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et je la trouve en même tems indiquée dans les papiers anglais, comme vous pouvez vous en assurer en lisant la feuille cijointe.

On ne peut donc plus douter, Monsieur le comte, que le prince Kourakin n'ait parfaitement compris ses instructions, et ne s'y soit conformé dans sa déclaration du 30 Avrii, et lorsqu'il a fait et renouvelé la démande de ses passeports.

Les démarches du prince Kourakin avaient déterminé S. M. à partir de Paris, La publicité qui leur a été donnée lui a fait sentir la nécessité de quitter Dresde, et de se rapprocher de

son armée.

Elle avait espéré que, jusqu'au dernier moment, des pourparlers pourraient encore avoir lieu; mais cet espoir cesse d'exister, lorsqu'elle voit que les propositions qu'on aurait réellement à lui faire sont incompatibles avec son honneur. A Austerlitz, lorsque l'armée russe avait été détruite, lorsque l'empereur Alexandre voyait la sûreté même de sa personne exposée, à Tilsitt, lorsqu'il ne lui restait plus aucun moyen de soutenir la lutte dans laquelle toutes les forces de son empire avaient succombé, sa majesté ne lui a proposé aucune condition dont son honneur pût s'offenser.

Il est aujourd'hui, trop certain, Monsieur le comte, que le gouvernement est résolu à la guerre, pour qu'il convienne que vous restiez plus long tems à St. Pétersbourg. Sa Majesté vous ordonne de demander vos passeports, et de repasser la frontière. Vous en ferez la demande, en adressant à M. le comte Soltykoff la note dont la minute est ci-jointe.

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Copie d'une note de M. le comte de Lauriston à M. le comte Soltykoff.

Le prince Kourakin après avoir fait les communications qui lui ont été apportées par le dernier courrier qu'il a reçu de Russie, ayant demandé ses passeports, et ayant réitéré trois fois sa demandé, S. M. les lui a fait remettre. Elle m'ordonne de demander les miens, ma mission se trouvant finie, puisque la demande que le prince Kourakin a faite de ses passeports a décidé la rupture, et que S. M. l'empereur et roi se considère, dès cette époque, comme en état de guerre avec la Russie.

Pour copie conforme,

Le ministre des rélations extérieures,

Le Duc de BASSANO.

No. XV.

Copie d'une lettre du ministre des relations extérieures, à M. le prince Kourakin

Thorn, le 12 Juin 1812.

Monsieur l'ambassadeur,

Par votre note du 30 Avril, vous avez déclaré qu'un arrangement entre nos deux cours était impossible, si S. M. l'empereur et roi n'adhérait pas préalablement à la demande péremptoire de l'entière évacution des états prussiens.

Lorsque V. Exc. m'annonça verbalement cette démarche, je ne lui en dissimulai pas toutes les conséquences. Après la bataille d'Austerlitz où l'armée russe était cernée ; après la bataille de Friedland, où elle avait été défaite, S. M. montra son estime pour la valeur de cette armée, pour la grandeur de la nation russe, et pour le caractère de l'empereur Alexandre, en n'exigeant rien de contraire à l'honneur. Il n'était pas possible de penser que dans les circonstances actuelles de l'Europe, votre souverain qui ne méconnaît sant doute ni le caractère de l'empereur Napoléon, ni celui de la nation française, si fidèle à l'honneur, voulût déshonorer la France. S. M. l'empereur et roi ne pouvait donc voir dans la condition de l'évacuation de la Prusse, comme préalable de toute négociation, qu'un réfus positif de négocier.

Vous avez confirmé cette opinion, M. l'ambassadeur, par la demande que vous avez faite de vos passeports, le 7 Mai et que vous avez réitérée le 11 et le 24.

J'ai cependant différé de répondre à V. Ex. parce que S. M. aimant à se persuader encore que vous étiez allé au-delà de vos instructions, en donnant une note, en établissant comme une condition formelle ce qui pourrait être le résultat de la négociation, et en coupant court à toute discussion par la demande de vos passeports.

