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CINQUIÈME PARTIE.

DE LA RÉVÉLATION CHRÉTIENNE.

686. Vers l'an 4000 du monde, 1491 ans après la promulgation de la loi de Moyse, aux temps marqués par les prophètes pour la venue du Messie, qui était attendu chez les Juifs et dans tout l'Orient (1), lorsque les nations étaient plongées dans les erreurs et les désordres de l'idolâtrie, Jésus-Christ paraît dans la Judée, et prêche le royaume des cieux. Conçu du Saint-Esprit, il naît miraculeusement d'une Vierge, à Bethleem, dans une étable, où il reçoit les adorations des bergers. Aussitôt après sa naissance, une étoile, figure de la lumière qu'il venait donner aux Gentils, se fait voir en Orient, et amène au Sauveur encore enfant les prémices de la gentilité. Peu de temps après, il est présenté au temple, où le vieillard Siméon le regarde comme la gloire d'Israël et la lumière des nations (2). A l'âge de trente ans, après avoir vécu dans la retraite et l'obscurité, il commence à prêcher son Évangile; et, accompagné des douze apôtres qu'il avait choisis, il parcourt la Judée, et confirme sa doctrine par des miracles; il multiplie les pains, guérit les malades, ressuscite les morts, calme les tempêtes, marche sur les eaux, et donne à ses disciples le pouvoir d'opérer les mêmes prodiges. Cependant la jalousie des pharisiens et des docteurs de la loi anime le peuple juif contre Jésus-Christ. Accusé devant le conseil, il est condamné, parce qu'il se disait le Fils de Dieu. Il est livré à Ponce Pilate, président romain; son innocence est reconnue par son juge, que la politique fait agir contre sa conscience; le juste est condamné à mort. Jésus-Christ s'abandonne volontairement à la fureur des méchants, et expire sur la croix; toute la nation s'émeut; le centurion qui le gardait, étonné d'une telle mort, s'écrie qu'il est vraiment le Fils de Dieu, et les spectateurs s'en retournent en se frappant la poitrine. Au troisième jour, il ressuscite; il apparait aux siens, qui l'avaient abandonné,

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et qui s'obstinaient à ne pas croire à sa résurrection. Ils le voient, ils lui parlent, ils le touchent, ils sont convaincus (1).

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687. Après sa résurrection, Jésus-Christ passe quarante jours avec ses disciples, conversant avec eux, et les instruisant de tout ce qui a rapport au royaume de Dieu, à la religion, à son Église (2). Il leur dit : «< Toute puissance m'a été donnée dans le ciel et sur la << terre: allez donc, et enseignez toutes les nations, les baptisant « au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit; leur apprenant à « observer toutes les choses que je vous ai commandées. Et voici «< que je suis avec vous, tous les jours, jusqu'à la consommation « des siècles (3). » Il leur renouvela la promesse qu'il avait faite de leur envoyer le Saint-Esprit : « Vous recevrez, leur dit-il, « vertu du Saint-Esprit, qui descendra sur vous; et vous me ren« drez témoignage dans Jérusalem, et dans toute la Judée, et dans « Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre (4). » Cela dit, il monte aux cieux en leur présence. Les disciples s'assemblent dans un même lieu, à Jérusalem, et, le jour de la Pentecôte, le SaintEsprit descend visiblement sur eux (5). Les apôtres prêchent Jésus crucifié; à la première et seconde prédication de saint Pierre, huit mille Juifs se convertissent, et adorent celui qu'ils avaient fait mourir comme un blasphémateur (6). L'Église se forme, et la persécution commence; les apôtres annoncent l'Évangile aux Gentils, et scellent de leur sang le témoignage qu'ils rendent à Jésus-Christ.

688. Nous avons l'histoire et la doctrine de Jésus-Christ dans les quatre Evangiles et les autres livres du Nouveau Testament, dont nous avons prouvé l'authenticité, l'intégrité et la véracité dans le Traité de l'Écriture sainte. C'est d'après les écrits des évangélistes et des apôtres que l'on doit juger si Jésus-Christ est véritablement le Messie promis à nos pères, si la constitution évangélique dont il est l'auteur est divine. Il ne s'agit pas encore de savoir si Jésus-Christ est fils de Dieu, et Dieu comme le Père,

(1) Discours sur l'hist. univ., n° vi. (2) Actes des apôtres, c. 1, v. 3. (3) Data est mihi omnis potestas in cœlo et in terra. Euntes ergo docete omnes gentes, baptizantes eos in nomine Patris, et Filii, et Spiritus sancti, docentes eos servare omnia quæcumque mandavi vobis. Et ecce ego vobiscum sum, omnibus diebus, usque ad consummationem sæculi. Saint Matthieu, c. xxvIII, v. 18, etc. (4) Accipietis virtutem supervenientis Spiritus Sancti in vos, et eritis mihi testes in Jerusalem, et in omni Judæa, et Samaria, et usque ad ultimum terræ. Act. des apôtres, c. 1, v. 8. — (5) Ibidem, v. 9. — (6) Ibidem, c. 1, v. 41, et c. IV, v. 4.

