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Long-temps avant Hippocrate, regardé avec raison comme le fondateur de la médecine, plusieurs hommes s'étoient rendus célèbres par les connoissances qu'ils avoient de beaucoup de végétaux: on cite, entre autres, Esculape, Chiron, Melampe et Orphée. Pythagore, dit-on, écrivit sur les plantes; mais il ne nous reste rien de ses ouvrages. Hippocrate, dans les siens, ne fait mention que de celles qui étoient employées de son temps dans le traitement des maladies; Aristote les envisagea sous le même point de vue. Théophraste qui suivit de près le précepteur d'Alexandre, est le premier auteur de botanique dont les ouvrages soient parvenus jusqu'à nous; il y parle de la génération des plantes, de leurs qualités, etc., et les divises en trois classes potagères, fromentacées et succulentes. Après lui la botanique ne fit aucun progrès sensible pendant plusieurs siècles. Dioscoride, né en Sicile, ne parut qu'au bout de quatre cents ans; c'étoit un des plus célèbres médecins de son temps. Il rassembla avec soin, et plus complètement, qu'on ne l'avoit encore fait, toutes les connoissances acquises jusqu'à lui sur les vertus des plantes, dont le nombre connu alors alloit à six cents. Columelle et Pline succédèrent à Dioscoride. Depuis, il sécoula quatorze cents ans, sans qu'aucun auteur traitât directement de la botanique, et sans que personne écrivit généralement sur les plantes.

À la renaissance des lettres, vers la fin du quinzième siècle, on s'occupa d'abord plus à commenter Dioscoride qu'à étudier la nature. Mais vers les premières années du seizième siècle, la botanique fut séparée de la médecine, et commença à être cultivée pour elle-même. Les travaux successifs d'un grand nombre de botanistes parmi lesquels brillent les deux frères Bauhin, firent connoître pendant ce siècle,

presque toutes les plantes indigènes de l'Europe. Les deux derniers, dit Rousseau, ont plus fait pour les progrès de la botanique, que tous ceux qui les ont précédés et même suivis jusqu'à Tournefort. L'Amérique, l'Orient et l'Inde furent aussi explorées par plusieurs botanistes. Gaspard Bauhin cut le premier l'idée importante de réunir en un seul corps d'ouvrage toutes les plantes, et publia en 1623 son Pinax, qui contient l'indication d'environ 6000 plantes. Cet ouvrage donna une nouvelle impulsion à la botanique. Il se fit de nouvelles recherches dans les différentes parties du monde, et en 1719 TOURNEFORT publia ses institutiones rei herbariæ, qui, quoique moins complètes pour leur temps, que le Pinax de Bauhin ne l'étoit pour le sien, contiennent déjà 10,000 plantes.

Cependant Knaut, Vaillant, Bradley, Plumier, Kampfer, et une foule d'autres voyageurs en Amérique, dans l'Orient, dans la Chine, décrivoient de nouvelles plantes. Mais la confusion régnoit dans la botanique; toutes ces descriptions incomplètes, incohérentes, souvent inexactes, confondues dans la masse des livres, ne pouvoient être que d'un foible secours. LINNÉ parut, et avec lui l'ordre s'introduisit dans la science; il établit que l'on ne devoit regarder comme espèces distinctes que les plantes dont les caractères se conservent, sans altération sensible dans la multiplication, par le moyen des graines, et par cette loi il raya du catalogue des végétaux toutes les variétés qui y avoient été consignées avant lui; il se décida de plus à n'y admettre que les espèces qu'il connoîtroit suffisamment pour pouvoir en tracer les caractères avec précision, et par suite de cette circonspection il regarda comme non avenues toutes les indications succintes, et les descriptions vagues des

auteurs. Aussi voit-on qué quoique le nombre des plantes décrites se fût beaucoup accru depuis Tournefort, le catalogue en fut réduit par Linné à. 7000 espèces.

