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dredi, de Lundi et de Mardi. Je me flattais que l'envoi d'un projet de convention fondé sur les bases que j'ai eu ordre de proposer, et qui, à ce que j'espérais, devaient être agréables à S. M. I. et R. me mettrait à même de prouver immédiatement à S. M. l'empereur mon maître que j'avais rempli ses intentions, et avais eu le bonheur de le faire avec succès. Privé depuis deux jours de la faculté de voir V. Exc., de poursuivre et de termi ner avec elle le travail si important et si pressant par les circonstances dont nous avons à nous occuper, pour lequel il n'y a pas un seul jour à perdre, et voyant s'évanouir la certitude dont je m'étais flatté, que cet ouvrage serait achevé sans délai et pourrait conduire au but qu'il devait avoir, de prévenir encore les conséquences malheureuses de l'extrême rapprochement les armées de S. M. l'empereur et roi sont parvenues de celles de S. M. l'empereur mon maître, il me reste à pourvoir à ma responsabilité envers ma cour, en m'acquittant officiellement des communications que j'ai reçu ordre de faire à V. Exc., et qui jusqu'à présent ne lui ont été dômées de ma part que de vive voix.

Il m'est ordonné de déclarer à V. Exc. que la conservation de la Prusse et son indépendance de tout lien politique dirigé con tre la Russie est indispensable aux intérêts de S. M. I.; pour arriver à un véritable état de paix avec la France, il faut néces sairement qu'il y ait entre elle et la Russie un pays neutre qui ne soit occupé par les troupes d'aucune des deux puissances; que comme toute la politique de S. M. l'empereur mon maître ne tend qu'à établir des rapports solides et stables avec la France, et que ceux-ci ne sauraient subsister tant que des armées étrangères continueraient à séjourner dans une telle proximité des frontières de la Russie, la première base de toute négociation ne peut être que l'engagement formel de l'entière évacuation des états prussiens et de toutes les places fortes de la Prusse, quels qu'aient été l'époque et le fondement de leur occupation par les troupes françaises ou alliées, d'une diminution de la garnison deDantzick, de l'évacuation de la Pomeranie Suédoise, et d'un arrangement avec le roi de Suède, propre à satisfaire réciproquement les deux couronnes de France et de Suède.

Je dois déclarer que, quand les demandes ci-dessus énoncées seront accordées de la part de la France, comme base de l'arrangement à conclure, il me sera permis de promettre que cet arrangement pourra contenir aussi de la part de S. M. l'empereur mon maître les engagemens suivans.

Sans dévier aux principes adoptés par l'empereur de toutes les Russies pour le commerce de ses états et pour l'admission des neutres dans les ports de sa domination, principes auxquels, S.M. ne saurait jamais renoncer, elle s'oblige, par un effet de son attachement pour l'alliance formée à Tilsitt, à n'adopter aucun changement aux mesures prohibitives établies en Russie, et sé TOME IV. MM MM M

vèrement observées jusqu'à présent contre le commerce direct avec l'Angleterre; S. M. est prête, de plus, à convenir avec S. M. l'empereur des Français, et roi d'Italie, d'un système de licenses. à introduire en Russie, à l'exemple de la France; bien entendu qu'il ne pourra être admis qu'après qu'il aura été reconnu ne pouvoir augmenter par ses effets le préjudice qu'éprouve déjà le commerce de la Russie.

S. M. l'empereur de toutes les Russies s'engagera aussi par cette convention, à traiter, par un arrangement particulier, de certaines modifications que la France peut désirer pour l'avantage de son commerce dans le tarif des douanes de Russie de 1810.

Enfin, S. M. consentira aussi à s'engager de conclure un traité d'échange du duché d'Oldenbourg contre un équivalent conve pable, qui sera proposé par S. M. l'empereur et roi, et dans le quel S. M. I. déclarera retirer la protestation qu'elle a été dans le cas de donner pour mettre en réserve les droits de sa maison sur le duché d'Oldebourg.

