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Il étoit à désirer qu'on prêt des mesures efficaces pour contraindre ces adjudicataires de livrer les arbres, marqués par les agens de la marine, et d'effectuer cette livraison dans le délai qui leur seroit assigné :

Il ne falloit aucune loi ni aucune décision pour remédier à ce genre d'abus, puisque l'article 60 du cahier des charges porte expressément l'obligation aux adjudicataires, de FAIRE ABATTRE équarrir et TRANSPORTER aux ports ou au lieu de dépôt qui leur sera indiqué, les bois marqués pour le service de la marine. Ajoutons que l'article 88 du cahier des charges porte en termes exprès ce qui suit :

Aucune des clauses ci-dessus ne pourra être reputée comminatoire; elles seront toutes de ri gueur.

Il résulte de la combinaison de ces articles, qu'il ne peut être accordé de congé de couraux adjudicataires qui n'ont point satisfait aux conditions que leur impose le cahier des charges, en conformité duquel l'adjudication leur a été passée.

C'est à eux, pour obtenir ce congé de cour, à justifier qu'ils ont rempli ces conditions, autant qu'il étoit en eux de le faire.

A défaut de cette justification, ces adjudicataires s'exposent à voir saisir et confisquer les pièces qui pourroient se trouver encore sur le parterre de la coupe, et à voir procéder à la vente des bois saisis; vente qui se feroit toujours à la charge des droits de la marine.

Ces adjudicataires enfin ne pourroient se flatter d'obtenir aucun congé de cour jusqu'à l'entier et parfait accomplissement de toutes les conditions quelconques portées au cahier des charges.

Il importe d'empêcher que des adjudicataires, que le cahier des charges oblige à équarrir et à rendre au

:

port ou à un lieu de dépôt, des arbres marqués pour le service de la marine, ne puissent impunément, sous le prétexte qu'aucune peine n'est prononcée contre eux par une loi, à défaut d'accomplissement de ces obligations, se borner à faire sortir en temps utile, ces arbres de leur vente, sans s'occuper de les rendre au port ou au lieu de dépôt indiqué par le procèsverbal de martelage.

Autrement la marine devroit s'attendre à se voir enlever les bois que ses agens auroient fait marquer, dans les forêts impériales, pour l'approvisionnement des ports.

En mettant ainsi les adjudicataires dans la nécessité de justifier, avant d'obtenir leur congé de cour, qu'ils ont rempli leurs obligations concernant les bois de marine, MM. les ageris forestiers s'assureront d'un moyen propre tant à remédier aux abus dont on se plaint, qu'à prévenir ceux de même nature, qu'on chercheroit à introduire par la suite, au préjudice du service de ce département.

Nota. Pendant l'impression de ce Numéro, l'administration a arrêté le cahier des charges de l'adjudication de bois de l'empire de 1811 et a ajouté, à l'article 60 que nous avons rappelé cidessus, des dispositious qui rentrent absolument dans ce que nous venons de dire et dont l'effet est d'assurer l'entière exécution des clauses relatives à l'abbatage, l'équarissage, le transport et la délivrance des arbres marqués pour le service de la marine,

Nous donnerons, dans le Numéro prochain, le texte de ces dispositions, en indiquant les autres changemens et additions faits à plusieurs des articles du cahier des charges de 1810.

DEUXIÈME PARTIE.

ÉCONOMIE FORESTIÈRE.

SECTION II. AMÉLIORATIONS.

ART. 1. Rapport fait à la Société d'Agriculture du département de la Vienne, par un de ses membres (M. MALLET, conservateur des forêts du neuvième arrondissement), dans la séance du 13 avril 1810..

Dans le No. 11 de ces annales (Mars 1809, pages 108 et suivantes) nous avons examiné les diverses méthodes proposées pour la culture de L'ACACIAROBINIER; et en rappelant les ouvrages successivement publiés à cet égard, nous avons cité, 1o. le recueil imprimé il y a environ six ans, par M. le sénateur François de Neufchateau, 2°. le mémoire de Bohadsch, 3o. le nouveau traité sur l'Acacia, 4o. le mémoire sur la culture et les avantages du Faux - Acacia dans les états unis par M. S. Jean de Crévecaur, 5o. le dictionnaire du jardinier françois, par M. Fillassier, 60. le mémoire de M. Dettmar-Basse sur la culture du Robinier. Nous avons exposé ensuite les procédés suivis avec tout le succès possible, dans la pépinière de Mouceau et indiqué le résultat des méthodes diverses pratiquées d'ailleurs, pour la culture de cet arbre intéressant; le rapport que nous allons faire connoître, en complétant les renseignemens qu'on pouvoit encore désirer, fixera l'opinion sur le véritable mérite de cet arbre, et le rang qu'il doit occuper parmi les arbres forestiers.

