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Abramof, Gabrielow, âgé de 56 ans, né à Serpouchow, soldat de police à Moscou ;

Meikifer, Sameilow, âgé de 51 ans, né à Nowazilé, soldat de police à Moscou ;

Beglow, Fédor, âgé de 52 ans, né à Ruben, soldat de police à Moscou;

Logonow, Stephan, âgé de 30 ans, né à Karachivolow, domestique;

Grégorief, Gabriel, âgé de 36 ans, né à Moscou, soldat de police:

Schestapieroff, André, âgé de .... ans, né à ..........

La commission militaire, considérant qu'ils ne sont pas suffisamment convaincus, les condamne à être détenus dans les prisons de Moscou, pour prévenir le mal qu'ils pourraient faire.

Ordonne, en outre, l'impression, l'affiche, et la distribution de mille exemplaires; enjoint au rapporteur de lire de suite le présent jugement aux condamnés, et au surplus de le faire exécuter, dans tout son contenu, dans les 24 heures.

Fait, clos et jugé, en séance publique, les jour, mois et an que dessus; et les membres de la commission ont signé avec le rapporteur et le greffier la minute du jagement.

Signé:

Weber, le général baron Saunier, Jouve de Guibert, le colonel baron Bodelin, l'adjudant commandant Chevalier Thery, le général baron Michel, le général grand prévôt de l'armée, Lauer.

Vu: Le général chef d'état-major dn major général, faisant fonctions de procureur impérial,

Comte MOUTHION.

Détail des objets trouvés au château de Voronzow, près de la ville de Moscou, concernant le ballon aérostatique, ou machine infernale, que le gouvernement russe a fait faire pour incendier soi-disant l'armée française et ses parcs, par un nommé Schmitt, sans doute Anglais, mais se disant Allemand de nation.

1. Une nacelle qui devait êtré suspendue audit ballon, et qui a été brûlée la veille de l'arrivée des Français en cette ville à environ cent pas dudit château; cette pacelle avait a-pen-près 60 pas de longeur sur 30 de large. On trouve dans les décombres quantité de vis, d'écrons, clous et crampons, ressorts et quantité d'autres ferrures de différentes formes,

Un grand morceau de bois en forme de ballon, qui servait sans doute de modèle.

Dans deux chambres dudit château il se trouve encore 180 grands flocons de vitriol; plus, en avant et en arrière dudit château, 70 tonneaux et six cuves neuves d'une construction tout-à-fait particulière.

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Au château il y a des ateliers de menuisiers et de serruriers, et quelques ontils convenables à ces ateliers.

On a remarqué dans une petite maison blanche, tout en face et près du château, des traces de poudre répandue et écrasée.

On a trouvé de plus le cadavre d'un homme, qu'on dit être celui d'un capitaine Russe, qui gardait cet atelier, et qui doit avoir décédé la veille de notre entrée à Moscou.

Le général grand prévôt de l'armée,

(Signé) Comte LAUER,

9 Novembre,

25e Bulletin.

A Noilskoe, le 20 Octobre, 1812.

Tous les malades qui étaient aux hôpitaux de Moscou, ont été évacués dans la journée du 15, du 16, du 17, et du 18 sur Mojaisk et Smolensk. Les caissons d'artillerie, les munitions prises, et une grande quantité de choses curieuses, et des trophés, ont été emballées et sont partis le 15. L'armée à reçu l'ordre de faire du biscuit pour vingt jours, et de se tenir prête à partir; effectivement l'empereur a quitté Moscou le 19. Le quartier général était le même jour à Desna.

D'un côte, on a armé le Kremlin et on l'a fortifié; dans le même tems où on l'a miné pour le faire sauter. Les une croient que l'empereur veut marcher sur Toula et Kalouga pour passer l'hiver dans ces provinces en occupant Moscou par une division dans le Kremlin.

Les autres croient que l'empereur fera sauter le Kremlin et brûler les établissemens publics qui restent, et qu'il se rapprochera de cent lieues de la Pologne pour établir ses quartiers d'hiver dans un pays ami, et être à portée de recevoir tout ce qui existe dans les Magazines de Dantzick, de Kowno, de Wilna et Minsk, pour se rétablir des fatigues de la guerre : ceux-ci font l'observation que Moscou est éloigné de Petersbourg de 180 lieues de mauvaise route, tandis qu'il n'y a Witpesk à Petersbourg que 130 lieues; qu'il y a de Moscou à Kiow 218 lieues, tandis qu'il n'y a de Smolensk à Kiow que 112 lieues, d'où l'on condut que Moscou n'est pas une position militaire; ou, Moscou n'a plus d'importance politique, puis que cette ville est brûlée et ruinée pour cent ans.

