la parfaite observation de la loi de Dieu. Ces deux saints personnages leur reprochent les mêmes désordres et la même négligence dans le culte du Seigneur. Il annonce le Messie, et dit qu'avant lui paraitra son précurseur, qu'il appelle Élie parce qu'il en aura l'esprit. Il termine en prophétisant l'anathème éternel qui devait peser sur les Juifs.

59. Machabées. On a mis les deux derniers livres de l'Ancien Testament sous le nom de Machabées, parce qu'ils contiennent l'histoire de ces héros du peuple de Dieu, et des guerres qu'ils soutinrent contre les rois de Syrie, pour la défense et la liberté des Juifs. Ces deux livres contiennent à peu près les mêmes faits; mais on ignore par qui ils ont été rédigés, ce qui n'empêche pas qu'ils ne soient vraiment authentiques.

ARTICLE IV.

Du sujet des livres du Nouveau Testament.

60. Évangiles. Les Évangiles, mot dérivé du grec qui signifie bonne nouvelle, sont les quatre premiers livres du Nouveau Testament, qui contiennent avec sa doctrine l'histoire de la naissance, des actions, de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ, fils de Dieu de toute éternité, et fils de Marie dans le temps, vrai Dieu et vrai homme. On distingue l'Évangile selon saint Matthieu, apôtre; l'Évangile selon saint Marc, disciple de saint Pierre ; l'Évangile selon saint Luc, disciple de saint Paul, et l'Evangile selon saint Jean, apôtre, surnommé le Disciple bien-aimé. Quoique ces quatre Évangiles rapportent tous les principaux faits de la vie de NotreSeigneur, néanmoins l'Évangile de saint Marc peut être regardé comme un supplément de celui de saint Matthieu, celui de saint Luc comme un supplément des deux premiers, et celui de saint Jean comme un supplément des trois autres.

61. Actes des Apôtres. Ce livre est l'ouvrage de saint Luc; il contient l'histoire de l'établissement du christianisme et le tableau des mœurs des premiers chrétiens. On y rapporte les prodiges opérés par les apôtres, et tout ce qu'ils ont fait pour répandre les lumières de la foi parmi les Juifs et les Gentils.

62. Épitres de saint Paul. Ces épitres sont au nombre de quatorze (1). On a consulté, pour l'ordre suivant lequel elles sont pla

(1) Voyez ci-dessus le n° 18.

cées dans les Bibles, et la dignité des Églises auxquelles elles sont adressées, et le sujet qui y est traité, sans avoir égard à leurs dates respectives. Ces épîtres, ainsi que celles des autres apôtres, nous offrent autant de commentaires, où se trouve développée la doctrine de Jésus-Christ, tant pour les mystères de la religion que pour les règles de la morale évangélique et les sacrements qui appartiennent au culte divin.

63. Epitre de saint Jacques. Il s'agit de saint Jacques le Mineur, frère, c'est-à-dire, parent du Seigneur, et qui fut le premier évêque de Jérusalem. La lettre qui porte son nom est appelée catholique, parce qu'elle est adressée, non à une Eglise particulière, mais à tous les Juifs convertis et répandus en différents pays. On y combat principalement l'erreur de ceux qui enseignaient que la foi seule suffit au salut, sans les bonnes œuvres.

64. Epitres de saint Pierre. Nous avons deux lettres de saint Pierre. Cet apôtre les adresse à des Juifs et à des païens convertis au christianisme, dispersés dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l'Asie et la Bithynie. Il leur expose la dignité de la religion de Jésus-Christ, et les exhorte à mener une vie digne du nom de chrétiens.

65. Épitres de saint Jean. L'apôtre saint Jean nous a laissé trois lettres, où il se propose de confirmer les fidèles dans les principales vérités de la religion, et de les prémunir contre les erreurs qui se répandaient sur la divinité de Jésus-Christ.

66. Épître de saint Jude. L'auteur de cette lettre est saint Jude, apôtre, et frère de saint Jacques le Mineur. Il exhorte les fidèles à persévérer dans la foi qu'ils ont embrassée, et à se tenir en garde contre l'impiété et la licence des faux docteurs, qu'il menace de la colère de Dieu.

