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mandant, de porter et présenter au corps législatif, les 80 drapeaux et étendards pris par l'armée française, aux combats d'Espinosa, Burgos, Tudela, Sommo-Sierra et Madrid.

Cet officier supérieur, qui a pris une partie si honorable à l'affaire de Sommo-Sierra, va se mettre en marche dès que l'état de sa blessure le permettra, pour remplir cette mission, qui est pour lui un témoignage précieux de l'estime et de la satisfaction de l'empereur, pour les services qu'il a rendus. Je prie V. Exc. de recevoir l'expression des sentimens de ma plus haute considération.

Le prince de Neuchâtel, vice-connétable, major-général de l'armée,

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En ce moment, une musique guerrière se fait entendre à

l'extérieure de la salle,

Une députation de douze membres du corps législatif, uommée samedi en comité général, introduit les militaires porteurs des drapeaux, ayant à leur tête M. l'adjudant-commandant, comte de Ségur fils.

Ces braves, accueillis par de nombreux applaudissemens et les acclamations prolongées de vive l'empereur! vont se placer aux deux côtés de la statue de S. M. dans l'enceinte qu'occupe M. le président,

M. l'adjudant-commandant, comte de Ségur paraît à la tribune, et prononce le discours qui suit:

"Messieurs, l'empereur me charge d'avoir l'honneur de vous présenter les drapeaux ennemis, pris aux combats d'Espinosa, Burgos, Tudela, Sommo-Sierra et Madrid.

"Les voilà, ces signes de ralliement des ennemis de la France! comment donc osaient-ils les déployer contre le héros du monde, sans croire que c'étaient des trophées qu'ils éle vaient à sa gloire !

"Nous, soldats du grand empereur, dévoués à ses ordres, fiers de les exécuter, ou de mourir, quelle plus noble récompense peut-il nous donner que celle de vous apporter les marques éclatantes de ses victoires, d'en orner le sanctuaire de çes lois conçues par son génie, et sanctionnées par votre sagesse !..

"Permettez-moi donc, Messieurs, de me féliciter aujourd'hui de l'honneur que S, M, daigue m'accorder, en me chargeant de déposer au milieu des députés de tous les départemens de la France, les témoignages de la gloire nationale, témoignages, qui désormais ici seront ceux de la constante bienveillance de S. M. pour l'un des plus illustres et des premiers corps de l'empire."

Les plus vifs applaudissemens accompagnent M. de Ségur fils jusqu'aux banquettes de M M. les conseillers d'état, où il ya se placer auprès de M. de Ségur son père.

M. le président.-Guerriers et législateurs, l'appareil militaire déployé dans cette enceinte paisible; les soldats français portant les trophées de leur gloire aux députés des villes et des campagnes qui les ont vu naître; les guerriers et les magistrats confondus; la puissance des armes honorant celle des lois; les nombreux drapeaux qu'on vient suspendre autour de cette statue, où revivent les traits du vainqueur et du législateur de tant de nations: tout ce spectacle, à la fois héroïque et touchant, a déjà pénétré vos cœurs d'un enthousiasme involontaire.

Que peut ajouter la voix de l'orateur à l'émotion générale ? Comment exprimer tout ce qu'on éprouve de grand et de doux au milieu de cette imposante cérémonie? Ils ne sont plus ces tems où les maîtres du monde s'arrogeaient seuls l'honneur des triomphes payés par les travaux et quelquefois par ta vie de leurs sujets.

Un grand prince appelle aujourd'hui son peuple au partage de sa gloire; et quel prince a plus que lui le droit de croire qu'il entraîne seul la fortune à sa suite? Mais, sûr de sa grandeur personnelle, il ne craint point de la communiquer; il n'ignore pas que le monarque accroît les honneurs "de son trône de tous ceux qu'il accorde à sa nation. Il fait déposer, pour la seconde fois, au sein du corps législatif, les monumens de ses conquêtes. La lettre qui les accompagne est au-dessus peut-être du don glorieux que nous avons deux fois reçu de lui. Qu'on me permette de la rappeler un moment: les grands hommes se peignent dans leurs paroles comme dans . leurs actions.

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"Mes troupes (dit sa majesté) ayant, au combat de Bur"gos, pris les drapeaux de l'armée d'Estramadure, parmi "lesquels se trouvent ceux des gardes walonnes et espagnoles, j'ai voulu profiter de cette circonstance, et donner une "marque de ma considération aux députés des départemens,

au corps législatif, en leur envoyant les drapeaux pris dans “la même quinzaine où j'ai présidé à l'ouverture de leur "session. Que les députés des départemens et les colléges " électoraux, dont ils font partie, y voient le désir que j'ai "de leur donner une preuve de mon estime."