L'ennemi montre beaucoup de Cosaques qui inquiètent la cavalerie: l'avant-garde de la cavalerie, placée en avant de Vinkovo, a été surprise par une horde de ces Cosaques; ils étaient dans le camp avant qu'on pùt être à cheval. Ils ont pris un parc du général Sebastiani de cent voitures de bagages, et fait une centaine de prisonniers. Le roi de Naples est RRRRR

TOME IV..

monté à cheval avec les cuirassiers et les carabiniers, et aperçevant une colonne d'infanterie légère de quatre bataillons que l'ennemi envoyait pour appuyer les Cosaques, il l'a chargée, rompue et taillée en pièces, Le général Dezi, aide de-camp du roi, officier brave, a été tué dans cette charge qui honore les carabiniers.

Le vice-roi est arrivé à Fominskoė. Toute l'armée est en marche.

Le maréchal duc de Trévise est resté à Moscou avec une garnison.

Le tems est très-beau, comme en France en Octobre, peut être un peu plus chaud. Mais dans les premiers jours de Novembre on aura des froids. Tout indique qu'il faut songer aux quartiers-d'hiver. Notre cavalerie surtout en a besoin. L'infanterie s'est remise à Moscou, et elle est très-bien port

tante,

37 Décembre.

29e Bulletin.

Molodetchno, le 3 Décembre 1812.

Jusqu'au 6 Novembre le tems a été parfait, et le mouve ment de l'armée s'est éxecuté avec le plus grand succès. Le froid a commencé le 7; dès ce moment, chaque nuit nous avons perdu plusieurs centaines de chevaux qui mouraient au bivouac. Arrivés à Smolensk, nous avions déjà perdu bien des chevaux de cavalerie et d'artillerie.

L'armée russe de Volhynie était opposée à notre droite. Notre droite quitta la ligne d'opération de Minsk, et prit pour pivot de ses opérations la ligne de Varsovie. L'empereur apprit à Smolensk, le 9, ce changement de ligne d'opérations et présuma ce que ferait l'ennemi. Quelque dur qu'il lui parût de se mettre en mouvement dans une si cruelle saison, le nouvel état des choses le nécessitait. Il espérait arriver à Minsk, ou du moins sur la Bérésina, avant l'ennemi; il partit le 13 de Smolensk; le 16 il coucha à Krasnoi. Le froid, qui avait commencé le 7, s'accrut subitement, et, du 14 au 15 et au 16, le thermomètre marqua 16 et 18 degrés au-dessous de la glace. Les chemins furent couverts de verglas, les chevaux de cavalerie, d'artillerie, de train périssaient toutes les nuits, non par centaines mais par milliers, surtout les chevaux de France et d'Allemagne. Plus de 30,000 chevaux périrent en peu de jours; notre cavalerie se trouva toute à pied, notre artillerie et nos transports se trouvaient sans attelage. Il fallut abandonner et détruire une bonne partie de nos pièces et de nos munitions de guerre et de bouche.

Cette armée, si belle le 6, était bien différente dès le 14,

presque sans cavalerie, sans artillerie, sans transports. Sans cavalerie nous ne pouvions pas nous éclairer à un quart de lieue; cependant, sans artillerie nous ne pouvions pas risquer une bataille et attendre de pied ferme; il fallait marcher pour ne pas être contraints à une bataille que le défaut de munitionnous empêchait de désirer, il fallait occuper un certain espace pour ne pas être tournés, et cela sans cavalerie qui éclairat et liât les colonnes. Cette difficulté, jointe à un froid excessif subitement venu, rendit notre situation fâcheuse. Les hommes que la nature n'a pas trempés assez fortement pour être audessus de toutes les chances du sort et de la fortune, parurent ébranlés, perdirent leur gaieté, leur bonne humeur, et ne rêvèrent que malheurs et catastrophes; ceux qu'elle a créés supérieurs à tout, conservèrent leur gaieté et leurs manières ordinaires, et virent une nouvelle gloire dans des difficultés dif férentes à surmonter.

L'ennemi qui voyait sur les chemins les traces de cette effreuse calamité qui frappait l'armée française, chercha à en profiter. Il enveloppait toutes les colonnes par ses Cosaques, qui enlevaient, comme les Arabes dans les déserts, les trains et les voitures qui s'écartaient. Cette méprisable cavalerie, qui ne fait que du bruit et n'est pas capable d'enfoncer une compagnie de voltigeurs, se rendit redoutable, à la faveur des circonstances. Cependant l'ennemi eut à se repentir de toutes les tentatives sérieuses qu'il voulait entreprendre; il fut culbuté par le vice-roi au-devant duquel il s'était placé, et il y pardit beaucoup du monde.

