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No. 4.

Végétation extraordinaire.

Nous avons précédemment parlé de chênes d'une grosseur et d'une envergure extraordinaires; nous avons (page 114 des annales de 1809) fait connoître le prolongement presqu'incroyable des racines de l'acacia du presbytère de la Jamaïque près NewYorck; nous pensons que nos lecteurs liront avec. quelqu'intérêt, la description d'un châtaignier, d'un tilleul, d'un orme et d'un if, également remarquables par les singularités qu'ils présentent,

Ces arbres se trouvent; savoir le châtaignier dans le département d'Ille et Villaine: et les trois autres, dans celui des Deux-Sèvres.

Le CHATAIGNIER est situé sur la terre du Plessis près de Bécherel, arrondissement de Montfort. A un mètre d'élévation, ce châtaignier a neuf mètres de tour (près de 28 pieds) et ses racines, qui sortent de terre, lui donneroient une circonférence plus étendue, si on le mesuroit au niveau du sol. Les prisonniers anglois qui se trouvoient à Bécherel, dans les dernières guerres, venoient souvent visiter cet arbre vénérable; ils l'ont fait connoître dans leur patrie; et on a vu des voyageurs de cette nation, se , se détourner de leur route, pour venir rendre hommage au châtaignier du Plessis.

Le TILLEUL se voit sur la terrasse du château de Chaillier, près de Melle, et M. DUPIN, Préfet, en a parlé dans sa statistique. La tige de cet arbre est creuse > elle a 15 mètres (45 pieds) de circonférence; elle porte six branches parfaitement horizontales, dont le diamètre, à leur base, est de plus de douze décimètres (3 pieds 8 pouces): ces branches, qu'on a étayées depuis long-temps, ont 14 mètres (43 pieds)

de longueur; ce qui donne, à cet arbre prodigieux, une circonférence totale de 103 mètres (317 pieds ); de différens points des branches horizontales, s'élèvent plusieurs grosses branches perpendiculaires, de plus de 15 metres (46 pieds) de hauteur, et d'une grosseur proportionnée. Chacune de ces branches forme, à elle seule, un grand arbre de sorte que ce tilleul, dont la hauteur est de 18 à 20 mètres (55 à 60 pieds), présente le spectacle d'une forêt sur une seule tige..

L'ORME est dans le jardin de la mairie de Niort: rien de plus extraordinaire que la disposition, la forme et la longueur de ses branches. Cette disposition est telle, que l'on croit généralement, dans la ville, que cet arbre a été planté la tête en bas, et que ce sont ses racines qui en forment les branches : ce qui donne lieu, au surplus, à cette opinion, c'est que cet arbre, qui forme à lui seul un vaste cabinet au fond du jardin, et qui en recouvre parfaitement toutes les faces, présente une multitude de branches enlacées et greffées en plusieurs points entr'elles toutes ces branches sont minces dès leur origine, et conservent le même diamètre dans la plus grande partie de leur étendue, qui est généralement de 8, 9, et 12 mètres (24 27 et 36 pieds). Pendant la saison, le feuillage qui prend dès le pied du berceau, offre un asile impénétrable aux rayons du soleil.

L'IF se trouve à Lezay, dans un château appartenant à la maison de Laval. Cet arbre, dont la tige a 2 mètres (6 pieds) de hauteur, se divise en un grand nombre de branches, partant toutes du même point de cette tige, et extrêmement évasées; de manière qu'elles laissent au milieu de l'arbre, un espace. vide assez considérable: cette disposition donna l'idée de construire un cabinet dans cet arbre. On y éta

blit donc un plancher dont les solives sont appuyées sur les branches, et l'on disposa autour un banc intérieur, de forme hexagone assez régulière, avec un ados de hauteur ordinaire; le tout solidement assemblé. Les branches du bel arbre au dessus duquel est ce cabinet, croissent toujours et se multiplient; elles se rapprochent par le haut et forment un couvert très-touffu, à la hauteur de sept pieds. Ce joli cabinet est assez grand pour qu'on y puisse dresser une table de douze couverts. (Extrait de la Description topographique et statistique de la France, par MM. PEUCHET et CHANLAIRE.)

No. 5.

Extrait de l'exposé de la situation de l'Empire françois, présenté par S. Ex. le Ministre de l'intérieur au Corps législatif, le 12 décembre 1809.