67. Apocalypse ou Révélation. Saint Jean, apôtre et auteur de ce livre mystérieux et prophétique, y prédit les destinées de la religion de Jésus-Christ, et les événements qui se rapportent à la fin du monde. Il engage aussi les chrétiens à persévérer dans la foi; il exhorte en particulier sept Églises à demeurer fermes dans la vertu. Ce sont les Églises d'Ephèse, de Smyrne, de Pergame, de Thyatire, de Sardes, de Philadelphie et de Laodicée.

Après avoir donné la notion de l'Écriture sainte et avoir indiqué les différentes parties qui la composent, il nous reste à en établir l'autorité; ce que nous ferons en montrant que les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament sont authentiques; qu'ils sont venus jusqu'à nous sans altération substantielle; que les faits qu'ils

contiennent sont vrais, et que ceux qui les ont écrits étaient vraiment inspirés de Dieu.

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CHAPITRE II.

De l'authenticité des livres saints.

68. Nous supposons, comme un principe qu'on ne peut contester sans tomber dans le scepticisme, qu'il est possible d'acquérir la certitude des faits les plus reculés, et d'être assuré de l'authenticité d'un livre ancien. Quel est l'homme, s'il n'est pas tout à fait dépourvu de bon sens, qui ne regarde comme authentiques les poésies d'Homère et de Virgile, les harangues de Démosthène et de Cicéron, les ouvrages philosophiques de Platon et d'Aristote, les histoires de Thucydide et de Tacite, et autres écrits de l'antiquité? S'il est des marques auxquelles une critique judicieuse reconnaît « la supposition de certains ouvrages, il en est d autres aussi qui - lui servent, pour ainsi dire, de boussole, et qui la guident dans le discernement de ceux qui sont authentiques. En effet, comment pouvoir soupçonner qu'un livre a été supposé, lorsque nous - le voyons cité par d'anciens écrivains, et fondé sur une chaîne « non interrompue de témoins conformes les uns aux autres, sur- tout si cette chaîne commence au temps où l'on dit que ce livre a été écrit, et ne finit qu'à nous? D'ailleurs, n'y eût-il point d'ouvrages qui en citassent un autre comme appartenant à tel auteur, pour en connaître l'authenticité il me suffirait qu'il m'eût été apporté comme étant de tel auteur, par une tradition orale, soute«nue sans interruption depuis son époque jusqu'à moi, sur plusieurs - lignes collatérales. Il y a, outre cela, des ouvrages qui tiennent - à tant de choses, que ce serait folie de douter de leur authenti« cité. Mais la plus grande preuve de l'authenticité d'un livre, c'est a lorsque depuis longtemps on travaille à saper son antiquité pour a l'enlever à l'auteur à qui on l'attribue, et qu'on n'a pu trouver « pour cela que des raisons si frivoles, que ceux même qui sont ses ennemis déclarés à peine daignent s'y arrêter. Il y a des ouvrages « qui intéressent plusieurs royaumes, des nations entières, qui • pour cela même ne sauraient être supposés. Les uns contiennent les annales de la nation et ses titres, les autres ses lois et ses coutumes; enfin il y en a qui contiennent leur religion. Plus on

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« accuse les hommes en général d'être superstitieux, plus on doit " avouer qu'ils ont toujours les yeux ouverts sur ce qui intéresse « leur religion. L'Alcoran n'aurait jamais été transporté au temps

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de Mahomet, s'il avait été écrit après sa mort. C'est que tout un "peuple ne saurait ignorer l'époque d'un livre qui règle sa croyance «<et fixe toutes ses espérances (1). »

69. Or, il n'est pas difficile de prouver que les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament sont authentiques, c'est-à-dire qu'ils sont les ouvrages de ceux dont ils portent les noms, et que ceux même dont l'auteur n'est point connu ont une authenticité qui éloigne toute idée, tout soupçon de la possibilité d'une supposition. On entend par livres supposés les livres qui ne sont pas de ceux à qui on les attribue.

ARTICLE I.

Moyse, législateur des Juifs, est vraiment l'auteur du Pentateuque, c'est-à-dire, de la Genèse, de l'Exode, du Lévitique, des Nombres et du Dentéronome.

