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on ne peut se dissimuler que ces heureux résultats ne soient dus aux connoissances exactes acquises en physique et en chimie cependant tout ce qui peut tendre, même lentement, à l'accroissement, de ces deux principales sources de la prospérité publique, l'agriculture et les arts, est digne sans doute de fixer l'attention des chefs des Gouvernemens et de tous les hommes éclairés qui aiment sincèrement leurs pays. L'économie forestière, qui n'est pas étrangère aux arts, est liée intimément à l'agriculture dont elle forme une des branches essentielles; car, bien entendue en Europe, elle fournit de grandes ressources aux Etats, et subvient aux besoins indispensables des peuples. Ce sont ces puissantes considérations qui ont engagé les administrateurs chargés des fonctions importantes de la conservation des forêts, en France et en Allemagne, à diriger tous leurs soins vers ce qui peut tendre à leur amélioration. On savoit que l'Amérique septentrionale recéloit, dans ses vastes forêts, une très-grande variété d'arbres dont le nombre, seulement dans les Etats-Unis, approche de cent cinquante espèces, tandis qu'en Europe, on en compte à peine quarante. L'expérience avoit aussi appris que plusieurs de ces espèces transplantées sur notre continent y avoient parfaitement réussi. Guidé par des vues d'utilité générale, Son Exc. le Ministre des finances, dans les attributions duquel se trouve placée l'Administration forestière, voulut, d'après le rapport qui lui fut soumis, que celles de ces espèces étrangères dont on avoit déjà reconnu que les bois étoient de bonne qualité, fussent propagées dans les forêts de l'empire, et que l'on s'assurât des qualités intrinsèques de celles qu'on ne connoissoit encore qu'imparfaitement, afin que désormais on eût des idées fixes à cet égard; je fus, dans cette circonstance, honoré du choix du Ministre, et c'est ce qui

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détermina mon troisième voyage aux Etats Unis out j'arrivai au commencement de l'année 1806.

<«< Pendant mon séjour dans ce pays, j'ai fait parvenir à l'administration de nombreux envois de graines, et j'ai employé la plus grande partie de mon temps à rassembler toutes les notions acquises par l'expé rience, sur les qualités de bois et leurs différens degrés d'utilité dans les arts. J'ai dû aussi entreprendre plusieurs voyages pour réunir un plus grand nombre d'observations, et me procurer les renseignemens que je désirois obtenir. A partir du District de Maine, où l'on éprouve en hiver des froids aussi longs et aussi rigoureux qu'en Suède, je traversai d'abord tous les Etats Atlantiques jusqu'en Géorgie, où six mois de l'année les chaleurs sont aussi intenses que dans les colonies des Indes occidentales. J'ai parcouru ainsi plus de 1556 kilomètres (400 lieues) du nord est au sud-ouest. J'ai fait encore sous différentes latitudes, cinq autres voyages dans l'intérieur du pays; le premier, vers les sources de la rivière Kennebeck'; le deuxième, de Boston au lac Champlain; le troisième, de New-York aux lacs Erié et Ontario; le quatrième, de New-York aux bords des rivières Monongahela, Alleghany et Ohio; et le cinquième enfin, de Charleston dans la Caroline méridionale, aux sources des rivières Savannah et Oconée. Dans mon premier voyage, le long des côtes de l'Océan, je me suis arrêté dans les principaux ports de mer, pour visiter les chantiers de constructions maritimes et, en général, tous les ateliers où l'on s'occupe du travail du bois. Je me suis appliqué à consulter les ouvriers les plus habiles, nés dans le pays, et surtout ceux venus d'Europe qui se sont trouvés à même de juger les qualités respectives des bois des deux continens. Je ferai connoître ceux d'Amérique qui sont l'objet d'un commerce assez considérable entre les Etats du

centre, du midi et du nord, et ceux qui sont exportés aux Indes occidentales et en Europe; ainsi que les parties de l'intérieur du pays d'où on les tire, et les ports de mer d'où on les expédie pour ces différentes destinations. J'indiquerai aussi celles de ces espèces d'arbres qui fournissent le meilleur bois de chauffage, et celles dont l'écorce est employée pour le tannage des cuirs, et je donnerai leur prix comparatif basé sur leur plus ou moins de qualité.

