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AMÉLIORATIONS.

SECTION II. AMELIORATIONS.

S. Ir. Procédés.

No. 1. Moyen de garantir d'incendie, les usines où l'on traite le fer, et de tirer utilement parti de la masse de calorique qui se dégage des cheminées des hauts fourneaux et de celles des affineries.

Il n'est personne qui, en voyant s'élancer dans les airs, la flamme des hauts fourneaux et des feux d'affineries, ne soit affecté de deux sentimens pénibles.

Le premier est la crainte des incendies qui ne consument que trop souvent les bâtimens où les usines à traiter le fer sont placées; incendies dont les matières combustibles, réunies pour les approvisionnemens de ces usines, rendent les effets d'autant plus dé

sastreux,

Le second est le regret de voir que, dans un temps où les maîtres de forges se plaignent de la cherté du bois, ils laissent perdre une masse de calorique aussi considérable, dont il seroit aisé de tirer utilement parti.

Mais il y a tant de choses à faire, pour porter à sa perfection un art qui paroît être encore chez nous, dans son enfance, qu'on doit raisonnablement espérer que le haut prix du bois (disons même sa rareté dans certains pays où les usines le dévorent) conduira enfin à des recherches sur les moyens d'introduire, dans la fabrication du fer, les procédés économiques dont elle est reconnue susceptible.

Déjà nous savons que des maîtres de forges instruits s'occupent en silence de travaux qui tendent vers ce but: et nous espérons pouvoir bientôt publier le ré→

sultat de leurs expériences, en parlant des succès qu'ils auront obtenus.

En attendant, nous ne nous refuserons pas au plaisir d'annoncer qu'un de ces maîtres de forges, qui exploite depuis long-temps une des plus belles usines de France, vient de trouver un moyen simple et peu dispendieux de garantir ses bâtimens de toute incendie, et de tirer un parti avantageux de la masse de calorique qui s'échappe, sans profit, des cheminées des hauts fourneaux et de celles des feux de forge,

Le procédé consiste à établir, au-dessus de ces cheminées, une voûte qui, forçant la flamme à prendre une direction inclinée, dans la longueur d'environ deux mètres ( une toise), ne lui permet de sortir que par un orifice placé au haut de la voûte et à son extrémité.

La voûte dont il s'agit est construite de façon à ne gêner en aucune manière le travail des ouvriers employés, soit aux hauts fourneaux, soit aux affineries; et dans la partie de cette voûte où se trouve le plan incliné dont la flamme est forcée de suivre la direction, on a pratiqué des Fours qui s'échauffent, en très-peu de temps, au plus haut degré de la fonderie.

Le calorique qu'introduit, dans ces fours, une flamme qui seroit absolument perdue, devient utile sous divers rapports et présente une très-grande économie (1). Nous nous réservons d'entrer, par la suite, dans plus de détails sur cet objet important.

(1) Rien n'est, d'ailleurs, plus aisé que de placer, sur ces fours, une chaudière dont l'eau, mise en ébullition, donneroit le mouvement à des machines à vapeurs ; et on sait tout le parti qu'il est possible de tirer de la puissance de ces machines, en l'appliquant au jeu des soufflets et à celui des marteaux, etc.

Bornons-nous, quant à-présent, à dire que les fours dont il s'agit, servent à faire recuire et cémenter des fontes, dont la conversion, en fer et en acier, épargne l'opération du mazage qui consomme, par mille pesant de fer, huit quintaux de charbon de bois. Il ne faut, alors que onze à douze quintaux de fonte, pour obtenir un mille de fer, à la fabrication duquel on employe, encore aujourd'hui, quinze quintaux, d'après les procédés ordinaires.

Voilà donc une amélioration sensible, introduite dans de grandes usines (1), placées au centre de la France et qui donnent les fers de la première qualité.

Il est possible que l'auteur de cette découverte veuille solliciter un brevet d'invention; nous ne nous per mettrons donc pas de le nommer. Il a bien voulu nous remettre un modèle de la construction de ses fours, et comme nous connoissons les talens et les moyens de fortune de ce maître de forges, nous ne faisons aucun doute que son procédé n'introduise une grande économie dans la consommation du bois qu'employent ses usines.