70. D'abord Moyse est le législateur des Juifs: ce qui n'a été contesté que par quelques incrédules qui ont poussé le scepticisme historique jusqu'à révoquer en doute si Moyse a réellement existé. Mais si, comme ils ont osé le dire, Moyse n'est qu'un mythe fabuleux, pourquoi ne pas dire aussi que les Juifs étaient un peuple imaginaire? Car enfin leur histoire, leur religion, leurs fètes, leur jurisprudence, les coutumes qu'ils observent encore dans les différentes parties du monde, tout est fondé sur l'autorité de Moyse, tout nous rappelle le souvenir de Moyse, tout nous démontre l'existence de Moyse. Où sont les preuves ou du moins les doutes que l'on puisse opposer au témoignage d'un peuple qui réclame son fondateur? D'ailleurs, les Juifs ont eu un législateur, puisqu'ils ont des lois; et ce législateur a dû vivre il y a plus de trois mille ans, puisque, dès lors, nous voyons le peuple juif gouverné par des lois qu'il suit encore aujourd'hui. Si ce législateur n'est pas Moyse, que l'on nous dise donc quel autre il faut mettre à sa place. C'est à cette nation à nous faire connaître son législateur, qu'elle ne peut ignorer. Osera-t-on contester aux Chinois l'existence de Confucius, aux musulmans celle de Mahomet?

71. De plus, le témoignage des Juifs se trouve confirmé

(1) Encyclopédie du xvIe siècle, art. Certitude. est l'abbé de Prades.

L'auteur de cet article

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par celui des auteurs païens. Les Égyptiens, les Grecs et les Latins ont connu Moyse et ses lois. On peut voir dans Flavius Josèphe (1), dans saint Justin (2), Athénagore (3), Tatien (4), Clément d'Alexandrie (5), Origène (6) et Eusèbe de Césarée (7), ce qu'en ont dit Manéthon, Chérémon, Lysimaque, Philocor d'Athènes, Eupolème, Apollonius-Molon, Ptolémée-Éphestion, Appion d'Alexandrie, Nicolas de Damas, Alexandre-Polyhistor, et plusieurs autres dont il ne nous reste que des fragments. On pourrait citer aussi, parmi les anciens dont les écrits sont parvenus jusqu'à nous, Strabon, Diodore de Sicile, le rhéteur Longin, Justin d'après Trogue-Pompée, Juvénal, Tacite, Pline le naturaliste, Gallien et Numénius le Pythagoricien; tous ont rendu hommage à Moyse, à ses lois, à ses institutions (8). Mais ce qu'il y a de plus remarquable encore, c'est que, lorsque les apologistes de la religion chrétienne avançaient que Moyse était le plus ancien des législateurs, et qu'ils le prouvaient par le témoignage même de l'antiquité profane, ni les Celse, ni les Porphyre, ni les Julien, quoique ennemis déclarés du christianisme, n'ont osé les contredire. Ils se raillaient, il est vrai, de nos livres saints; mais il ne leur est jamais venu dans la pensée de contester l'antiquité de Moyse comme un fait établi sur la croyance la plus ancienne et la plus universelle, comme un fait qu'on ne peut révoquer en doute sans ébranler les fondements de l'histoire.

72. Mais Moyse est-il effectivement l'auteur du Pentateuque ou des cinq premiers livres de l'Ancien Testament? Le Pentateuque est-il authentique? Oui, le Pentateuque est authentique, et son authenticité est aussi certaine que celle des livres les plus authentiques, aussi certaine que l'existence même de Moyse. Les mêmes raisons qui prouvent que ce législateur a existé, prouvent également que le Pentateuque est son ouvrage. En effet, on ne peut refuser de tenir pour authentique un livre dont l'authenticité a pour elle la foi publique et constante d'une nation dont il décrit l'histoire, le culte et la législation; surtout si ce livre présente les caractères de l'antiquité qu'on lui attribue, et s'il est d'ailleurs impossible qu'il ait été supposé, c'est-à-dire, écrit par un autre que celui dont il

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(1) Livres contre Appion. — (2) Exhortation aux Grecs. (3) Légation pour les Chrétiens. — (4) Discours contre les Gentils. — (5) Liv. des Stromates. — (6) Liv. contre Celse. (7) Préparation évangélique, etc. (8) Voyez l'Autorité des livres de Moyse par Duvoisin, part. 1, c. 11; la Démonstration évan. gélique de Huet, proposition iv, etc.; le Traité historique et dogmatique de la vraie religion, par Bergier, tom. v, c. 11, art. 1, édit. de 1780 ; les Disserta tions sur l'existence de Dieu, par Jacquelot, tom. u, dissert. 1, c. IV, etc.

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