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ples, qui marchait à la suite de l'empereur, étant tombée, ne fut sauvée que par la présence d'esprit du grand duc de Wurz. bourg. La reine de Westphalie fut conduite hors de la salle, donnant le bras an roi de Westphalie et au comte de Metternich. Le viceroi, qui était resté au fond de la salle, et qui craignait de s'engager dans la foule avec la vicereine, s'aperçut que la chûte des lustres et du plafond lui interceptait le passage, il avait par bonheur remarqué une petite porte qui donnait dans les appartemens de l'hôtel, et par laquelle il sortit. Persoune, henreusement, n'a péri. Une vingtaine de dames ont été plus ou moins blessées. La princesse de la Leyen, la femme du consul de Russie, celle du général baron Tousard, et celle du préfet de l'Istrie, ou saisies par l'évanouissement, ou arrêtées dans leur marche par quelques obstacles, l'ont été grièvement. Le prince Kurakin, ambassadeur de Russie, a eu le malheur de faire une chute sur les marches qui conduisaient de la salle au jardin, et qui étaient alors enflammées. Il a été un moment sans connoissance. Deux officiers de la légation autrichienne, et deux officiers de la garde impériale, l'out sauvé. Il est au lit et assez souffrant,

Le jardin, fort vaste et très-bien éclairé, a offert pendant une demi-heure le spectacle de pères et de mères appelant leurs femmes, leurs époux, et leurs enfans, et qui, au moment où ils se retrouvaient, s'embrassaient avec transport, comme si une longue absence les eut séparés.

L'empereur et l'impératrice montèrent en voiture à la porte du jardin. Lorsque l'empereur eut rejoint ses équipages de campagne qui l'attendaient au Champs-Elysées, et y eut remis l'impératrice, il revint chez le prince de Schwarzenberg, avec un aide-de-camp.

La princesse Pauline de Schwarzenberg étant restée une des dernières dans la salle du bal, elle tenait une de ses filles par la main. Un débris embrâsé fit tomber cette jeune personne, qu'un homme qui se trouvait près d'elle, releva et porta hors de la salle. Elle fut elle-même entraînée dans le jardin. Ne voyant plus sa fille, elle courait partout, l'appelant à grands cris. Elle rencontra le roi de Westphalie, qui chercha à la calmer. Elle s'adressa de même au prince Borghèse et au comte Regnaud. Après un quart-d'heure de recherche, poussée par l'héroïsme de l'amour maternel, elle rentra dans la salle enflammée, et depuis ce moment, on ne sut plns ce qu'elle était devenue. On devint alors maître du feu, et l'hôtel de l'ambassadeur fut préservé et le calme se rétablit.

Le prince Joseph de Schwarzenberg passa la nuit à chercher sa femme, qui ne se trouva ni chez son frère, l'ambassadeur, ni chez Mme. de Metternich. Il doutait encore de son malheur, lorsqu'au point du jour on trouva dans les débris de la salle un corps défiguré, que le docteur Gal cerut reconnaître pour celui

de la princesse Pauline Schwarzenberg. Il ne resta plus de doute, lorsqu'on reconnût ses bijoux et le chiffre de ses enfans qu'elle portait à son cou.

La princesse Pauline de Schwarzenberg étoit fille du sénateur d'Aremberg; elle était mère de huit enfans et grosse de quatre mois. Elle était aussi distinguée par les grâces de sa personne que par les qualités de son esprit et de son cœur. L'acte de dévouement qui lui a coûté la vie, prouve combien elle est digne de regrets, car la mort était évidente; les flammes sortoient en tourbillons; une mère seule était capable d'affronter un tel danger.

On craint pour les jours de la princesse de la Leyen; de la femme du consul de Russie, et de la baron Tousard. Quinze ou seize personnes, plus ou moins blessées, sont sans danger. Le prince Kurakin a dormi, et l'on avait ce soir lieu d'espérer que son accident n'aurait pas de suites funestes.

L'ambassadeur d'Autriche, dont il est facile de se peindre Thorrible position, a montré pendant toute la nuit ces soins, cette activité, ce calme, cette présence d'esprit, qu'on devait attendre de lui. Les officiers de sa légation et de sa nation ont donné les marques les plus signalées de courage et de dévouement. Le public a su le plus grand gré à l'ambassadeur de le voir accompagner l'empereur et l'impératrice jusqu'à leur voiture, oubliant les dangers auxquels était exposée sa famille, qui ■ heureusement été préservée de tout accident. L'empereur a'est retiré à trois heures du matin. Il a envoyé plusieurs fois peudant le reste de la nuit pour s'informer du sort de la princesse Pauline de Schwarzenberg, qui était encore incertain. Ce n'est qu'à cinq heures du matin qu'on lui a rendu compte de sa mort. S. M., qui avait une estime particulière pour cette princesse l'a vivement regrettée.

