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de grandeur et de génie, gloire et merveille de notre âge, seuls capable d'inspirer un si uoble enthousiasme.

Qui pourra cependant consoler des regrets si vifs et si mé rités? Loin de moi, Messieurs, et chers collégues, la senle idée d'oser même l'entrependre. Mais si un attachement sincère, si la franchise et la cordialité peuvent mériter encore une place dans votre estime, j'aurai le droit d'y prétendre. Porter au pied du trône les sentimens dont nous sommes tous animés; seconder le zèle de tous les membres de cette assemblée pour le bien public, leur obligeance pour les intérêts de leurs concitoyens; produire tous les talens, tous les genres de mérite de chacun de nos collégues; m'eh rapprocher sans cesse et placer dans ces communications mes plus douces jouissances: voilà, Messieurs, les devoirs que je m'impose, et que j'ose me flatter de remplir. Heureux s'ils peuvent me donner des droits à votre confiance, si je puis remplacer de grands talens par un dévouement sans bornes, et l'admiration par l'indulgence.

L'assemblée applaudit de nouveau, et ordonne l'impression du discours de son président à six exemplaires.

On donne lecture d'un décret de S. M. conçu en ces termes

Au Palais des Thuileries, le 24 Janvier 1810.

Napoléon, empereur des Français roi d'Italie, protecteur de la confédération suisse, etc. etc. etc.

Vu l'article 8 de l'acte des constitutions du 19 Août 1807. Nous avons décrété et décrétons ce qui suit :

Sont nommés membres des commissions du corps législatif pour la session de 1810.

Commission de législation civile et criminelle.

Les sieurs d'Haubersaert, président Riboul, le baron Nongarède, Bruneau, Beaumetz, Monseignat, Louvet Noailles.

Commission d'administration intérieure.

Les sieurs Stanislas Girardin, président; Chappuis, Reinaud-Lascours, Michelet-Rochemont, Tardy, Geudebien Roger.

Commission des finances.

Les sieurs Fremin-Beaumont, président; Costas, Describes, Dumolard, Brière-Mondetour-Leroi, Lefèvre Cineau.

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5 Février, 1810.

Pièces relatives aux affaires d'Espagne.

(Voir le Moniteur du 31 Janvier 1810.)

PREMIÈRE PARTIE.

L'empereur reçut, en Octobre 1807, étant à Fontainebleau, la lettre ci-joiute (No. I,) du prince des Asturies, dont il connaissait à peine l'existence.

Aucune démarche antérieure n'avait précédé cette lettre, et S. M. entrevit qu'on voulait se servir de son nom pour donner aux affaires d'Espagne une direction opposée à ses intérêts; car les personnes qui faisaient faire cette demande au prince des Asturies, savaient bien que l'empereur n'avait point de princesse à marier. A la vérité, S. M. avait adopté une princesse pour la donner en mariage au grand duc de Bade, mais l'empereur avait déclaré en même tems que c'était la dernière fois qu'il ferait une pareille adoption.

L'empereur était encore dans sa première surprise, lorsque l'ambassadeur d'Espagne, le prince Masserano, lui demanda une audience, et lui remit la lettre du roi Charles, imprimée ci-après sous le No. II.

L'empereur ne put plus douter de l'existence d'intrigues dangereuses, et reconnut les trames anglaises malgré l'obscurité dont on cherchait à les envelopper. Il se décida aussitôt à faire marcher des troupes pour être prêt à tout événement, et pour soutenir l'armée qu'il avait en Portugal: 40,000 hommes furent dirigés sur l'Espague, et cette précaution fut utile, puisque trois mois après les événemens d'Aranjuez eurent lien, et que l'empereur reçut les lettres et pièces qu'on trouvera dans la 2e partie.

No. I.

Lettre du prince des Asturies à l'empereur.

