Page images
PDF
EPUB
[graphic]

E MONTHOLON se lève et lit d'une voix très-faible quelgnes que répète ensuite M. de la Chauvinière, sur la de de plusieurs membres de la cour. Les voici :

étais en Angleterre, où des intérêts de famille m'avaient

y vis souvent le prince Napoléon; souvent il me conpensées sur l'état de la France, son projet de convoin congrès national, son espérance de rendre un jour rançais l'union politique que l'Empereur avait si gloment fondée.

'outes ses idées manifestaient un ardent amour de la e, un noble orgueil du grand nom qui lui a été transet je retrouvais en lui un vivant souvenir des longues ations de Sainte-Hélène.

Mais jamais il ne m'a parlé d'entreprises prochaines, éparatifs pour une expédition en France.

Lorsque, croyant aller à Ostende, je me trouvai à bord quebot que montait le prince, et qu'il me fit connaître termination, j'ai pu lui soumettre quelques observamais il était déjà trop tard!

e n'ai pas quitté le neveu de Napoléon, je ne l'ai pas ssé sur la côte de France.

l'ai reçu le dernier soupir de l'Empereur. Je lui ai fermé eux. C'est assez expliquer ma conduite. Je me vois sans t accusé aujourd'hui pour avoir pris une résolution dont nne opinion que j'ai des hommes me persuade que chade vous, messieurs les pairs, eût été capable. »

BERRYER, se levant. La défense de M. de Montholon orne à ces seuls mots : « Je n'ai pas voulu délaisser sur te de France le neveu de l'Empereur, dont j'avais reçu ernier soupir, et à qui j'avais fermé les yeux. »

n'ajoute qu'un mot pour répondre à l'objection qui conà dire: Est-il possible que M. de Montholon n'ait rien u de la détermination prise par le prince Louis? e prince Louis l'affirme, il l'a déclaré dès les premiers

moments; il n'y a pas un fait, pas une circonstance dar l'instruction suivie devant vous, qui indique qu'il y ait eu en tre le grand général Montholon et le prince Louis-Napoléo d'autre conversation que les conversations générales dont i vous parle. Dans l'absence de tout indice à cet égard, je dé pose sur le bureau de la cour des lettres écrites par M. de Montholon, le 2 et le 3 août, pour des affaires importante à Paris, qui constatent qu'il croyait en effet se rendre e Belgique, et que sous très-peu de jours il pensait être re venu à Londres.

M. LE PRÉSIDENT. L'accusé qui vient après M. de Month lon est l'accusé Voisin. Son défenseur m'ayant fait connaît qu'il désirait que son plaidoyer fût remis à demain, je de manderai si le défenseur de l'accusé Mésonan est prêt.

M DELACOUR. Si la Cour voulait me permettre de ne pren dre la parole que demain?

M BERRYER. La défense s'est divisé les plaidoiries Me Ferdinand Barrot est le défenseur de quatre des accusés et sa défense embrasse un système qu'il est indispensable d présenter à la cour avant d'examiner les faits qui concerner chacun des accusées et la position de ces hommes dévoué au système impérial. La Cour comprend la nécessité qu'il a à ce que le développement général de ce système de dé fense lui soit présenté avant tout débat postérieur.

M. LE PRÉSIDENT. Je ne refuserai pas cet espèce de déla réclamé dans l'intérêt de la défense. L'audience est levée à 4 heures 1/2.

Quatrième audience.

Plaidoyer de Me Ferdinand Barrot.

POUR LES ACCUSÉS VOISIN, PARQUIN, DESJARDINS ET

BATAILLE.

M® FERDINAND BARROT. Messieurs les pairs, le procès qu vous occupe renferme d'assez hauts enseignements pour qu'il s oit utile de les recueillir et d'en prendre acte au nom des des idées d'avenir.

D'une part, les princes reconnaissent que de notre temps Els relèvent de la souveraineté nationale, et qu'ils doivent Compter relativement à leurs droits avec les révolutions qui es ont compromis ou effacé.

D'une autre part, vous, comme juridiction, vous vous êtes ésolûment saisis d'un de ces débats qui jusqu'à présent s'agitaient et se vidaient dans l'arène du fait et non dans le préoire de la loi. C'est là un acte grand et solennel, et dont rous apprécierez toutes les conséquences, et vous voilà prêts ans doute, messieurs les pairs, à engager juridiquement tout ce contentieux des dynasties que le mouvement social, alans sa marche, a pu laisser derrière lui.

Il est donc convenu que dorénavant en France nous jugeons ceux qui furent d'institution divine ou d'institution naionale, peu importe, nous ferons passer le droit qu'ils invo[uent, les prétentions qu'ils soutiennent sous le niveau de la oi commune; et cette résolution de la part d'un des trois ouvoirs de l'état aura poussé plus avant que jamais dans les roies populaires notre droit politique.

Du reste, messieurs, j'ai voulu seulement retenir, au bénéfice des doctrines avancées, le résultat de votre décision, t je me hâte d'abandonner de grandes thèses qui appartedaient à une position à part dans ce procès, position à laJuelle il a été admirablement pourvu; et, disons-le, la didrnité, l'honneur, la liberté d'un prince qui s'appelle Napoléon, qui a dans les veines le même sang que l'Empereur, valaient bien d'être défendus par l'une des plus puissantes paroles des temps modernes; disons encore que le zèle, l'éclat de la défense ont témoigné que cette cause pouvait, en France, aller à toutes les convictions.