«En me transportant du nord au midi, j'ai dû remarquer avec soin l'apparition ou la disparition des différentes espèces d'arbres, suite d'une température plus douce ou d'un changement marqué dans la nature du sol; recueillir dans les différens Etats de l'Union tous les noms vulgaires pour les rattacher aux noms scientifiques; observer les forêts, soit qu'elles se présentassent à mes yeux comme primitives, ou qu'elles fussent altérées par le voisinage de l'homme civilisé et des animaux domestiques dont la présence fait changer rapidement de face à la nature. Tels sont encore les principaux objets qui ont attiré mon attention et dont je me propose de rendre compte. Je ferai connoître aussi fidèlement les seules espèces d'arbres que je crois utile de propager pour l'amélioration des forêts Européennes, et celles si variées qui méritent seulement de trouver place dans les parcs et jardins, à cause de la beauté remarquable de leur feuillage et de leurs fleurs.

« Tel est le précis (plus développé dans l'introduction qui précédera la première livraison) des recherches auxquelles je me suis livré et dont j'ai l'honneur d'offrir le résultat au public. J'ai pensé que la manière dont j'ai envisagé mon sujet en dirigeant surtout mes observations vers un but d'utilité générale, ce qui n'avoit pas été fait jusqu'ici, fera accueillir mon ouvrage en Europe et dans les Etats

Unis, plus favorablement que si je ne l'avois traité sous le point de vue scientifique.

que

« L'ouvrage, pour arriver à son complément, devra être composé de vingt cinq livraisons. Cependant si, contre mon attente, il n'obtenoit pas le suffrage que j'ose espérer de l'intérêt que le sujet m'a paru offrir, et qu'il vînt à être suspendu dans sa publication, j'annonce à l'avance à mes souscripteurs que j'ai suivi un ordre méthodique, et que les genres ne sont pas mêlés; de sorte que une, deux ou trois livraisons, renfermeront toujours l'histoire complète d'un genre d'arbres, comme les Pins, les Noyers, les Érables, etc. : de telle manière qu'on possédera, pour ainsi dire, autant d'ouvrages complets et séparés ; ce qui donnera encore la facilité d'avoir les genres qu'on désirera seulement se procurer.

« Les livraisons se succéderont, autant que possible, régulièrement tous les mois, à compter du premier juin prochain, époque où la première livraison paroîtra. Elles seront composées chacune de six descriptions et de six figures coloriées d'après les dessins de MM. Redouté et Bessa, peintres d'histoire naturelle, si connus en Europe par leur talent en ce genre. Le texte, format grand in-8°., sera imprimé avec soin sur papier jésus. La liste des souscripteurs sera jointe à la dernière livraison.

«Le prix de chaque livraison est de 15 francs 50 centimes (1).

Nous ne négligerons pas de rendre cempte de cet ouvrage à mesure que paroîtront les livraisons desquelles il doit être formé.

(1) On souscrit à Paris : chez l'auteur, place St. Michel no S. L. Hausmann et D'hantel, rue de la Harpe, n°. 80; et chez Arthus Bertrand, libraire, rue Haute-feuille, n°. a3

ANNALES FORESTIÈRES,

FAISANT SUITE AU MÉMORIAL FORESTIER.

No. XXVI. JUIN 1810.

PREMIÈRE PARTIE

RÈGLEMENS.

SECTION I. LEGISLATION.

S. 1. Lois.

Loi concernant les mines, les minières et les carrières. (Du 21 avril 1810)(1).

TITRE I. Des mines, minières et carrières..

ART. 1. Les masses de substances minérales ou fossiles renfermées dans le sein de la terre ou exis

(1) Tout ce qui tient à la législation des mines se rattache, plus ou moins directement, à l'économie forestière : soit parce que les mines se trouvent souvent placées dans des forêts impériales ou communales et d'établissemens publics, soit parce que leur exploitation, quelque part que ces mines soient situées, exige presque toujours des quantités de bois assez considérables pour le soutien des galeries, le cuvellement des puits, on pour la fonte et l'affinage des substances qu'on en extrait, Ces No. 26.

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