S. M. l'impératrice a montré le plus grand calme pendant cette soirée. Lorsque ce matiu, à son réveil, elle a appris la mort de la princesse Pauline de Schwarzenberg, elle a répandu beaucoup de larmes.

4 Juillet, 1810.

Paris, le 3 Juillet.

Rapport à S. M. l'empereur et roi, du 30 Juin, 1810.
Sire,

Votre Majesté m'a chargé, par son ordre en date du 18 de ce mois, de lui faire un rapport sur ce qui regarde l'ex-général Sarrazin.

Jean Sarrazin est né au bourg de Saint-Silvestre, canton de Penne, département de Latet-Garonne, le 15 Août, 1770. parens étaient cultivateurs.

Le 27 Septembre, 1786, il s'enrôla dans le 5e régiment de dragons, et il fut réformé le 14 Septembre, 1807.

A cette époque il s'établit à la Réole, département de la Gironde, où il exerça la profession de maître de mathématiques.

Le ler Septembre, 1790, il obtint une place de professeur de mathématiques à l'école de Sorreze, qui dirigeaient alors des bénédictions; et c'est, sans doute, cette circonstance qui a fait dire par la suite qu'il avait été moine, fait qui n'est nullement prouvé.

Il quitta cet emploi deux ans après, pour suivre le mouvement qui portait alors presque tous les Français vers les frontières, et et il se rendit à l'armée du nord.

Appelé à Châlons, pour l'instruction des aspirans à l'école d'artillerie, il se trouva dans cette place, lorsqu'après la prise de Verdun, les habitans de Châlons formèrent un bataillon, dont il fut nommé ajudant-major, et il remplit ces fonctions jusqu'an 20 Septembre, 1792, époque de la dissolution de ce bataillon; mais ces circonstances, extraites d'un mémoire sigué par lui, ne sent garanties que par sa seule déclaration. Ce qui est constant, c'est qu'il fut nommé, à Metz, lieutenant d'une compagnie frauche, dite de Saint-Maurice, à la fin de 1792, et capitaine de la même compagnie, le 18 Mars, 1793, c'était alors la pluralité des voix qui décidait les nominations.

Dès son entrée au service, il donnait déjà des marques de eet esprit inquiet et tracassier, qu'il a constamment montré dans sa carrière militaire. Il avoue lui-même, dans le mémoire déjà cité, que pour avoir pris part à des réclamations qui parurent séditieuses, il fut cassé et dégradé, par ordre du général Houchard, en 1793, et forcé de servir comme simple soldat. Il ajoute que, le 1er Octobre, 1793, il rejoignit, à Chatillon, département des Deux-Sèvres, la compagnie franche des chasseurs de la Gironde; qu'il assista à différentes affaires à l'armée de la Vendée; que successivement il passa, en qualité de secrétaire, auprès du général Marceau. Il fut nommé adjoint aux adjudans-généraux, le 9 Prairial, an 2.

Le 6 Fructidor, de la même année, il fut nommé adjoint de première classe au corps de génie; par le représentant du peuple Gilet, en mission près l'armée de Sambre et Meuse.

Le 6 Brumaire, an 3, le même représentant le nomma adjudant-général chef de bataillon, eu considération des témoignages que le général Marceau avait rendus de sa conduite., Après l'expédition de Coblentz.

Le 18 Brumaire, an 3, sa nomination fut confirmée par le comité de salut public; et le 25 Prairial suivant, il obtint le brevet d'adjudant-général, chef de brigade.

Il fit les campagnes de l'an 3, de l'an 4, et de l'an 5, aux armées de Sambre et Meuse et d'Italie.

Le 27 Fructidor, an 6, il reçut l'ordre de se rendre à Roche

TOME IV.

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fort, pour y servir dans une des divisions de l'armée d'Angleterre. Il fut du petit nombre des Français qui effectuèrent leur débarquement en Irlande, et il y fut nommé par le genéral Humbert, général de brigade, à la prise de Killala, et général de division à l'affaire de Castlebar, où il enleva un drapeau à la cavalerie ennemie.

A son retour en France, il trouva le directoire exécutif peu disposé à confirmer un avancement aussi rapide. Il demanda à servir comme adjudant-général à l'armée d'Italie, que comman dait le général Joubert.

