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3315. LE BARON FORTH-ROUEN, MINISTRE À DRESDE, A DROUYN de Lhuys. (Télégr. Déchiffrement. Saxe, 142(1).)

Dresde, 7 août 1866, 2h soir. (Reçu à 3 1/2 soir.)

Les Ministres du Roi prient Votre Excellence de transmettre au Baron de Beust:

M. Benedetti à M. Forth-Rouen :

On sera charmé de revoir le Comte de Hohenthal; on est prêt à le recevoir sous tous les rapports, et on l'attend. »

Le Comte de Hohenthal est parti aujourd'hui pour Berlin (2).

3316. DROUYN DE LHUYS AU DUC DE GRAMONT, AMBASSADEUR À VIENNE. (Télégr. Minute. Autriche, 492.)

Paris, 7 août 1866, 4h 45 soir.

Veuillez dire au Baron de Beust que M. Benedetti annonce à M. Forth-Rouen que le Comte de Hohenthal est parti aujourd'hui à trois heures pour Berlin, où on est prêt à le recevoir sous tous les rapports, et où on sera charmé de le revoir (3).

(1) Note marginale au crayon : «Transmis au Duc de Gramont le 7 août." (2) Cf. Forth-Rouen, 6 août, no 100.

(3) Cf. Forth-Rouen, 6 août, no 100, et 7 août, télégramme.

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3317. Drouyn de Lhuys au BARON DE MALARET, MINISTRE À FLORENCE. (Télégr. Minute à chiffrer. Italie, 365.)

Paris, 7 août 1866, 7 1/4 soir.

L'Autriche persiste d'une manière absolue à refuser la condition de l'uti possidetis, malgré nos instances réitérées (1).

Je suis certain que la Prusse se considère comme entièrement dégagée envers l'Italie par la cession de la Vénétie. Elle déclare à Vienne qu'elle n'est nullement tenue d'appuyer le principe de l'uti possidetis comme base d'armistice (2).

Une dépêche de Trieste m'annonce la concentration dans les environs de Gorice d'un corps autrichien qu'on évalue à 160,000 ou 200,000 hommes.

Appelez sur cette situation l'attention sérieuse du Cabinet de Florence.

3318. BENEDETTI, AMBASSADEUR À BERLIN, À DROUYN DE LHUYS. (Orig. Prusse, 359, n° 178.)

Berlin, 7 août 1866. (Cabinet, 9 août; Dir. pol., 11 août.)

[Benedetti rend compte de la première séance que les Chambres prussiennes ont tenue la veille et cite les discours du Président de la Chambre des Seigneurs, le Comte Everard de Stolberg, et du Président d'âge de la Chambre des Députés, le Général Stavenhagen. Il analyse également un article du journal démocratique la Réforme qui signale les avances faites à la Représentation nationale par le Roi dans son discours du Trône (3), et préconise une entente avec elle. On prétend que les progressistes, tout en se maintenant sur le terrain de la conciliation, profiteront de la circonstance pour réclamer une loi qui rende plus sérieux le

(1) Cf. Drouyn de Lhuys à Gramont, télégrammes, 4 et 6 août. Le télégramme de Gramont du 5 août, 21 soir, avait été développé dans une dépêche de même date, qui parvint au Cabinet le 7 août.

(2) Cf. Gramont, 1er août, n° 105.

(3) Cf. Benedetti, 5 août, n° 176.

contrôle financier du Parlement. Mais il est difficile de prévoir le sort réservé à cette motion, beaucoup de Députés paraissant disposés à se contenter de la satisfaction de principe que le Ministère leur a donnée en sollicitant un bill d'indemnité.]

3319. LE COMTE DE SARTIGES, AMBASSADEUR À ROME, À DROUYN DE LHUYS. (Orig. Rome, 1032, no 70.)

Rome, 7 août 1866.

(Cabinet, 12 août; Dir. pol., 24 août.)