Maintenant, messieurs, je dois ramener votre attention à une tâche moins élevée ; je n'emprunterai rien aux doctrines transcendantes du droit public. Il ne m'appartient pas, comme à l'orateur que vous avez entendu à votre audience d'hier, d'aller bâtir l'aire de ma cause au-dessus des régions de la loi commune. Je viens défendre de simples accusés que n'abriterait pas suffisamment l'exception invoquée par le prince; je viens défendre de simples accusés qui sont citoyens, qui se le rappellent, qui comptent à la loi et à votre justice. C'est donc le procès en lui-même, le procès dans ses conséquences judiciaires que je viens débattre devant vous.

L'accusation a donné à l'entreprise de Boulogne un caractère qui ne lui appartient peut-être pas. C'est, nous a dit

l'accusation, une tentative insolente d'usurpation; le prin oubliant que le droit qu'il invoque a été effacé par deux ré tions successives, est venu sur le territoire français re mander une couronne et un sceptre. Il a tiré son ép élevé son drapeau, appelé à lui le désordre et l'anar C'est une spéculation puérile; c'est le résultat d'une an tion sans portée et sans patriotisme; et M. le procureur néral, en le vouant à la colère des lois, s'efforçait hier, le réquisitoire que vous avez entendu, dont nous gari toute l'impression, de la vouer en même temps au me de tous. Plus est formelle cette imputation, plus est irri besoin de la repousser. Le prince à déjà protesté, et pro encore de toute l'énergie de son âme contre une pareill terprétation de ses actes.

P

Assurément, messieurs les pairs, je ne viens pas glo l'acte de Boulogne; mais enfin je viens lui restituer pensée. Vous le verrez, c'est une pensée généreuse donné issue à une erreur que je déplore. Il y avait as ment beaucoup d'habileté, mais aussi quelque injustice part du ministère public, á représenter l'entreprise du comme un fait d'égoïsme personnel. Est-il donc bien que le prince Louis-Napoléon, en posant le pied sur le ritoire français, soit venu réclamer les droits d'une dyr et redemander un sceptre et une couronne? Eh mon messieurs les pairs, qu'il me soit permis de le dire q est donc la pauvre ambition que de notre temps pe tenter un sceptre et une couronne? Hélas! vous le tous; c'est un lourd et dangereux fardeau; vous le savez et je le comprends: c'est un fardeau que l'on n'acce qu'on ne supporte que par le sentiment d'un impérie irrésistible devoir.

Ce ne sont donc pas ces joyaux de la souveraineté q bitionnait le prince Louis Bonaparte; M. le procureur ral n'a pas bien inventorié la succession impériale, s'i a vu que ces choses en cherchant à côté, au-dessus, aurait trouvé la gloire nationale, nos frontières reculée pays respecté partout et donnant son avis à haute voix les affaires du monde : n'est-ce rien? Oh! pourquoi auj d'hui parler de gloire : il n'en est pas temps encore; m un jour l'insulte faisait soulever la nation, alors ce s bien le moment de rappeler le bruit de ces temps de f héroïque, où nous allions frapper à toutes les capitale

pays

l'Europe: alors, messieurs, héritiers ou non, saisissons-nous de cette part oubliée de la succession impériale.

Mais allons donc plus avant. Il y a dans la succession impériale, dont le prince entendait se porter héritier, des ressources qui vont mieux peut-être aux idées positíves de ce siècle. Notre régime de liberté, au milieu des avantages qu'il comporte, a des misères auxquelles il faut pourvoir et des nécessités menaçantes. Il y a des esprits qui s'effrayent de cette arène toujours ouverte, où, depuis cinquante ans, les ystèmes politiques luttent sans trêve et sans merci, trônant our à tour, prétendant chacun à son rang apporter la forme Formale et définitive, puis tous s'épuisant en efforts, et un our, par hasard ou par raison, tombant sous la violence.

Lorsque ces hommes, messieurs les pairs, voient les sysèmes déchus se reformer derrière la révolution qui les a epoussés, s'organiser et prendre des positions patentes et Fuissantes dans toutes les voies de la société, ils appréhenent qu'il n'y ait là, pour cette dernière, des causes incesFintes de désordre et de ruine, et redoutent que sous la guerre testine de cette république des partis, la base sociale ne ole en éclats. Ils pensent que ce qu'il faut aujourd'hui, c'est staurer le pouvoir, l'autorité, la loi. Ils se montrent préocpés des destinées du pouvoir en France; ils voudraient voir marcher en avant et au centre des institutions, afin 'il n'absorbât point la force qui lui est propre, dans les bats de ses limites chaque jour contestées; ils ne veulent que le pouvoir et la liberté vivent, pour ainsi dire, coude ade, car il y a à chaque pas, dans les voies politiques, zi passages trop étroits pour qu'ils puissent s'y présenter Ffront.

[ocr errors]

Que faut-il donc mettre entre le pouvoir et la liberté? c'est ine recherche à laquelle les esprits dont je parle se livrent Tardeur. Que faut-il donc mettre pour trouver la distance e qui doit exister entre le pouvoir et la liberté? La force, hergique et sévère loi, on l'a essayé : c'est trop, et ce n'est S assez. Ce qu'il faut y mettre, c'est mieux que l'autorité, espect de l'autorité; c'est mieux que la loi, le sentiment la loi il faut qu'on croie à l'autorité, aux institutions, à oi; il faut que l'on comprenne que la loi c'est l'épée et bouclier du droit!

Cet état de choses, messieurs les pairs, sans repos et sans demain, a occupé les longues méditations du jeune prince leuis Napoléon, et, dans les études de son exil, il recher

« PreviousContinue »