Page images
PDF
EPUB

Berger; Evrard; Ed. Dowa; Tordeux; J.-B. Cousin; d'Argis; Colonjon; Henri Leroy, avocat ; Stiévenard; Dutemple, avocat; Levêque; Ed. Leroy; docteur Cambray, membres résidants.

MM. S.-H. Berthoud; Tellier, père; Félix Cambay; Lefebvre; Tordeux, docteur en médecine; Lequenne-Cousin; Boulanger, membres correspondants.

La séance est levée à deux heures.

Le Président,

DE CONTENCIN.

Le Secrétaire-général,

L. LEFRANCQ.

DISCOURS

DE

M. DE CONTENCIN, PRÉSIDENT.

MESSIEURS,

E n'est pas pour obéir à un vain sentiment d'amour-propre, que notre compagnie vient périodiquement entretenir le public des tentatives de son zèle, du résultat de ses investigations. La publicité est un des éléments essentiels de son existence et de ses progrès. Quiconque s'est imposé volontairement une mission dans un intérêt général, est tenu de prouver qu'il a fait tout ce qui était en lui pour la bien remplir. C'est dans l'appui que viennent lui prêter d'honorables sympathies, qu'il trouve, plus tard, l'influence dont il a besoin pour poursuivre sa

tâche. Nous avons voulu, en établissant entre nous les liens de l'association, concourir à l'œuvre de perfectionnement intellectuel qui réunit, de toutes parts, de si louables efforts. Nous venons vous dire aujourd'hui quel a été le dernier tribut apporté par notre société à ce noble labeur. Vous jugerez si, dans les étroites limites de notre sphère d'activité, nous avons su mériter quelques encouragements.

Il appartient plus spécialement à l'un de nos collaborateurs de faire connaître les travaux de la Société pendant l'intervalle qui s'est écoulé entre notre dernière séance publique et la séance actuelle. Je ne viens pas empiéter sur ses attributions. La part que j'ai cru pouvoir garder pour moi dans l'exposé que nous avons à vous faire, se bornera à l'examen rapide des principes de notre association dans leur application aux différentes branches des connaissances humaines qui font plus particulièrement l'objet de nos travaux.

Le désir de savoir implique le besoin de guides. L'homme isolé, qui n'est comptable à personne de ses études, court risque de s'égarer. Les pensées des autres nous ramènent de nos écarts et nous désabusent de nos erreurs. Le choc des opinions produit la lumière, et les principes contestés sortent de la discussion affermis et incontestables. De ces vérités devenues vulgaires, est née la pensée de mettre en commun les efforts de l'intelligence, non-seulement afin de s'éclairer

soi-même, mais dans le but plus généreux de faire quelque bien à autrui, en travaillant aux progrès des choses utiles. Pour atteindre ce but, les bases de l'association doivent être solidement établies, car c'est d'elles que dépend le succès des efforts mutuels. Dire quels sont les principes que nous cherchons à propager, c'est indiquer le soin que nous prenons pour que notre participation à l'œuvre commune ne reste point stérile.

C'est un noble sentiment que celui qui, dans la juste appréciation du beau et du vrai, nous porte à admirer, partout où ils se révèlent, les travaux de l'esprit, les efforts du talent et du génie, les actes de la morale et de la vertu, sans autre arrière-pensée qu'un vif et persévérant désir de s'améliorer soi-même. Ce sentiment est l'émulation. En le prenant pour mobile de notre conduite, en l'inscrivant en tête de nos statuts, nous avons voulu montrer avec quelle abnégation, quelle défiance de nous-mêmes, mais aussi avec quelle confiance dans la droiture de nos vues, dans l'harmonie de nos efforts, nous entendons rendre quelques services aux lettres, aux arts, aux sciences et à l'agriculture. Services modestes, si on les considère isolément; services digues d'une certaine estime si, tenant compte des difficultés, on pèse l'influence et la valeur de notre intervention, au point de vue de ce concert universel qui unit toutes les associations scientifiques et littéraires.

On a dit, en reproduisant sous une nouvelle forme, la proposition si souvent citée de Buffon, que la littérature est l'expression de la société. Cet axiôme fondamental constate en même temps l'influence des lettres sur les mœurs et sur le goût. Qui pourrait nier cette influence en se reportant aux principales péripéties de la littérature française, à ces grandes époques de prospérité et de décadence, où l'on voit les mœurs se réfléchir dans les livres les plus vantés? Heureusement, pour l'honneur de notre nation, le caractère général d'un peuple n'est pas toujours la conséquence naturelle des goûts qu'il manifeste dans ses écrits. Tout est soumis chez nous à l'empire de la mode, et les travers qu'elle favorise sont presque toujours l'œuvre de quelques individualités. Autour d'elles viennent se ranger les écrivains qui trouvent un profit matériel ou un moyen facile de se faire un nom en exploitant le succès éphémère de quelques œuvres que condamnent bientôt la morale et le goût. L'influence du mauvais exemple est d'autant plus grande qu'elle s'exerce de plus haut. Dans le siècle dernier, Voltaire et ses disciples avaient fait pénétrer la philosophie dans toutes les branches de la littérature. Le roman lui-même était devenu philosophique. Mais quelle philosophie! Sous un vernis de fausse élégance de mœurs et de langage, il offrit, pendant quelque temps, un perfide aliment aux imaginations déréglées; ce qui ne

« PreviousContinue »