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résoudre. Enfin, ils préparent une sorte de moxa avec l'épiderme et les filamens qui se trouvent dans les fentes de cette écorce.

«En Norwège, les feuilles encore tendres, servent à nourrir les troupeaux ; on en fait des provisions pour l'hiver, et dans plusieurs autres pays du nord, on en nourrit la volaille. Bouillies avec les laines, elles leur impriment une couleur jaune. Les Finlandois les prennent infusées comme du thé.

<< Haller dit qu'on retire, des châtons du bouleau, une cire analogue à celle des abeilles. En Suède, on prépare avec la séve, un sirop qui peut remplacer le le sucre pour plusieurs usages domestiques, et l'on fait, avec cette même séve, une liqueur spiritueuse dont le goût est agréable, et que l'on boit dans le pays. » L'article de M. Desfontaines sur l'histoire du bouleau est terminé par la description qu'a donnée M. Lasteyrie, de la méthode la plus usitée pour obtenir la séve de cet arbre.

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L'énumération qu'on vient de faire des usages du bouleau, et les avantages que présente sa culture sous tant de rapports, sont bien faits pour détruire les préjugés que les anciens forestiers avoient laissés contre cet arbre. Sans doute, il ne mérite pas la première place parmi les arbres forestiers, et on ne doit l'admettre dans les bons terreins, que pour protéger l'enfance des bois durs; mais on doit s'empresser de le planter dans les terres légères, dans les sables, les mauvais fonds et la craie, l'on peut même dire, dans tous les terreins qui ne conviennent pas aux autres bois. Il y réussira toujours, et remplira bientôt le propriétaire de ses avances; tandis qu'une autre essence n'eût puy végéter. Il n'y a pas très-long-temps qu'on ne vouloit planter que du chêne, sans s'occuper si le sol admettoit ou repoussoit cette espèce de bois.

C'est ainsi que des sables maigres, des terreins sans fond, sans substance, ont été plantés à grands frais, mais inutilement, d'un arbre qui réclame un sol profond, argileux et mêlé de terre végétale.

Mais on n'a plus à craindre que le bouleau soit banni de nos cultures forestières. Non-seulement les préposés de l'administration le propagent dans tous les terrains où les espèces plus difficiles ne peuvent réussir; mais, les particuliers eux-mêmes, s'empressent d'en couvrir leurs terres incultes. Des millions de plants de cette essence, sortis des forêts depuis quelques années, ont servi à mettre en valeur des terreins qui n'avoient jamais rien produit, ou, sur lesquels avoient dépéri les bois qui autrefois les recouvroient. Les plantations plus considérables qui aient été faites en bouleau, depuis cinq à six ans, sont celles de la forêt d'Orléans, où cette espèce de bois étoit si rare, qu'elle se vendoit plus cher que le chêne même, à cause de son utilité pour le sabotage.

Les motifs qui l'ont fait accueillir, et le mode de multiplication, employé par M. le conservateur de cet arrondissement, intéressent trop l'économie forestière pour n'être pas connus. Il regarde le bouleau comme infiniment utile aux nombreuses usines de la France, et comme très-propre, par la facilité avec laquelle il s'enflamme, aux fourneaux qui ont besoin d'un feu clair. Il considère encore, comme des avantages particuliers à cet arbre; 1o. la légèreté et la multiplicité de sa semence qui se répand au loin et produit une multitude de plants dans les endroits aérés, dans les jeunes coupes, le long des chemins et des fossés; 2°. la promptitude de son accroissement, et l'espèce d'opiniâtreté avec laquelle il résiste, dans plusieurs contrées, aux événemens qui font disparoître les autres arbres; 3o. la propriété qu'il a de braver les chaleurs et

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voir

les gelées, de craindre peu la dent des bestiaux, et de n'être que rarement attaqué par les chenilles, qui ni s'y attachent qu'après avoir ravagé les bois dont les feuilles sont plus succulentes; ce qui n'arrive, parconséquent, que peu de temps avant que ces insectes voraces passent à l'état d'insecte aîlé; enfin, de n'apas besoin de l'ombrage des autres arbres, tandis que le sien leur est favorable, et que, sous ses branches légères, on voit s'élever le chêne, le hêtre et les arbres résineux. C'est par cette dernière considération l'administration recommande souvent de combiner la plantation du bouleau avec le semis des bois durs. Protègeant leur enfance, il leur cède la place quand ceux-ci sont assez forts pour se défendre euxmêmes et opérer un bon repeuplement.

