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Paris, le 3 Juin, 1810.

DÉCRETS IMPÉRIAUX.

Extrait des minutes de la secrétairerie d'état.

Au palais de Saint-Cloud, le 3 Juin, 1810. Napoléon, empereur des Français, roi d'Italie, protecteur de la confédération du Rhin, mediateur de la Suisse, etc. etc. Nous avons décrété et décrétons ce qui suit:

Art. 1er. Le duc d'Otrante est nommé gouverneur-général de Rome et des départemens composant la 30e division militaire. 2. Nos ministres sont chargés de l'exécution du présent décret, (Signé) NAPOLÉON.

Par l'empereur.

Le ministre secrétaire-d'état.

(Signé) H. B. duc de BASSANO.

Extrait des minutes de la secrétairerie d'état.

Au palais de Saint-Cloud, le 3 Juin 1810. Napoléon, empereur des Français, roi d'Italie, protecteur de la confédération du Rhin, médiateur de la Suisse, etc. etc. Nous avons décrété et décrétons ce qui suit:

Le duc de Rovego est nommé ministre de la police générale, (Signé) NAPOLÉON.

Par l'empereur,

Le ministre secrétaire d'état,

(Signé) H. B. DỤC DE BASSANO.

15 Juin, 1810.

Copie d'une lettre du général Vandamme au ministre de la guerre, datée de Boulogne, le 11 Juin, 1810.

Monseigneur,

Ce matin j'ai eu l'honneur de faire connaître à votre Excellence, par une dépêche télégraphique que je venais d'acquérir la certitude que le général de brigade Sarrazin, avait passé hier à l'ennemi. Je ne puis que confirmer cette nouvelle, et exposer à votre Excellence les circonstances qui appartiennent à cet : événement extraordinaire.

Le 10, au matin, le général Sarrazin, accompagné d'un domestique nègre, s'est embarqué à la petite Garenne, avec un pêcheur du Camier, pour faire la pêche. Arrivé au large, et ayant aperçu un brick anglais, il a forcé l'équipage de le conduire à bord de ce bâtiment, sous prétexte qu'il avait l'ordre d'aller en parlementaire. Une fois à bord du brick, il a ren

voyé son équipage, après avoir donné au patron une déclaration constatant qu'il avait or lonné à ce bateau de pêche de le con duire à bord du brick anglois pour affaire de service. Ces faits sont établis par les rapports.

Dès que j'ai eu connaissance de cette désertion à l'ennemi, les mots d'ordre ont été changés dans tout l'arrondissement de l'armée; des rondes et patrouilles ont été exactement faites. J'ai, sans1 délai, ordonné au colonel Vincent, mon premier aide-de-camp, et au capitaine de gendarmerie, Monjovet, commandant la force pu blique, de se rendre en toute hâte au camp de Gauche, où était la baraque occupée par le général Sarrazin. Tous les papiers ont été saisis; les deux aides-de-camp de ce général et ses domestiques, ont été envoyés devant le commissaire-général de police, ainsi que les hommes composant l'équipage du bateau le Saint-Laurent, et toutes les personnes qu'on soupçonnait avoir eu des relations avec le général Sarrazin, ou qui pouvaient don** ner des éclaircissemens sur sa conduite.

Cette détermination de cet officier-général a frappé toute l'armée du plus grand étonnement, et ne peut être attribuée qu'à une espèce de frénésie. Les généraux, tous les chefs, et moimême j'éprouve une surprise d'autant plus forte, que je recevais de la part de ce général les témoignages les plus certains de son zèle, de son amour pour ses devoirs, et de son désir d'assurer le bien du service de S. M. Personne ne déployait une activité plus soutenue, ne s'occupait plus que lui des détails de son commandement, et par les mesures qu'il prenait, ne portait plus à faire croire que tout ce qu'il faisait, tendait à procurer une amélioration dans le service. La veille même de sa fuite, il m'adressa le résultat de la vérification qu'il avait faite de la' comptabilité des troupes qu'il commandait. Certes, Monseigneur, d'après ces témoignages parlans, il étoit de toute impossibilité de diriger le plus léger soupçon sur cet officiergénéral.

J'ai l'honneur, etc.
(Signé)

VANDAMME.

Pour copie conforme,
Le secrétaire-général du ministre de la guerre,

(Signé( FRIRION.

