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c'est encore à l'impéritie d'un grand nombre de maîtres de forges, qu'on doit attribuer la trop grande cherté du fer, qu'il importe au gouvernement de voir à un prix modéré: puisqu'en consommant plus de matières qu'il n'en faudroit, pour fabriquer une certaine quantité de fer, ils font renchérir ces matières et, avec elles, le fer qui en est le produit.

On ne peut se dissimuler, en effet, que si (comme l'annoncent MM. les préfets de la Côte-d'Or et du Cher) les maîtres de forges de ces deux départemens où il existe de si nombreuses usines (1), ont tant be→ soin de connoître les principes de l'art de fondre et d'affiner le fer, ainsi que les moyens d'y employ er le plus utilement, le combustible, on doit en conclure que, ces maîtres de forges étant plus instruits il se fera, dans leurs usines une consommation moins considérable de bois, pour obtenir la même quantité -de fer.

Il existe un arrêté du directoire exécutif, du 3 nivôse an 6 ( 23 décembre 1797), concernant les justifications à faire par les cessionnaires, héritiers, donataires et légataires de citoyens pourvus de permissions d'exploiter des mines et salines, et d'établir des usines (2), Les considérant de cet arrêté énoncent,*

(1) Les départemens de la Côte-d'Or et du Cher contiennent 51 hauts-fourneaux et 102 feux de forge qui produisent anuuellement environ 31 millions pesant de fonte (1,525,000 myriagrammes): et 15 millions de fer (745,250 myriagrammes) : ces usines consomment près de 820,000 stères : c'est le produit d'environ 5,000 hectares de bois, formant, à peu près, la quinzième partie des coupes qui se font dans les forêts impériales, (2) Cet arrêté se trouve No. 1634, Bulletin 173 du 11. volume du Bulletin des lois.

ce principe: que les richesses de l'état ne peuvent devenir la proie de l'ignorance et de la cupidité": et, qu'en conséquence, la loi a assujéti, entr'autres choses, les demandeurs en concession et permission, à justifier de leurs facultés et des moyens qu'ils employent pour assurer l'exploitation.

L'article de cet arrêté veut qu'aucun transport, cession, vente, etc., des droits d'exploiter, des mines; et d'établir des usines ne puissent être éxécutés qu'avec l'autorisation du gouvernement.

Si aucune vente ou cession d'usines ne pouvoit avoir lieu sans que la personne qui se présenteroit pour diriger l'exploitation d'un établissement, où il se fait une consommation considérable de bois, füt tenue d'avoir, du gouvernement, une autorisation qui ne lui seroit délivrée que quand cette personne auroit été reconnue avoir les facultés et les moyens nécessaires, on verroit l'instruction se répandre parmi les maîtres de forges, et l'économie s'introduire enfin, dans l'emploi du bois qu'exigent leurs approvisionnemens.

Il est de principe que les établissemens qui consomment en grand des combustibles ne peuvent être formés sans l'autorisation du gouvernement: pourroiton, dès-lors, trouver extraordinaire qu'il prêt des dispositions propres à s'assurer de la capacité des personnes qui exploitent ces établissemens.

Le mémoire de M. le préfet du Cher tend à démontrer la nécessité de cette mesure, en indiquant les abus qui existent et les moyens à prendre pour y remédier. Il traite, entr'autres points, de ce qui concerne la carbonisation, et manifeste le désir que des artistes habiles et n'ayant d'autre intérêt que celui de porter l'art à sa perfection, fassent des expériences qui auront pour objet de déterminer ;

1o. A quel âge les bois, de telle ou telle essence, crûs dans un sol de telle ou telle nature, ayant telle ou telle profondeur, doivent être coupés, pour donner le produit le plus avantageux?

2o. A quelle époque les uns et les autres doivent être abattus?

3o. Combien de mois après, ils doivent être carbonisés ?

4o. Combien de cordes doit contenir chaque charbonnière ?

5o. Quelle est la longueur à donner aux bois qu'on veut carboniser, selon leur âge et leur essence?

6o. Enfin, s'il convient que tous les bois, mis dans une charbonnière, soient de même grosseur, de même essence; ou s'il ne vaudroit pas mieux que les bois les plus gros, les plus durs à la cuisson, fussent les plus rapprochés du foyer: et que les plus menus et les bois blancs les recouvrissent?