Mais lorsque les dépêches de M. le comte de Lauriston, les rapports qui parviennent des divers cours, les publications mêmes des papiers anglais nous ont appris que votre gouvernement a informé sa capitale et toute l'Europe de la résolution qu'il a prise de n'entrer dans aucune négociation avant que les troupes françaises aient retrogradé jusqu'à l'Elbe j'ai reconnu, M. l'ambassadeur, que je m'étais trompé, et j'ai dû rendre justice à votre expérience et à vos lumières qui vous eussent empêché de vous porter à une démarche aussi extrême, si votre gouvernement ne vous en avait pas fait un devoir absolu.

S. M. ne pouvant plus douter des intentions de votre cour,
TOME IV.
Ooooo

Le 16 Juillet.

Le pape est arrivé à Fontainebleau le 20 Juin dernier, accom gagné de l'archevêque d'Edessa et de plusieurs officiers de sa maison. M. le duc de Cadore, intendant de la couronne, et S. Exc. le ministre des cultes, l'archevêque de Tours, les evêques de Nantes et de Trèves, l'ont reçu à son entrée au palais. L'évêque d'Evreux est arrivé le lendemain. Les car dinaux présens à Paris y ont été quelques jours après. S.S. y occupe le même appartement qu'il y a sept ans; elle a trèsbien supporté le voyage.

28 Juillet.

7e Bulletin de la grande armée.

Wilna, le 16 Juillet, 1812.

La diète de Varsovie s'étant constituée en confédération genérale de Pologne, a nommé le prince Adain Czartorinaki son président. Ce prince, âgé de 80 ans, a été, il y a 50 ans, maréchal d'une diète de Pologne. Le premier acte de la confédération a été de déclarer le royaume de Pologne rétabli.

Une députation de la confédération a été présentée à l'empereur Napoléon à Wilna, et a soumis à son approbation et à sa protection, l'acte de confédération.

1

Noms des membres de la députation de la confédération générale de la Pologne.

MM.

Joseph Wybicki, Valentin Sobolewski, sénateurs palatins; Alexandre comte Beniski, nonce du district d'Obornicki (département de Posnan);

Stanislas comte Soltyk, nonce du district de Szydlowice (département de Radom);

Ignace comte Stadnicki, nonce de Konieck (département de Radom);

Mathieu Wodzinski, nonce du district de Brzesk (départe ment de Bromberg);

Ladislas comte Tarnowski, nonce du district de Lubarton (département de Lublin);

Stanislas comte Alexandronicz, nonce de Losick (département de Siedlac).

Discours de M. le comte palatin Wybicki, président de la députation.

Sire,

La diète du duché de Varsovie, réunie à l'entrée des puissantes armées de V. M. ayant eu pour but de pourvoir aux

moyens que les localités lui offraient pour qu'elles ne manquassent de rien, a senti, dès le premier pas, qu'elle avait des droits à réclamer et des devoirs d'un ordre plus élevé à remplir. D'une voix unanime, elle s'est constituée en confédéra tion générale de Pologne; elle a déclaré la Pologne rétablie dans ses droits, et tous les actes arbitraires et usurpateurs qui avaient anéanti son existence, comme nuls et de nulle va leur.

Sire, V. M, travaille pour la postérité et pour l'historie; et l'histoire et la postérité, comme l'Europe toute entière, pe peuvent méconnaître nos droits, pas plus que nous ne méconnaissons nos devoirs. Nation libre et indépendante depuis les âges les plus réculés, nous n'avons perdu notre territoire et notre indépendance, ni par un traité ni par une conquête, mais par la trahison et la perfidie. La trahison ne peut jamais constituer un droit. Nous avons vu notre dernier roi, traîné à Pétersbourg, y périr dans l'oprobre, et notre nation déchirée en lambeaux et partagée entre les princes auxquels elle n'avait pas fait la guerre, et qui ne l'ont pas conquise.

