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« elles nées? O poëtes! qui le sait? » En effet, le Ciel et la Terre sont ici les deux moitiés du monde qui s'offrent constamment à nos regards, sans aucune allusion à leur état antérieur et à leurs origines. Aussi leur hymen n'a-t-il absolument rien de cosmogonique « A la fois unis et séparés, éloignés et voisins, ils veillent « au poste solide qui leur est assigné. Et jeunes, dans cette car<< rière qu'ils fournissent ensemble, ils se disent soyons époux. <« Et aussitôt (chaque matin) tous les êtres apparaissent au jour. «Sans peine, le Soleil et la Terre ont produit les grands dieux.> (Id., t. I, p. 81.)

La lumineuse Aditi, qui est la mère d'Indra et des autres grands dieux, tous solaires, et que Gautama dit même être le ciel, l'air, tous les dieux et les cinq espèces d'êtres, le passé et l'avenir, la Mère, le Père et le Fils, n'est point, comme Vesta, la lumière du premier Jour, ou comme Phtha, le démiurge de l'Univers. Il ne faut voir en elle qu'une pure abstraction, que la lumière saisie dans sa complète unité, dans sa bonté et dans son action salutaire. (Tels sont les trois sens du mot ADITI.) Dans un sens plus spécial, elle est l'aube du jour et la sœur des Ténèbres Chaque matin, <«< cette grande déesse apparaît avec majesté, escortée de ses fils, « de ses généreux enfants qui s'élèvent (lentement au-dessus de « l'horizon), ouvrant la voie à l'immortalité et assurant la marche << de l'astre voyageur. » (Id., t. I, p. 140. 334. 438.)

Indra est le grand dieu du ciel et du tonnerre; au temps du brahmanisme il ne règnera plus que sur le soleil. Mithra est le soleil diurne, comme Pollux et Ré; et Varouna le soleil nocturne, comme Castor et Atmou. Pouchan, à la fois blanc et noir, personnifie l'alternative du jour et de la nuit. Aryaman, d'après un ancien commentateur, serait « l'Aditya de la mort, » (Ibid., p. 560.) un Seth Ré, un Apollon apollyon. Sourya est l'astre même du soleil; la chevelure couronnée de rayons, il est monté sur un char traîné par ses coursiers purifiants. (Ibid., p. 95. 226.) La force productrice du soleil est personnifiée dans Savitri Cet astre est l'œil de Bhaga. Enfin le grand Vichnou, « le sauveur invisible, l'ami, le compagnon d'Indra, » « parcourt en trois pas sa carrière, » de son lever à midi, de midi à son coucher, de on coucher à son lever, et « chacun de ses pas indique aux

prêtres dont l'œil est tendu sur la marche du dieu, l'heure des trois sacrifices journaliers. » (Ibid. p. 36.)

Les deux Aswins, sauveurs à cheval, qui ont un faux air de ressemblance avec les Dioscures, et qui ne sont, semble-t-il, que les rayons qui précèdent le soleil au moment de son lever, sont tantôt les fils de cet astre, tantôt les pères du soleil et de la lune, tantôt les enfants de la mer, dans les flots de laquelle le soleil est censé passer la nuit, et dans le même hymne ils ont pour père d'abord le Ciel, puis Roudra. (Ibid. p. 87. 420; t. ш, p. 137. 374; t. IV, p. 270 sq.)

L'Aurore est de même, tour à tour, sœur, épouse, amante et mère du Soleil, fille du Ciel, sœur de la Nuit, parente de Varouna. (Id., t. I, p. 176. 220. 305; t. II. p. 98.)

Le grand et redoutable dieu de l'air, Roudra, qui se confondra plus tard avec Chiwa, n'a point de père ni de mère connus. Mais il a pour enfants les Marouts ou les Vents, qu'a mis au monde Prisni, qui est celle qui mouille, arrose, la nuée.

Enfin, Agni, le feu du sacrifice, a deux mères, les deux bois de l'Arani, et un père, le maître du sacrifice, qui l'en tire avec effort, et qui l'engraisse de libations. Aussi le dit-on fils de la Force, enfant des Ondes.

La plupart des généalogies des Védas sont, non point des dogmes sanctionnés par le temps, par le sacerdoce, par l'assentiment général, mais de simples métaphores que les poëtes inventaient, au gré de leur imagination, et qu'ils auraient variées à l'infini si les phénomènes naturels qu'ils avaient en vue, ne les eussent pas retenus dans d'étroites limites. Les dieux védiques du monde n'ajoutent donc rien à ce que nous savons déjà de la religion primitive, et le seul service qu'ils nous rendent, est de nous faire apprécier dans sa pleine valeur l'élément traditionnel des théogonies du monde occidental.

Ajoutons que le culte antébrahmanique de l'Inde explique le culte antémazdéien de la Perse tel que nous le fait connaître Hérodote (1, 131). Ce dernier explique à son tour celui des Scythes (4, 59), d'après Zeuss. (Les Allemands et les peuples voisins, p. 285 sq. en allem.)

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de la vie religieuse, l'un humain, l'autre divin. De la
méthode à suivre dans l'étude de toute religion.

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CHAP. II. — Première période du développement de l'humanité. Origine du langage qui doit sa forme à l'abstraction et à l'analogie, ou à la personnification et à la métaphore.

CHAP. III.

Deuxième période du développement de l'humanité. Epanouissement de l'esprit humain, et formation d'une science poétique et d'une poésie philosophique, qui doit sa forme à la métaphore et à la personnification . .

CHAP. IV.

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-

·Troisième période du développement de l'huma-
nité. Altération de la science poétique de la précédente
période. 1o La tradition devient légende. 2o La mé-
taphore ou le symbole produit le mythe.
30 La per-
sonnification produit le polythéisme. Classification des
faux dieux. Le polythéisme conduit à l'idolâtrie; en
même temps s'altèrent le culte et le sacerdoce. ·
pour l'interprétation des symboles, des mythes et des

-

Règles

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dieux.

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CHAP. V.

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Les religions païennes. Les trois races.
peuples sauvages et les peuples civilisés.

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