Cette lettre associe en quelque sorte la grandeur du monarque à celle du peuple français. Un héros avait dit, en partant, qu'il conduirait son auguste frère à Madrid. Ce qu'il avait dit, s'est exécuté. Jamais il ne fit en vain de telles promesses. Mais sur le champ de bataille, sa première pensée est pour nous. C'est Alexandre qui part de la Macédoine avec son génie et l'espérance, et qui, dès sa première victoire au-delà du Granique, envoie les dépouilles des natious vaincues aux temples des dieux de sa patrie.

Vous avez sans doute été frappés, comme moi, du motif de

cet hommage fait aux députés des départemens et des colléges électoreaux.

Une autre idée, non moins grave, est digne de vous occuper

encore.

Les drapeaux qui vous sont remis ont un caractère particu→ lier. Ils furent conquis sur un peuple égaré par les factions. Quelques-uns portent encore les emblêmes de la licence populaire. Ce n'est donc point en vaine que le chef de l'état a résolu de les placer dans ce sanctuaire des lois. Il veut, par cette image, rappeler à tous les yeux les malheurs qui menacent les empires, quand le frein sacré des lois ne retient plus les fareurs de la multitude.

Hélas! nous avons connu les mêmes excès, que notre exemple éclaire et détrompe un peuple infortuné! L'esprit de ses anciennes juntes s'est réveillé sous une influence étrangère. Voilà la véritable danger qui le presse. Non: ce n'est point un héros qu'il doit craindre. Ses armes ne le soumettront que pour le sauver. C'est contre l'anarchie qu'il doit se mettre en défence. Et qui peut mieux l'en garantir que notre libérateur? L'anarchie est de tout les ennemis de la France celui dont la défaite lui mérita le plus d'honneurs et de bénédictions.

Espérons que des jours plus heureux vont se lever sur l'Es pagne. Le prince qui la gouverne achevera l'ouvrage des armes par la force des bienfais et l'autorité de la sagesse. L'insulaire entièrement chassé de la péninsule, et saus ressources sur le Continent, implorera, pour nous échapper encore, la vitesse de ses vaisseaux. Où va dire, une seconde fois, en dépit de l'Angleterre, il n'y a plus de Pyrénées.

Rien ne peut donc altérer les nobles impressions qui naissent à l'aspect de ces trophées instructifs et glorieux. Le guerner choisi pour nous les porter, leur ajoute encore un nouveau prix. Son bras servit à les enlever. Que dis-je ? On a craint long-tems qu'il ne les payât de ses jours. Brillant des grâces de la première jeunesse, il est déjà couvert d'honourables bles sures comme un vétéran. Il eut le bonheur de trouver dans son père; les vrais modèles de la valeur et de l'urbanité française. Il n'a point démenti ce double exemple. Il réunit les plus beaux caractères de l'officiers français, également propre à briller dans la cour et dans l'armée, sachant cultiver son esprit dans la dissipation des fêtes et dans le tumulte des camps, aimable et doux dans la société mais terrible au jour de batarile. Que ces drapeaux, teints de son sang, doiveut paraître beaug à sa mère, à son épouse, à son père qui versent des larmes de joie, et sur qui semblent s'arrêter tous les regards de cette assemblée! Je suis sûr que dans ce moment, le jeune guerrier se dit dans son cœur, que malgré tant de périls et de souffrances la gloire dont il jouit ne fut pas trop chèrement achetée,

et que nul sacrifice n'est impossible pour le souverain qui lui réservait un si beau jour.

Qui: J'en atteste l'honneur français. Telle est sa pensée. Lhonneur français ! que de prodiges on peut faire avec ce seul mot! L'honneur français, dirigé par un grand homme, est un assez puissant ressort pour changeer la face de l'uni

vers.