Dans le N.° 3 de ces Annales (page 114 et suivantes), nous avons donné un extrait de l'exposé de la situation de l'Empire françois, présenté au corps législatif, le 2 novembre 1808; il nous paroît utile de parler ici de ce qui, dans l'exposé fait le 12 décembre dernier, au corps législatif par S. Ex. le ministre de l'intérieur, peut plus particulièrement concerner l'administration des forêts.

Cet exposé se compose de plusieurs objets principaux, savoir: 1°. les travaux publics; 2o. les travaux de Paris; 3° les établissemens de bienfaisance; 4°.l'instruction publique ; 5o. les sciences les lettres et les arts; 6°. l'agriculture; 70. les manufactures et l'industrie; 8°. les mines; 9°. le commerce; 10°.les finances; 11°. l'administration intérieure et la justice; 12o. les cultes; 13o. la guerre; 14°. enfin, la politique.

Bornons-nous à ce qui peut être regardé comme devant concerner plus particulièrement l'administration des forêts, savoir les travaux publics et les mines.

Voici comme s'explique, à cet égard, le ministre

TRAVAUX PUBLICS: « Le séjour que Sa Majesté fit alors (1) à Paris, a été marqué par le soin qu'elle a pris de régler les parties de la vaste administration de son Empire. Ses ordres ont donné une activité nouvelle aux immenses travaux qu'aucune époque de paix n'a vu entrepris en si grand nombre, ni suivis avec tant d'ardeur. Des prisonniers de guerre de diverses nations envoyés par la victoire, ont achevé le canal de Saint-Quentin. Deux lieues d'un souterrain imposant, ouvrent la communication entre les fleuves et les mers du nord de l'Empire, les fleuves et les mers. du centre et du midi.

Sept mille oùvriers n'ont cessé de travailler au canal du Nord, et près de huit lieues de cette voie nouvelle, ouverte au Rhin et à la Meuse, pour faire arriver leurs eaux réunies à Anvers, sans quitter le sol de la France actuelle, sont exécutées. Če canal, si important pour le commerce, ne sera pas un moindre bienfait pour l'agriculture. Des landes, égales superficie à plusieurs départemens, seront peuplées et fertilisées: conquête paisible de l'industrie, elles augmenteront bientôt nos richesses et notre prospé

rité.

en

comme

(1) Le ministre parle de l'époque où l'Empereur, S. M. l'avoit elle-même annoncé: « replaçoit sur le trône de Madrid son auguste frère, forçoit les Anglois à se précipiter vers leurs vaisseaux et ne cessoit de les poursuivre que pour se rapprocher du centre de ses états, pour être plus à portée d'étudier et d'arrêter les projets de l'Autriche. »

« Deux millions ont été dépensés utilement, en 1809, au canal Napoléon, qui unira le Rhône au Rhin; Marseille, Cologne et Anvers paroîtront baignées par les mêmes eaux.

"Ce canal sera mis en communication avec la Seine, par celui de Bourgogne, dont les travaux abandonnés par l'ancien gouvernement, viennent de recevoir la plus grande impulsion : déjà, la navigation a lieu de Dôle à Dijon ; on travaille aujourd'hui entre Dijon et le pont de Pauy, entre l'Yonne et Saint

Florentin.

<< Plusieurs écluses importantes sur la Seine, sur l'Aube, sur la Somme, ont été achevées en 1809; partout, les projets qui tendent à améliorer les navigations anciennes, à les prolonger, à en créer de nouvelles, ont été entrepris ou suivis avec activité.

«Les travaux maritimes ont fait de grands progrès; ceux de Cherbourg offrent déjà à l'oeil étonné, un immense port creusé dans le roc. Sa profondeur a été portée cette année, à trente-huit pieds au-dessous du niveau des hautes mers. Il est garanti de leur invasion par un bâtardeau, dont l'exécution a été aussi parfaite que l'idée en a été hardie: des revêtemens de granit donnent au port, à ses quais extérieurs, le le caractère le plus imposant de grandeur et de durée ; les fouilles descendront encore de seize pieds; de sorte qu'il restera dans le port de Cherbourg, vingt-six pieds de hauteur d'eau, lors des plus bas

ses mers.

«L'écluse de chasse du Havre est à peu près terminée, elle assurera dès le milieu de la campagne prochaine, l'entrée constante des vaisseaux dans le chenal.

« A Dunkerque, une écluse octogone, qui doit

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