Pour le mal dont tu meurs, le baume le plus sûr? Ah! conservant du moins ta robe immaculée, Tu forces Albion à se tenir voilée Devant ta bannière d'azur. Děnouant les faisceaux que sa main n'a pu rompre, La foi des O'Connell retrempe ton courage... Le Christ a sur l'amour fondé la loi nouvelle... Déjà, pour recueillir cette douce parole, Et posent sur ton sein, comme autant d'Emeraudes, Leurs nids de rosée et de miel. Sous l'haleine de Dieu, noble terre d'Irlande, Dont ta beauté céleste aimait à se parer : Aux parfums s'exhalant de l'urne des fontaines, J'entends frémir d'amour, sur tes plages lointaines, Les rameaux sybillins trop long-temps assoupis. Dans tes champs désolés qu'un air plus pur abreuve, J'entends, ô verte Erin, ondoyer, comme un fleuve, Des forêts de fleurs et d'épis. En implorant le jour où l'haleine divine D'un lait plus généreux doit gonfler ta poitrine, S'il est des cœurs d'airain que la plainte importune, Jetez le bouclier, peuples, brisez le glaive: Vous marchiez dans la nuit, mais l'aube enfin se lève; Plusieurs ont entrevu la colonne de feu : Et le poète unit ses accents prophétiques Aux longs gémissements des vieux chênes celtiques, Pour chanter la trève de Dieu! 9 DE L'INDIFFÉRENCE EN LITTÉRATURE. Par M. D'ARGIS. MESSIEURS, N ne peut se défendre d'une profonde amertume, en voyant l'indifférence littéraire à laquelle incline le XIXe siècle. La préoccupation des intérêts matériels devient chaque jour plus générale, et menace de renverser bientôt les barrières qui s'opposent encore à leur action envahissante. Et ne me dites pas, tout d'abord, que je me plais à créer un fantôme, afin de me procurer l'occasion d'une victoire facile. La France, il est vrai, possède des colléges, des bibliothèques, |