Chargé de conduire un corps de troupes à l'armée de Rome, il fit avec cette armée la campagne de l'an 7, à Naples, et fut nommé général de brigade sur le champ de bataille, après l'affaire de la Trébia.

A l'armée d'Italie, sa conduite tortueuse et équivoque l'exposa à des soupçons humilians pour un militaire; ou l'accusa d'exercer le métier de délateur: son opposition constante aux ordres de ses chefs fortifia cette opinion, et les désagrémens qu'il éprouva le forcèrent de demander lui-même à se retirer dans ses foyers.

Le 21 Pluviose, an 9, il reçut l'ordre de rentrer en France ;; le 1er Prairial, an 9, il lui fut notifié qu'il n'était plus compris sur le tableau de l'état-major-général.

Rendu à la vie privée, son inquiétude naturelle lui inspira différens projets. Il demanda d'être employé, tantôt en Amérique, tantôt dans les Indes Orientales. II témoigna le désir de prendre du service dans les troupes de la république batave; mais il n'accomplit aucune de ces résolutions, et il étoit encore en France lorsque, le 10 Vendémiaire, an 11, il fut rétabli sur l'état des généraux de brigade, en remplacement du général Colli, nommé général de division.

Deux mois après, on lui ordonna de passer à Saint-Domingue. Il n'y resta qu'une année; le mauvais état de sa santé détermina le général Rochambeau à le renvoyer en France, où il arriva le 22 Frimaire, an 12.

Le général Augereau commandait alors au camp formné à Brest, le général Sarrazin demanda et obtint d'être employé. sous ses ordres. Son caractère toujours porté à la dénonciation, lui suscita bientôt de nombreux ennemis. Il se déclara l'accusateur des généraux et des administrations de l'armée daus un mémoire qu'il fit parvenir à l'empereur, sous la date du 23 Frimaire, an 13. Ses indiscrétions ayant, sans doute, révélé une partie des faits contenus dans ce mémoire, le cri d'indignation qui s'éleva contre lui, lui ôta le courage de soutenir publiquement le rôle dont il n'avait pas craint de se charger. Il se forma contre lui un tel orage, qu'il se vit forcé, pour la deuxième fois, de demander à quitter ses fonctions. Il fut

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nanmoins maintenu à son poste, et il fit avec ce corps d'armée, en Allemagne, les campagnes de l'an 14 et de 1806.

Des discussions qu'il eut avec le général Heudelet, dans la division duquel il servait, forcèrent le Gouvernement de le rappeler en France.

Le 31 Octobre, 1806, il fut employé dans la 24e division militaire, sous les ordres du général Chambarlhac, qui lui confia le commandement du département de la Lys. La mésintelligence qui ne tarda pas à éclater entre le préfet et lui, fit sentir la nécessité de lui donner une autre destination, et il fut envoyé dans l'île de Cadsand.

Sa conduite, toujours hors de mesure, ses procédés arbitraires, indisposèrent contre lui les habitans, les autorités et le général Chambarlhac. Les plaintes qui parvinrent au Gouvernement, déterminèrent encore le changement de sa résidence ; il reçut des lettres de service pour la 16e division militaire.

Il servait dans cette division, au camp de Boulogne, depuis le 11 Février, 1809, et il avait eu le bonheur d'y vivre en bonne harmonie avec ses chefs et ses subordonnés, lorsque, par la plus lâche défection, il a imprimé à son nom un opprobre ineffaçable.

Telle est l'histoire du général Sarrazin, qui n'est, à propre ment parler, que celle des travers de son esprit, des torts de son caractère, et de ses nombreuses inconséquences.

Le ministre de la guerre,

Duc de FELTRE.

10 Juillet, 1810.

INTÉRIEUR.

Paris, le 9 Juillet.

Louis, par la grâce de Dieu, etc.

Amsterdam, le 3 Juillet.

Nous avons résolu, comme nous arrêtons, par les présentes lettres patentes et solennelles, d'abdiquer, comme nous abdiquons dans ce moment, le rang et la diguité royale de ce royaume, en faveur de notre bien-aimé fils Napoléon-Louis, et au défaut de celui-ci, en faveur de son frère Charles-LouisNapoléon.

Décidons, en outre, que, conformément à l'article constitutionnel, la régence demeurera à S. M. la reine, sous la garantie de S. M l'empereur notre frère, secondé par un conseil de régence, qui sera provisoirement composé de nos ministres auxquels nous confions la garde du roi mineur, en attendant le retour de S. M. la reine.

Ordonnons, de plus, que les différens corps de notre garde sous le commandement en chef de notre grand écuyer le lieute

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