J'ignore s'il entre dans les vues du Gouvernement de l'Empereur que la question des réformes intérieures soit reprise; mais, ce que je n'ignore pas et ce que je ne dois pas laisser ignorer à Votre Excellence, c'est qu'à Rome cette question préoccupe les esprits, et que l'on y calcule déjà, au Vatican ce que l'on pourra concéder, en ville ce qu'on pourra exiger.

Si jamais situation a été indiquée pour rappeler à Pie IX la question des réformes intérieures dont il a constamment admis la nécessité et contesté l'opportunité, c'est celle dans laquelle il se trouve à ce moment. La paix qui se négocie sur les bases de l'extension des frontières du Royaume d'Italie, et par conséquent du statu quo pour les limites actuelles des États de l'Église, accable la Cour de Rome. Pie IX, à l'âge de soixante-quinze ans, n'a pas le temps d'attendre la fin du long recueillement auquel les circonstances condamnent l'Autriche, sur le concours de laquelle reposaient de vagues espérances de restauration. Il sait que, des cinq grandes Puissances qui décident du sort des autres États, trois, dissidentes de culte, sont hostiles à la Papauté; il voit que la France seule lui reste, et, pour s'assurer la puissante protection de l'Empereur, il est à penser qu'il se résoudrait à faire les réformes d'ordre politique que Sa Majesté, qui connaît mieux que personne dans Rome les gouvernants et les gouvernés, indiquerait comme nécessaires.

En même temps qu'au Vatican on laisse entrevoir des dispositions aux transactions, en ville on laisse percer des doutes sur l'avenir de l'Italie; la foi en l'unité n'est plus la même; les succès

négatifs qu'ont eus sur terre et sur mer les armes italiennes, le désordre dans ses diverses administrations, la gêne de ses finances, l'emprunt forcé de ces derniers jours, ces causes et d'autres encore ont porté un certain nombre de propriétaires, de banquiers, de commerçants romains, à se demander si, en définitive, leur autonomie sous des Papes qui régneraient et ne gouverneraient pas ne serait pas préférable à leur réunion à un pays dont les différentes provinces sont encore si mal jointes et où les intérêts de tous sont si insuffisamment garantis! Un commencement de scission s'est dessiné entre ce parti et celui des émigrés qui persistent à vouloir rentrer les armes à la main dans Rome pour en chasser le Pape, parti malheureusement nombreux et populaire dans les États pontificaux. Les conditions auxquelles le parti que j'appellerai libéral autonome accepterait la continuation du pouvoir temporel seraient, m'ont assuré des gens bien renseignés, l'assimilation en principe de la condition des sujets de Pie IX à celle des sujets du Roi Victor-Emmanuel : le Gouvernement laïque, l'union douanière, la suppression des passeports, la faculté pour les sujets romains de servir en Italie.

Certes, Monsieur le Ministre, ce serait là un programme bien vaste à présenter d'un coup à l'acceptation de Pie IX, et je n'oserais pas ouvrir l'avis de le faire sans s'être préalablement assuré auprès du Saint-Père de l'accueil qu'il lui réserverait; mais je vois le Pape et ses conseillers tellement émus des dangers qui menacent le pouvoir temporel considéré comme la garantie du pouvoir spirituel, que j'incline à penser que, pour le transmettre, même amoindri, à ses successeurs, le Pape actuel se résignerait à de larges concessions.

que

Seulement, l'on devrait s'attendre à ce que, en même temps le Saint-Père accepterait en principe ces bases d'arrangement avec son peuple, il poserait, de son côté, comme condition sine qua non, que l'essai s'en ferait sous la surveillance de la France qui les aurait conseillées, et à l'abri de son drapeau. Mgr Bérardi (1) me l'a fait comprendre dans les dernières conversations que j'ai eues avec lui et où il n'a pas fait mystère de la gravité de la situation dans laquelle se trouve le Gouvernement pontifical.

(1) Archevêque de Nicée in partibus, camérier secret du Pape et substitut du secrétaire d'État.

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