La précision et la lucidité de l'ouvrage de Linné, le firent admettre avec enthousiasme comme livre classique, et presque tous les ouvrages se publièrent d'après la méthode linnéene. Dès-lors les descriptions devinrent exactes et comparatives, et on put intercaler sans difficulté, dans le catalogue des êtres, tous ceux qu'on découvroit journellement; on retrouva et on décrivit avec plus de soin les plantes déjà connues des anciens; on en distingua plusieurs qui étoient confondues sous des noms communs; on scruta avec ardeur toutes les parties de l'Europe, et on y découvrit jusqu'aux végétaux microscopiques; on parcourut toutes les parties du globe pour en étudier les plantes; on institua une foule de jardins de botanique; on recueillit dans de vastes herbiers, des échantillons desséchés de toutes les plantes; on perfectionna l'art de représenter par le dessin les objets naturels. Grace à la réunion de tous ces moyens, et aux travaux d'une foule de botanistes qu'il seroit trop long d'énumérer, le nombre des plantes connues s'accrut dans une progression étonnante; on en compte plus de 20,000 dans le dernier catalogue général qui en a été publié par Persoon ; et si l'on réunissoit toutes les descriptions éparses dans les livres et toutes les plantes qui existent dans nos collections, on en porteroit le nombre à près de 30,000 (1).

(1) On s'occupe en ce moment au Muséum d'Histoire naturelle à Paris, de former un herbier général. Comme il sera plus complet qu'aucune des collections qui existent, il n'y a point de doute qu'il ne présente les résultats à-pen-près exacts des découvertes en cette partie.

Les botanistes désignoient les plantes par des noms auxquels ils ajoutoient une foule d'épithètes et plusieurs caractères pour les faire reconnoître, et il y avoit telle plante dont la désignation occupoit trois lignes d'écriture. Linné proposa, et son système a été depuis universellement suivi, de rejeter tous les caractères dans les phrases qu'on ne devoit ni citer, ni savoir par cœur, et de réduire les noms de toutes les plantes à deux termes : l'un toujours substantif qui indiquât le genre; l'autre ordinairement adjectif qui désignât l'espèce, par exemple, Pinus sylvestris, Pinus ma

ritima.

Parmi plusieurs méthodes ou systèmes de botanique, les plus célèbres sont : 1. les familles naturelles de Tournefort, publiées, en 1694, et qui comprennent vingt-deux classes fondées en général sur la considération de la corolle; elles se distinguent par des caractères faciles, précis et comparatifs; 2°. le système sexuel de Linné, publié vers le commencement du dix-huitième siècle; ce système est le plus célèbre de tous ceux qu'on a désignés sous le nom de sytèmes artificiels; il est encore admis dans la plus grande partie de l'Europe; il est fondé sur le nombre, la position', la proportion et la connexion des étamines; mais on lui reproche d'avoir le grave inconvénient de réunir les plantes les plus différentes et de séparer celles qui ont le plus d'affinité; 3°. la méthode naturelle de JUSSIEU, beaucoup plus avantageuse et plus commode que toute autre; mais qui pourtant n'est pas sans difficultés. Nous n'exposerons pas ici les tableaux de ces systèmes; on le trouve dans tous les nouveaux ouvrages de botanique. D'ailleurs l'objet de ces annales ne nous permet pas d'étendre davantage cet article. Il est suffisant pour donner une idée sommaire de la science dont traite l'ou

vrage que nous annonçons, et même pour en faire sentir l'importance. Quant à la manière dont il a été traduit par M. Joliclerc, on peut dire qu'elle réunit tout ce qui peut rendre cette traduction recommandable: exactitude, précision, notes instructives, concordance du système de Linné avec la méthode de Tournefort et celle de Jussieu; tels sont les avantages qui distinguent son travail et qui doivent le faire rechercher. On trouve encore dans cette traduction, des indications fort importantes omises par Linné; ce sont celles de la patrie de chaque plante et de la propriété qu'elle a d'être annuelle, bisannuelle ou vivace. Enfin elle est précédée de notions préliminaires sur les différentes parties des plantes, sur la végétation, sur les qualités du sol, les climats, et sur les méthodes, les caractères et les signes employés dans la botanique. Ces notions divisées en autant de graphes qu'il y a d'objets principaux, nous paroissent bien établies et d'une grande importance pour l'intelligence de l'ouvrage.

para

BAUDRILLART.

No. 2. LE PARFAIT CHASSEUR, augmenté d'un Traité de Vénerie pour toutes les chasses. Par AuGUSTE DESGRAVIERS, ancien capitaine de dragons, commandant des véneries de M. le prince de Conti. 1 Vol. in-8°. avec figures. Prix 7 fr. 50 c. et 9 fr. de port. A Paris chez DEMONVILLE, imprimeur, rue Christine N. 2 (1).

L'ouvrage dont il s'agit, traite d'abord des chevaux de chasse, en indiquant les diverses espèces les plus pro

(1) Se trouve aussi à Paris; cbez ARTHUS-BERTRAND, lis braire, rue Hautefeuille N°. 23.

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