On a souvent nommé les rois d'illustres ingrâts: on a dit, non sans quelque raison, qu'ils mettaient trop tôt en oubli le dévouement de leurs sujets, et qu'auprès du trône il était plus utile de flatter que de servir. Combien le maître à qui nous sommes attachés, mérite peu ce reproche! Du haut point d'élévation qu'il occupe, il jette un regard équitable sur les talens qui sont au-dessous de lui; car il est trop élevé audessus d'eux tous, pour ne pas les juger tous avec impartialité. Ses bienfaits préviennent à chaque instant ses serviteurs de toutes les classes, et particulièrement ses fidèles compagnons d'armes. Le pinceau des grands artistes est chargé de reproduire les grandes actions; les places publiques portent les noms des guerriers morts sur le champ de bataille et se décorent de leurs images; des arcs de triomphe s'élèvent à la gloire des armées françaises, et un temple voisin conservera sur des tables d'or, la mémoire des braves. C'est là qu'un héros veut donner à ses soldats une part de son immortalité. Il embellit leur vie par la fortune et les titres dus à leur courage. Il fait plus, il honore leur mort, et sa royale amitié ne néglige pas même le marbre de leurs tombeaux.

Quels dévouemens extraordinaires ne doit pas attendre un souverain si magnanime!

Aussi que de grandes choses il a fait exécuter dans un règne si court et si rempli !

Périsse à jamais le langage de l'adulation et de la flatterie! Je ne commencerai point à m'en servir dans les dernières paroles qui je prononce à cette tribune d'où je vais descendre pour toujours. Je n'ai point oublié les devoirs imposés à ce corps respectable et cher, dont j'ai l'honneur encore une fois d'être l'organe et l'interprête. Le corps législatif ne doit porter aux pieds du trône que la voix de l'opinion publique.

C'est avec elle seule que je louerai le prince. J'exprimerai franchement l'admiration qu'il m'inspire; j'en trouve l'occasion naturelle dans cette fête guerrière où brille toute sa gloire. L'élite de la France et de l'Europe est ici rassemblée. J'en appelle à leur témoignage. Tout ce que je vais dire de ini sera merveilleux et véritable.

Transportons-nous par la pensée, dans l'avenir, Voyons ce héros comme la postérité doit le voir un jour, à travers les puages du tems, C'est alors que sa grandeur paraltra, pour pinsi dire, fabuleuse. Mais trop de monumens attesteront les

merveilles de sa vie pour que le doute soit permis. Si nos derniers descendans veulent savoir quel est celui qui, seul, depuis l'empire romain, réunit l'Italie dans un seul corps? l'histoire leur dira: c'est Napoléon. S'ils demandent quel est celui qui, vers la même époque, dissipa les hordes arabes et musulmanes au pied des Pyramides et sur les bords du Jourdain? i'histoire leur dira: c'est Napoléon.

Mais d'autres surprises les attendent. Ils apprendront qu'un homme, en quelques sorte désigné d'en haut, partit du fond de l'Egypte au moment où toutes les voix de la France l'appelaient à leurs secours et qu'il y vint rétablir les lois, la religion et l'ordre social menacés d'une ruine prochaine; cet homme encore sera Napoléon. Ils verront dans dix années, trente états changeant de forme, des trónes fondés, des trônes détruits. Vienne, deux fois conquise, et les successeurs du grand Frédéric perdant la moitié de leur héritage. Ils croifont d'abord que tant de révolutions et de victoires sont l'ou vrage de plusieurs conquérans. L'histoire, appuyée sur le témoignage unanime des contemporains, dissipera toutes les méprises.

Elle montrera toujours le même Napolén, fondant de l'Autriche sur la Prusse, poussant sa marche victorieuse jusqu'aux dernières limites de la Pologne, s'élançant toute-à-coup du fond de la Sarmatie vers ces monts qui séparant la France des Espagnes, et striomphant près de ces régions où l'antiquité plaçait les bornes du monde.

Et cependant les prodiges ne seront pas épuisé ! Il faudra retracer encore les bienfaits d'un code immortel; il faudra peindre lous les arts rappelant à Paris la magnificence de Rome antique; car il est juste que la ville où residé un si grand homme, devienne aussi la ville éternelle.

J'interroge maintenant tous ceux qui m'écoutent. En estil un seul qui désavoue le moindre trait de ce tableau ? Heureux les princes qu'on peut louer dignement avec la vérité? Heureux aussi l'orateur qui ne donne aux rois que des éloges justifiés par leurs actions! L'assemblée et les tribunaux renouvellent leurs applaudissemens et leurs acclamations.

M. le président déclare que la session de 1809 est ter minée.

MM. les orateurs du gouvernement, ayant quitté la salle, le corps législatif se sépare.

30 Janvier.

PRÉFECTURE DE POLICE.

Une ordonnance en date du 26 Janvier, portant réglement général pour les prisons du ressort de la préfecture de police, contient les dispositions suivantes:

TOME IV.

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