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égal et consubstantiel au Père. Est-il l'envoyé de Dieu ? Voilà la question qui est présentement l'objet de notre examen. Or il est facile de montrer, contre les Juifs et les incrédules, que les prophéties de l'Ancien Testament, concernant le Messie, se sont accomplies dans la personne de Jésus-Christ; que les prédictions et les miracles de Jésus-Christ, sa résurrection en particulier, les prodiges opérés en son nom par les apôtres, la propagation miraculeuse de son Évangile, la sainteté et la sublimité de sa doctrine, sont autant de preuves de la divinité de sa mission.

CHAPITRE PREMIER.

Preuve de la divinité de la mission de Jésus-Christ par l'accomplissement des anciennes prophéties dans sa personne.

689. Les prophéties de l'Ancien Testament, concernant le Messie, se sont accomplies dans la personne de Jésus-Christ. Done Jésus-Christ est l'envoyé de Dieu.

Dans la prophétie de Jacob, l'époque de la venue du Messie est marquée par un double changement, dont l'un regarde le peuple juif, et l'autre les nations étrangères. Selon cet oracle, aux jours du Messie, le sceptre, c'est-à-dire, l'autorité, la puissance, la magistrature, doit cesser dans le royaume de Juda. A la mème époque il doit s'élever un nouveau royaume, composé, non d'un seul peuple, mais de tous les peuples, dont le Messie doit être le chef et l'attente (1) Non auferetur sceptrum de Juda, et dux de femore ejus, donec veniat qui mittendus est; et ipse erit expectatio gentium (2). Or, il y a dix-huit siècles que la tribu de Juda a perdu l'autorité que lui assurait la prédiction de Jacob jusqu'à la venue du Messie; elle en a été dépouillée dans le temps même où Jésus-Christ parut sur la terre. L'usurpation d'Hérode, prince étranger, précéda de trente-six ans la naissance de Jésus-Christ; et, trente-sept ans après sa mort, la ruine entière de Jérusalem pa. Titus acheva d'ôter à la tribu de Juda sa prééminence, et à la nation tout entière son existence politique. D'un autre côté, il se forme en même temps un autre royaume, non d'un seul peuple,

(1) Voyez le Discours de Bossuet sur l'hist. univ., part. 1, n° 11.-(2) Voyez, ci-dessus, le n° 676.*

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mais de tous les peuples qui reconnaissent Jésus-Christ pour leur chef. C'est donc Jésus-Christ qui est l'envoyé prédit par Jacob, le Messie qui était annoncé comme l'attente des nations. Quel autre personnage, d'ailleurs, a paru dans le même siècle, à qui l'on puisse, avec quelque vraisemblance, donner le titre de Messie?

690. Suivant la prophétie de Daniel touchant l'époque de la venue du Messie, il devait s'écouler soixante-dix semaines d'années, quatre cent quatre-vingt-dix ans depuis le décret d'Aitaxerxe Longue-Main pour la reconstruction de Jérusalem, jusqu'au temps de la mort du Christ (1). Une semaine est marquée entre les autres; c'est la dernière, ou soixante-dixième; c'est celle où le Christ doit être mis à mort, celle où l'alliance sera confirmée, et au milieu de laquelle l'hostie et les sacrifices seront abolis; sans doute par la mort du Christ, car c'est ensuite de la mort du Christ que ce changement est marqué. Après cette mort du Christ et l'abolition des sacrifices, on voit la ruine de la cité sainte et du sanctuaire, un peuple et un capitaine qui vient pour tout perdre; l'abomination dans le temple, la désolation de la désolation du peuple juif. Or, en comptant ces septante semaines à partir de la vingtième année du règne d'Artaxerxe, on arrive à la dernière semaine, dont le milieu correspond à l'époque où Jésus-Christ est immolé sur la croix, et met fin, par sa mort, aux sacrifices de la loi, et en accomplit les figures.