La crainte d'incommoder V. M. I. et R. au milieu de ses exploits et des affaires majeures qui l'entourent sans cesse, m'a empêché jusqu'ici de satisfaire directement le plus vif de mes désirs, celui d'exprimer au moins par écrit, les sentimeus de respect, d'estime et d'attachement que j'ai voués à un héros qui efface tous ceux qui l'ont précédé, et qui a été envoyé par la providence pour sauver l'Europe du bouleversement total qui la menaçait, pour affermer ses trônes ébranlés, et pour rendre aux nations la paix et le bonheur.

Les vertus de V. M. I. sa modération, sa bonté même, envers ses plas injustes et implacables ennemis, tout me faisait espérer que l'expression de ces sentimens en serait accueillie comme l'effusion d'un cœur rempli d'admiration et de l'amitié la plus sincère.

L'état où je me trouve depuis long-tems, et qui ne peut échapper à la vue perçante de V. M. I. a été jusqu'à présent un second obstacle qui a arrêté ma plume, prête à lui adresser mes vœux ; mais pleiu d'espérance de trouver dans la magnanime générosité de V. M. I. la protection la plus puissante, je me suis déterminé non-seulement à lui témoigner les sentimens de mon cœur envers son auguste personne, mais à l'épaucher dans son sein, comme dans celui d'un père le plus tendre.

Je suis bien malheureux d'être obligé par les circonstances, à cacher comme un crime une action si juste et si louable; mais telles sont les conséquences funestes de l'extrême bonté des meilleurs rois.

Rempli de respect et d'amour filial pour celui à qui je dois le jour, et qui est doué du cœur le plus droit et le plus géné reux, je n'oserais jamais dire qu'à V. M. I. ce qu'elle connaît mieux que moi, que ces mêmes qualités, si estimables, ne servent que trop souvent d'instrumens aux personnes artificieuses et méchantes, pour obscurcir la vérité aux yeux des souverains, quoique si analogue à des caractères comme celui de mon respectable père,

Si ces mêmes hommes, qui par malheur existent ici, lui laissaient connaître à fond celui de V. M. I. comme je le connais, avec quelle ardeur ne souhaiteraient-ils pas de serrer les nœuds qui doivent unir nos deux maisons! Et quel moyen plus propre pour cet objet, que celui de demander à V. M. I. l'honneur de m'allier à une princesse de son auguste famille? C'est le vœu unanime de tous les sujets de mon père; ce sera aussi le sien, je n'en doute pas, malgré les efforts d'un petit nombre de malveillans, aussitôt qu'il aura connu les intentions de V. M. I.

C'est tout ce que mon cœur désire: mais ce n'est pas le compte de ces égoïstes perfides qui l'assiégent, et ils peuvent, dans un premier moment le surprendre. Tel est le motif de mes craintes.

Il n'y a que le respect de V. M. I. qui puisse déjouer leurs complôts, ouvrir les yeux à mes bons, mes biens-aimés parens, les rendre heureux, et faire en même tems le bonheur de ma nation et le mien.

Le monde entier admirera de plus en plus la bonté de V. M. 1. et elle aura toujours en moi un fils le plus reconnaissant et le plus dévoué :

J'implore donc avec la plus grande confiance la protection paternelle de V. M. afin que non-seulement elle daigne m'accorder l'honneur de m'allier à sa famille, mais qu'elle applanisse toutes les difficultés, et fasse disparaître tous les obstacles qui peuvent s'opposer à cet objet de mes vœux.

Cet effort de bonté de la part de V. M. I. m'est d'autant plus nécessaire, que je ne puis pas de mon côté, en faire le

TOME IV.

A A

moindre, puisqu'on le ferait passer peut être pour une insulte faite à l'autorité paternelle, et que je suis réduit à un seul moyen, à celui de me refuser, comme je le ferai avec une invincible constance, à m'allier à toute personne que ce soit sans le consentement et l'approbation positive de V. M. I. de qui j'attends uniquement le choix d'une épouse.

C'est un bonheur que j'espère de la bonté de V. M. I. en priant Dieu de conserver sa précieuse vie pendant de longues années.

Ecrit et signé de ma propre main, et scellé de mon sceau, à l'Escurial, le 11 Octobre 1807.

De V. M. I. et R. le très-affectionné serviteur et frère,
FERDINAND.

(Signé)
No. II.