Nos droits sont donc évidens aux yeux des hommes et aux yeux de Dieu même. Nous avons le droit de nous déclarer Polonais, de relever le trône des Jagellons et des Sobieski, de ressaisir notre existence, de rassembler nos membres épars, de nous armer pour la patrie, et de montrer, en combattant pour elle, que nous sommes encore dignes de nos ayeux,

Ce qui constitue notre droit, constitue aussi notre devoir. Grâce à V. M., quatre millions de Polonais sont libres et gouvernés par des lois polonaises; mais le bonheur dont ils jouissent n'a point étouffé, dans les circonstances actuelles, le sentiment des devoirs qu'impose la patrie, qui sont gravés dans tous les cœurs et commandés par le ciel même.

Nos frères, formant la plus forte population de la Pologne, sont encore courbés sous l'oppression des Russes: nous osons réclamer leur droits, et présenter un centre de réunion à toute la famille polonaise.

V. M. pourrait-elle nous désavouer et nous blâmer d'avoir fait ce que notre devoir de Polonais exigeait, et d'avoir repris nos droits? Oui, sire, la patrie polonaise est proclamée dès aujourd'hui. Elle existe en droit: existera-t-elle de fait ? Le devoir et le droit légitiment notre résolution; mais la force sera-t-elle pour nous? Et Dieu n'aurait-il pas assez puni la Pologne de ses divisions? Voudrait-il perpétuer nos malheurs? et les Polonais qui ont nourri l'amour de la patrie, devraient-ils descendre dans la tombe tristes et sans espérances? Non. Vous avez été suscité par la Providence, sire; sa force réside dans les mains de V. M., et l'existence de notre duché est due à la puissance de vos armes,

tagne des Moines, à deux werstes de la ville, des redos quil a abandonters.

La ride de Moon est aussi grande que Paris; c'est me vibe extrêmement rate, remplie des pajas de tous les prus pasx de l'empire. Le varerneur russe, RostapcIME, & TILS ro ser rette belle vi le, forson'il a vu que l'armée russe i acar donsait. Il a arme 3000 ma fasteurs qu'il a fait sortir Ges chots; il a appelé également 6079 satelites et leur a ia tribuer des armes de l'arsenal.

Notre avant-garde, arrivée au milieu de la ville,fut accueille par une fosil ade partie du Kremlin. Le roi de Naples it mettre en batterie quelques pieces de canon, dissipa cette ce raille et s'empara du Kremlin. Nous avons trouve à l'arsena €0,000 fusils neufs, et 120 pieces de canon sur leurs afite is plus complette anarchie regnait dans la vile; des forcesd ivrés couraient dans les quartiers et mettaient le fea partiet Le gouverneur Rostapchiu avait fait enlever tous le marchands et Légocians par le moyen desquels on aurait pa relatur l'ordre. Plus de quatre cens Français et Allemands avæbest été arrêtés par ses ordres; enfui il avait eu la precaution de faire enlever les pompiers avec les pompes; aussi l'anarchie ta plus complette cette grande et belle ville, et les flammes in consument. Nous y avons trouvé des ressources considere bles de toutes espèces.

L'empereur est logé au Kremlin, qui est au centre de la ville, comme une espèce de citadelle entourée de bautes me railles. Trente mille blessés ou malades russes sont dans les hôpitaux, abandonnés sans secours et sans nourriture.

Les Russes avouent avoir perdu 50,000 hommes à la bataille de la Moskwa. Le prince Bagration est blessés à mort. On a fait le relevé des généraux rosses blessés ou tués à la bataille: it se monte de quarante-cinq à cinquante.

7 Octobre, 1812.

21e Bulletin.

Moscou, le 20 Septembre, 1812 Trois cents chausseurs ont été arrêtés et fusillés. Ils étaient armées d'un fusée de six pouces, contenue entre deux more ceaux de bois; ils avaient aussi des artifices qu'ils jettaient sur les toits. Ce misérable Rastopchin avait fait confectionner ces artifices en faisant croire aux habitans qu'il voulait faire un ballon qu'il lancerait plein de matières incendiaires sur l'armée française. Il réunissait sous ce prétexte les artifices et autres objets nécessaires à l'exécution de son projet.

Dane la journée du 19, et dans celle du 20, les incendies ont Cessé. Les trois quarts de la ville sont brûlés, entre autres le

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