Le duc d'Elchingen qui, avec trois mille hommes, faisait l'arrière-garde, avait fait sauter les remparts de Smolensk. It fut cerné et se trouva dans une position critique: il s'en tira avec cette intrépidité qui le distingue. Après avoir tenu l'ennemi éloigné de lui pendant toute la journée du 18, et l'avoir constamment repoussé, à la nuit il fit un mouvement par le flanc droit, passa le Borysthène et déjoua, tous les calculs de l'ennemi. Le 19, l'armée passa le Borysthène à Orza, et l'armée russe fatiguée, ayant perdu beaucoup de monde, cessa là ses tentatives.

L'armée de Volhynie s'était portée dès le 16 sur Minsk et marchait sur Borizon. Le général Dombrowski défendit la tête de pont de Borison avec 3000 hommes. Le 23, il fut forcé, et obligé d'évacuer cette position. L'ennemi passa alors la Beresina, marchant sur Bobr, la division Lambert faisait l'avant-garde. Le 2e corps, commandé par le duc de Reggio, qui était à Tcherein, avait reçu l'ordre de se porter sur Borisou pour assurer à l'armée le passage de la Beresina. Le 24, le duc de Reggio rencontra la division Lambert à 4 lieues de Borison, l'attaqua, la battit, lui fit 2000 prisonniers, lui prit six pièces de canon, 500 voitures de bagages de l'armée de Volhynie, et rejeta l'ennemi sur la rive droite de la BereRRRRR 2

sina. Le général Berkeim, avec le 4e de cuirassiers, se dir tingua par une belle charge. L'ennemi ne trouva son salut qu'en brûlant le pont qui a plus de 300 toises.

Cependant l'ennemi occupait tous les passages de la Beresina, cette rivière est large de 40 toises, elle charriait assez de glaces, mais ses bords sont couverts de marais de 300 toises de long, ce qui la rend un obstacle difficile à franchir.,

Le général ennemi avait placé ses 4 divisions dans différens débouchés où il présumait que l'armée française voudrait passer.

Le 26, à la point du jour, l'empereur, après avoir trompé l'ennemi par divers mouvemens faits dans la journée du 25, se porta sur le village de Studzianca, et fit aussitôt, malgré une division ennemie et en sa présence, jeter deux ponts sur la rivière. Le duc de Reggio passa, attaqua l'ennemi et le mena battant deux heures; l'ennemi se retira sur la tête-depont de Borisow. Le général Legrand, officier du premier mérite, fut blessé grièvement mais non dangereusement. Toute la journée du 26 et 27 l'armée passa.

Le duc de Bellune, commandant le 9e corps, avait reçu ordre de suivre le mouvement du duc de Reggio, de faire l'arrière-garde et de contenir l'armée russe de la Dwina qui le suivait. La divivion Partounaux faissait l'arrière-garde de ce corps. Le 27 à midi, le duc de Bellune arriva avec deux divisions au pont de Studzianca.

La division Partounaux partit à la nuit de Borizow. Une brigade de cette division qui formait l'arrière-garde et qui était chargée de brûler les ponts, partit à sept heures du soir; elle arriva entre 10 et 11 heures; elle chercha sa première brigade et son général de division qui étaient partis deux heures avant et qu'elle n'avait pas rencontré en route. Ses recherches furent vaines; on conçut alors des inquiétudes. Tout ce qu'on a pu connaître depuis, c'est que cette première brigade, partie à 5 heures, s'est égarée à 6, a pris à droite au lieu de prendre à gauche, et a fait deux ou trois lieues dans cette direction, que dans la nuit et transie de froid, elle s'est ralliée aux feux de l'ennemi, qu'elle a pris pour ceux de l'armée française; entourée ainsi, elle aura été enlevée. Cette cruelle méprise doit nous avoir fait perdre 2000 hommes d'iafanterie, 300 chevaux et trois pièces d'artillerie. Des bruits

couraient que le général de division n'était pas avec sa colonne et marchait isolément.

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Toute l'armée ayant passée le 28 au matin, le duc de Bel lune gardait la tête-de-pont sur la rive gauche; le duc de Reggio, et derrière lui toute l'armée, était sur la rive droite. Borisow ayant été évacué, les armées de la Dwina et de la Volhynie communiquèrent; elles concertèrent une attaque. Le 28, à la pointe du jour, le duc de Reggio fit prévenir l'empereur qu'il était attaqué; une demi-heure après, le duc

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