Il n'y a pas de doute que la solution de ces diverses questions ne présente le plus grand intérêt pour le bon emploi des bois destinés à être carbonisés; et qu'une instruction qui seroit publiée, par suite, sur le meilleur mode à pratiquer dans telle ou telle circonstance, ne produisit d'heureux effets.

Je reviendrai sur le mémoire de M. le préfet du Cher, et je ferai plus particulièrement connoître cette production intéressante sous divers rapports.

CHANLAIRE.

N°. 2. Nouveau calorifère de M. Desarnod.

Il ne suffit pas d'indiquer des procédés qui s'adaptent aux usines, pour assurer le meilleur emploi du bois la consommation qui s'en fait pour les usages

domestiques, est un autre point important à considé rer, surtout dans les grandes villes.

Nous pensons que nos lecteurs verront avec quelqu'intérêt le rapport fait par M. GAULTIER, au nom d'une commission spéciale de la société d'encouragement, sur les calorifères de M. DESARNOD. Voici le texte même de ce rapport:

« Nous avons examiné ce nouveau calorifère, dont toutes les pièces sont en fonte: le foyer est une espèce de cloche, à laquelle est adaptée une porte pleine, qui ne s'ouvre que pour introduire le combustible; dessous, est un grand cendrier séparé du foyer par une grille. L'air, qui alimente le feu, entre dans le cendrier par une porte à coulisse, traverse la grille et le combustible embrasé, sort du foyer par un tuyau vertical, entre dans un premier tambour, descend par six tubes jusqu'à un canal circulaire, horizontal et à la hauteur de la grille, remonte par sept autres tubes jusqu'à un deuxième tambour, supérieur au premier, d'où il s'échappe par un tuyau unique pour sortir de la pièce.

le

« Cet appareil est destiné à porter l'air chaud dans les étages supérieurs; il doit être placé dans un caveau; mais celui que nous avons examiné (dit M. Gaultier étoit monté dans une grande pièce, ce qui a obligé M. Desarnod de l'habiller d'une double enveloppe en tôle, ayant la forme d'une ruche ouverte par bas. Une première couche d'air s'échauffe entre l'appareil et la première enveloppe, une seconde couche entre les deux enveloppes; l'air des deux couches se réunit en un tuyau unique, et est porté dans les étages supérieurs.

«Nous avons fait, sur cet appareil, trois expérien de huit heures chacune.

ces,

Les deux premières ont été faites sur l'appareil sans enveloppe, dans une pièce de rez-de-chaussée, contenant 216 mètres cubes d'air, et 228 mètres carrés de surface (murs, plancher, plafond): elle a trois croisées et deux portes: elle est immédiatement placée sous une terrasse, et en partie lambrissée. Les degrés de température appartiennent an thermomètre centigrade.

« Première expérience, du 13 février; par un temps couvert, la température moyenne extérieure étant de 8°; nous avons pris la pièce à 7° 80. On a brulé 30 kilogrammes de charbon de terre, et nous avons eu pour maximum 45°, et pour température moyenne 37080, dont 31° produits par l'appareil.

« Deuxième expérience, du 17 février; par un temps couvert, la température moyenne extérieure étant de 5o; nous avons pris la pièce à 6° 80. On a brûlé 16 kilogrammes de charbon de terre, et nous avons eu, pour maximum, 35°, et, pour température moyenne, 28°, dont 21° 20 produits par l'appareil.

«Troisième expérience, du 20 février; l'appareil étant muni de ses deux enveloppes, portoit l'air chaud au second étage, pour y chauffer quatre pièces, dont on peut voir la disposition chez M. Desarnod, rue de la Madeleine, no 16. Les cinq pièces, y compris celle où étoit monté l'appareil, produisent 600 mètres cubes d'air, et 555 mètres carrés de surface: il quatorze croisées.

y a

« Le temps étoit beau, la température extérieure de 5° au-dessus de o; nous avons pris les cinq pièces à 6° 25. On a brûlé 25 kilogrammes de charbon de terre, et l'on a obtenu, pour température moyenne : 20°, dans la pièce du rez-de-chaussée; 25°, dans la première pièce du second étage; 20° 10, dans la se

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