Copie d'une lettre écrite au général Harty, chef de l'état-major du camp de Boulogne, par M. Renaud, capitaine adjoint, commandant la deuxième brigade de la quatrième division, datée d'Etaples, le 10 Juin, 1810, à dix heures du soir.

Mon général,

J'ai l'honneur de vous adresser deux rapports que je viens de recevoir, relativement au passage de M. le général Sarrazin à bord d'un brick anglais, dans cette journée; une des patrouilles que j'envoie chaque jour pour surveiller le service de la côte et

les batteries de la brigade que je commande, m'a conduit le patron et l'équipage dont s'est servi M. le général Sarrazin; je me suis empressé de faire subir un interrogatoire à ces pêcheurs. Voici leur déclaration.

M. le général Sarrazin s'est embarqué ce matin, 10 Juin, sur un bateau de Camier, qui l'attendait près du poste de la Petite-Garenne, en disant qu'il voulait aller à Etaples; étant vis-à-vis la batterie de Dannes, il passa sur un autre bateau, dit le Saint-Laurent, de Camier; il commanda alors au patron de cette dernière embarcation de s'éloigner du rivage pour pouvoir pêcher en allant à Etaples; aussitôt que ledit bateau fut loin des forts, on aperçut un brick ennemi au large. M. le général Sarrazin donna l'ordre de le conduire à bord, les pêcheurs refusèrent, en alléguant pour raison, qu'il leur était défendu expressément de mener quelqu'un chez l'ennemi; alors le général fit voir un poignard et des pistolets à la main, obligea lesdits pêcheurs à gouverner sur le brick, en disant qu'il avait ordre de S. Exc. le général en chef d'aller en parlementaire en Angleterre ; l'équipage voyant le nègre domestique du général aussi armé, obéit et aborda le bâtiment anglais, où M. le général Sarrazin donna lui-même, par écrit, l'ordre que m'a rapporté le patron du bateau qui est revenu à terre, après cette expédition. Je garde l'original de cet ordre, qui est bien écrit de la main de M. le général Sarrazin.

Comme ces rapports et tous les renseignemens que je viens de prendre au sujet de cette affaire, out eu lieu de me surprendre, surtout par la certitude que j'ai acquise que le général Sarrazin a employé les menaces pour aller en parlementaire, j'ai l'honneur de vous prévenir que je viens de changer à l'instant les mots d'ordre et de railliement pour cette nuit, dans tous mes postes de la côte, sur la droite et la gauche de la Gauche.

Espérant recevoir des ordres de vous, mon général, je vais seulement pour cette nuit, ordonner de redoubler de surveillance sur la côte; moi-même, j'irai faire une ronde.

L'équipage du bateau pêcheur qui a conduit le général Sarrazin à bord du brick anglais, est en prison, et y restera jusqu'à ce que je puisse recevoir la certitude que le passage du général a été commandé par le général en chef.

(Signé)

Pour copie conforme,

Le secrétaire-général du ministre de la guerre,

(Signé)

RENAUD

FRIRION.

Copie du rapport du capitaine de la 7e compagnie de canonniers gardes-côtes, stationnée prés d'Etaples, au capitaine Renaud, adjoint à l'état-major, employé à Etaples.

Le 10 Juin, 1810. M. le général Sarrazin s'est embarqué ce matin à la PetiteGaronne, avec un pêcheur de Camier, pour faire la pêche

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Etant au large, il a aperçu un brick anglais; il a forcé l'équí. page de le conduire à bord dudit brick, leur disant qu'il avait l'ordre du général en chef d'aller en Angleterre en parlementaire. Le bateau pêcheur est rentré à la batterie à 4 heures. Je vous fais passer l'ordre du général donné à l'équipage.

Copie de la déclaration que le général Sarrazin a remise à l'équipage du bateau pêcheur, le Saint-Laurent.

Le général Sarrazin déclare avoir ordonné à son équipage du bateau de pêche le Saint-Laurent, de Camier, de le conduire à bord d'un brick anglais, pour affaire de service. A bord du brick le Neynolas, le 10 Juin, 1810.

Pour copie conforme,

(Signé)

Le secrétaire-général du ministre de la guerre.

(Signé)

MARION.

FRIRION.

Copie du rapport d'un brigadier des douanes, à M. Cavalier, capitaine des douanes à Etaples.