Lettre du roi Charles IV, à l'empereur.

Monsieur mon frère, dans le moment où je ne m'occupais que des moyens de coopérer à la destruction de notre ennemi commun, quand je croyais que tous les complots de la ci-devant reine de Naples auraient été ensevelis avec sa fille, je vois avec une horreur, qui me fait frémir, que l'esprit d'intrigue le plus horrible a pénétré jusque dans le sein de mon palais. Hélas! mon cœur saigne en faisant le récit d'un attentat si affreux! Mon fils aîné, l'héritier présomptif de mon trône, avait formé le complot horrible de me détrôner; il s'était porté jusqu'à l'excès d'attenter contre la vie de sa mère. Un attentat si affreux doit être puni avec la rigueur la plus exemplaire des lois. La loi qui l'appelait à la succession doit être révoquée; un de ses frères sera plus digne de le remplacer, et dans mon cœur et dans le trône. Je suis, en ce moment, à la recherche de ses complices, pour approfondir ce plan de la plus noire scélératesse; et je ne veux perdre un seul moment pour en instruire V. M. I. et R. en la priant de m'aider de ses lumières et de ses conseils.

Sur quoi, je prie Dieu, mon bon frère, qu'il daigne avoir V. M. I. et R. en sa sainte et digne garde.

(Signé)

A Saint Laurent, ce 29 Octobre, 1807.

DEUXIÈME PARTIE.

CHARLES.

Pièces relatives à la révolution d'Aranjuez et aux événemens qui se sont passés jusqu'à l'arrivée du roi Charles et du prince Ferdinand à Bayonne.

No. I.

Lettre du roi Charles IV, à l'empereur.

Monsieur mon frère; il y avait long-tems que le prince de

la Paix m'adresserait des instances réitérées pour obtenir de se démettre des charges de généralissime et amiral. Je me suis prêté à ses désirs, en lui accordant la démission de ces charges; mais comme je ne saurais oublier les serves qu'il m'a rendus, et notamment celui d'avoir coopéré à mes désirs constans et invariables de maintenir l'alliance et l'amitié intime qui m'unit à V. M. I. et R. je conserverai à ce prince mon estime.

Bien persuadé que rien ne sera plus agréable à mes sujets, ni plus convenable pour réaliser les desseins de notre alliance, que de me charger moi-même du commandement de mes armées de terre et de mer, j'ai pris cette résolution, et je m'empresse d'en faire part à V. M. I. et R. considérant qu'elle verra dans cette communication une nouvelle preuve de mon attachement pour sa personne et de mes désirs constans de maintenir les rapports intimes qui m'unissent à V. M. I. et R. avec cette fidélité qui me caractérise, et dont V. M. a les preuves les plus éclatantes et réitérées.

La continuation des douleurs rhumatiques qui m'interdit depuis quelques jours l'usage de ma main droite, me prive du plaisir d'écrire de ma main à V. M.

Je suis avec les sentimens de la plus parfaite estime et de l'attachement le plus sincère,

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Lettre du roi Charles IV, à l'empereur.

Monsieur mon frère,-Ma santé se trouvant chaque jour plus délâbrée, j'ai cru nécessaire pour la rétablir, d'aller chercher un climat plus doux que celui-ci, en me retirant des affaires de mon royaume. En conséquence j'ai jugé convenable pour le bonheur de mes peuples, d'abdiquer en faveur de mon fils bien aimé le prince des Asturies. Les biens qui unissent nos deux royaumes et l'estime toute particulière que j'ai toujours eue pour la personne de V. M. I. et R. me font espérer qu'elle ne pourra qu'applaudir à cette mesure, d'autant plus que les sentimens d'estime et de mon affection pour V. M. I. et R. que j'ai tâché d'inspirer à mon fils, se sont si profondément gravés dans son cœur, que je sur des s qu'il se donnera pour resserrer de plus en pluce intime ui unit depuis long-tems les deux états. Je npresse d'eaire part

V. M. I. et R. en la couvelant à cette occasion les assurances de mon attacnent sincère, et les vœux que je ne

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