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une commission, composée d'hommes distingués par leurs talens et leurs lumières, qui fut chargée d'examiner les foyers et poêles connus jusqu'à ce jour, de les essayer comparativement et d'indiquer ceux de ces appareils qui seroient susceptibles d'être employés utilement dans les casernès, les hôpitaux et d'autres établissemens publics.

« Cette commission reconnut dès son installation, qu'il étoit essentiel d'établir des principes invariables qui pussent la diriger dans ses recherches et servir de base à ses travaux.›

«1°. Quoique le but principal de ces recherches fût l'économie du combustible, on reconnut que cette considération devoit être subordonnée à celle bien plus importante de la santé des hommes.

2o. Ce principe étant admis, il convenoit de déterminer d'après quel système les nouveaux foyers et poêles économiques devoient être construits, afin de produire une économie réelle dans la consommation du bois.

« 3°. Leur construction devoit être simple et susceptible de pouvoir être imitée dans toutes les provinces des états autrichiens.

« 4°. Pour concourir autant que possible à la conservation des forêts en substituant la houille au bois, ils devoient être disposés de manière à pouvoir consom mer au besoin, ces deux espèces de combustible.

«5°. Etant particulièrement destinés aux établissement militaires, il falloit chercher des moyens de diminuer les dépenses de ces établissemens.

« 6o. On ne devoit pas perdre de vue qu'en voulant diminuer la consommation du combustible, il falloit rendre ces appareils également propres au chauffage et à la coction des alimens; toutefois en ayant soin de ne pas laisser pénétrer dans les appartemens les vapeurs de ces alimens.

70. Enfin il falloit introduire dans les établissemens publics, une méthode de coction des alimens, la plus appropriée au but qu'on se proposoit.

« Après avoir établi ces principes, la commission s'occupa de l'examen attentif et impartial des projets qui lui avoient été soumis; elle communiqua à ses membres les ouvrages nouvellement publiés sur les appareils de chauffage et les cuisines économiques, et consulta ceux qui s'étoient distingués avantageusement par des inventions ou des perfectionnemens de ce genre.

« Elle fit des expériences exactes sur ceux de ces appareils qui lui avoient été proposés; mais aucun ne remplissant ses intentions, et ne pouvant être employé dans les casernes, à l'exception de quelques poêles et foyers, et entr'autres ceux de M. de Rumford, elle en fit construire de nouveaux d'après les principes qu'elle avoit adoptés ; une longue expérience en a. suffisamment constaté tous les avantages.

«La tâche honorable que cette commission s'étoit imposée, et l'approbation du prince éclairé qui l'avoit instituée, furent pour elle un motif d'apporter dans ses recherches cette sévérité et cette perseverance, garant assuré du succès. Ce ne fut qu'après onze mois d'expériences, suivies avec un zèle digne des plus grands éloges, qu'elle crut devoir présenter à l'archiduc Charles un rapport détaillé, accompagné de dessins des appareils qu'elle proposoit pour les établissemens militaires. Elle demanda en même temps à être mise en possession d'un bâtiment pour y répéter ses expériences en grand.

« En conséquence, il lui fut indiqué une caserne dans laquelle on établit les poêles, foyers, cuisines et fourneaux nécessaires, dont les effets furent observés avec la plus scrupuleuse exactitude pendant une année entière; des thermomètres disposés dans l'inté

rieur et à l'extérieur des appartemens marquoient la température de l'atmosphère et celle qu'on avoit obtenue. On examina la qualité des alimens employés dans les cuisines et le temps nécessaire pour les cuire. On fit aussi des expériences comparatives sur le chauffage avec le bois et la houille, et on reconnut que la qualité du bois, son séjour plus ou moins prolongé dans l'eau, son degré de dessiccation et son exposition à l'air, étoient autant de circonstances qui apportoient des différences remarquables daus la masse de calorique dégagée. Cependant, pour établir une règle fixe à cet égard et approcher le plus possible de la vérité, on prit les moyennes proportionnelles des quantités consommées et du degré de chaleur obtenu.

« La commission fit également établir des poêles dans les salles des hôpitaux militaires, et en observa les effets avec la plus grande attention.

« Les buanderies et les bains des hôpitaux furent aussi disposés pour recevoir les nouveaux foyers.