691. Les savants font différentes supputations pour faire cadrer ce temps au juste. Mais quelques années de plus ou de moins, qu'importe?«< Huit ou neuf ans au plus, dit Bossuet, dont on pourrait disputer sur un compte de quatre cent quatre-vingt-dix ans, « ne feront jamais une importante question. Mais pourquoi discou« rir davantage? Dieu a tranché la difficulté, s'il y en avait, par une « décision qui ne souffre aucune réplique. Un événement manifeste « nous met au-dessus de tous les raffinements des chronologistes; « et la ruine totale des Juifs, qui a suivi de si près celle de Notre« Seigneur, fait entendre aux moins clairvoyants l'accomplissement de la prophétie (2). »

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692. Outre les prophéties où est marquée l'époque de l'avènement du Messie, les livres de l'Ancien Testament en contiennent une infinité d'autres qui caractérisent sa personne et son ministère, et qui, toutes, ont leur accomplissement dans Jésus-Christ. D'abord

(1) Voyez, ci-dessus, le no 679. — (2) Discours sur l'hist. univ., part. 11, no ». Voyez aussi, ci-dessus, no 681, les prophéties d'Aggée et de Malachie.

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le Messie devait descendre d'Abraham, de Jacob, de Jada, par David. << Il sortira, dit Isaïe, un rejeton de la racine de Jessé (c'était « le père de David), et une fleur sortira de sa racine, et l'esprit « du Seigneur se reposera sur lui (1). En ce jour-là le rejeton de « Jessé sera un signe pour les peuples, et les nations l'invoque< « ront (2). » Les Juifs conviennent que le Messie doit être le fils de David. Or il est prouvé, par la double généalogie que nous ont laissée saint Matthieu et saint Luc, que Jésus, fils de Marie, était de la race de Juda; dans l'Évangile, il est souvent appelé fils de David.

693. Au rapport des évangélistes (3), Jésus est né à Bethléem. Or voici ce que nous lisons dans la prophétie de Michée : « Et toi, « Bethléem d'Éphrata, tu es petite entre les villes de Juda; mais de "toi sortira le dominateur qui doit régner dans Israël, de qui la génération est dès le commencement, dès l'éternité. C'est pour « cela que Dieu abandonnera les siens jusqu'au temps où celle qui « doit enfanter enfantera; et ceux de ses frères qui seront restés se «< convertiront et se joindront aux enfants d'Israël. Il demeurera « ferme, et il paîtra son troupeau dans la force du Seigneur, dans « la sublimité de la majesté du Seigneur son Dieu; et ses peuples « seront convertis, parce que sa grandeur éclatera jusqu'aux extré<< mités du monde. C'est lui qui sera notre paix (4). » A ces traits, on reconnaît le Messie. Le passage est si clair, que les princes des prêtres et les scribes, interrogés par Hérode, n'hésitèrent pas à répondre que le Messie devait naître à Bethleem.

694. Suivant les prophètes, le Messie aura un précurseur sorti de la solitude, la voix de celui qui crie dans le désert : « Préparez la voie du Seigneur (5). Voici que j'envoie mon ange, et il pré« parera la voie devant ma face (6). » Saint Jean-Baptiste préparé les voies à Jésus-Christ. Le peuple juif reconnut ce nouvel

(1) Et egredietur virga de radice Jesse, et flos de radice ejus ascendet. Et requiescet super eum Spiritus Domini. Isaïe, c. xi, v. 1, etc. (2) In die illa, radix Jesse, qui stat in signum populorum, ipsum gentes deprecabuntur. Ibidem, v. 10. (3) Saint Matthieu, c. 11, v. 6; saint Jean, c. VII, V. 42. — (4) Et tu, Bethleem Ephrata, parvulus es in millibus Juda ex te mihi egredietur qui sit dominator in Israël, et egressus ejus ab initio a diebus æternitatis. Propter hoc dabit eos usque ad tempus in quo parturiens pariet : et reliquiæ fratrum ejus convertentur ad filios Israël. Et stabit, et pascet in fortitudine Domini, in sublimitate nominis Domini Dei sui; et convertentur, quia nune magnificabitur usque ad terminos terræ. Et erit iste pax. Michée, c. v, v. 2. (5) Isaïe, C. XL,

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V. 3. nate 2.

- (6) Malachie, c. III, v. 1. Voyez le texte de Malachie, à la page 395,

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