Telles sont, M. le duc, les bases qu'il m'a été ordonné de présenter ici, et dont l'admission dans ce qui regarde l'évacuation des états prussiens et de la Poméranie Suédoise, la réduction de la garnison de Dantzick sur le pied où elle était avant le 1er. Janvier, 1811, et la promesse d'une négociation avec la Suède peut seule rendre possible encore un arrangement entre nos deux cours. C'est avec un vif regret que, malgré l'intervalle qui s'est écoulé depuis que je les ai communiquées verbalement à V. Exc., je me vois encore dans une incertitude complette sur les effets qu'auront mes démarches, malgré les augures favorables que je m'étais plu à tirer de l'entretien que S. M. I. et R. a bien voula m'accorder Lundi, et des assurances que V. Exc. y a ajoutées de son côté. Je ne puis ne pas renouveler à V. Exc. ce que j'ai déjà pris la liberté de porter moi-même à la connaissance de S. M. l'empereur, et ce que j'ai eu l'honneur de vous dire aussi à vousmême, M. le duc, que si, à mon grand regret, la nouvelle me parvenait que M. le comte de Lauriston cût quitté Pétersbourg, il serait de mon devoir de demander sur-le-champ, que mes passeports me fussent délivrés et de quitter aussi Paris.

(Signé)

Que V. Exc. reçoive, &c.

Le prince ALEXANDRE KOURAKIN Pour copie conformne,

Le ministre des relations extérieures,

Le Duc de BASSANO.

No. IV.

Copie d'une note du prince Kourakin au ministre des relations

M. le Duc,

extérieures.

Paris, le 29 Avril, (7 Mai) 1812.

Il s'est écoulé près de quinze jours depuis que je me suis acquitté des communications que mes dernières instructions, apportées par le baron Serdobin, m'ont enjoint de faire à V. Exc., et que je me suis empressé de mettre sous ses yeux deux heures après leur réception. J'ai eu l'honneur de porter aussi moimême à la connaissance de S. M. I. et R. dans l'audience qu'elle m'a accordée Lundi, 27 du même mois, les propositions de S. M. l'empereur mon auguste maître, qui en faisaient l'objet. Les espérances que j'eus à fonder sur tout ce que S. M. voulut bien me dire, dans cette audience, de son désir extrême de prévenir, par les voies de la conciliation, la rupture qui menace l'Europe d'une nouvelle guerre, me firent concevoir l'attente flatteuse de voir ma démarche réussir au gré de S. M. l'empereur mon maître, dont les souhaits n'ont jamais été autres que ceux de la conservation de la paix et de son alliance avec la France, et de voir les propositions essentiellement équitables et modérées dont je venais d'être l'organe, devenir la base d'un arrangement amical. Je pouvais d'autant plus me livrer à cette espérance, que vousmême, M. le duc, n'avez cessé, dans les premiers entretiens qui suivirent mes communications, de l'encourager par la justice que vous avez rendue à leur esprit conciliant, pacifique, et principalement dirigé à satisfaire S. M. l'empereur Napoléon sur toutes les demandes qu'il a formées jusqu'à présent auprès de la Russie. S. M. l'empereur et roi, dans l'audience du 27 Avril, en m'engagement à discuter immédiatement avec V. Exc. ces propositions dont j'étais chargé, m'avait autorisé à prévoir la possibilité de rendre compte à l'empereur mon maître, dans un délai peu considérable, de l'accueil fait à ses offres. Jamais circonstances plus urgentes n'ont autorisé plus justement un désir et des instances pour recevoir une prompte solution: cependant, M. le duc, je suis encore toujours à l'attendre. Mes démarches pressantes et réitérées, mes démarches journalières auprès de V. Exc. n'obtiennent d'autre résultat de sa part que le refus de s'expliquer encore sur nos propositions, fondé sur le défaut d'ordres à cet effet de S. M. I. et R.

Il est impossible, M. le duc, de se dissimuler les funestes effets que vont inévitablement entraîner ces délais. La proximité chaque jour plus grande des armées de S. M. l'empereur et roi, et de ses alliés des frontières de la Russie, peut amener d'un instant à l'autre des événemens après lesquels tout espoir de conserver la paix sera perdu, et qui peut-être même en ce moment M MM MM 2

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ont déjà détruit cette possibilité. Le seul moyen qui peut épargner à l'Europe des malheurs qui vont s'appesantir sur elle, était dans l'acceptation des offres conciliantes que l'empereur mon maître m'a chargé de présenter. Non-seulement nulle réponse de la part de V. Exc. ne m'a fait connaître qu'elles fussent acceptées, mais jusqu'à présent elle n'a cessé de se refuser aux explications que je lui ai demandées et lui demande encore, sur la manière dont ces offres sont envisagées et sur ce qui, dans l'ensemble de nos propositions, a pu ne pas convenir à l'empereur.