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Toutes ces expériences donnèrent pour résultat une économie de combustible très considérable. Pour en offrir un exemple nous dirons que, dans les buanderies, on épargna pendant les six mois d'hiver, sept cordes de bois, les bains produisirent en trois mois une économie de 70 cordes de bois.

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« Afin de propager autant que possible ces nouveaux appareils de chauffage, chaque province des états autrichiens envoya à Vienne un ingénieur et un habile poêlier pour prendre connoissance des moyens proposés par la commission. Déjà les nouveaux appareils ont été introduits en Moravie et donnent les résultats les plus satisfaisans.

« C'est dans l'ouvrage même qu'il faut lire, tous les détails de leur construction et de l'économie qu'on en retire; pour mettre le lecteur en état d'apprécier ces avantages, nous nous contenterons d'observer que les

appareils, placés dans une caserne capable de loger 14 compagnies d'infanterie (1400 hommes), ont donné, dans l'espace de 74 jours, une économie de 3851 florins (8664 fr. 75 cent.) Ainsi, s'ils eussent été employés pendant 6 mois ou 181 jours, on auroit diminué la dépense de 9419 florins (19192 fr. 75 c.), déduction faite des frais d'entretien; somme qui surpasse de beaucoup celle nécessaire pour la construc

tion des appareils.

« L'ouvrage est divisé en quatre chapitres. Le premier traite des poêles propres au chauffage et à la préparation des alimens; le deuxième, des foyers économiques propres à être employés en été; le troisième, des buanderies établies sur les nouveaux principes; le quatrième, des moyens de chauffer avec économie l'eau des bains.

« Les planches au nombre de vingt-deux, gravées avec le plus grand soin, représentent les détails des appareils proposés et donnent les dimensions exactes de toutes les pièces qui les composent. Elles facilitent l'intelligence du texte, au point que nous sommes persuadés que, d'après la simple inspection des figures, il seroit possible de construire quelques uns de ces appareils. Des tables particulières indiquent le prix de chaque objet et les frais de démolition, de construction, d'entretien, etc.

« Espérons que les travaux de la commission de Vienne, dirigés avec autant de zèle que de talent, ne seront pas perdus pour la France, et que l'exemple utile, donné par le gouvernement autrichien, sera suivi dans un empire dont les ressources sont immenses, et dont l'industrie, parvenue à un haut degré de splendeur, prend chaque jour un nouvel accroissement.

« Ce bienfait ajouteroit à tous ceux que la patrie re.connoissante doit déjà aux vues paternelles du héros qui nous gouverne, »

Nos lecteurs doivent remarquer que nous ne négligeons aucune occasion de les tenir au courant, soit des découvertes, soit des expériences qui ont pour objet de propager, d'une manière avantageuse, tous les moyens d'économiser les combustibles.

Quand on songe que les bois sont le lent ouvrage de la nature (1), et qu'un moment suffit pour consommer le fruit de plusieurs siècles de végétation, tout bon citoyen ne peut qu'applaudir au zèle des savans qui s'appliquent ainsi utilement à pourvoir à nos besoins, en ménageant les ressources que présentent nos forêts, à l'amélioration desquelles on s'occupe d'ailleurs. de pourvoir.

S. 2. Ouvrages nouveaux.

Histoire des arbres forestiers de l'Amérique septentrionale, considérés principalement sous les rapports de leur emploi dans les arts, et de leur introduction dans le commerce: par F. A. MICHAUX.

En terminant le 23° Numéro de ces annales (Mars 1810) nous avons annoncé que M. Michaux se disposoit à publier prochainement les premiers cahiers de son ouvrage; comme tout porte à croire que nos lecteurs désireront en connoître le plan et les divers objets d'utilité, nous pensons qu'ils lirontavec quelque intérêt le détail que donne l'auteur sur les travaux auxquels il s'est livré et dont son livre doit présenter le résultat.

Voici comme il s'explique à cet égard:

«Si, dans ces derniers temps, l'agriculture et les arts ont marché d'un pas rapide vers leur perfection,

(1) Ah! songez que du temps ils sont le lent ouvrage! dit M. Delille en parlant des arbres de haute futaie.

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