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Par M. FLEURY de CHABOULON,

Ex-Secrétaire de l'Empereur Napoléon et de son Cabinet, Maître des
Requêtes au Conseil d'Etat, Baron, Officier de la Légion d'Honneur,
Chevalier de l'Ordre de la Réunion.

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パン

MÉMOIRE S,

&c. &c.

L'EMPEREUR reçut à la même époque (1er Mai)

une nouvelle de confiance que preuve du peu méritent les hommes, et de l'horrible facilité avec laquelle ils sacrifient leurs devoirs, et leurs sentimens, aux calculs de leur cupidité, ou de leur ambition.

De tous les ministres de Napoléon, le duc d'Otrante fut celui qui, lors de son retour, lui prodigua le plus de protestations de dévouement et de fidelité. "Et cette fidelité, s'il eut pu en douter, se seroit trouvée garantie par le mandat sous lequel il gémissait (M. Fouché) au moment où le retour de Napoléon vint lui rendre la liberté et peut-être la vie *."

Cependant, quel ne fut point l'étonnement de l'Empereur, lorsque le duc de Vicence vint

* Fragment d'une lettre de M. Fouché à l'Empereur le 21 Mars.

TOM. II.

B

lui apprendre qu'un agent secret de M. de Metternich était arrivé de Vienne à Paris, et paraissait avoir eu un entretien mystérieux avec M. Fouché? L'Empereur, sur le champ, ordonna à M. Réal, préfet de police, de se mettre à la recherche de cet émissaire; il fut arrêté, et déclara:

Qu'envoyé par une maison de banque de Vienne pour régler des comptes d'intérêts avec plusieurs banquiers de Paris, il avait été mandé par M. de Metternich, et que ce prince l'avait chargé d'une lettre pour le ministre de la police de France;

Qu'il ignorait le contenu de cette lettre; qu'il savait qu'elle était écrite entre lignes avec de l'encre sympathique, et que le prince lui avait remis une poudre pour faire ressortir les caractères occultes;

Que M. le baron de Werner, agent diplomatique, devait se trouver à Bâle le 1er Mai, pour recevoir la réponse de M. le duc d'Otrante;

Qu'on lui avait donné un bordereau simulé, qui devait servir de point de reconnaissance entre M. Werner et l'agent que pourrait envoyer le ministre Français.

Enfin, qu'il avait remis la lettre et le bordereau au duc d'Otrante, qui lui avait dit de

vaquer promptement à ses affaires, et de repartir pour Vienne le plutôt possible.

L'Empereur manda immédiatement M. Fouché, sous le prétexte de l'entretenir d'affaires d'état.

M. Fouché garda le plus profond silence sur ce qui s'était passé avec l'envoyé de M. de Metternich, et ne laissa pénétrer aucun embarras, aucune inquiétude.

Le premier mouvement de Napoléon fut de faire saisir les papiers de son infidèle ministre; mais il pensa qu'il était trop adroit et trop prudent, pour conserver des traces de sa trahison; et il jugea qu'il serait préférable pour apprendre la vérité d'envoyer quelqu'un à Bâle qui se présenterait à M. Werner de la part du duc. Napoléon attachait à cette mission la plus haute importance; il daigna jeter les yeux sur moi pour la remplir, et après m'avoir révelé “ la perfidie de cet infame Fouché," il me dit: "Vous allez vous rendre à l'instant chez le duc de Vicence; il vous remettra des il vous remettra des passeports au nom du Roi et du mien; vous saurez à la frontière ceux qui valent le mieux. Voici un ordre de ma main, à tous les généraux, préfets et lieutenans de police, qui se trouveront sur le Rhin, de vous faciliter les moyens de sortir de France, et d'y rentrer, et de vous accorder au

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