Au milieu des circonstances critiques où se trouvent les deux empires, la prolongation de semblables délais aux explications propres à produire un rapprochement, ne saurait être interprétée autrement que comme une détermination déjà prise de ne point entrer dans ces explications, et par conséquent, que, comme le choix de la guerre: il ne m'est point permis de dissimuler à V. Exc., que c'est ainsi que j'envisagerai les nouveaux retards qui seront mis à me donner une réponse cathégorique sur les communications dont je me suis acquitté par ordre de S. M. l'empereur mon maître. Je dois donc vous prévenir, M. le duc, que si, dans la conférence qu'elle a fixée avec moi pour demain matin, j'avais encore le regret de la trouver sans instructions de S. M. I. et R. pour répondre sur mes propositions et pour m'annoncer qu'elles sont acceptées sans modification, car V. Exc. sait qu'il ne m'est permis d'en admettre aucune, je me verrai, par le départ de S. M. l'empereur et roi, annoncé pour après de main matin, etqui ne me permettrait plus d'espérer la réponse que je réclame, dans la nécessité d'envisager le manque de cette réponse comme le choix de la guerre, et de considérer alors ma présence à Paris comme tout-à-fait superflue, et qu'avec un profond regret de n'avoir pu contribuer au maintien de cette paix et de cette alliance, à l'établissement desquelles le plus grand bouheur de ma vie est d'avoir participé, il y a cinq ans, je serai forcé de demander à V. Exc. mes passeports pour quitter la France. Je la prie d'avance bien instamment d'obtenir les ordres de S. M. I. et R. pour pouvoir alors me les remettre sans délai, Recevez, M. le duc, la nouvelle assurance de ma haute conşidération.

(Signé)

Le prince Alexandre KOURAKIN.

Pour copie conforme,

Le ministre des relations extérieures,

Le duc de BASSANO.

No. V.

Copie d'une note du ministre des relations extérieures, au prince Kourakin, ambassadeur de Russie.

M. L'ambassadeur,

Paris le 9 Mai, 1812.

J'ai reçu les notes que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser les 30 Avril et 7 Mai. Avant d'être dans le cas d'y répondre, je dois demander à V. Exc. si elle a des pleins-pouvoirs pour ar rêter, conduire et signer un arrangement sur les différends qui se sont élevés entre les deux puissances, et de la prier dans ce cas, et conformément à l'usage de tous les cabinets, de m'eu donner préalablement communication.

J'ai l'honneur d'offrir à V. Exc. les nouvelles assurances de ma haute considération.

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Copie de la lettre en réponse du prince Kourakin à la note

Monsieur le duc,

précédente.

Paris, le 27 Avril (9 Mai) 1812.

Je viens de recevoir la lettre de V. Exc. en date d'aujourd'hui. Elle me permettra de lui témoigner ma grande surprise des questions qu'elle m'y fait, et que je croyais entièrement prévenues par la franchise avec laquelle je lui ai communiqué sans serve toutes les instructions que j'ai reçues en dernier lieu de S. M. I. mon auguste maître, V. Exc. connaît les propositions conciliantes qui en sont l'objet, et qui indiquent d'une manière très-positive le désir instant de mon auguste maître de maintenir la paix, et son alliance avec S. M. l'empereur Napoléon. Je suis toujours prêt à m'entendre avec elle sur la forme à leur donner, par la rédaction d'une convention que je signerai avec elle sub spe Rati quoique sans pouvoirs particuliers et spéciaux pour signer cette convention; le caractère dont j'ai l'honneur d'être revêtu auprès de S. M. 1. et R. me suffisant pour cet effet; et je puis promettre à V. Exc. d'après la connaissance parfaite que j'ai des intentions de l'empereur mon maître, et d'après l'annonce qui m'est faite d'un envoi de pleins-pouvoirs spéciaux, au cas où les bases proposées par moi seraient acceptées par S. M. l'empereur et roi, que l'arrangement que je signerai, sera yatifié par S. M. I. J'observe à V. Exc. que quand même

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