que

"On sème peu le bouleau, et les essais qu'on a faits pour le multiplier par cette voie, n'ont eu que de foibles succès, sans doute parce qu'on ne donne pas au terrein la préparation convenable, ou qu'on enterre trop la graine. Il suffit de la mêler avec la terre, en traînant, par dessus, des branches d'épines, surtout quand l'ensemencement a été précédé de culture; et dans le cas où le sol est en friche, on pourroit encore se contenter de le herser et d'employer, pour recouvrir la graine, le même moyen que ci-dessus. Les auteurs allemands conseillent même de répandre la seinence du bouleau sur la neige, et de laisser à la nature le soin de l'enterrer. On a déjà eu l'occasion de rappeler, dans ces Annales, une observation qui peut être fort utile. C'est qu'en général, le volume et la pesanteur des semences doivent déterminer la profondeur à laquelle il convient de les enterrer: ainsi, les semences légères réussiront toujours à la surface du sol, et les graines lourdes ou osseuses, telles que les glands, les noyaux, les noix, les châtaignes, et même les

feines, doivent être enfoncées de quatre à six centimètres (1 pouce et demi à 2 pouces

On emploie, dans la forêt d'Orléans, un moyen aussi prompt que sûr, de faire des semis de bouleau, soit en grand, soit en pépinière: on prépare le terrein par l'incinération des plantes et des gazons qui le recouvrent. Cette préparation se fait de deux manières; l'une à feu courant, l'autre à feu couvert. On l'appelle écobuage, et, dans les Ardennes, elle est généralement pratiquée sous le nom d'essartage. Pour que le semis de bouleau réussise, il est utile que le terrein soit léger et un peu frais, et qu'il offre à sa surface des matières combustibles, telles que des bruyères, des genêts, des épines, et autres plantes qui puissent procurer une certaine quantité de cendres. Le temps le plus favorable aux essartages est la fin du mois d'août et le commencement de septembre, lorsque les chaleurs de l'été ont desséché les herbes et la terre, Dans le mode d'incendie à feu courant, on fait, autour de l'emplacement, un large fossé ou un pelage à la houe, de plusieurs mètres de largeur, sur lequel on ne laisse aucune matière qui puisse communiquer le feu aux parties environnantes; ensuite, si le vent est favorable, c'est-à-dire, s'il ne souffle pas avec trop de force, et s'il se trouve dans une heureuse direction par rapport au terrein à incendier, on allume le feu du côté d'où il vient. Le feu gagne petit à petit toute la surface du local et s'arrête aux limites formées par les fossés ou pelages. On fait ensuite gratter la surface de la terre avec la herse. Ce mode est pourtant moins sûr que celui à feu couvert, attendu que souvent la rapidité du feu ou l'épaisseur de la mousse qui recouvre la terre, s'opposent à une combustion complète. Mais, lorsque cet inconvénient pas lieu et lieu et que l'incinération des matières combus

n'a

tibles a été bien faite, on peut répandre les semences de bouleau à la volée sur toute la surface de l'essartage, et compter sur un succès assuré.

Dans la seconde manière qu'on appelle écobuage, ou essartage à feu couvert, on enlève de la superficie du terrein, les gazons, les bruyères, les genêts et autres plantes qui s'y trouvent, et dont on fait des petits tas ou fourneaux, auxquels on met le feu et dont on répand les cendres sur le parterre. Aussitôt l'expansion des cendres, ou dès que la graine de bouleau est mûre, on la jette à la volée, comme dans la méthode précédente. Il n'est besoin d'aucune autre opération; herser le terrein seroit même dangereux. Il est à observer que si on n'apporte pas quelqu'attention à vider les cendres à l'endroit même du fourneau, il n'y lèvera rien. La grande dessiccation causée par le feu produit sans doute cet effet, qui a été remarqué par M. le conservateur d'Orléans, sur l'emplacement de plus de douze cents fourneaux faits dans la forêt de ce nom et sur toutes les faudres à charbon semées par les gardes de cette forêt, où la graine ne lève que dans les contours. A cet égard, on observe encore que la trop grande quantité de charbon, de cendres, et le défaut de terre se réunissent à la dessiccation du sol, pour s'opposer à la germination des semences. Le moyen de parer à cet inconvénient, est de faire houer les places à charbon, avant de les ensemencer.

Il n'y a point de doute que les semences des autres bois, et notamment celle des arbres résineux, ne puissent être employées dans les terreins ainsi préparés, concurremment avec celles du bouleau.

La méthode de l'écobuage, pratiquée dans la forêt d'Orléans, y a eu des succès qui garantissent ceux qu'on obtiendroit d'un pareil procédé dans les autres arrondissemens. Elle offre un moyen économique de

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