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» Votre gloire comme prélat, vous commande bien plus impé-»rieusement, ce sacrifice, Monseigneur, puisque le motif en >> est plus louable et plus digne de vous. Si votre sort vous parait >> rigoureux, que votre ame trempée aux leçons d'une véri>> table filosophie, et sarmant de ce courage, dont votre » bouche signala souvent la nécessité, donne l'exemple de cette >> docilité aux décrêts de la Providence, soumission que la reli>> gion chrétienne inspire plus encore que les conseils des filo>>sophes. Ne vous y trompés pas, Monseigneur, les hommes ne > verraient dans cette résistance, que des motifs d'intérêt per>>sonnel, ou d'ambition trompée.

» Cependant je ne m'aveugle pas, sur l'impression douloureuse » que doit vous faire éprouver la mesure dont vous souffrés: >> mais cette rigueur même doit vous prouver qu'elle a été jugée > indispensable au bien et à la tranquillité de l'Eglise, puisque » le meilleur et le plus clément des Rois, s'en est imposé la » pénible exécution.

» Je ne rappelerai pas à votre mémoire, Monseigneur, que » dans des conversations qui semblaient présager ce qui vous > arrive, vous m'annonciés le ferme projet de faire au Roi et à » la Religion, tous les sacrifices qui seraient demandés. Ces >> sentiments étaient certainement dans votre ame, ainsi que les >> motifs louables qui les avaient dictés; je ne puis croire qu'ils >> en soient bannis. Il est beau d'être supérieur aux évènements, » et l'illustre archevêque de Cambrai fut surtout grand et su» blime, alors qu'il sacrifiait sur l'autel de la paix son amour> propre humilié.

» Agrées, avec indulgence ces réflexions dictées par l'attache➤ment et le profond respect avec lequel j'ai l'honneur d'être,

» Monseigneur,

» Votre três humble et três obéissant serviteur. >>

NOTE 32.- Page 153.

Voici les espérances que l'ancien haut clergé avait fondées sur le concordat de 1817 et dont il déplore l'ajournement dans sa lettre au souverain pontife, en date du 30 mai 1819.

a Elle a été de courte durée, très Saint-Père, la joie que nous

» avait fait éprouver la convention passée entre votre Sainteté et » le roi très chrétien, et que nous avions conçue, des grands et >> heureux desseins qui avaient déjà en partie reçu leur exécution, » et dont l'entier accomplissement promettait pour l'avenir des » avantages plus précieux encore. Les anciens nœuds qui exis» taient entre la France et le Saint-Siège, resserrés de nouveau; » les articles contraires à la doctrine et aux lois ecclésiastiques, » qui avaient été faits à l'insu de votre Sainteté et publiés sans » son aveu, abrogés ; une circonscription nouvelle des dio» cèses plus avantageuse au bien de la religion, autant que les > circonstances pouvaient le permettre; le rétablissement des » sièges dont l'origine remonte à la plus haute antiquité et rap» pelle les plus beaux souvenirs; l'assurance d'une dotation > convenable stipulée pour les églises ; la résolution prise de tra>> vailler insensiblement à réparer les maux de la religion; la >> nomination des évêques, leur préconisation, l'union de l'épis>> copat français, tout nous annonçait que l'Eglise gallicane >> touchait à la fin de ses trop longues épreuves et marchait vers >> une restauration tant désirée. Déjà le peuple chrétien com» mençait à louer le Seigneur, et toute la France chantait un » cantique d'allégresse et d'action de grâces. »

Après le tableau des espérances déçues vient la triste peinture de l'état de l'Eglise de France, menacée d'une destruction totale et prochaine parce que des quarante signataires de la lettre au souverain pontife, trente-six n'appartenaient à l'épiscopat que par leurs souvenirs ou leurs espérances.

« Nous ne pouvons le dire sans une profonde tristesse, très» Saint-Père, depuis ce moment où des jours plus sereins >> semblaient devoir succéder aux orages dont nous étions battus >> depuis tant d'années, l'état de l'Eglise loin de s'améliorer en >> France, est devenu et devient de jour en jour plus déplorable. > Non seulement nous n'avons point senti s'alléger le poids de nos » douleurs, mais il s'est encore appesanti sur nous; et le temps » n'est peut-être pas éloigné où il sera comme impossible de >> relever nos ruines. La discipline ecclésiastique se relâche, un » grand nombre de diocèses ne sont pas suffisamment gouvernés,

