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Afin de réparer sur le champ toute espèce de retard qui aurait eu lieu à ce sujet, afin aussi de donner des instructions précises aux commandants des places qui n'ont pas encore été mises en état de siège, je vous invite à adresser à chacun des gouverneurs et commandants des places et des forts, compris dans l'étendue de votre commandement, des instructions détaillées, renfermant, entr'autres dispositions, toutes celles que prescrivent les lettres patentes ci-jointes.

Vous rappellerez fortement aux gouverneurs et commandants des places que l'honneur et leurs devoirs envers l'Empereur et la Patrie leur prescrivent de conserver à tout prix les places et les forts dont la défense leur est confiée.

Vous les chargerez de prendre, à la nouvelle des premières hostilités, tous les moyens pour augmenter leurs approvisionnements de bouche; ils frapperont des réquisitions dans les communes qui les environnent et feront rentrer des denrées de toute espèce dans leurs places pour porter au maximum fixé les approvisionnements de la place.

Faites-leur bien sentir l'importance de cette mesure, quia le double avantage de donner des moyens de défense et d'enlever des ressources à l'ennemi.

Ils devront mettre la plus grande régularité dans ces opérations; nommeront une commission civile pour la réception et la garde de ces approvisionnements; des reçus bien en règle seront délivrés aux propriétaires, afin que le gouvernement les en fasse rembourser.

Ils feront bien connaître que ces remboursements sont garantis par le Gouvernement et l'honneur de la nation. Ils placeront les approvisionnements, ainsi que cela leur a été expressément et itérativement recom

mandé, dans les lieux le moins exposés à être incendiés par l'ennemi. Vous leur interdirez d'y toucher à moins d'une absolue nécessité, et ils n'en useront qu'avec la plus rigoureuse économie.

Les gouverneurs et commandants de places devront, à la réception de votre lettre, déclarer aux habitants qu'ils sont tenus de s'approvisionner au moins pour six mois, et leur en faire sentir la nécessité, puisqu'on serait obligé de faire sortir de la place tous ceux qui, à l'approche de l'ennemi, n'auraient pas complété leurs approvisionnements.

Dans l'état de siège, les gouverneurs et commandants ont la haute police dans les places; ils ont donc les moyens de sévir contre les malveillants.

Vous leur ordonnerez de renvoyer tous les individus qu'ils regarderaient comme dangereux.

Le décret du 24 décembre 1811, dont ils doivent bien se pénétrer, règle, d'une manière précise, toute l'étendue de leur autorité à cet égard.

Ne perdez aucune occasion de leur répéter qu'ils doivent conserver, à tout prix, la place ou le fort que l'Empereur leur a confié; qu'il est de leur devoir d'user de tous les moyens d'atteindre ce but, quelques rigoureux qu'ils puissent être; que tout acte de faiblesse est aussi répréhensible que la làcheté puisqu'il produit les mêmes résultats; que l'emploi de toute mesure, de quelque nature qu'elle soit, qui tend à la conservation de la place, devient un devoir impérieux; enfin que toute considération doit céder devant ce grand intérêt.

Ajoutez à ces instructions tous les ordres que l'expérience peut vous suggérer, et toutes les autres dispositions que les localités peuvent rendre nécessaires.

Transmettez copie de ma lettre aux gouverneurs et

commandants, et prescrivez-leur de la lire à chaque réusion du conseil de défense, ainsi que les lettres patentes et les autres instructions que je leur ai adressées, ou que vous serez dans le cas de leur donner. Recevez, Général, l'assurance de ma considération distinguée.

Le Maréchal, ministre de la guerre,

Prince D'ECKMUHL.

A M. LE LIEUTENANT GÉNÉRAL COMTE LOBAU, COMMANDANT LE CORPS DE RÉSERVE DE L'ARMÉE DU NORD, A PARIS.

Ministère de la

Guerre.

C'est exécuté ce matin.— D. Général Durieu. Il faut faire partir sur le champ une autre Compagnie de vétérans pour Vincennes et faire coordonner cette disposition avec ce que j'ai précédemment prescrit sur le même sujet.

Le même jour: ci-joint le rapport du général Daumesnil.

Paris, le 2 juin 1815.

Monsieur le général, je vous ai écrit, il y a plusieurs jours, d'envoyer deux ou au moins une compagnie de vétérans à Vincennes. Le général Daumesnil ne peut faire la police avec le peu de monde qu'il a; hier, il a arrêté deux hommes qui s'étaient introduits dans le chateau et a trouvé un tas de paille enflammée près du magasin à poudre.

Je vous invite, Monsieur le général, à donner les ordres les plus précis pour que ce renfort de troupes

parte aujourd'hui et soit ce soir ou demain matin à Vincennes.

Recevez, Monsieur le général, l'assurance de ma haute considération.

Le Ministre de la guerre,

Mal Pee D'ECKMUHL.

Ministère de la

Guerre.

Monsieur le comte, je vous invite à faire toutes les démarches et à prendre les mesures nécessaires pour établir des hôpitaux à Paris jusqu'à la concurrence de 20,000 places.

Il faut laisser à l'artillerie les établissements qu'elle occupe comme magasins à poudre.

Il sera bon, cependant, de s'entendre avec elle, afin qu'elle s'apprête à céder tout ce qu'elle pourra en ne prenant que des locaux qui lui seront absolument indispensables.

Je vous invite à me faire un rapport que j'adresserai à l'Empereur pour lui donner connaissance des mesures prises.

Il faut, indépendamment, prendre des lignes d'évacuation, en prenant pour bases celles de l'année dernière, telles que Caen, Rouen, Tours, etc.

Il faut cependant ne rien commencer avant que j'aie reçu les ordres de l'Empereur.

Agréez, Monsieur le comte, l'assurance de ma haute considération.

Le Ministre de la guerre,

Mal Pee d'ECKMÜHL.

A M. LE COMTE DARU, MINISTRE D'ÉTAT.

Paris, le 17 juin 1815.

Ministère de la
Guerre.

Au quartier-général, à La Villette.

Monsieur le commandant, je vous préviens que je viens de donner l'ordre à la moitié des invalides volontaires (canoniers) de se rendre sur les hauteurs de Montmartre pour défendre la capitale. Vous voudrez bien prendre les mesures nécessaires pour utiliser ces braves soldats.

Le 30 juin 1815.

P.-S.

Signé :

Le Ministre de la guerre,

Mal Pce D'ECKMÜHL.

Vous prendrez des mesures pour que des

vivres leur soient distribués.

A M. LE COMMANDANT DE MONTMARTRE.

Une brochure, publiée en 1848, à ClermontFerrand, par le neveu du lieutenant général comte Beker, sur son ordre et sous ses yeux, m'a paru d'un si haut intérêt, que j'ai sollicité la permission de la faire copier.

Rien ne saurait mieux disculper le prince d'Eckmühl des injustes accusations dont il a été l'objet en 1815 que ces pages dictées par un homme tout dévoué à l'Empereur la douceur de Napoléon étonne, puis on se prend à

penser

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