C'est sous ce rapport que nous avons cru utile de parler du moyen, aussi simple qu'ingénieux, par lequel s'opérera enfin, nous osons le croire, ce genre d'économie désiré depuis si long-temps.,

N°. 2.

CHANLAIRE.

Procédés employés pour durcir et cintrer les bois, et prolonger leur durée.

Il ne suffit pas, en général, de faire une découverte utile, l'expérience prouve que quand cette découverte peut nuire à certains intérêts particuliers, que

(1) Elles fournissent six millions pesant, de fer, par année.

quand elle contrarie des opinions reçues, si l'auteur ne parvient pas à surmonter les obstacles qu'on se plait à lui présenter, il se décourage, la découverte s'oublie, et son défaut de succès, que les personnes intéressées à ce que cette découverte soit perdue de vue, se plaisent à publier, détourne bien des gens de l'idée de revenir à un objet utile; parce que, sans trop d'examen, ils regardent comme impossible d'arriver au but que semble n'avoir pas atteint l'auteur de la dé

couverte.

Ce qu'on vient de dire s'appliqueroit-il au cintrage des bois, dont s'est occupé, il y a environ trente ans, M. Migneron? Nous n'osons le penser.

Cependant, pour que nos lecteurs puissent fixer leur opinion, nous présenterons ici le rapport fait au ministre de l'intérieur, par son conseil des bâtimens, sur le résultat des procédés employés pour durcir et cintrer les bois, et prolonger leur durée. Voici le texte de ce rapport.

« Il y a trente ans que M. Migneron parvint à trouver les moyens d'améliorer les bois de construc➡ tion, et à leur donner les courbures nécessaires à leur destination. Il existe à Paris un grand nombre de personnes qui, en 1778, ont vu chez lui des pièces de bois nouvellement coupées dans la forêt, qui, soumises à ses procédes; ont été rendues propres à être aussitôt employées, sans craindre aucun des inconvéniens attachés à l'emploi du bois vert.

« On y a vu, avec plus d'étonnement encore, des morceaux provenant des poutres de l'ancien Garde-Meubles, que la pourriture avoit tellement dégradées, dans l'espace de neuf ans, que le plancher qu'elles soutenoient s'étoit écroulé; ces morceaux avoient repris, par ses procédés, toutes les qualités qu'on peut désirer dans le bois le plus sain. Enfin on voyoit des

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ouvriers courber des pièces de bois préparées et améliorées, en former différens cintres, particulièrement des jantes de roues d'une seule pièce, etc.

« Ces procédés furent, dans le temps, soumis au jugement des Académies des sciences et d'architecture de Paris, de Bordeaux, de Toulouse et de plusieurs sociétés savantes. Ils furent aussi examinés par des naturalistes et des artistes très-distingués, et notamment par MM. de Buffon, Duhamel-Dumonceau, Franklin et Perronet; tous jugèrent que les bois ainsi préparés, devoient être indestructibles; mais aux raisonnemens il falloit joindre l'expérience, qui ne pouvoit être acquise qu'avec le temps; et jusqu'à présent, cette précieuse découverte étoit restée presqu'inconnue.

«S. Ex.le ministre de l'intérieur, sachant qu'il existoit, à Paris et aux environs, des constructions en bois faites par M. Migneron, depuis environ trente ans, a désiré connoître en quel état se trouvoient ces bois, et pouvoir juger de l'avantage du procédé employé à leur amélioration.

"Son Excellence ayant chargé son conseil des bâtimens d'examiner ces bois et de lui faire un rapport de leur état, le conseil les a fait examiner par des commissaires pris dans son sein, et en a fait ensuite son rapport au ministre.

« Ce rapport contient une analyse de la nature du bois, des inconvéniens qui résultent trop souvent de son emploi dans les constructions civiles et nava→ les, des moyens, plus plus ou moins ingénieux, employés infructueusement, en différens pays et en différens temps, pour en écarter les causes qui le détériorent, et des moyens qu'employe ou paroît employer M. Mi gneron, tant pour le courber que pour l'améliorer.

« Ce rapport étant, par ses détails, trop long pour être inseré ici en entier, nous ne pouvons qu'en ex

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