1 Voir la fin de cette note,

» les fidèles errent comme des troupeaux sans pasteurs, les éta»blissements ecclésiastiques languissent, le sacerdoce s'affaiblit » par des pertes que ne répare point un petit nombre d'élèves du » sanctuaire, souvent entravés dans leur vocation, inquiétés » dans leur instruction ou découragés par l'aspect de la misère et » des dégoûts qui les attendent dans l'exercice du saint ministère. » La religion est attaquée de toutes parts, ses ennemis semblent » réunir toutes leurs forces contre elle, et ne se proposent rien >> moins que de l'anéantir dans ce royaume autrefois si chrétien

et si fidèle. Les livres impies volent et se répandent, les doc>>trines pernicieuses gagnent comme la gangrène; les dérisions, >> les satires, les calomnies sont prodiguées à l'envi aux hommes » apostoliques, aux missionnaires pleins de zèle qui se consument » avec un succès si marqué, à prêcher le retour à la foi, et par » suite à la paix et au bonheur. Pour comble d'affliction, nous » avons vu bannir publiquement des lois répressives, le nom de » la religion, et rejeter ainsi la pierre angulaire sans laquelle il D ne saurait y avoir d'édifice social. Les évêques qui gouvernent » les diocèses et ceux qui sont destinés aux sièges actuellement >> vacants, ne pouvant agir de concert, asservis, opprimés sous >> ces mêmes réglements qu'avait imposés une domination étran» gère et tyrannique, réduits à combattre à part, succomberont >> infailliblement; et dans un temps donné, plus court peut-être » que celui qu'avait marqué l'usurpation, l'Eglise de France » tombera pour ne plus se relever. »

(Lettre adressée au Pape le 30 mai 1819. Pages 3, 5 et 7.)

Les articles organiques du concordat de 1801 dont les signataires de la lettre au pape espéraient l'abrogation, sont les conséquences ou l'essence même des maximes de l'Eglise de France.

Le passage suivant du Mémorial de Sainte-Hélène, prouve que les espérances ultramontaines de 1819, n'étaient qu'une réminiscence ostensible de tentatives secrètes, faites à une autre époque :

« Les papes, disait Napoléon, ne pouvaient nous pardonner >> nos libertés de l'Eglise gallicane: les quatre fameuses propo»sitions de Bossuet, surtout, excitaient leur ressentiment; >> c'était, selon eux, un véritable manifeste de guerre, aussi >> nous considéraient-ils hors du giron au moins autant que les

>> protestants. Ils nous trouvaient aussi coupables, peut-être >> plus, et s'ils ne nous avaient pas accablés de foudres osten»sibles, c'est qu'ils avaient craint les conséquences : notre sépa» ration. L'exemple de l'Angleterre était là. Ils n'avaient donc » pas voulu se couper le bras droit de leur propre main; mais ils » ne cessaient de veiller pour une occasion favorable ; ils l'at» tendaient du temps. Nul doute QU'ILS VONT LA CROIRE » arrivée auJOURD'HUI. Toutefois, les lumières et les mœurs » du siècle les repousseront encore.

» Avant mon couronnement, disait l'Empereur, le Pape voulut » me voir, et tint à se rendre lui-même chez moi. Il avait fait » bien des concessions. Il était venu à Paris me couronner, il

consentait à ne pas me poser la couronne, il me dispensait de >> communier en public avant la cérémonie, il avait donc, selon >> lui, bien des récompenses à attendre en retour; aussi avait-il » rêvé d'abord la Romagne, les Légations, et il commençait à » soupçonner qu'il faudrait renoncer à tout cela. Il se rabattit » alors sur une bien petite grâce, disait-il, seulement à voir » signer un titre ancien, un chiffon bien usé qu'il tenait de » Louis XIV.

- «Faites-moi ce plaisir, disait-il; au fond, cela ne signifie » rien. - Volontiers, très Saint-Père, et la chose est faite si >> elle est faisable. » Or, c'était une déclaration dans laquelle Louis XIV, sur la fin de ses jours, séduit par Madame de Maintenon ou gagné par ses confesseurs, désapprouvait les fameux articles de 1682, base des libertés de l'Eglise gallicane. L'Empereur répondit malignement qu'il n'avait, pour son compte, aucune objection personnelle, mais qu'il fallait toutefois, pour la régle, qu'il en parlât avec les évêques; sur quoi le pape se tuait de répéter que cela n'était nullement nécessaire, que cela ne méritait pas tant de bruit. « Je ne montrerai jamais cette >> signature, disait-il, pas plus qu'on n'a montré celle de » Louis XIV. — MAIS SI CELA ne signifie rIEN, disait Napo» léon, a QUOI BON MA SIGNature? Et si CELA PEUT SIGNI» FIER QUELQUE CHOSE, IL FAUT BIEN DÉCEMMENT QUE JE

» CONSULTE MES DOCTEURS. »

Mémorial de Sainte-Hélène, tome 2, pages 115 et 116. (Edition illustrée.)

FIN.

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Expulsion des Jésuites de toute la France. (Note 3.)
Bref d'extinction de la Société de Jesus, par CLÉ-
MENT XIV. (Note 4.)
Déclaration du clergé de France sur la puissance ecclé-
siastique, 1682. (Note 5.)
Statistique du clergé de France, en 1789. (Note 10.)
Cures à la nomination de non-catholiques, de femmes,

de communautés de femmes.

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185

189

195

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Tableau comparatif des vingt-un plus grands évêchés et

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Sur les principes des réformes apportées dans la police et la discipline ecclésiastiques par la constitution civile du clergé. (Note 16.)

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Institution canonique donnée par le métropolitain.
Hiérarchie. (Note 17.) Etablissement des métropolitains,

des exarques, des patriarches, puissance des Conciles,
puissance du Pape.

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