Voici le texte même de ce rapport.

«< MESSIEURS, vous nous avez chargés de vous rendre

compte d'un ouvrage intitulé LE TRIOMPHE DE L'ACACIA, par M. Juglar l'aîné.

« Ce titre sembleroit annoncer que cet arbre, objet de la prédilection de l'auteur, à éprouvé plusieurs attaques, et que les moyens victorieux de son dé-/ fenseur l'ont fait triompher de ses ennemis; je ne connois cependant aucun naturaliste qui ait écrit contre les bonnes qualités de l'Acacia; tous ceux, au contraire, qui en ont parlé, les ont louées avec une sorte d'exagération qui bientôt engendra le dégoût, ainsi que l'a observé M. François de Neufchâ · teau dans l'histoire de cet arbre (1); ne seroit - il point à craindre que l'enthousiasme avec lequel M. Juglar en parle ne produisît le même effet, et que le cultivateur de sang-froid, trompé dans son attente, les lui refusât toutes? Vous verrez, messieurs, dans ce rapport, si ces craintes sont fondées, d'après nos réflexions que nous soumettons d'avance à votre

sagesse.

Revenons au titre de l'ouvrage, le TRIOMPHE de L'ACACIA; c'est dans l'introduction que l'auteur nous explique le sens que nous devons y attacher.

«La rareté des bois se faisant sentir de plus en plus en France, nous dit M. Juglar, celui qui trouveroit le moyen de créer en trente-cinq ans, une immensité de forêts meilleures que des futaies de chénes de cent ans, et en cinq ans des taillis préférables à tous égards, à des taillis de chênes de dix-huit ans, cet homme, ajoute-t-il, n'auroit-il pas bien mérité de la patrie? Cet homme est M. Juglar lui-même; il nous annonce que la solution de ce problême ECONOMICO-POLITIQUE, est le résultat

(1) Lettre sur le Robinier, page 14.

d'un travail et des recherches auxquels il s'est livré depuis six ans.

Vous vous doutez sans doute, messieurs, que l'arbre précieux qui doit nous procurer cet avantage, est le ROBINIA-PSEUDO-ACACIA, que M. Juglar veut qu'on nomme simplement ACACIA, attendu, dit-il, que ce mot signifie en grec exempt de tout défaut.

«Nous n'avons point appris le grec, nous ne contesterons donc pas cette explication; mais nous dirons à M. Juglar, d'après M. Filassier, que l'arbre dont il est question n'est point le véritable ACACIA, dont le nom vient d'un mot grec qui signifie piquer; que celui-ci croît en Egypte, et n'a jamais été acclimaté dans nos régions trop froides; que l'autre nous vient du Canada; que s'il y a quelque ressemblance entre ces deux arbres, il existe cependant des caractères génériques trop différens pour les confondre, ce qui a déterminé les botanistes à nommer ce dernier PSEUDO ACACIA, FAUX-ACACIA (1`.

« Nous lui observerons encore qu'il diffère beaucoup en cela de Von-Linné, qui a jugé qu'il convenoit d'éterniser la mémoire Jean Robin, qui le premier naturalisa en France le FAUX - ACACIA, et que M. François de Neufchâteau, guidé par le même sentiment de reconnoissance, veut qu'attendu qu'il s'agit d'un François, on traduise ROBINIA par ROBINIER (2).

Pour assurer le triomphe de son arbre chéri, il falloit bien que M. Juglar fit le procès à tous les arbres indigènes dont le Créateur de la nature a peuplé les forêts de l'Europe. Le chêne même, tout en avouant qu'il peut être comparé à certains égards

(1) Lettre sur le Robinier, No. 4, page 170. (2) Lettre sur le Robinier, pages 8 et 9.

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