Mon capitaine,

Je vous dirai que le Général Sarrazin est passé en Angle terre: à une heure après-midi, il est entré dans un brick anglais : il a fait avancer la barque de force par les pêcheurs qui le conduisaient, en leur disant qu'il allait en parlementaire; il leur a promis qu'il viendrait après demain diner chez Madame Vergemon, à Etaples; les pêcheurs l'ont refusé; il leur a mis le pistolet à la gorge et le poignard à la main, lui et son nègre. (Signé) TOLLAT, brigadier.

Pour copie conforme,

Le secrétaire-général du ministre de la guerre,

(Signé) FRIRION.

Ordre du jour, du 11 Juin, 1810.

L'armée vient d'être témoin d'un événement le moins attendu, et qui n'a pu que la frapper de la plus vive indignation.

Le général Sarrazin s'est rendu traître à la patrie et au souverain, qui, par ses nombreux bienfaits, a su commander la reconnaissance et l'amour de tous les Français. Ce général a abandonné le poste qui lui était confié, pour passer chez l'ennemi. Par cet acte abominable, il se convre du plus grand opprobre, et se voue au profond mépris de toutes les nations, même de celle dont il vient d'embrasser la cause. L'armée peut avoir l'assurance que toutes les mesures sont prises pour que ce crime n'ait aucun résultat fâcheux; que tous les calculs que le général Sarrazin pourroit avoir formés seront aisément renversés, et que la honte seule restera au coupable, qui a pu fouler aux pieds les devoirs les plus sacrés, pour adopter des sentimens criminels, et dignes de la punition la plus rigoureuse.

Le général en chef recommande expressément à MM. les

généraux et à tous les officiers commandant sur les côtes, de prendre toutes les mesures pour que le général Sarrazin, dans le cas où, sous un prétexte quelconque, il reparaîtrait ici, soit de suite arrêté partout où il se trouveroit, et soit conduit, sous bonne et sûre escorte, au quartier-général du général en chef. Cette disposition très-importante doit être ponctuellement suivie. (Signé) VANDAMME.

3 Juillet, 1810.

La fête du prince de Schwarzenberg a eu lieu hier. LL. MM. II. et RR. y ont assisté. Elles sont arrivées à dix heures. Le jardin était illuminé avec beaucoup de goût. Il offrait différentes vues des pays que l'impératrice chérissait pendant son enfance. Les artistes de l'opéra exécutaient des danses, vêtus dans le costume des différens peuples de la monarchie autrichienne. Cette partie de la fête a été suivie d'un beau feu d'artifice. Douze cents personnes avaient été invitées. Pour rece voir une société aussi nombreuse, le prince, selon l'usage suivi à Paris, avait fait construire en planches une salle de bal, ornée de peintures, de gazes, de mousselines, et autres étoffes légères. Cette salle offrait un très-beau coup-d'œil. La reine de Naples a ouvert le bal avec le prinee Estherazi, et le viceroi avec la princesse Pauline de Schwarzenberg, femme du frère aîné de l'ambassadeur. Après les quadrilles, on a dansé une écossaise, pendant laquelle LL. MM. se sont levées pour faire le tour du cercle et parler aux dames. L'impératrice était déjà retournée à son fauteuil, et l'empereur se trouvait à l'autre extrémité de la salle, et venait de passer auprès de la princesse Pauline de Schwarzenberg, qui lui avait présenté les princesses ses filles, lorsque la flamme d'une bougie atteignit les draperies d'une croisée. Le comte Dumanoir, chambellan de l'empereur, et plusieurs officiers qui se trouvaient près de lui, voulurent arracher les rideaux, mais la flamme gagna plus haut. On prévint sur-le-champ l'empereur, qui n'eut que le tems d'aller auprès du fauteuil de l'impératrice, et qui fut aussitôt entourée par l'ambassadeur et les officiers de la légation autrichienne, qui l'engagèrent à sortir. Le feu se propageant avec la rapi dité de l'éclair, et S. M. se retira au petit pas avec l'impéra trice, recommandant le calme, afin de prévenir tout désordre. Les issues de la salle étaient heureusement très-spacieuses, et la foule put facilement s'écouler et se répandre dans le jardin; mais beaucoup de mères perdirent du tems en cherchant leurs filles, dont elles avaient été séparées par l'écossaise, et beaucoup de jeunes personnes, en cherchant à se réunir à leurs mères. La rapidité de l'incendie fut telle que la reine de Na

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